LA VIE OCCULTE DE L'HOMME
dans le monde visible et dans les mondes invisibles
par
Annie BESANT
Traduit de l'Anglais
Chapitre -1- La vie de l'homme dans le monde physique;
la signification de la mort
Chapitre -2- La vie de l'Homme dans le monde astral et après la mort
Chapitre -3- La vie de l'Homme dans le monde mental et après la mort
Chapitre -4-
L'esprit de l'Homme et la Vie Spirituelle
Beaucoup de gens ne peuvent se sentir heureux et satisfaits
en ce monde s'ils ne poss�dent une connaissance bien d�finie et pr�cise
leur
permettant de se comprendre eux-m�mes et aussi le monde qui
les
environne. Ils ne se r�signent pas � vivre dans un monde [Page
2] inintelligible,
o�
les �v�nements paraissent se succ�der sans raison, sans explication.
En
consid�rant combien le bonheur est diff�rent pour chaque �tre,
ils se
demandent: "Pourquoi les uns naissent-ils pour endurer
de telles
souffrances, alors que d'autres ont des vies heureuses et prosp�res ?".
Constamment, ces questions se posent; elles troublent l'esprit et le coeur de
celui qui r�fl�chit. Je voudrais, aujourd'hui et les deux dimanches qui suivront, vous exposer une th�orie
de la vie et de l'homme qui vous rendra
peut-�tre plus intelligible votre propre nature et le monde
qui vous
environne et, par cela m�me, vous pourrez vous rendre plus
utile. C'est le
but des trois conf�rences que je vais faire sur ce vaste sujet.
Je ne d�sire pas vous persuader que j'ai raison; dans ce que
vais
avancer [Page 3] ce qui m'importe, c'est de vous
inciter � penser.
Je ne vous
demande pas d'accepter une th�orie toute faite, mais seulement de r�fl�chir
sur les donn�es que je vous soumets. De cette mani�re, vous
vous formerez
une opinion, vous ferez appel � votre propre intelligence,
et vous arriverez � une conclusion qui vous satisfera parce que c'est vous-m�me
qui l'aurez
formul�e et qui sera un guide dans votre vie, puisque vous y aurez �t�
amen�s par vos propres pens�es.
Consid�rons tout d'abord la valeur d'une pareille connaissance.
Se
servir de cette connaissance, c'est �tre capable de diriger
votre vie au lieu
de la laisser aller � la d�rive — ainsi que beaucoup d'entre
nous le font
C'est �tre capable de voir votre but, de choisir votre voie.
C'est se rendre
graduellement ma�tre de l'esprit et du corps, [Page 4] et
devenir conscient, non
seulement dans le monde physique, mais aussi dans les mondes qui sont en rapport avec celui-ci, ceux dans lesquels
vous passez lorsque la mort vous prive du corps physique. Vous vivez tous dans trois mondes: dans l'un consciemment,
dans les deux autres subconsciemment comme le dit la psychologie moderne; vous en connaissez un: le monde
physique qui
vous environne; c'est dans celui-ci que vous agissez, que vos �motions s'expriment, que vos pens�es sont toujours
actives. Je vous montrerai qu'il existe une sph�re, ou monde, correspondant � vos �motions; c'est de ce monde que
proviennent vos �motions qui se manifestent dans votre corps physique; qu'il existe une autre sph�re ou monde de
la pens�e o�
surgissent les impulsions qui se manifestent dans le cerveau physique. [Page 5] Actuellement,
vous vivez d'une fa�on subconsciente dans le monde des �motions et dans celui de l'intellect. Par suite de
l'�volution ordinaire, le subconscient deviendra conscient. Ce que vous sentez maintenant obscur�ment deviendra
clair, d�fini, pr�cis. Ceci n'est pas une simple th�orie; puisque quelques-uns parmi nous ont d�lib�r�ment
h�t� leur évolution, et ce qui �tait subconscient est devenu conscient, connaissance.
Tel le sujet que je d�sire aborder avec vous; aujourd'hui, nous parlerons du monde physique qui vous est le plus
familier; vous comprendrez comment les mondes �motionnel et mental se manifestent dans le monde physique au moyen
du corps physique. Dimanche prochain, nous verrons comment, pendant le sommeil, [Page 6] le
corps physique étant abandonn�, vous vivez consciemment dans le monde des �motions, c'est-�-dire celui dans
lequel vous passez imm�diatement apr�s la mort. A notre troisi�me r�union je vous montrerai
pourquoi le monde de la pens�e est r�ellement le monde c�leste dans lequel on entre apr�s la mort en quittant le
monde interm�diaire. Ceci est un simple aper�u du chemin o�
j'esp�re vous conduire en vous soumettant les faits et vous laissant, comme je l'ai dit, juges de leur valeur.
Quand cela sera fait, j'esp�re que je vous aurai montr� que la science et la psychologie modernes commencent � reconna�tre
l'immixtion de ces deux autres mondes dans le monde physique et essayent de comprendre ce qui provient de cette
r�gion qu'elles appellent [Page 7] le subconscient. Elles con�oivent cette force,
elles reconnaissent cette puissance �norme qui, de temps en temps, bouleversent de ses vagues tout ce que nous
consid�rons comme �tant la raison, ou les �motions ordinaires. En �tudiant la psychologie moderne, vous verrez
s'�claircir certains faits, des plus obscurs que je d�velopperai devant vous.
J'esp�re aussi arriver � vous persuader d'�tudier ce sujet, un des plus captivants que l'intelligence humaine puisse
proposer; dans cette voie, on acquiert une force, une puissance, une endurance que rien d'autre ne peut autant
d�velopper.
Pour celui qui a appris � vivre consciemment et pleinement dans les trois mondes, qui peut juger des rapports
entre le visible et l'invisible, celui qui sait choisir entre les choses qui ont [Page 8] de
l'importance et celles qui sont indiff�rentes, futiles et sans valeur, celui-l� sait discerner le r�el de l'irr�el.
Et il peut, quand les portes de la mort s'ouvrent devant lui — ces portes qui, pour la plupart d'entre nous,
je le crains, s'ouvrent sur l'inconnu et sont, par cons�quent, redout�es — il peut, dis-je, les franchir
en toute assurance, d'un coeur intr�pide, avec un courage qui ne faiblit pas. Il laisse simplement derri�re lui
la partie la plus grossi�re de son �tre, le corps physique, et p�n�tre avec ses m�mes sentiments, ses m�mes pens�es — tel
qu'il se
conna�t en r�alit� � dans ces r�gions qui ne lui sont pas inconnues, mais famili�res, qui pour lui sont non une
terre d'�pouvante mais une terre pleine de promesses.
Tel est donc l'aper�u sommaire de ce que je vais tenter de vous exposer. [Page 9]
Pour commencer, je dois vous sugg�rer une pens�e qui pourra vous sembler pour l'instant plus difficile � accepter
que tout ce qu'il me restera �
vous dire. R�fl�chissez un moment — que vous soyez chr�tiens ou Hindous, cela importe peu — � tout
ce que votre religion vous a enseign� sur la nature de Dieu. Je vous demande
de vous le rappeler parce que l'homme est fait � l'image de la Divinit� ainsi qu'il est dit dans un verset splendide
des �critures apocryphes des H�breux: "Dieu fit l'homme � l'image de sa propre �ternité".
L'homme, dans sa conscience, refl�te Dieu Lui-m�me. La th�ologie ne vous �tant pas enti�rement �trang�re, il vous
sera plus facile de suivre ma pens�e si vous voulez r�fl�chir � ce que
votre religion vous a enseign� sur la triple nature de l'Etre divin et de comprendre [Page 10] ce
que cela peut signifier quand elle se refl�te dans l'homme comme Esprit. Ceux qui ont un tour d'esprit philosophique
penseront �
Dieu comme �tant triple dans Sa conscience. Mes fr�res hindous connaissent bien les termes de Sat, Chit, Ananda,
d�crivant le triple aspect de l'unique Dieu ou du supr�me — existence, connaissance, b�atitude. Quelques-uns
de ceux qui viennent des pays occidentaux se rappelleront le splendide passage de Dante qui parle de l'Unique dont "le
pouvoir et l'activit� ne font qu'un". Je vous rappellerai aussi la doctrine de la Trinit�
dans le christianisme: celle de la Trimourti dans l'hindouisme. Vous comprendrez aussit�t en les consid�rant que
vous avez à faire aux trois aspects de la divinit� anthropomorphis�e, c'est-�-dire sous forme humaine. [Page
11] C'est le grand aspect de l'Etre qui se manifeste comme activit� cr�atrice, donnant la vie � tous
les autres �tres, l'unique source de vie et d'existence, c'est Celui que les Hindous
appellent la Troisi�me Personne de la Trinit�; Brahma flottant sur les eaux de la mati�re. Pour les chr�tiens,
c'est le Saint-Esprit, l'Esprit de Dieu, dont on dit qu'Il se meut � la surface des eaux couvrant pour ainsi dire
l'univers qui, par Lui, vient � l'existence.
Pensez maintenant � la Seconde Personne — pour les Hindous, ce sera Vishnou � la source de toute sagesse
et d'Amour sans bornes par lesquels l'univers est maintenu. Pour les chr�tiens, ce sera cette puissante Seconde
Personne, fils du P�re �ternel, qu'ils appellent le Christ, et � qui ils donnent toute leur foi.
Puis, le Supr�me; les chr�tiens [Page 12] l'appellent le P�re; c'est Lui qui repr�sente Ananda, Mahad�va,
dont l'attribut est puissance; car l�
seulement o� le pouvoir est parfait, la paix b�nie peut �tre assur�e. La paix est troubl�e quand il y a la crainte;
mais pour l'Omnipotent, aucune crainte n'est possible et, par cela m�me, cette paix �ternelle ne peut jamais �tre
troubl�e par quelque chose d'ext�rieur; car rien n'existe qui ne soit en Lui- m�me.
Voil� ce qui nous a �t� enseign� sur la nature de Dieu et c'est tout ce que notre pauvre intelligence est capable
de saisir: une unit� triple: Pouvoir, Sagesse — Amour et Activit� Cr�atrice.
L'esprit humain a �t� cr�� � cette image et � cette ressemblance. Le pouvoir du Supr�me se manifeste en nous comme
volont�: la Sagesse — Amour du Supr�me devient sagesse [Page 13] et compassion
en nous. Son Activit�
Cr�atrice se transforme en intelligence et par elle, vous donnez forme � la mati�re. Cette intelligence, lorsqu'elle
appara�t sous la forme sup�rieure du g�nie, permet au peintre de fixer sur la toile les tableaux splendides qui
vivent � travers les si�cles; elle inspire au musicien l'harmonie parfaite; par elle, le ciseau et le maillet
du sculpteur taillant dans le bloc de marbre l'image merveilleuse que sa pens�e doit en faire jaillir. L'homme
est si grand et ses possibilit�s sont si vastes! car l'Esprit de l'homme est un
fragment du Divin. Ai-je besoin de vous rappeler ce qui est enseign� �
l'Hindou: "Tu es Brahma", et au chr�tien: "Ne savez-vous pas que votre corps est le temple de Dieu
et que l'Esprit de Dieu habite en vous ?". [Page 14] Les potentialit�s du germe
du Divin sont si grandes qu'en les d�veloppant par un perfectionnement continu, tous les hommes seront � la fin
parfaits
"comme votre P�re au Ciel est parfait". Voil� donc l'Esprit sous ses trois aspects : Volont�, Sagesse,
Intelligence; c'est un des points que je vous demanderai de retenir; nous n'aurons pas le temps d'y revenir, le
sujet est trop vaste.
Beaucoup d'entre vous sont familiaris�s avec l'id�e de la triple division de l'homme en corps, �me et Esprit. L'Esprit
divin plane au-dessus de l'homme et cette partie de sa conscience ainsi incarn�e est quelquefois appel�e �me — expression
juste si elle est bien comprise; cette triple division indiqu�e par saint Paul doit �tre retenue. L'Esprit est "non
n�
imp�rissable, perp�tuel, sans [Page 15] commencement et sans fin". Il plane sur
le corps plut�t qu'il ne l'habite actuellement et cette portion de lui-m�me qui est dans le corps, la conscience,
la vie, est appel�e l'�me; j'emploierai donc cette expression. Ainsi, nous avons l'Esprit, le Divin en l'homme
qui plane au-dessus de lui, s'effor�ant d'�lever vers lui la nature inf�rieure; l'Ame est l'Esprit incarn� et est
par ce fait m�me souvent aveugl�e, folle et impuissante; le corps, l'enveloppe mat�rielle (peu importe son esp�ce)
que l'�me rev�t comme un v�tement pour prendre contact avec le monde dans lequel elle doit �voluer. Car ainsi que
la graine sem�e dans le sol et qui ne peut cro�tre sans lui, la semence divine est plong�e dans le sol de l'exp�rience
humaine afin de d�velopper ses pouvoirs latents. [Page 16]
Ce triple Esprit, agissant comme �me dans le corps, accomplit son travail suivant trois lignes. Il agit comme intelligence.
Vous connaissez bien le pouvoir de la pens�e qui caract�rise l'homme et qui
utilise ce que le professeur Clifford a si judicieusement appel� "mati�re mentale". Il agit ensuite dans
la mati�re �motionnelle, et, troisi�mement, dans la mati�re physique.
La mati�re �motionnelle est celle que vos �motions font vibrer. Aucune force ne peut agir sans mati�re interm�diaire
qui lui permette de s'exprimer. Toutes les sciences nous le d�montrent. Pas de force sans mati�re, pas de mati�re
sans force, dit une maxime bien connue. Donc, chacun de ces trois pouvoirs de l'homme a besoin d'un interm�diaire
mat�riel pour manifester son activit�. Pour [Page 17] l'intelligence,
l'�me emploie une forme de mati�re que nous appelons mentale; les sentiments, le plaisir et la douleur s'expriment
au moyen d'une autre sorte de mati�re, la matière émotionnelle. Nous l'appelons �motionnelle — quelquefois
astrale — parce que les �motions l'emploient comme moyen d'expression. Enfin, la mati�re physique est n�cessaire
aussi pour agir dans le monde physique dans lequel l'homme vit; car par la pens�e vous
ne pouvez normalement produire une action, un d�placement de mati�re dans le monde physique. Je ne dis pas que
cela soit impossible mais l'homme ordinaire ne peut pas le faire. Pour agir sur la mati�re physique par sa volont�,
un corps physique lui est indispensable. Ainsi, le corps physique est l'instrument de la volont� pour produire
l'action. Comme le corps [Page 18] �motionnel
est l'instrument des �motions et le corps mental celui de l'intelligence. Maintenant l'ensemble de votre corps — compos� de
mati�re mentale, �motionnelle et physique — est seulement un instrument, une partie d'un appareil si vous
aimez mieux; ce n'est pas l'homme lui-m�me, car celui-ci est le triple Esprit, l'image du Divin dont je vous ai
parl�.
Si vous consid�rez le corps physique, pensez-y pendant un instant, comme �tant compos� de deux parties semblables � celles
que vous pourrez voir dans une imprimerie par exemple. Vous y trouverez une presse d'imprimerie, mais immobile. "J'ai
un moteur, j'ai un dynamo, j'actionne la machine et elle travaille." De m�me, votre corps physique poss�de
ces deux choses en lui-m�me. [Page 19] Son moteur; c'est la Vitalit�, agissant dans
l'�ther et sa machine, c'est l'appareil, le corps dense, que vous pouvez voir, toucher, conna�tre
par les sens. Gr�ce � cette comparaison emprunt�e � la m�canique, cette division du corps doit �tre claire. Vous
êtes compos�s d'une machine ou appareil excessivement bien fait, parfaitement adapt� et d'un moteur qui l'actionne.
La vitalit� est le moteur dont le corps dense est la machine.
Cette machine ob�it � l'�me triple de l'homme dans les parties diverses qui vous sont famili�res � tous. Vous avez
un cerveau et un syst�me nerveux — c'est la partie de l'instrument qui appartient � la pens�e. Votre pens�e
agit sur ce cerveau et ce syst�me nerveux — le syst�me cérébro-spinal, c'est l'instrument dont
vous [Page
20] vous servez pour penser. Il y a ensuite la partie appel�e ganglionnaire, en rapport avec un autre
syst�me nerveux, le syst�me sympathique: c'est l'instrument de vos �motions. Puis, viennent
les muscles, instruments n�cessaires pour l'action; la volont� les fait agir au moyen des nerfs.
C'est l�, en r�alit�, tout ce qu'il vous est utile de savoir concernant le corps physique pour la compr�hension
parfaite du sujet que je vais vous pr�senter.
La diff�rence fondamentale de ce que nous appelons les sexes tient �
la pr�dominance du syst�me c�r�bro-spinal ou du syst�me sympathique. Chez l'homme normal moyen, le cerveau et le
syst�me c�r�bro-spinal dominent l'organisme. C'est ce qu'il y a de plus fort en lui, sa caract�ristique comme homme.
Chez la femme, ce sont les ganglions[Page 21] et le syst�me
nerveux sympathique qui dominent. Voil� la diff�rence fondamentale qu'aucune loi ne peut affecter ou changer et
le travail de chaque sexe dans la société doit �tre bas� sur cette diff�rence naturelle et inalt�rable:
diff�rence
entre les fonctions du p�re et de la m�re r�sultant de la fa�on dont les corps sont conform�s. Chez l'un, le cerveau
domine;
chez l'autre, ce sont les �motions et tout ce qui les entretient. La connaissance de ces faits est souvent d'un
grand secours pour juger bien des questions actuelles et employer enti�rement les activit�s des deux sexes; un
pays ne serait plus priv� du service de l'un ni de l'autre, et chacun travaillerait dans son propre
domaine.
En examinant ainsi l'�tre humain nous avons vu qu'il comporte trois divisions bien marqu�es. [Page
22]
J'ai employ� le mot "subconscient". Vous �tes conscient du travail de votre intelligence et de celui
du syst�me nerveux; cela fait partie de votre intelligence � l'�tat de veille. Vous n'�tes pas conscient (except� dans
le sens de subconscience) du travail de l'intelligence dans la mati�re mentale o� elle est constamment � l'oeuvre;
de temps � autre, seulement, on devient conscient de ce travail par exemple dans le cas du g�nie; je reviendrai
tout � l'heure sur ce sujet. Il en est de m�me des �motions. Vous savez que vos émotions affectent votre
corps quelquefois d'une mani�re saisissante. Vous �prouvez un grand chagrin — le coeur s'arr�te. Le coeur
est un muscle, ce n'est pas une glande, et il s'arr�te par l'effet d'un nerf du syst�me sympathique qui va au coeur
et stimule ou ralentit son mouvement. Il y a [Page 23] deux nerfs, l'un qui le met
en mouvement, l'autre qui r�gle son activit�. Supposez que le coeur s'arr�te — qu'arrive-t-il ? L'un de ces
nerfs a �t�
stimul� par l'�motion caus�e par la douleur, si bien qu'il contracte le muscle du coeur et pour un instant les
battements de celui-ci se trouvent arr�t�s.
La peur, quelquefois, cause l'arr�t du coeur ou donne des palpitations. Cela d�pend enti�rement du nerf du syst�me
sympathique qui se trouve affect�. Si c'est celui qui r�gle les battements du coeur, le sang qui afflue pr�cipite
soudainement ces battements tandis que l'autre nerf est paralys�
dans son action. Mais les �motions agissent toujours sur le syst�me sympathique, et les nerfs sympathiques, sur
le coeur, l'appareil digestif, les ganglions et les muscles, que ce soit sur le coeur ou sur tout le [Page
24] syst�me digestif, et par les nerfs sympathiques sur les ganglions ou les muscles du corps. Que
sont les larmes, sinon la simple action d'une glande de l'oeil stimul�e par un nerf affect� par une �motion.
Ces remarques sont utiles
afin de se rendre compte que l'intelligence agit constamment sur le corps d'une mani�re d�finie; qu'il en est
de m�me pour les �motions et que les muscles, dirig�s par la volont� sont cette partie du corps que l'on utilise
pour mouvoir les objets. La volont� doit faire appel au muscle pour que l'action ait lieu.
Cette action subconsciente, mentale et �motionnelle peut �tre ramen�e dans la vie consciente; c'est un point que
je me r�serve de traiter lorsque je vous parlerai de la vie de l'homme dans le second monde, le monde astral. Pour
l'instant, il suffit de [Page 25] constater que nous poss�dons un instrument �
l'usage de la volont�, de l'intelligence et des �motions et que les parties du corps r�pondant � chacun de ces
impacts nous sont bien connues.
Parlons maintenant pendant un moment du G�nie. Le g�nie est l'action normale de l'intelligence dans son propre
monde, agissant soudainement sur le cerveau qui est dans un �tat appel� "�quilibre instable". Vous savez
exactement ce que cela signifie. Vous pouvez concevoir un corps quelconque fix� si solidement qu'il ne remue pas;
si on le pousse et s'il c�de un peu, il reprend imm�diatement sa position initiale. Ou bien, vous pouvez observer
un corps qui, sous l'action d'une pouss�e, commence � se balancer, conserve ce mouvement de va-et-vient, peut �tre
enti�rement [Page 26] renvers�,
ou revient graduellement � l'�tat de repos.
C'est la condition du cerveau en �quilibre instable qui donne � l'esprit l'occasion de se manifester comme G�nie.
C'est l'�tat auquel Shakespeare faisait allusion en disant: "Les grands esprits touchent � la
folie." C'est pourquoi Lombroso, le grand savant italien, disait que tous les g�nies litt�raires, artistiques
ou religieux �taient r�ellement fous. Il y a quelque chose de vrai en cela, mais c'est une demi-v�rit� plut�t qu'une
v�rit� enti�re. La demi-v�rit�, c'est que le cerveau du g�nie est toujours instable parce qu'il est sur la voie
de la plus haute �volution. L'homme que nous appelons un g�nie atteint aux plus hauts degr�s du progr�s humain.
Son cerveau se d�veloppe et �volue rapidement; les cellules se multiplient, les cellules c�r�brales [Page
27] envoient de nouvelles racines, de nouveaux p�doncules dans toutes les directions. O� il y a vie
et activit�, il y a toujours instabilit�. Aux pens�es de chaque jour, un cerveau tr�s peu instable suffit. Les
lieux communs de la vie quotidienne ne demandent pas de hautes capacit�s mentales; mais si vous commencez � r�fl�chir
sur un sujet difficile et obscur, si vous commencez � forcer votre cerveau � saisir une chose qui soit au-dessus
de votre pouvoir mental ordinaire, alors il se produit une tension prouvant que vous imposez � ce cerveau un travail
inaccoutum�. Dans ce cas des pr�cautions deviennent n�cessaires, afin qu'un d�veloppement trop rapide ne d�truise � jamais
l'�quilibre.
Et voici ce qu'il y a de vrai dans l'affirmation de Lombroso. [Page 28] Il y a deux
sortes d'instabilit�s: l'instabilit� caus�e par la croissance et celle due � la maladie, � la d�g�n�rescence;
l'une est le g�nie, l'autre, la folie. L'une contient une promesse pour l'avenir; l'autre c'est l'atrophie et le
retour � la
mati�re inorganis�e. Le cerveau du fou est instable, il est vrai, mais cet �tat est caus� par une l�sion, par une
blessure, par un affaiblissement. Le cerveau du g�nie est instable parce qu'il �volue si rapidement que chaque
jour voit �clore quelque nouveau pouvoir; l'�me lui insuffle une force nouvelle. Il en est ainsi pour les instructeurs
des grandes religions, les hommes de g�nie religieux. Leurs cerveaux sont d�licats, fragiles, instables dans le
sens de progr�s, non dans celui de maladie. Ils sont soulev�s par les vagues des mondes sup�rieurs; sur eux se
r�pand le flot [Page 29] du savoir hyperphysique. L'inspiration s'empare d'eux et
les �l�ve au dessus de l'�tat normal; elle rend leur parole �loquente et ennoblit leurs pens�es. Toutes les religions
reconnaissent l'existence de tels hommes. Ils sont les r�v�lateurs de ce qu'on ne voit pas, les inspir�s de chaque
religion. Lombroso dit que ces hommes-l� aussi sont fous. Si le g�nie et l'inspiration religieuse ne sont que folie,
puisse Dieu envoyer de tels fous parmi notre humanit� ! Nous donnerions
bien un million de cerveaux ordinaires en �change d'un seul � travers lequel le Seigneur puisse se r�v�ler � nous
qui sommes aveugles!
Comment est-il possible d'�viter cette difficult�, que la perspicacit� du savant a d�montr�e ? L'Inde nous a donn� une
m�thode qui permet �
l'homme d'atteindre � la sensibilit� et � [Page 30] la r�ceptivit� du cerveau sans
courir le danger d'une nervosit� excessive, premier indice de la maladie mentale. C'est ce qui est connu sous
le nom de Yoga. Pour l'instant, je consid�rerai moins cette m�thode sous son aspect mental, que sous le rapport
de l'entra�nement physique.
D'apr�s la th�orie du Yoga l'homme est un Esprit dans un corps. Normalement, cet Esprit n'affecte pas beaucoup
le corps, mais si vous rendez votre corps r�ceptif, l'Esprit pourra alors s'en servir comme d'un instrument de
musique et des m�lodies s'�l�veront, m�lodies plus divines que terrestres. Les sages d�finissent
le syst�me appel� Yoga — union, union avec le Divin. "Vous devez entra�ner votre corps", disent-ils.
Le corps humain normal n'est pas pr�t � recevoir les vagues et les flots de la vie [Page 31] sup�rieure
qui le mettraient en pi�ces. Avant de provoquer cette grande effusion, pr�parez votre corps � la recevoir.
A cet effet, une m�thode est propos�e, ayant trait � la nourriture, au sommeil, � la purification physique; cette
m�thode, sans sacrifier la sant� physique, rend le corps beaucoup plus sensitif et plus
r�ceptif que celui de l'homme ordinaire. Puis la m�ditation est prescrite. Par la concentration de la pens�e, l'esprit
se fixe sur un seul objet et le cerveau est ainsi amen� � se plier � cette discipline. On retrouve cette pratique
chez les catholiques romains; plus r�pandue naturellement parmi ceux qui se sont retir�s du monde, elle est aussi
en usage chez les la�ques; ceux-ci doivent entra�ner leur intelligence � l'ob�issance et leurs cerveaux � la r�ceptivit�.
Les r�gles sont dures et [Page 32] c'est pourquoi il en est beaucoup qui ne se soucient
pas de les suivre. Pour les suivre on ne doit pas manger de viande, qui rend le corps plus grossier; celui-ci doit �tre
fin, d�licat, sensitif; on ne doit pas absorber d'alcool —
sous aucune forme — car c'est un poison pour certaines parties du cerveau, parties dont vous usez pendant
la m�ditation. Il est donc absolument interdit d'en absorber. Toutes les fonctions de la vie doivent �tre r�gl�es.
Il ne faut dormir ni trop ni trop peu. L'exc�s de sommeil rend apathique, le manque de sommeil cause de la
surexcitation nerveuse. La Yoga est un syst�me �quilibr� dans la perfection. Il est absolument scientifique et
doit
r�ussir puisqu'il est bas� sur les lois de la nature. Mais il r�clame des ann�es d'application z�l�e avant
que le travail soit accompli; quand enfin l'on y [Page 33] est parvenu, lorsque
le corps est purifi� et que le cerveau est devenu sensitif, vous pouvez en toute s�ret� ouvrir les portes � l'Esprit
et l'accueillir dans le temple que vous avez purifi� pour son service. La vie devient alors consciente dans
tous les mondes et les sens les plus �lev�s se d�veloppent aussi facilement que les sens ordinaires. Le corps
physique est notre instrument le plus parfait, �tant le premier et le plus �volu�; les autres sont en cours
d'�volution, �volution
qui peut �tre h�t�e par le Yoga.
Notre corps physique est un instrument qui peut �tre d�velopp� afin de r�pondre aux aspirations les plus �lev�es.
Les conditions, seules, sont rigides et, ainsi que toutes les lois de la nature, sont inviolables. Si vous remplissez
les conditions, la nature r�pondra selon ses lois. Si vous ne les [Page 34] remplissez
pas, jamais ces forces ne deviendront v�tres, car la loi est immuable, elle est l'expression de la nature divine.
Arr�tons-nous un instant sur cette id�e. |
Qu'est-ce que la mort ? Si je reviens � la comparaison employ�e au d�but, c'est le moteur qui abandonne la machine,
rien de plus; le moteur, les parties les plus d�licates de notre corps, form� des �thers physiques, dans lesquels
toutes les forces de la vitalit� sont en jeu, pour lesquels la partie dense est mise en mouvement, sent, pense,
et vit, ce moteur, dis-je, laisse derri�re lui le corps grossier; la mort n'est rien de plus que cela. Elle
n'atteint pas votre nature r�elle, elle vous s�pare seulement du corps physique dans lequel vous avez v�cu, que
vous avez quitt� chaque nuit pendant votre sommeil, si bien que cette [Page 33] s�paration
n'est pour vous ni nouvelle, ni �trange. C'est un habit que vous portez; � la mort, vous
enlevez cet habit. C'est un pardessus que vous rejetez quand vous rentrez chez vous, ce n'est rien d'autre que
l'abandon d'un v�tement qui n'est plus n�cessaire, ne pouvant plus servir aux desseins de l'Esprit qui est l'homme
v�ritable; et pourtant... on craint la mort...
Mais ce v�tement ext�rieur, ce corps, a un grand avantage si vous voulez seulement apprendre � vous en servir.
Il est automatique, vous pouvez lui faire faire exactement ce que vous voulez: avec un peu de pratique, vous utilisez
l'automatisme du corps pour arriver au but que vous vous proposez. Vous trouvez par exemple, que votre corps
r�siste si vous lui demandez d'agir d'une certaine mani�re; [Page 36] vous
pratiquez alors r�guli�rement cet acte; la pratique devient une habitude et quand celle-ci est parfaite, le corps
accomplit l'action automatiquement. Ceux d'entre vous qui jouent du piano, ou de la vina [ Instrument à cordes
très en faveur aux Indes ] savent que pendant les exercices du d�but on doit faire attention � ce
que l'on fait, penser � chaque mouvement; la pens�e doit faire pincer la corde du violon ou amener le doigt sur
la touche du piano. Mais, plus tard, quand on est plus avanc�, les doigts n'ont plus besoin d'�tre sous le contr�le
de l'esprit, ils agissent "d'eux-m�mes". Vous n'avez plus besoin du tout de penser � vos doigts exerc�s;
l'automatisme du corps vous permet de leur laisser faire le travail que vous leur avez enseign�. [Page
37]
Il n'existe pas une seule mauvaise habitude qu'on ne puisse d�raciner par l'exercice continu de la volont�. Si
une mauvaise pens�e vous vient �
l'esprit avec persistance et que vous n'en vouliez pas, chassez-la et remplacez-la chaque fois par une bonne
pens�e. Peu � peu, l'automatisme du cerveau vous aidera et agira � votre
place. Vous �tes irritable, vous parlez vivement, les paroles s'�chappent de vos l�vres: imposez silence �
votre langue. Ne parlez jamais avant d'avoir r�fl�chi. Pendant quelques semaines, cela vous semblera fastidieux,
ensuite l'habitude deviendra automatique et ne permettra plus � la langue de prononcer une seule parole que
l'esprit n'approuve pas. Oh ! si vous saviez combien c'est facile. Le premier pas est difficile, comme le
sont tous les premiers pas, mais la nature a �difi� [Page
38] nos corps afin qu'ils ob�issent � notre volont�, si seulement nous voulons leur imposer l'habitude
qui les rendra ob�issants.
J'ai parl� de l'esprit, de l'�me et du corps. Laissez-moi, si je le puis, vous mettre sous les yeux une image
de vous-m�me: l'esprit qui est au dessus de vous; au centre l'�me, conscience en �veil; au-dessous le corps.
L'�me
qui est au centre peut aspirer � s'�lever vers l'esprit ou peut �tre attir�e vers le corps. C'est dans l'�me que
se livre la bataille de l'homme; toujours, il cherche � s'�lever vers l'esprit dont il est l'enfant; d'autre part,
il est entra�n� par les d�sirs ardents et les app�tits du corps qu'il est appel� � ma�triser dans ce monde. Il
aspire au ciel, la terre le retient; voil� la lutte que chaque �tre humain conna�t. Il d�pend de vous de suivre
cette aspiration, de [Page 39] r�sister aux d�sirs grossiers, vous �levant vers le
Dieu qui est en vous-m�me, ma�trisant le corps, votre v�ritable serviteur, bien que vous lui permettiez de devenir
votre ma�tre.
Si vous poss�diez un cheval splendide, courageux et obstin�, qui se refuse tout d'abord � ob�ir, vous ne voudriez
pas le maltraiter, le dompter rudement mais avec douceur et soin, vous le dresseriez jusqu'� ce qu'il se plie � votre
volont�. Votre corps est un tel animal. Ne le maltraitez pas, ne le traitez pas brutalement. Dressez- le, soumettez-le,
qu'il ob�isse � vos ordres, qu'il ob�isse � la volont� de l'Esprit. Les années passeront et l'Esprit deviendra
le ma�tre du corps, celui-ci sera lib�r� par le pouvoir spirituel et deviendra le noble instrument de l'Esprit
qui est son Seigneur.
Ainsi, lorsque le combat se livre [Page 40] en vous, qu'il y a lutte entre la nature
sup�rieure et la nature inf�rieure, souvenez-vous que de votre choix d�pend votre avenir. Chaque fois que vous
c�dez aux basses s�ductions, celles-ci deviennent plus fortes. Dans les ann�es � venir, chaque concession faite � la
nature inf�rieure sera un cha�non ajout�, un poids qui s'opposera � votre envol�e. �coutez la voix de l'Esprit
qui vous appelle:
"Vous �tes mien, vous n'appartenez pas au corps; je vous ai envoy� pour vous affranchir non pour que vous
deveniez esclaves". Si vous faites ce choix, chaque mois qui s'�coulera, chaque ann�e que vous laisserez
derri�re vous, verront votre existence devenir plus facile, plus joyeuse, plus forte. Vous �tes Divins. Vous �tes
des Dieux en devenir et non des d�mons qu'il faut vaincre. Si vous c�dez � la nature sup�rieure, le Divin, [Page
41] en se manifestant, s'affirmera de plus en plus en vous, et vous conna�trez la paix, vous conna�trez
la joie qui appartiennent � l'homme conscient de lui-m�me, qui a fait de son corps, son serviteur, son instrument.[Page
42]
Nous allons aborder la seconde partie de notre sujet. Ceux d'entre
vous auxquels les �crits du Moyen-Age sont familiers, connaissent
un mot,
souvent employ� de nos jours, le mot "aura". Les
alchimistes vous l'ont fait
conna�tre et vous le rencontrez dans les trait�s de m�decine.
Paracelse, par
exemple, emploie ce mot en expliquant la constitution, la nature de
l'homme. Il fut adopt� par la Th�osophie moderne parce qu'il [Page 43] exprime
mieux qu'aucun autre mot cette partie invisible du corps humain qui est
li�e � ses �motions. Au Moyen-Age, il �tait employ� pour dissimuler
certaines id�es que les auteurs n'osaient pas exposer ouvertement.
Lorsque
vous lisez les livres de cette �poque, si vous �tes dispos� � murmurer contre leur obscurit�, souvenez-vous qu'ils �taient �labor�s
sous la menace
de la prison et du b�cher. Leurs auteurs �taient oblig�s
de voiler sous
un langage symbolique des v�rit�s dont il �tait dangereux de
parler
ouvertement.
Il y a seulement un an ou dix-huit mois que ce mot "aura" fut
prononc� � une r�union scientifique par un m�decin de Londres,
le Dr
Kilner. Pour la premi�re fois, autant que je sache, un savant,
traitant la
question de la constitution humaine, fut capable de [Page
44] montrer � l'oeil
physique de l'homme une partie de cette mati�re, normalement
invisible,
qui constitue l'aura. On dispose des �crans, de fa�on � intercepter
la
lumi�re ou � la laisser p�n�trer selon les besoins; on se
sert de deux
plaques de verre juxtapos�es entre lesquelles se trouve un
liquide qui
forme un �cran transparent. En regardant un �tre humain ordinaire �
travers cet �cran et selon des conditions sp�ciales de lumi�re
ou
d'obscurit�, le Dr Kilner r�ussit � faire voir � l'oeil physique inexp�riment�
et non exerc� la partie la plus grossi�re ce que l'on appelle "aura" du
corps
humain.
Normalement, cette atmosph�re color�e qui entoure le corps
dense de
l'homme est invisible. Chacun de vous est entour� d'une sph�re de mati�re
plus subtile, semblable � un nuage et [Page
45] qui varie de couleur
selon vos �motions et vos pens�es. L'observateur voit ce changement,
mais seulement
l'observateur qui a d�velopp� une vue plus per�ante
que la
vue ordinaire; il est alors capable, sans avoir recours au
proc�d�
m�canique du Dr Kilner, de voir ce nuage qui entoure l'�tre
humain,
l'animal, la plante et la pierre. Ce nuage est, en partie,
compos� de mati�re
astrale; que l'on nomme aussi mati�re �motionnelle, car elle
est mise en
vibrations par les changements de conscience que nous appelons �motions.
Chaque fois qu'une �motion traverse votre conscience, la mati�re
astrale
qui est en vous et autour de vous, ondule comme le feraient des vagues,
exactement de la m�me mani�re que lorsque vous frappez un gong
avec un
maillet. Un savant vous dira qu'une grande sph�re de vibrations [Page 46] enveloppe
le gong; celles-ci parviennent � vos oreilles sous forme de
son; elles sont
invisibles entre vous et le gong, mais elles n'en existent pas moins et cela
est prouv� par l'effet produit lorsqu'elles frappent le m�canisme
de l'organe
adapt� pour les recevoir et les reproduire.
De la m�me mani�re, lorsque vous �prouvez une �motion, il se
produit
comme un impact sur cette mati�re astrale; il se forme des
ondulations qui
vont s'�loignant de votre corps comme une grande sph�re de mati�re
vibrante; ainsi que toutes les vagues de vibrations, elles sont soumises aux
lois ordinaires, diminuant d'intensit� lorsque la distance
augmente et
s'épuisant graduellement en s'�loignant de leur
source.
Pensez � cette mati�re fine et invisible que l'�motion fait
vibrer,
comme [Page 47] l'air vibre sous l'influence d'un son
g�n�r� par un gong,
une corde
de violon, une note de piano, etc. Mais cette mati�re dont
il est question ne
r�pond ni au son, ni � la lumi�re, � aucun courant d'�lectricit�,
mais si je
puis me servir de cette expression, � un courant d'�motion.
C'est la
caract�ristique qui lui a �t� donn�e par le Divin Architecte,
mettant ainsi
l'�motion en rapport avec une esp�ce particuli�re de mati�re,
comme
d'autres formes de mati�re r�pondent soit au son, soit � la lumi�re,
soit �
l'�lectricit�, la mati�re �tant toujours l'interm�diaire par lequel l'�nergie
ou
la force est transmise � travers l'espace.
Il ne doit pas vous sembler �trange qu'il y ait une esp�ce particuli�re
de mati�re qui ne r�ponde qu'aux �motions; vous �tes habitu�s � ces
sp�cialisations dans vos �tudes de physique. Un [Page 48] rayon
de lumi�re
ne
produit pas dans l'atmosph�re des vibrations qui atteignent
votre oreille,
pas plus que les ondulations qui nous parviennent comme son ne sont
produites par les vagues d'�ther que vous appelez la lumi�re.
Souvenez-
vous que Sir William Crookes fit une fois un tableau de groupes de vibrations; il
divisa par s�ries de degrés des groupes de vibrations se manifestant
soit comme �lectricit�, soit comme son, soit comme lumi�re;
finalement, il fit remarquer que des vibrations encore inconnues,
desquelles nous sommes inconscients, pourraient dans l'avenir trouver une
autre application, r�pondre � une autre forme de force ou de vitalit�,
r�pondre peut-�tre � la pens�e. De la pens�e, je parlerai � notre
prochaine
r�union; aujourd'hui, je vous entretiendrai de cette manifestation [Page 49] particuli�re
de la conscience que nous appelons �motion.
Je vous demanderai seulement de vous rappeler autre chose encore au
sujet du rapport entre le mode de conscience appel� �motion et la mati�re
qui vibre sous son influence. L'�motion est en corr�lation
avec une certaine
vibration, de m�me qu'une vibration est en corr�lation avec
une émotion. Si la mati�re astrale vibre, il s'�l�ve dans votre
conscience une émotion correspondant � la vibration particuli�re qui vous a frapp�,
qui a
atteint la mati�re astrale de votre corps. Cela a �t� d�montr� d'une mani�re
tr�s int�ressante. Je puis seulement vous indiquer que vous pourrez �tudier
cette question trait�e dans des ouvrages fran�ais relatifs � des exp�riences
d'hypnotisme et de trances hypnotiques. Il y est dit que, tandis que [Page
50] vous
pouvez �veiller une �motion et provoquer ainsi le geste correspondant,
de
m�me, en suggestionnant un geste � un sujet hypnotis�, l'�motion
correspondante surgit dans son esprit. Ainsi, si vous prenez la main du
sujet, la tenez enferm�e dans la v�tre et la secouez comme si vous �tiez
f�ch�, le sujet manifestera de l'irritation; ou si vous faites na�tre la col�re,
les signes ext�rieurs correspondants se produiront.
Si vous d�sirez v�rifier quelques-uns de ces renseignements
qui sont
peut-�tre nouveaux pour vous, lisez les livres dans lesquels
vous pourrez
trouver bien des r�sultats de recherches scientifiques se rapportant � ce
sujet. Pour l'instant, vous pouvez admettre simplement, comme
hypoth�se,
qu'une �motion cause une vibration dans la mati�re astrale
et [Page 51] que, si une
vibration se produit dans la mati�re astrale, l'�motion correspondante
est
provoqu�e lorsque cette vibration vient frapper un �tre humain.
Un autre point � retenir, c'est qu'une partie de cette mati�re
astrale
interp�n�tre la mati�re dense de notre corps physique et arrive ainsi � faire
partie de celui-ci. Vous vous souvenez de la d�finition que
je vous ai donn� du mot corps: un v�hicule de conscience, simplement; un v�hicule
mat�riel. Nous avons, d'abord, les solides, les liquides, les gaz et les �thers,
puis, dans chacun de nos corps physiques la mati�re astrale
qui
interp�n�tre ces quatre �l�ments. Lorsque
vous mettez une �ponge
dans
l'eau, celle-ci se r�pand dans l'�ponge, sans cesser de l'entourer
ext�rieurement. De m�me, l'ensemble du corps humain tout entier
est interp�n�tr� par [Page 52] cette mati�re astrale dont
la plus grande partie l'entoure.
Cette mati�re est tr�s souvent appel�e "corps astral";
afin de ne pas
compliquer cette explication, je l'appellerai pour le moment la partie
astrale de notre corps, car vous vous souvenez que j'ai divis� l'homme
seulement en trois parties: l'Esprit, l'�me et le corps. Or, cette matière émotionnelle
interp�n�trant le corps humain s'�tend un peu au-del� du
corps dense visible; elle forme en partie l'aura, ce nuage invisible qui
entoure le corps dense humain. Quand elle en est s�par�e, la
partie astrale
prend la forme du corps dense auquel elle est normalement associ�e.
Mais,
sauf ce cas de s�paration, c'est un simple nuage, interp�n�trant
le corps
physique et se glissant dans la forme que ce corps a d�j� fix�e.
Repr�sentez-vous donc cette mati�re [Page 53] �motionnelle,
p�n�trant
chaque partie
de notre corps, s'�tendant un peu au-del� de celui-ci et entour�e
d'un grand
oc�an de mati�re astrale qui peut � tout moment �tre mis en
vibration si
celle contenue dans votre corps vibre.
Il y a une grande diff�rence entre le corps astral et le corps
physique.
Le corps physique est le plus �volu� de tous; il a �volu� en
premier et a
fait, par cons�quent, la plus longue �volution.Le corps astral l'est
moins; mais, plus vous �tes instruit, plus vous avez cultiv� les
arts, plus
vos pens�es et votre vie ordinaire r�v�lent des penchants �pur�s,
plus la
partie astrale se d�veloppe en vous. Elle est en cours d'�volution
et son d�veloppement se poursuit avec rapidit�, �tant donn�e la croissance
de [Page 54] l'intelligence et de la pens�e dans la race
humaine.
De nos jours, cette mati�re astrale est tr�s hautement d�velopp�e
chez
les �tres les plus avanc�s de notre race; par elle, le merveilleux
d�veloppement du g�nie �motionnel qui se r�v�le chez l'artiste
est
augment�. Pour vous tous qui �tes des gens r�fl�chis et �clair�s,
elle est
donc �galement �volu�e dans une large mesure.
Il est n�cessaire aussi de savoir que les �tres humains sont tr�s
diff�rents selon le climat sous lequel ils vivent et selon la race � laquelle
ils
appartiennent. Rappelez-vous �galement que cette partie astrale
qui est en
vous poss�de des sens, comme la partie physique. Dans certaines
conditions de race et de climat, ces sens se d�veloppent chez
un bien plus
grand nombre de personnes. En Californie, dans l'ouest de l'Am�rique,
ou
dans
l'un de ces �tats situ�s plus au centre, la tension �lectrique
de
l'atmosph�re est normalement si �lev�e, que les enfants s'amusent � frotter
leurs pieds sur un tapis, � se charger ainsi d'�lectricit�,
et peuvent en
approchant leur doigt pr�s de la joue d'un autre enfant, faire
jaillir une
�tincelle �lectrique. Dans ces conditions, les sens astrals se d�veloppent
beaucoup plus rapidement. Vous trouverez tout le long de la
c�te ouest de
l'Am�rique une grande quantit� de personnes (ce n'est cependant
pas
encore tout � fait la majorit�) ayant d�velopp� leur nature
astrale dans des
proportions consid�rables et qui sont devenues ce que nous
appelons des
sensitifs. J'ajouterai, qu'� notre stade actuel d'�volution,
toute personne
peut arriver momentan�ment � ce m�me r�sultat en se laissant
hypnotiser, [Page 56] ce qui paralyse le corps physique, et lui permet de devenir
clairvoyante, clairaudiente. Cela prouve que ces sens sont tout � fait sur
le point de
s'�veiller. Chez l'homme et la femme ordinaires, tout en �tant arriv�s � ce
haut degr� de d�veloppement, en r�gle g�n�rale, ces sens ne
se manifestent
que s'ils sont artificiellement stimul�s. Dans certaines conditions
cependant, ils apparaissent naturellement. Si vous �tes sous
l'empire d'une
grande surexcitation nerveuse; si vous vous �tes surmen�s,
si vous avez la
fi�vre au-del� de 102 ou 103 degr�s Farenheit, vous pourrez devenir clairvoyants
ou
clairaudients. Quand vous avez la fi�vre et ce que vous appelez le d�lire,
c'est simplement la faiblesse du corps physique qui permet au corps astral
de le dominer momentan�ment et d'imprimer sur [Page 57] son
cerveau affaibli
ce qu'il voit dans son propre monde. Vous trouverez fr�quemment
des
personnes qui deviennent clairvoyantes lorsqu'elles sont souffrantes; c'est
une forme dangereuse de cette facult�, capable, si le corps
n'est pas vigoureux, d'imposer une tension trop forte pouvant conduire � une
profonde d�pression nerveuse ou m�me quelquefois � des accidents
hyst�riques.
L'�veil de cette facult� se traduit encore d'une fa�on diff�rente: les
sons produisent des couleurs et certaines personnes peuvent les voir.
Carmen Sylva, la reine de Roumanie, a fait para�tre, il y a
peu de temps, un
article dans The Nineteenth Century and After dans lequel
elle d�crit sa
propre clairvoyance. D�s qu'elle entend de la musique, elle
voit des
couleurs dont les teintes varient selon le genre [Page 58] d'harmonie. Le son
de la trompette produit la couleur �carlate; la musique religieuse
teinte
l'atmosph�re de bleu. Vous trouverez une quantit� de d�tails relatifs � ce
sujet dans la litt�rature th�osophique.
Consid�rez
maintenant un sentiment que plusieurs parmi vous
�prouvent peut-�tre, un certain sentiment de nervosit� la nuit,
si vous vous
trouvez tout � fait seuls dans une maison. Carlyle dit une
fois en parlant du diable: "Je ne crois pas en lui, mais j'ai peur de lui si je m'�veille
au milieu
de la nuit." Bien des gens éprouvent plus ou moins ce sentiment ou
quelque chose d'analogue.
Beaucoup d'entre nous — tr�s braves, je l'admets, en plein
jour —
comprendront ce qu'il veut dire. En ce qui me concerne, je me souviens du
temps o� j'�tais sceptique et vivais [Page 59] seule � Londres.
J'�crivais
alors jusqu'�
deux ou trois heures du matin; � ce moment, il me fallait faire un r�el
effort de volont� pour �teindre la lumi�re et monter l'escalier
de la maison
solitaire et silencieuse. Je me sentais nerveuse, bien que trop orgueilleuse
alors pour le confesser. Maintenant que je connais le monde astral, je ne
redoute plus rien; alors, je n'y croyais pas et j'�prouvais
une certaine
crainte. Pourquoi ? La raison, je l'ignorais; je la connais aujourd'hui. A ces
heures-l�, il y a d�pression de vitalit�. Tous les m�decins
vous diront que,
vers minuit, la vitalit� est � son maximum. En cas de maladie,
la mort se
produit le plus g�n�ralement entre minuit ou deux ou trois
heures du
matin. A ce moment de d�pression de vitalit�, la mati�re astrale
s'affirme,
re�oit les impressions du monde astral et les [Page 60] communique
au cerveau; c'est alors que nous reculons devant l'inconnu et que la crainte s'empare de
nous.
Quelques-uns parmi vous ont peut-�tre des pressentiments. Si
un ami éloigné est malade, bien que vous n'en soyez pas averti, vous �prouvez
une certaine anxi�t� � son �gard. Lorsqu'un ami
meurt, un sentiment d'abattement vous envahira au moment de sa mort. Si vous tenez � v�rifier
ces impressions, prenez l'habitude de noter l'heure � laquelle
vous les éprouvez sans motif apparent et conservez ces notes afin de
voir plus tard
si elles co�ncideront avec un �v�nement touchant un parent
ou un ami
auxquels vous aurez pens�. Vous apprendrez davantage en vous �tudiant
vous-m�me qu'en �coutant des conf�rences. Celles-ci ne sont
que des
guides; le savoir est le r�sultat [Page 61] de l'�tude
et de l'observation personnelle.
Dans certains cas, la mati�re astrale se r�v�le, palpable et �vidente; il
en est ainsi lorsqu'un m�me sentiment s'empare d'une foule tout enti�re.
L'art oratoire qui s'adresse aux �motions en est un exemple.
La plupart
d'entre vous connaissent le nom de mon ami Charles Bradlaugh, un des
plus remarquables orateurs de nos jours. Je l'ai entendu faire une
conf�rence sur un sujet socialiste � des
membres du Carlton Club, de
respectables vieux Tories. Assis en face de lui, tous l'applaudissaient
fr�n�tiquement, entra�n�s simplement par l'�motion �veill�e
en eux par
leurs corps astraux vibrant sous la force de son influence. Mais je doute
fort que le lendemain matin en se souvenant de cette conf�rence,
ils n'aient
r�prouv� [Page 62] �nergiquement les opinions avanc�es
qu'ils avaient si vigoureusement applaudi la veille.
Et cela est constamment le cas. Prenez un autre exemple, la panique.
Un cri s'�l�ve soudain; quelques personnes s'effrayent. La
peur, met en
vibrations la partie astrale des corps; des ondes, des vagues
d'�motion
vont et viennent, p�n�trent la foule, faisant vibrer les corps
astraux, leur
communiquant la peur; � ce degr� une panique folle s'empare
de tous et ils
ne pensent qu'� fuir un danger imaginaire.
Il en est de m�me pour les crises de nerfs. Un m�decin vous
dira que
si un malade dans une salle d'h�pital a une attaque de nerfs, il devra �tre
emport� le plus rapidement possible si on veut �viter que les
autres malades ne soient pris de crises semblables. Pourquoi ? Parce que
l'�motion [Page 63] ayant fait vibrer le corps astral
du premier sujet, tous les autres
corps astraux r�pondent � ces vibrations et ainsi l'�motion
est
reproduite.
Souvenez-vous de vos propres exp�riences. Vous rencontrez une
personne gaie, heureuse et vous dites : "Quand elle entre,
c'est comme un
rayon de soleil". Une autre vous aborde, comme envelopp�e
d'un grand nuage d'abattement. Tous nous ressentons cette d�pression,
et nous
devenons tristes. Mais pourquoi ? Il y a une cause � tout cela.
La joie et
l'abattement sont contagieux, ils se d�veloppent
exactement comme
une maladie ou un �tat de sant� vigoureux. Tout ce qui d�termine
des
vibrations dans la mati�re est contagieux, car ces vibrations mat�rielles
se
reproduisent en �veillant des �motions similaires chez les
autres. [Page 64]
Un dernier exemple. Vous rencontrez un homme ayant un mauvais
caract�re. N'avez-vous jamais remarqu� dans ce cas que l'irritation
vous
gagne, m�me si vous vous sentiez tr�s bien dispos�s auparavant
? Les
vibrations de son corps astral ont d�termin� chez vous des
vibrations de
m�me nature et �veill� le sentiment d'irritabilit�.
C'est
pourquoi les grands Instructeurs religieux vous ont recommand�
de rendre le bien pour le mal, d'opposer l'amour � la haine.
Si un homme
vient vers vous plein de haine et que le m�me sentiment vous anime � son
�gard, ces vibrations synchrones se renforceront mutuellement.
Les
vibrations deviennent de plus en plus violentes; la col�re
provoque la
col�re, la haine fait na�tre la haine, les deux hommes se querellent
et peut-
�tre [Page 65] deviendront pour toujours ennemis. C'est
pourquoi chaque grand Instructeur nous dit: "Ne r�pondez pas au mal par le
mal; opposez-lui le
bon sentiment contraire". Le Seigneur Bouddha a dit: "La
haine ne cesse
pas par la haine; la haine cesse par l'amour". Le Christ vous a
enseign� de b�nir ceux qui vous ha�ssent. Voil� la raison scientifique
par
laquelle les Chefs religieux de l'humanit� ont, dans leur grande
sagesse,
enseign� cette doctrine morale.
Il y a peu de temps, un sceptique me dit: "Pourquoi rendrais-je
le bien
pour le mal ? C'est absurde de le faire". Je ne discutai
pas avec lui le point
de vue moral. Je lui indiquai seulement le r�sultat mat�riel,
lui faisant
remarquer les vibrations que nous faisons na�tre par la col�re,
les
vibrations [Page 66] oppos�es cr��es par l'amour;
comment les vibrations d'amour éteignant les vibrations de haine �cartent les querelles
et am�nent
la paix.
Quelle fut sa r�ponse ? "Oh ! Maintenant que vous parlez
raison, je vois
pourquoi je devrais rendre le bien pour le mal".
Ceci est donc � retenir: vous pouvez � votre gr� d�velopper
en vous
les �motions bonnes et par cela m�me aider les autres � vaincre
leurs
mauvais sentiments. Vous pouvez devenir une source de b�n�diction,
apaisant la col�re, calmant l'irritabilit�, r�pandant autour
de vous le
contentement, le bonheur et la joie, en suivant cette loi de la nature qui est
s�re et inviolable.
Avant de quitter ce sujet, je dois vous parler de votre responsabilit�
vis-�-vis des autres. Non seulement [Page 67] chaque �motion
saine provoque en
vous une vibration de mati�re, mais elle se r�pand autour de
vous et affecte
le corps émotionnel des autres. L'�motion mauvaise agit de la m�me
mani�re. Donc il ne suffit pas de se ma�triser en apparence,
il ne suffit pas
de r�primer le regard courrouc�, la parole irrit�e ou le geste mena�ant;
vous devez d�raciner le sentiment qui peut encore exister bien
qu'invisible.
Par vos passions, vous affectez la soci�t� et vous �tes d�s
lors responsables
de l'influence que vous r�pandez. Ceci est � prendre s�rieusement
en
consid�ration, surtout dans les milieux o� se trouvent des
criminels d'un
type
violent, type que l'on rencontre plus fr�quemment dans l'ouest
que
dans l'est, o� un sentiment de col�re s'exprime de suite par
des voies de
fait. Jamais ces hommes et ces femmes qui [Page 68] vous
entourent, ma�tres
d'eux-
m�mes, ne se laisseraient aller � un acte de ce genre; ils
sont trop bien
�lev�s, trop dignes, trop orgueilleux. Mais le sentiment d'irritation
couve
en eux; leurs corps astraux vibrent sous l'influence de la
col�re et ces
vibrations se r�pandent dans le monde astral o� elles se croisent
avec de nombreuses vibrations similaires. Toutes les pens�es d'irritation
de cette
r�gion se rassemblent en une vague de vibrations, propageant
ainsi ces
violentes �motions; quand cette vague rencontre un individu
non d�velopp� au moment o� il est provoqu�, elle l'excite � agir
avec bien plus
de violence qu'il ne l'eut fait autrement. Son coup pourra donner la
mort et la loi humaine sera impuissante � atteindre ceux qui
sont en partie
responsables de son acte. Ils descendront dans leurs tombes [Page 69] honor�s et
respect�s, tandis que l'autre expiera son crime aux gal�res.
Mais la Loi
Divine est l� qui juge tout, le sentiment aussi bien que l'action; cette Loi
d'absolue Justice qui donne � chaque homme le r�sultat de ce
qu'il a sem�
et attribue � chacun sa part dans le crime du meurtrier, cette
Loi qui
n'ignore pas la force du poids ajout� par une mauvaise pens�e, g�n�r�e
avec insouciance, au pr�judice de la soci�t�.
Et il en est de m�me des grands actes d'h�ro�sme, lorsqu'un
homme,
par exemple, s'�lance dans une maison en flammes ou plonge
dans un
fleuve imp�tueux, sans penser au danger inconnu, mais seulement �
l'enfant qui est � sauver. Ce peut �tre un homme qui n'a rien d'un h�ros;
mais cette action soudaine a �t� stimul�e par le courant des pens�es
de [Page 70] vaillance du milieu dans lequel il vit.
Elle a �t� stimul�e
par le courage du
m�decin qui soigne une maladie infectieuse, par le courage de l'infirmi�re
qui veille l'enfant mourant de la dipht�rie, par le courage de la m�re
pench�e sur son enfant malade, par le courage individuel et
collectif, du
simple et de l'humble faisant ce qui leur para�t �tre simplement
le devoir et
qui ignorent leur propre noblesse. Mais leurs pens�es
vaillantes se
r�pandent dans l'atmosph�re qui les entourent; elles vivent l� et
se
meuvent; et lorsque l'occasion se pr�sente, quand l'homme
courageux,
mais non h�ro�que, affronte le feu ou le torrent, toutes ces nobles pens�es
trouvent en lui leur moyen d'expression, et la r�compense de
la vertu, de
par la Loi Divine, appartient � tous ceux qui ont partag� et suscit� ce
noble
sentiment. [Page 71] Nous comprenons ainsi le lien
qui unit tous les �tres
et
l'influence
que chacun exerce constamment sur son prochain � travers cet
oc�an de mati�re astrale dans lequel nous sommes tous immerg�s.
Parlons maintenant du sommeil. Qu'arrive-t-il quand vous vous
endormez ? Votre corps astral, ainsi que tout ce qui est mati�re
plus subtile
encore, abandonne la partie dense. "Mais, direz-vous,
c'est l'avis des sauvages, de ceux que nous appelons animistes." Ne soyez
pas trop
orgueilleux en appr�ciant les id�es des sauvages. Ceux-ci sont
pour la
plupart des descendants d�g�n�r�s de grandes nations du pass� et
ils ont
conserv� quelques-unes de leurs croyances dans leurs propres
traditions.
Les investigations modernes tendent de plus en plus � prouver
que le
sauvage n'est [Page 72] pas, comme on le supposait,
l'homme enfant; il est plut�t le
tr�s, tr�s vieil homme revenant � une seconde enfance, l'�ge s�nile
de la
sauvagerie. Parmi les sauvages, quelques traditions
ont surv�cu
r�v�lant, comme Frederick Myers l'a dit, la connaissance de
la
subconscience, connaissance que notre psychologie moderne retrouve
seulement de nos jours. Rejeter une id�e pour la seule raison
qu'elle nous
vient des sauvages, n'est pas un argument valable; un sauvage peut
quelquefois �tre dans le vrai et vivant plus pr�s de la Nature,
il sait
certaines choses que vous ignorez. Je vous demanderai donc d'accepter
simplement comme hypoth�se cette id�e que lorsque vous vous
endormez
la nuit, vous �tes dans la partie la plus subtile de votre
corps, laissant la
partie plus mat�rielle dans votre lit. Nous [Page 73] avons
souvent ce que nous
appelons des r�ves; vous devriez en faire une �tude approfondie.
Que sont
les r�ves ? Il y en a trois sortes principales. Vous pourrez
vous documenter
dans La Philosophie du Mysticisme de Du Prel qui est une oeuvre classique
sur ce sujet sp�cial. Vous trouverez l� une �tude sur les r�ves
pleine de
suggestions et d'�claircissements. Certains r�ves ne signifient rien, r�ves
sans suite, fragments des souvenirs de la journ�e, de la veille,
de la
semaine �coul�e ou du dernier mois, fragments d�cousus, ajust�s
comme
une sorte de mosa�que. Irrationnels, incoh�rents, ils sont
dus pour la
plupart � une pression sur un vaisseau du cerveau ou � une
circulation du
sang plus intense, ou � un arr�t dans quelque petite veine
caus� par
une mauvaise digestion. Vous pouvez [Page 74] �carter
ceux de cette cat�gorie,
ils
ne signifient rien.[Voir
aussi Les Rêves, par C. W. Leadbeater ]
Puis,
vous arrivez aux r�ves
qui sont encore physiques, mais appartiennent d�j� plus � la partie �th�rique du
corps. Nombre
d'exp�riences ont �t� faites quant aux
r�ves occasionn�s
par un choc. Vous
en trouverez beaucoup d'exemples dans le livre pr�cit�. Je
n'en retiendrai
qu'un seul pour vous indiquer ce genre de r�ve; il est dramatique.
On
toucha � la nuque d'un homme endormi, ce qui le r�veilla. En s'�veillant,
il
dit: "J'ai eu un r�ve horrible. Je r�vais que j'avais tu� un
homme; pour ce
meurtre j'�tais traduit devant le tribunal, jug�, condamn�,
conduit en
cellule, amen� devant la guillotine. Au moment o� le [Page 75] couteau
me fr�la,
je
m'�veillai !" Ce r�ve dramatique fut provoqu� par l'attouchement
sur le
cou: le tout se passa avec une extr�me rapidit� et ne dura pas m�me
une
minute, mais dans ce court instant, ce long r�ve eut le temps d'�tre v�cu.
De nombreux exemples de ce genre ont �t� relev�s � la suite
des patientes
recherches sur la nature des r�ves; celles-ci ont conduit � cette
conclusion
psychologique: la pens�e agit hors du corps dans une mati�re
plus subtile
que celle qu'elle emploie dans le corps physique; cela explique la
succession bien plus rapide d'�tats de conscience qui n'auraient
pu avoir
lieu dans le cerveau dans le m�me laps de temps. Cette sorte de r�ves
n'est
pas tr�s significative; ils sont caus�s par quelque impact ext�rieur,
qui
n'est m�me pas forc�ment physique; une [Page 76] pens�e
traversant l'esprit peut
interrompre le r�ve.
Il existe une autre classe de r�ves; ceux-l� sont les r�elles exp�riences
de l'homme en dehors de son cerveau physique, exp�riences de
l'homme
rev�tu de mati�re astrale plus subtile et vivant dans le monde
astral. Ces
r�ves ont leur valeur; en vous �veillant, ils vous paraissent tr�s
vivants.
Par eux, vous pouvez parfois obtenir une connaissance que vous ne
poss�dez pas � l'�tat de veille. Vous trouverez quelques exemples
de ceux-
ci dans La Personnalit� Humaine de Frederick Myers.
Il a r�uni un certain
nombre de r�ves dans lesquels certaines connaissances, qui
n'avaient pu être acquises � l'�tat de veille, le furent pendant le sommeil.
Tentez vous-m�mes l'exp�rience. Si les probl�mes de math�matiques
vous [Page 77] int�ressent ou s'il est une autre question
dont vous cherchiez la
solution, mettez-la dans votre esprit en allant vous coucher: n'y pensez pas,
parce que cela vous tiendrait �veill�s,
mais traitez votre esprit comme
s'il �tait une bo�te. Mettez la question dans la
bo�te et ne vous en
occupez plus. Le matin, vous trouverez g�n�ralement la r�ponse.
A une époque, il me plaisait de chercher � r�soudre de difficiles probl�mes
de
math�matiques. Le soir, je pensais � une de ces questions dont
je n'avais
pu trouver la solution et j'employais le moyen pr�cit�. Le
matin, cette
solution se pr�sentait elle-m�me � mon esprit et je l'�crivais avant d'�tre compl�tement �veill�e.
Il est difficile en revenant dans son corps physique
d'impressionner son cerveau. Si vous d�sirez faire ces exp�riences,
mettez
un crayon et un papier aupr�s [Page 78] de vous et �crivez,
avant d'�tre tout � fait �veill�s, la solution trouv�e. Robert Louis Stevenson nous
dit que son
livre, Dr Jekill and M. Hyde, lui fut sugg�r� la nuit
par son "Brownie" [ Esprit familier ] Mozart, le grand musicien, disait qu'il entendait
ainsi ses grandes compositions; revenu � l'�tat normal il �crivait note par
note ce qu'il avait
entendu alors simultan�ment. Le grand po�te Tennyson eut une exp�rience
du m�me genre. En r�p�tant son nom maintes et maintes fois,
il arrivait �
s'hypnotiser et il entrait alors dans un �tat impossible � d�crire
dans lequel
toutes choses lui paraissaient lucides, o� "la mort �tait
une impossibilit�
risible et o� la perte de l'individualit� semblait �tre la
seule vie
v�ritable". Mais Tennyson �tait [Page 79] un g�nie
et ces ph�nom�nes
se manifestent
plus facilement chez un g�nie que chez l'homme ordinaire.
Vous pourriez tenter aussi une autre exp�rience. Admettons
que vous
connaissiez une personne se trouvant dans la peine ou quelqu'un
domin�
par un vice. Mais vous �tes �loign�, et ne pouvez aller au
secours de votre
ami. Pensez � lui au moment de vous endormir; pensez que vous d�sirez
vous trouver aupr�s de lui et le consoler. D�s que vous serez
endormi,
votre pens�e vous am�nera en sa pr�sence et vous pourrez adoucir
sa
peine. Bien des vices ont �t� ainsi enray�s. L'ivrognerie a �t� corrig�e
de
cette mani�re. Pendant les heures de sommeil, l'homme re�oit
plus
facilement les impressions; vous pourrez aller � lui astralement
et lui
exposer des arguments qui l'arr�teraient dans [Page 80] sa
conscience de veille. Sur
le plan astral, ces pens�es s'imprimeront sur son esprit et � son r�veil
lui
sembleront �tre le fruit de ses propres r�flexions. Vous pouvez
donc aider
un ami par ce moyen; il est � la port�e de chacun de nous
et ne demande
aucun entra�nement sp�cial.
Il en est de m�me pour ceux que vous aimez et dont la mort
vous a
s�par�s. Parfois, vous r�vez d'eux. En r�alit�, �a n'est pas un r�ve
ou de
l'imagination; la r�union est r�elle dans le monde o� vous p�n�trez
lorsque
votre corps est endormi. Pensez aux �tres que vous avez aim�s,
laissez
votre esprit se fixer sur leur souvenir; dans vos heures de sommeil, vous
serez avec eux, �veill�. Et c'est seulement lorsque vous reviendrez � la
vie
consciente — que les hommes appellent consciente, mais qui est consid�r�e
comme [Page 81] le sommeil dans les mondes sup�rieurs — que
vous leur semblerez
retomber
endormis puisque vous ne serez plus sensibles ni � leur contact
ni
� leur pr�sence. Vous pouvez, de cette mani�re, leur apporter
une grande
aide. En vous d�veloppant, vous devenez ce que nous appelons "�veill�s"
sur le plan astral. Cela veut dire que vos sens astraux sont
tourn�s vers
l'ext�rieur. Vous voyez, sentez, �coutez, connaissez et pouvez
agir, parler
aussi librement qu'ici-bas � que dis-je, plus librement encore.
Et lorsqu'une
grande calamit� survient, un tremblement de terre, un naufrage
ou une
guerre meurtri�re comme celle qui est engag�e en ce moment
dans l'Est de
l'Europe, vous pouvez, si vous en
avez le d�sir, devenir un aide; vous
pouvez secourir ces malheureux séparés violemment de leurs
corps
physiques [Page 82] dans l'ardeur de la lutte, courrouc�s,
fr�missants,
ne sachant o�
ils se trouvent, ni ce qui leur est arriv�. Vous pouvez aller � eux,
semblables � des anges de mis�ricorde,calmant, adoucissant,
consolant, lorsque vous aurez appris � devenir conscient dans
les mondes
sup�rieurs.
Et quand vous poss�derez cette conscience, vous cesserez de
craindre
la mort, car ce monde dans lequel nous p�n�trons chaque nuit
est celui-l�
m�me qui deviendra notre demeure apr�s la mort. Quelques chr�tiens
lui
donnent le nom de "monde interm�diaire", interm�diaire
entre ce monde-ci
et le ciel. Les Hindous l'appellent "Kamaloka", la r�gion du d�sir,
de la
sensation. En r�alit�, c'est le monde de l'�motion. Quand vous
mourez,
vous laissez simplement le corps physique de c�t� ainsi que
vous [Page 83] l'avez
fait chaque nuit pendant le sommeil et vous passez dans le monde astral
qui vous �tait d�j� familier, tandis que vous viviez dans le
corps physique.
Quand vous vous r�veillerez dans cette nouvelle r�gion, apr�s
le sommeil
que les hommes appellent la mort, vous vous retrouverez semblables � ce
que vous �tiez sur le plan physique. Vos �motions, vos pens�es,
votre
savoir seront les m�mes. Vous ne serez pas chang�s; mais les
conditions
dans lesquelles vous vous trouverez d�pendront de la vie que
vous aurez
men�e ici bas. Et voici pourquoi il est utile de savoir ce
qui nous attend de
l'autre c�t� de la mort.
Pour ceux qui sont chr�tiens et ont �t� �lev�s dans la vieille
croyance
de l'enfer �ternel, la mort — m�me pour les meilleurs d'entre eux — est [Page
84] souvent un sujet de crainte. Les plus raisonnables, ne se trouvant
pas
suffisamment parfaits, pour jouir d'un ciel �ternel, ni assez
mauvais pour
endurer
les tourments d'un enfer �ternel, ne se soucient plus de rien
et
disent: "Attendons d'y �tre". En effet, ils s'y
trouveront assez bien, mais
cela n'est tout de m�me pas la meilleure mani�re d'affronter
un monde
inconnu.
Les catholiques romains appellent ce monde le purgatoire. Pourvu que
vous ne soyez pas mort en �tat de p�ch� mortel, l'Eglise peut
arranger les
choses et, m�me si elle demeure impuissante, il reste ces grandes mis�ricordes sur�rogatoires du Tout Puissant
qui sauvera l'�me
perdue des
souffrances perp�tuelles. Le purgatoire cependant ne convient
pas ainsi
que l'Eglise le suppose, � tous ceux [Page 85] qui ne
sont pas des Saints ! Il devient
la demeure de ceux qui ont v�cu dans le p�ch� flagrant et grossier,
principalement de ceux qui ont �t� intemp�rants, ivrognes,
dissolus. Ces
trois grands p�ch�s corporels impliquent de terribles souffrances
de l'autre
c�t� de la mort. Elles ne sont pas provoqu�es par la col�re
de Dieu, car Dieu est amour; ni par esprit de vengeance, car Il est le
P�re de toutes les �mes qu'Il a cr��es; mais, ayant succomb� � ces d�sirs, � ces
passions qui
proc�dent du corps astral, tous ces app�tits demeurent aussi
vivaces
dans l'au-del� cependant que le corps physique, l'instrument
qui permet de
les satisfaire � �t� d�truit par la main glac�e de la mort. Voil� le v�ritable
enfer, les passions inassouvies de l'ivrogne pour la boisson, du glouton
pour les mets savoureux, du sensuel pour les [Page 86] d�lices
des sens. Et ces d�sirs ardents qui ont infiniment plus de force que les d�sirs terrestres
ne peuvent
plus �tre satisfaits. Ne pouvant plus entrer en contact avec l'objet souhait�,
leurs passions les br�lent comme un feu d�vorant jusqu'� ce
qu'elles
s'�puisent � la longue, n'�tant plus aliment�es. Si vous avez laiss� cro�tre
vos passions et que la mort vous surprenne, l'au-del�, en v�rit�,
vous
r�servera de vives souffrances car, selon la Loi, ce que vous avez sem�,
vous le r�colterez. Vous �tes votre propre bourreau et votre
folie seule
vous rendra malheureux de l'autre c�t� de la mort.
Mais quantit� de gens ne souffrent pas, et cependant ne sont
pas
heureux; un ennui profond est leur partage; c'est parce qu'ils ne se sont
int�ress�s dans la vie qu'aux choses insignifiantes. Si vous
ne prenez
plaisir [Page 87] qu'aux distractions frivoles; si
les occupations intellectuelles sont
sans attrait pour vous; si vous ne vous souciez ni de l'art, ni de la
litt�rature, ni de rien qui �veille les �motions �lev�es;
si vous aimez le jeu,
les paris; si vous allez � l'�glise simplement pour
y voir les derni�res
modes, je suis dans l'obligation d'affirmer que vous ne serez
pas tr�s
heureux apr�s votre mort et cela pendant une p�riode assez
longue. Rien
ne
vous int�ressera; vous ne pourrez y satisfaire ni les frivolit�s
de la vie,
ni les occupations de la maison, ni toutes les petites choses qui
remplissaient votre existence. Vous direz peut-�tre: "Je suis oblig� de
m'occuper des travaux fatigants de la maison ou de remplir les devoirs de mon m�tier. “Voulez-vous dire que de
l'autre c�t� de la mort,
j'aurai �
supporter pour cela, [Page 88] non des souffrances,
mais un ennui inexprimable ?". Il
y a un moyen par lequel vous pouvez l'�viter. Accomplissez
le travail
vulgaire auquel vous �tes astreint, en le consid�rant comme
partie
int�grante de l'activit� Divine, comme une participation consciente �
l'oeuvre de Dieu dans le monde par lequel la soci�t� est maintenue.
Si vous
consid�rez comme telle la besogne du marchand qui nous assure
notre
subsistance, de l'homme de loi qui aide la justice divine � se
manifester, du
magistrat qui applique la loi divine pour le bien des hommes,
du m�decin
qui personnifie le divin pouvoir de soulager, de la m�re dont
les soins
pleins d'amour symbolisent la divine Maternit� qui alimente
le monde et
rend possible la vie et la sant�, du l�gislateur qui traduit en pens�es
la loi
divine, si vous rattachez [Page 89] constamment vos
occupations journali�res
aux oeuvres universelles qui sont divines, alors vous serez
transport�s, au-del� du devoir trivial et de ses limitations, au-del� des d�tails
mesquins de
l'existence terrestre, dans la gloire de l'activit� divine, � l'oeuvre
du Tout
Puissant dans Son univers.
Mais cette doctrine n'est pas nouvelle. Rappelez-vous comment
Georges Herbert l'a enseign�e en parlant d'une servante qui
balaie une
chambre:
A servant with this clause
Makes drudgery divine
Who sweeps a room as for Thy laws
Makes that and th'action fine.
[La servante, dans cet esprit,
Rend tout labeur divin
Qui balaie une chambre pour obéir à Ta loi
Ennoblit cette besogne et son accomplissement ]
Consid�rez le cas suivant: pensez � [Page
90] cette classe humili�e, r�prouv�e,
impure avec laquelle vous �vitez ici tout contact, la classe
des boueux.
Mais
gr�ce � leur besogne malpropre, nous jouissons de la propret�;
par
leur mis�re, notre sant� est pr�serv�e; par leur d�gradation nos go�ts
raffin�s sont satisfaits; comme le lotus sort de la vase,
ainsi nos penchants
d�licats s'affirment gr�ce � leurs travaux qui
sont indispensables � la
soci�t�. Dites-leur qu'ils coop�rent avec la nature. Instruisez-les, �veillez
leur intelligence; persuadez-les que leur besogne fait partie du noble
travail de la Nature. Dites-leur que la sant� publique d�pend
de leur
ouvrage exactement accompli. Efforcez-vous de leur faire comprendre que de la corruption la Nature fait sortir
la fleur, qu'elle efface l'impuret� et la
change en parfum. Si vous arrivez � les [Page 91] p�n�trer
de ces v�rit�s
et si d'autre
part, vous-m�mes comprenez qu'ils doivent �tre honor�s et non m�pris�s
vous aurez alors appris le grand secret de la vie spirituelle. Vous saurez
que Dieu est l'unique Ouvrier et que d�s lors tout travail
est honorable et
doit �tre respect�.
M�ditez ces id�es; quand vous les aurez assimil�es, vous
comprendrez mieux la vie. Tous ceux qui ne sont pas physiquement
vicieux, tous ceux dont les aptitudes et les �motions ne sont
pas vulgaires,
jouiront dans le monde interm�diaire de l'autre c�t� de la
mort d'une vie de
bonheur et de jouissances intenses; ils pourront aussi �tre
bien plus utiles � l'homme que sur le plan physique.
J'ai esquiss� rapidement un sujet tr�s complexe et cherch� � remplir
les lacunes en vous indiquant quelques [Page 92] ouvrages
dans lesquels vous pourrez trouver de plus amples renseignements.Je puis seulement
vous dire en terminant cette seconde partie de notre �tude: augmentez vos
connaissances; comprenez que la loi r�git le monde et que vos �motions
aussi bien que le fonctionnement de l'univers sont soumis � son contr�le.
Si vous apprenez � guider, � diriger vos sentiments, � leur
imposer votre
autorit�; si vous ne leur permettez pas de vous emporter � la d�rive,
cette
connaissance, cette compr�hension de la loi rendra votre existence
calme
et forte. Vous comprendrez que cette courte �tude, forc�ment
superficielle,
vaut la peine d'�tre poursuivie dans vos heures de loisir, guid�s
par votre
propre intelligence. La simple indication que je vous ai donn�e
aujourd'hui
peut vous mener sur le chemin d'un savoir et [Page 93] d'une
vertu qui illumineront
votre vie et vous donneront une mort paisible.
Les �tudiants pourront lire Le Plan Astral et Clairvoyance ainsi que
les chapitres traitant du plan astral dans La Sagesse Antique, Les Lois fondamentales
de la th�osophie. Les exp�riences d'hypnotisme
peuvent �tre �tudi�es dans l'ouvrage de
Binet et F�r�,
traitant cette question et dans La Grande Hyst�rie de Charcot.[Page
94]
Nous aborderons maintenant le troisi�me sujet, le plus
int�ressant peut-�tre de ceux que nous avons � traiter.
Nous parlerons de l'intellect, de son monde, et ce qu'il devient apr�s la mort de l'homme en tant qu'intelligence.
Vous vous souvenez que dans notre premi�re conf�rence, j'ai fait allusion � William-Kingdon Clifford.
Il employait l'expression de substance mentale. Or le professeur Glifford �tait un agnostique; il serait [Page
95] peut-�tre all� plus loin encore en d�finissant son opinion philosophique. Il
ne croyait pas � la survie de la conscience individuelle apr�s la mort, mais il pensait que cette conscience
individuelle retournait alors dans le grand oc�an de conscience cosmique. Comme tout savant, il �tait habitu� �
toujours trouver, lorsque la vie ou la force se manifestent, la pr�sence d'une forme de mati�re servant de v�hicule � l'action
de cette force; de l�, il concluait que la pens�e �tant un ph�nom�ne indiscutable dans notre monde, il
devait exister quelque type sp�cial de mati�re, r�pondant �
la pens�e, agissant comme son milieu de manifestation et produisant ses effets dans notre monde. Ce raisonnement
ne d�passait pas les limites de la science ordinaire; mais il ne pouvait aller moins loin. Il pensait donc
que [Page
96] l'intelligence arrivait � se manifester par cette "substance mentale" de m�me que
les vagues d'�ther se trouvent en rapport avec la vue et que les vagues d'air portent � l'oreille les vibrations
qu'on appelle le son. Soit que vous consid�riez avec nous l'Esprit de l'homme comme une Intelligence immortelle
ou bien comme une manifestation temporaire de conscience, il ne vous semblera pas d�raisonnable que nous nous
attendions � trouver
quelque type de mati�re correspondant � cette Intelligence, comme l'oeil �
la lumi�re et l'oreille au son. D'apr�s nous, notre Esprit immortel, ou plut�t �ternel, afin d'entrer en contact
avec les mondes inf�rieurs, s'approprie de la mati�re appartenant � ces mondes.
Ainsi que nous l'avons vu dans la premi�re de nos r�unions, l'Esprit appara�t comme [Page 97] Volont�,
Sagesse et Activit� Cr�atrice; de m�me donc, l'Esprit devra emprunter � chacun de ces trois mondes de la pens�e,
de l'�motion et de la volont�, la mati�re dans laquelle il s'enrobera afin de pouvoir se manifester. J'ai
dit trois mondes; le seul point que je vous demanderai d'accepter pour le moment �
titre de simple hypoth�se, c'est que chacun de ces mondes se distingue des autres par le type de son atome fondamental.
Ceci n'est pas, naturellement, reconnu par la science ordinaire. Nous pr�tendons ceci: de m�me que les solides,
les liquides et les gaz — nous disons aussi l'�ther — sont simplement des agr�gations de l'atome
ultime physique, de m�me dans le monde de l'�motion et dans celui de la pens�e, il y a un atome ultime duquel
toutes les agr�gations sont [Page 98] compos�es, les �tats de mati�re �tant simplement
ce m�me
atome combin� de diff�rentes fa�ons. Connaissant ces �tats de mati�re dans le monde physique sous la forme de
solides, de liquides et de gaz, vous pouvez vous les imaginer dans les mondes �motionnel et mental et penser � un
monde compos� de "substance mentale", mati�re dans
laquelle la pens�e se manifeste.
De ces trois mondes, deux nous sont ferm�s, du moins en ce qui concerne la perception de leurs ph�nom�nes. Par
notre cerveau, nous obtenons la connaissance d'un seul monde, mais notre conscience est �
l'oeuvre dans les trois. La mati�re la plus subtile est aussi r�elle que la plus dense. Je prierai mes amis hindous
de ne pas discuter, pour l'instant au sujet de ce mot "r�el"; je ne parle [Page
99] pas m�taphysique. Mais il vous faut retenir que, dans notre monde physique, c'est au moyen de
cette mati�re plus subtile que la conscience peut prendre contact avec le monde ext�rieur. Oui, dites-vous, tout
cela est tr�s
bien; nous vous accordons que nous entendons au moyen d'ondulations de l'air que nous ne pouvons voir normalement;
que les ondulations d'�ther nous permettent de voir, bien qu'elles soient invisibles pour nous. Mais vous pr�tendez
qu'il y a d'autres formes de mati�re invisible qui transmettent aussi certaines formes distinctes de connaissance � la
conscience. Sachez donc que votre cerveau est en voie d'�volution; il n'est pas parfait; il se d�veloppe, il
n'est pas complet. Vous avez d�velopp� dans votre corps physique les organes des cinq sens dont la conscience [Page
100] se sert pour entrer en contact avec le monde ext�rieur; exactement de la m�me mani�re, vous
devez d�velopper maintenant dans le cerveau deux organes de l'avenir qui permettront � la conscience de veille
de l'homme, travaillant dans le cerveau, d'obtenir la connaissance des ph�nom�nes des mondes �motionnel et
mental. Naturellement, cette opinion ne concorde pas exactement avec celle de la Science ordinaire, mais nos
connaissances sur ce sujet se sont un peu augment�es ces derni�res ann�es.
Ces deux organes auxquels on pr�te si peu d'attention sont le corps pituitaire et la glande pinéale. Des
recherches faites � cet �gard ont simplement fait d�couvrir que la glande pin�ale produit une s�cr�tion interne
et que le corps pituitaire entre en jeu dans certains cas de croissance anormale. [Page
101] Les savants reconnaissent aussi que si l'on boit de l'alcool, la partie volatile montant � travers
les ouvertures internes jusqu'�
ce corps pituitaire empoisonne celui-ci tr�s rapidement et gravement. C'est tout ce que la science nous dit � ce
sujet.
Nous, nous disons que la connaissance des ph�nom�nes du monde astral nous est transmise par le corps pituitaire.
Il sera l'organe, dans l'avenir, du sens par lequel cette connaissance parviendra � l'homme dans sa conscience
de veille. Nous savons aussi, par exp�rience personnelle, que si l'on essaye de d�velopper la vue
et les autres sens du monde astral, il faut prendre des pr�cautions; car on peut, en imposant de trop grands
efforts � cette
partie du cerveau, amener une inflammation du corps pituitaire, tr�s difficile � [Page
102] traiter et de laquelle il n'est pas ais� de se d�barrasser compl�tement. Je dis ceci simplement
pour indiquer le rapport; tirez-en la d�duction qu'il vous plaira.
A notre avis, la glande pin�ale est appel�e � mettre le cerveau en contact avec le monde mental. Des recherches
tout � fait r�centes seront d'une grande utilit� � cet �gard. Un neurologiste allemand c�l�bre, von Frankl Hachwart,
cherche � d�couvrir les fonctions de la glande pin�ale. Il dit que bien qu'il ne puisse encore
donner de renseignement pr�cis, il est certain qu'un rapport existe entre cet organe et la mentalit� de l'homme.
Un fait physiologique bien connu, c'est que certaines s�cr�tions de cette glande ne se trouvent pas dans le cerveau
d'un nouveau-n�, ni dans celui d'un homme tr�s �g�, ni dans celui d'un idiot; on [Page
103] les trouve seulement dans le cerveau d'un homme qui meurt en pleine activit�
mentale.
Vous avez l� un simple indice — je ne pr�tends pas � autre chose —
ouvrant le chemin � des recherches ult�rieures. Et, je ne crains pas de le dire, ainsi que maintes fois d�j�,
l'opinion des Voyants et des Mystiques d'aujourd'hui sera adopt�e par la science de demain. Je n'insisterai
pas davantage.
Donc, cette question trouvera sa solution dans l'avenir, quand la connaissance des autres mondes parviendra � notre
conscience � l'�tat de veille. Je vous le dis positivement, on peut obtenir cette connaissance en agissant sur
ces organes dans le cerveau et en pratiquant en m�me temps la
m�ditation pendant une p�riode fort longue. Un certain nombre [Page
104] de personnes, ici et ailleurs ont d�velopp� la possibilit� de conna�tre et d'observer, � l'�tat
de veille, les ph�nom�nes des mondes mental et astral. Je vous parlerai aussi des mystiques � propos d'une
conf�rence tr�s int�ressante faite par le doyen de la cath�drale Saint-Paul; vous avez pu en lire le compte
rendu dans le Times qui commentait quelques-unes des questions soulev�es.
D'apr�s notre point de vue, le corps mental, ainsi que nous l'appelons, ou les organes de la mentalit� dans votre
corps physique — car il interp�n�tre celui-ci — est fait de cette substance mentale, et il est
organis� par la pens�e. Plus vous exercez votre pens�e, plus cette partie mentale de votre corps s'organise.
Cette action cr�atrice de la pens�e agit physiquement sur le cerveau et mentalement par la croissance [Page
105] de l'intelligence; elle agit encore moralement par la construction du caract�re. Souvenez-vous
que nous parlons de ce qui est un reflet de la divine Activit� Cr�atrice, l'activit� de la troisi�me Personne
de la Trinit�, au Trimourti qui am�ne les mondes � l'existence. Votre Esprit, votre Intelligence est pour vous
ce que le Divin Esprit cr�ateur est � un univers; c'est l'unique facult� cr�atrice � votre disposition, le
pouvoir par lequel vous pouvez vous transformer, jusqu'� un certain point comme cerveau, largement comme intelligence,
et enti�rement
en ce qui concerne la moralit�. Ce pouvoir est en vous; il vous faut seulement apprendre �
l'employer. J'essaierai de vous indiquer la voie � suivre qui vous prouvera que ce pouvoir est une Loi de la
Nature.
"Ce � quoi un homme pense, il le [Page 106] devient".
Je cite l�, et un grand nombre parmi vous le connaissent, un vieux verset des Upanishads des hindous.
On retrouve la m�me pens�e exprim�e par le roi juif Salomon: "Ce � quoi un homme pense, il l'est".
Il importe peu que vous suiviez les pr�ceptes de l'un ou l'autre Sage, hindou ou juif; tous deux �noncent une
loi de la nature, trop oubli�e de nos jours.
En ce qui concerne le cerveau, l'action cr�atrice de la pens�e agit sur lui et active sa croissance. Prenez un
bon trait� d'anatomie et �tudiez le m�canisme du cerveau. Vous y verrez que le cerveau du petit enfant est comparativement
lisse; que le cerveau du penseur, mort dans l'�ge m�r t�moigne d'une augmentation consid�rable du nombre des
circonvolutions. Vous trouverez aussi, si vous lisez un livre traitant de physiologie, plut�t que [Page
107] d'anatomie, qu'il existe dans le cerveau un certain groupe de cellules grandes et munies d'un
noyau, mais comparativement peu nombreuses. Chez le nouveau-n�, ces cellules sont absolument
s�par�es. Apr�s l'�ge de sept ans, elles commencent � se relier par les p�doncules qui �manent d'elles-m�mes.
Lorsque la pens�e se d�veloppe, que l'enfant commence �
raisonner, � juger, � comparer, l'intelligence agissant sur le cerveau qui doit �tre l'instrument de la pens�e,
stimule la croissance et modifie ces cellules. Celles-ci produisent de petites radicelles, ces radicelles
s'anastomosent et, graduellement, il se forme une sorte de trame ou de r�seau qui relie toutes les cellules
entre elles. Elles n'augmentent pas en nombre, mais en volume, et les radicelles se multiplient. A mesure que [Page
108] l'intelligence de l'enfant progresse par le raisonnement, il y a extension de la substance
du cerveau et l'instrument de la pens�e s'am�liore. De l�, bien des m�decins concluent qu'il est pr�f�rable de
chercher plut�t � d�velopper
le pouvoir d'observation que celui du raisonnement chez un enfant au dessous de sept ans; il ne faut pas non
plus exiger de lui une somme d'intelligence pour laquelle il n'a pas encore d�velopp� la base mat�rielle n�cessaire.
Ainsi, vous voyez que m�me sur ce cerveau r�sistant compos�
de mati�re physique dense, l'activit� cr�atrice de la pens�e produit un certain effet.
Parlons maintenant du caract�re. Je ne pr�tends nullement que vous adoptiez mes vues � ce sujet. Je vous propose
une simple exp�rience que vous pourrez tenter vous-m�mes, afin [Page
109] de prouver l'existence de la loi de laquelle je vais vous entretenir. Je dis qu'il existe une
loi de la Nature, par
laquelle l'intellect en fixant son attention sur une vertu, am�ne graduellement cette vertu � faire partie du
caract�re;
elle se manifeste ensuite automatiquement et sans effort. Un homme peut donc d�lib�r�ment
construire son caract�re comme il lui convient, � condition de travailler en accord avec cette loi et en l'observant
avec toute la patience et la pers�v�rance que ces exp�riences exigent.
Voici la mani�re de proc�der. �tudiez votre caract�re et arr�tez-vous �
un de vos points faibles, absence de v�rit�, l�chet�, irritabilit�, enfin un vice ou un d�faut quelconque.
Lorsque vous aurez reconnu que vous succombez g�n�ralement � ce mauvais penchant; que si une personne vous [Page
110] contrarie, vous devenez irritable; que si vous vous trouvez en face d'un danger, vous �tes
l�che;
que si une difficult� se pr�sente, vous avez recours au mensonge, laissez cela de c�t� et n'y pensez plus. Appesantissez-vous
sur la vertu oppos�e et ne pensez plus jamais au d�faut. Chaque fois que l'intellect s'arr�te sur une faiblesse,
celle-ci se trouve augment�e par la force m�me de votre pens�e et persiste au lieu de dispara�tre. M�me si vous �prouvez
des regrets, la vie qui anime la pens�e, vitalise cette faiblesse; votre regret l'augmente et l'enracine dans
le caract�re. Rejetez-la derri�re vous. Ne permettez jamais � votre esprit de s'y arr�ter, ne fut-ce qu'un instant,
mais pensez � la vertu oppos�e. Il ne suffit pas d'y penser fortuitement. Chaque matin, quand vous vous levez,
avant de sortir et de vous m�ler aux autres, [Page 111] fixez
votre intellect pendant deux, trois, quatre ou cinq minutes, selon votre pouvoir de concentration, sur la vertu
que vous d�sirez �difier. Faites cela avec pers�v�rance chaque matin; ne manquez pas un seul jour; sans cela,
la mati�re du corps mental tendra � perdre la forme que vous cherchez � lui imposer et � reprendre celle qu'elle
avait primitivement. Chaque jour, automatiquement, vous retomberez dans la faute que vous cherchez �
corriger; ne vous en pr�occupez pas; continuez; chaque matin concentrez-vous sur la vertu d�sir�e. Admettons
que vous cherchiez �
acqu�rir de la patience; vous pensez � la patience le matin; dans la journ�e, quelqu'un vous impatiente; vous
lui r�pondez avec irritation; mais, tout en r�pondant, cette pens�e vous
viendra � l'esprit: "Oh, je voulais �tre [Page 112] patient".
Cela ne fait, rien ! Quand vous aurez m�dit� sur la patience pendant quatre ou cinq jours, � l'instant o� les
paroles irrit�es s'�chapperont de vos l�vres, vous vous direz: "Je voulais �tre patient". Continuez
avec pers�v�rance
et bient�t la pens�e de la patience se pr�sentera avant que la r�ponse trop vive n'ait �t� donn�e et vous r�primerez
la parole, si ce n'est la pens�e. Continuez avec pers�v�rance, le temps qui vous sera n�cessaire, d�pendra de
votre concentration, du pouvoir de votre pens�e; mais t�t ou tard, l'irritabilit� dispara�tra compl�tement et
sera remplac�e
par la patience. Vous constaterez que d'une mani�re automatique, vous r�pondez � la provocation par la patience, � la
col�re par la douceur. Vous aurez construit dans votre corps mental la vertu � laquelle vous aspiriez. Vous pouvez
m�diter [Page
113] de diff�rentes mani�res selon votre ing�niosit� � vous tracer un plan. Un de mes moyens favoris � j'�tais
tr�s irritable �tant jeune — �tait de m'efforcer de personnifier la patience; vous n'avez jamais vu une
sainte telle que moi pendant ma m�ditation. N'importe ce que j'avais pu �tre en dehors de cette heure pendant
la journ�e, je devenais alors absolument, compl�tement, parfaitement patiente! Mentalement, je r�unissais autour
de moi les gens
les plus d�sagr�ables, les plus aga�ants de ma connaissance; en imagination j'exag�rais leurs mani�res provocantes
et, dans la m�me proportion, je cherchais � accro�tre ma patience. J'�laborais ainsi un petit drame mental dans
lequel on s'effor�ait de m'irriter par tous les moyens possibles, provocations auxquelles je
r�pondais comme une Graziella [Page 114] moderne.
Apr�s un certain temps, je m'aper�us, en rencontrant ces personnes, qu'elles avaient perdu tout pouvoir de m'irriter. "Pourquoi
trouvais-je ces personnes si ennuyeuses ?" me demandai-je? Inconsciemment, par mes efforts, la patience �tait
devenue partie int�grante de mon caract�re. Chacun de vous peut en faire autant. Essayez, car la moindre exp�rience
faite par vous-m�me vaut cent conf�rences �cout�es en doutant de leur v�racit�. La Loi �tant immuable, in�vitablement,
vous devez r�ussir. Vous pouvez ainsi acqu�rir une vertu apr�s l'autre, portant votre attention sur chaque trait
caract�ristique jusqu'au moment o� vous trouverez que vous vous rapprochez un peu de votre Id�al si �loign� que
vous en soyez encore, vous saurez que vous gravissez la montagne dont le sommet est [Page
115] illumin� par Sa pr�sence et que vous ne vous contentez plus de marquer le pas � sa base.
Je n'ai pas le temps de vous donner d'autres exemples.
Consid�rez maintenant l'intelligence. Si vous d�sirez la d�velopper puissamment, il vous faut penser profond�ment;
vous ne devez reculer devant aucun effort mental. Chaque jour, sans jamais manquer, vous devriez lire — ne
f�t-ce qu'une demi-page — d'un livre difficile �
comprendre afin d'exercer vos muscles mentaux et de les fortifier. Mais la m�ditation est le grand moyen pour
d�velopper l'intellect. Beaucoup d'entre vous pensent que la m�ditation est une pratique purement religieuse.
Religieuse, assur�ment, dans ce
sens que tout ce qui est bon trouve sa place dans la religion mais en dehors de la valeur [Page
116] religieuse de la m�ditation, il y a sa valeur mentale. Elle vous donne le pouvoir de concentration,
le pouvoir de ne pas vous laisser distraire par un objet passager qui sans cela absorberait votre attention,
le pouvoir de fixer votre esprit sur une seule pens�e et de ne pas le laisser s'en d�tacher jusqu'� ce que vous
l'ayez compl�tement
approfondie: voil� les r�sultats de la m�ditation, aussi utiles en ce monde qu'ils sont n�cessaires pour nous
pr�parer � la
vie de l'au-del�. Si vous vouliez m�diter seulement dix minutes ou un quart d'heure chaque jour, vous constateriez
l'accroissement du pouvoir de votre pens�e. Tels passages de vos lectures que vous n'aurez pas compris tout d'abord
vous deviendront, apr�s cet exercice, parfaitement intelligibles; car l'homme peut modifier son [Page
117] intelligence aussi bien que son caract�re moral. Quand vous lisez dans le but de d�velopper
votre intelligence, il faut vous efforcer de p�n�trer la pens�e de l'auteur, il n'est pas suffisant de s'arr�ter
aux paroles �crites. Le mot n'exprime que la moiti� de la pens�e, quelquefois moins encore; si vous lisez un
livre rapidement, tournant page apr�s page, et ne retenant que les points principaux, cela n'aidera pas beaucoup
votre intelligence � se d�velopper. Mais prenez un sujet difficile et r�fl�chissez � un passage plus longuement
que vous n'avez mis de temps � le lire, voil� qui aidera votre intelligence � se d�velopper; de plus, vous
perdrez cette mauvaise habitude moderne d'�parpiller son attention sur une douzaine de sujets diff�rents, n'obtenant
ainsi aucune connaissance [Page
118] pr�cise, approfondie; l'intelligence doit se rendre ma�tresse du sujet qu'elle �tudie.
La pens�e cr�e une habitude dans l'intellect. N'avez-vous jamais �t�
frapp� par ce fait que la lecture des journaux avec leurs courts paragraphes donnant des nouvelles de toutes
les parties du monde habitue l'esprit �
s'�parpiller, � ne pas se fixer ? De nos jours, la lecture des journaux s'impose; nous devons savoir ce qui
se passe autour de nous. Mais, pour rem�dier � ce vagabondage de l'esprit, vous devriez avoir un livre d'une
pens�e soutenue et suivie, m�me si vous n'avez que tr�s peu de temps �
consacrer � son �tude. Cela corrigera l'habitude de laisser errer votre attention, habitude qui na�t in�vitablement
de la lecture quotidienne des courts paragraphes. C'est � peine maintenant si un journal donne un [Page
119] article s�rieux exigeant un effort de pens�e. Les r�dacteurs s'efforcent de r�sumer et d'�noncer
une opinion dont leurs lecteurs se font l'�cho; rarement, une colonne nous fournit un raisonnement serr� et
suivi, mais chaque journal consacre une colonne � des paragraphes d'une dizaine ou d'une vingtaine de lignes.
Si l'on s'int�resse � ceux-ci plut�t qu'� ceux demandant quelque r�flexion, cela d�note un esprit peu cultiv�;
semblable au papillon allant d'une fleur � l'autre, il ne recueille pas une nourriture suffisante pour les
jours � venir. Comme nous sommes oblig�s de lire des journaux, nous devrions compenser les d�savantages inh�rents � leur
genre d'information par la m�ditation ou par une lecture s�rieuse; de cette fa�on, nous ne prendrions pas cette
funeste habitude de sauter d'un sujet [Page
120] � un autre, et ne gaspillerions pas nos forces
intellectuelles qui pourraient nous faire d�faut
alors que nous en aurions le plus besoin.
Une autre habitude importante est la ma�trise de la pens�e. Ne f�t-ce que dans une petite mesure, combien d'entre
vous y parviennent ? N'�tes-vous pas domin�s par votre mental ? La preuve est tr�s facile � obtenir. Un souci
peut-il vous emp�cher de dormir ? S'il en est ainsi, c'est que votre mental vous domine et non vous qui le ma�trisez.
Il doit �tre � tel point votre serviteur que s'il vous faut pendant le jour vous occuper de ce souci, la nuit
vous devez enti�rement l'exclure de votre esprit; vous devez pouvoir envisager sans lui permettre de p�n�trer
dans votre esprit et d'�puiser vos forces pour le lendemain. Il faudrait �tre si bien ma�tre [Page
121] de votre pens�e que vous ne devriez jamais vous tourmenter. Il est reconnu que les tracas usent
une personne; le travail, jamais. Les tourments agissent comme le mouvement d'une machine dont les roues tournent �
vide et s'usent plus rapidement que lorsque la machine fonctionne utilement. Votre cerveau est une machine. Ne
permettez pas � la pens�e de l'exc�der quand il ne doit rien faire d'utile. Vous devez garder la porte, la cl� de
votre propre cerveau et mettre dehors tout ce qui ne vous est pas n�cessaire, et cela doit comprendre toutes
choses auxquelles il est sans utilit� de penser pour l'instant. Voil� ce que la sagesse exige: ne jamais penser � une
question troublante � moins qu'elle ne puisse accro�tre votre pouvoir de surmonter les difficult�s et ceci
ne peut s'appliquer au mot tourment: [Page 122] Se
tourmenter signifie ressasser un ennui: penser � ce que telle ou telle personne dira. Arr�tez cela, si vous attachez
de l'importance au pouvoir de la pens�e. Le mental doit �tre sous votre contr�le et ob�ir �
votre volont�.
Le monde mental est un monde r�el. J'ai dit en parlant de la pens�e qu'elle se manifestait ici-bas au moyen du
cerveau, dans la conscience de veille. Mais son propre monde, le monde mental est aussi r�el — que dis-
je ? Beaucoup plus r�el — que ce monde physique dans lequel vous vivez. L�, les pens�es, ainsi qu'il a �t� dit
souvent, sont des choses; l�, les pens�es ont leurs formes. Elles sont souvent reconnaissables � leurs formes;
tout le temps que vous pensez, vous agissez sur de la mati�re mentale, construisant des formes-pens�es, lesquelles
sont transmissibles. [Page
123] Vous savez ce que l'on entend par atmosph�re mentale. Chaque nation a une atmosph�re mentale
qui lui est propre. Vous ne pouvez vous rendre exactement compte d'un ph�nom�ne mental, � moins d'apprendre � vous
d�barrasser de l'atmosph�re mentale de votre propre nation, de votre propre esprit. Observez les pays avant qu'ils
n'entrent en lutte. La plupart des conflits sont amen�s par des malentendus. Ils voient le m�me fait d'une fa�on
diff�rente. Un Fran�ais et un Allemand ne peuvent envisager la question de l'Alsace-Lorraine sous le m�me
jour; chacun la voit fauss�e �
travers sa propre atmosph�re nationale. Nous sommes constamment entour�s de cette atmosph�re mentale; dans ce
pays-ci, aux Indes, o� des hommes de diff�rentes races se trouvent
m�l�s, la moiti� des malentendus proviennent [Page 124] de
ce simple fait que chaque individu est entour� de sa propre atmosph�re nationale � travers laquelle il appr�cie
toute question, toute �motion, toute action inspir�e par son prochain. L'Indou voit toutes choses
� travers une atmosph�re indoue et l'Anglais � travers la sienne; la m�sintelligence en r�sulte. La plupart
des maux ne proviennent pas de r�elles divergences d'opinions, mais de simples malentendus, chacun d�sirant imposer � l'autre
les sentiments �man�s
de sa propre atmosph�re mentale qui est enti�rement diff�rente.
Car ces pens�es, ces formes-pens�es, sont des choses qui nous entourent, et toute pens�e est transmissible. La
forme sp�ciale de transmission de la pens�e connue sous le nom de t�l�pathie (quand un individu envoie d�lib�r�ment
une pens�e � une autre [Page 125] personne
en s'effor�ant de lui communiquer cette pens�e qu'il a g�n�r�e) est un cas particulier de la transmissibilit�.
Vous pouvez aussi essayer cette autre exp�rience, bien qu'elle soit plus difficile que la premi�re. Pour commencer,
deux d'entre vous devront s'asseoir dans la m�me pi�ce, � une petite distance, mais en se tournant le dos. L'un
de vous devra penser aussi fortement qu'il lui sera possible, aussi fortement qu'il le pourra � quelque
objet d�termin�: un triangle ou une figure g�om�trique quelconque par exemple car on peut se l'imaginer ais�ment.
L'un pense; l'autre fait, autant qu'il le peut, le vide dans son esprit; chacun a un crayon et du papier. L'un
reproduit la pens�e qu'il a dans l'esprit; l'autre dessine la forme qui lui vient � l'id�e sans la discuter
et sans se demander si elle est juste. [Page 126] C'est
une des conditions de r�ussite pour cette exp�rience. Apr�s une semaine ou deux, vous intervertirez les r�les
apr�s
avoir compar� le r�sultat de l'envoi et de la r�ception de la pens�e. La m�me personne ne doit pas toujours recevoir;
elle deviendrait trop n�gative, trop r�ceptive aux impressions �trang�res. Il n'est pas bon de se rendre passif
dans un monde comme le n�tre o� tant de pens�es mauvaises nous entourent. Lorsque vous constaterez de nombreuses
r�ussites, proc�dez de m�me en vous pla�ant chacun dans une pi�ce diff�rente; puis dans deux maisons diff�rentes;
ensuite, faites l'essai en �tant aussi �loign�s que possible l'un de l'autre. A moins que vous soyez tout � fait
diff�rents des centaines de personnes ayant tent� ces exp�riences (la Soci�t� de Recherches psychiques en a [Page
127] enregistr� des quantit�s de ce genre), vous trouverez une similitude toujours croissante entre
la pens�e envoy�e et celle re�ue; � la longue vous pourrez employer ce proc�d� avec autant de s�ret� que la t�l�graphie
sans fil; ce qu'on obtient du t�l�graphe par la force �lectrique, vous l'obtiendrez par la force de la pens�e.
J'aborderai maintenant l'�tat post-mortem dans le monde mental. Une partie de ce monde est ce que vous appelez
le ciel — svarga — votre lieu de naissance et votre r�elle demeure. Quand nous commen�ons � �tudier
le ciel au moyen du corps mental � souvenez-vous que c'est dans ce corps qu'est l'habitant normal de ce monde — nous
constatons que les �tres venant du monde interm�diaire pour passer dans celui-ci, abandonnent leurs corps de
mati�re
astrale, exactement comme [Page 128] � leur
mort, ils ont abandonn� dans le monde physique leurs corps de mati�re physique. Donc, rev�tus du corps mental
qui leur a servi pendant toute
leur existence, ils p�n�trent dans cette r�gion c�leste qui fait partie du monde mental, prot�g�, d�barrass� de
toutes souffrances, chagrins, difficult�s; l�, ils m�nent l'exquise vie c�leste et poursuivent l'�volution commenc�e
dans leur existence terrestre.
Tr�s sommairement, vous pouvez diviser les habitants de ce monde c�leste en
quatre classes:
1). Ceux qui sur cette terre se sont distingu�s par leurs sentiments d'amour d�sint�ress�s, prodigu�s principalement � des
individus, famille, amis, etc. Ils passent une p�riode de temps consid�rable
avec ceux qu'ils ont aim� sur terre, dans une union bien plus �troite, plus parfaite qu'elle [Page
129] n'�tait possible alors que cette barri�re de chair existait entre eux.
2) La classe suivante comprend les fid�les de toutes religions. L'objet de leur d�votion peut �tre Celui
qu'adorent les chr�tiens, les hindous, les bouddhistes, les musulmans, les parsis, les juifs, cela importe
peu. Les formes sont nombreuses, mais la vie est une en tous ceux auxquels s'adresse votre adoration; vers
un seul Dieu montent in�vitablement toutes les pens�es, toutes les aspirations. Appelez-le du nom qui vous
conviendra le mieux: l'�tiquette
ne compte pas, le divin Coeur est tout. Ceux, qui pendant leur vie terrestre auront ador� une Forme sp�ciale,
retrouveront au ciel cette Forme qui personnifiait Dieu dans leurs aspirations terrestres. Car Dieu se voile
toujours Lui-m�me
dans la Forme ch�re au Coeur de Son [Page 130] adorateur;
personne n'est un �tranger dans le monde c�leste. Chacun y trouve
son id�al le plus �lev�.
3) Vous arrivez ensuite � une nombreuse classe de gens: ceux-l� ont aim�, mais d'une mani�re plus large, plus
f�conde;
ce sont les philanthropes, ceux qui travaillent pour le bien de l'homme, ceux qui, pour l'amour de la religion,
renoncent en grande partie au confort et au plaisir afin d'aider leurs fr�res en humanit�. Ils sont occup�s � combiner, � faire
des projets, � �laborer des m�thodes dont l'avenir verra l'ex�cution et par lesquelles le monde sera aid�. Ainsi
que l'architecte perfectionne ses plans, ainsi ils perfectionnent l'�difice d'amour et de service que, dans les
si�cles � venir, ils �rigeront sur terre pour venir en aide � l'humanit�.
4) Dans la quatri�me classe se [Page 131] trouvent
les grands Penseurs, les grands Artistes, ceux qui pratiquent la justice pour l'amour de la justice et non
pour la r�compense que la religion peut faire luire �
leurs yeux; ceux qui recherchent la connaissance; ceux qui cultivent les arts. Tous ceux-l� se trouvent dans
le monde c�leste, r�coltant ce qu'ils ont sem� et serrant aussi, d'apr�s le r�sultat de leur r�colte, pour la
moisson prochaine d'une autre vie de Service.
En �tudiant ceci — je passe trop rapidement sur ce sujet, mais il est si vaste — vous arriverez � comprendre
que cette vie c�leste est la cons�quence directe de la vie que vous avez men�e sur terre. Si vous cultivez
l'amour, aimez le plus que vous pourrez; il importe peu que l'objet de votre amour vous rejette, que votre
ami vous trahisse. L'amour ne meurt pas. Si vous [Page 132] persistez � aimer
en d�pit de la malveillance, de la perfidie, de la trahison, dans le monde c�leste, votre ami vous sera rendu,
ce qui �tait perdu sur terre vous le retrouverez au ciel. Mais pour cela, votre amour ne doit pas conna�tre le
d�couragement, car le fil d'or qui doit être tiss� dans la vie c�leste ne doit pas �tre bris� ici-bas.
Et il en est de m�me pour ceux parmi vous qui adorent une Forme divine. Ne vous troublez pas si vous ressentez
parfois de la froideur, de l'indiff�rence; ce n'est pas l� votre vie r�elle, c'est seulement le flux et le reflux
momentan�
de vos �motions. Conservez pure et forte votre d�votion et, dans le monde c�leste, vous vous trouverez aux pieds
de l'Objet de votre adoration; pendant de longs si�cles vous jouirez de la Beaut� infinie vers laquelle se
seront �lev�es
vos [Page 133] aspirations, aucun voile ne subsistera
entre votre
coeur et le Sien.
Et si vous voulez acqu�rir la Connaissance, c'est ici-bas aussi que vous devez semer. Ici, il vous faut commencer
ce que vous poursuivrez ensuite dans le monde c�leste; alors, vous rencontrerez les grands �crivains avec lesquels
vous vous trouvez en communion d'id�es dans votre corps physique. Vous serez libres de choisir vos compagnons,
car, dans ce monde, on se trouve r�unis � ceux avec lesquels on a des affinit�s; dans ces champs illimit�s du
ciel vous vivrez dans l'intimit� de ces grands �crivains, objets de vos sympathies intellectuelles.
Si vos go�ts vous portent vers les Arts et que vos oeuvres soient faibles, aspirez toujours � vous �lever davantage
et continuez � lutter; la pauvret� de l'ex�cution importe peu, aucun de [Page
134] vos efforts ne sera perdu. Au ciel, vous retrouverez ces aspirations qui seront alors les
mat�riaux
de votre travail.
Si votre id�al est le Service de l'humanit�, l'all�gement de la souffrance humaine, la consolation de la douleur
humaine, la solution du probl�me de la mis�re humaine, multipliez vos efforts, vos luttes pers�v�rantes ici-bas;
car, toutes choses ardemment d�sir�es sur terre sont transform�es en pouvoir dans ce monde c�leste; les esp�rances
et les aspirations deviennent des facult�s qui permettront leur r�alisation. C'est exactement comme un homme
qui s'appr�terait � tisser une exquise pi�ce de soie; il recueillerait ici une teinte, l�, une autre nuance,
ailleurs encore quelques fils d'or, finalement du fil d'argent. Tous ces tr�sors de soie et de m�tal �tant r�uni,
il s'assoirait chez lui devant [Page 135] son
m�tier et tisserait un d�licieux v�tement pr�t � �tre port� et remarquable par sa beaut� — tel est le rapport
entre cette vie terrestre et celle qui la suit. Ici, vous rassemblez vos fils d'esp�rance, de pens�es, d'aspirations
dor�es; vous les r�unissez et les emportez dans votre r�elle demeure en traversant les portes de la mort qui
vous donnent acc�s dans le monde c�leste o� la pens�e devient pouvoir. L�, vous tissez pour vous-m�me la robe
que vous porterez � votre retour ici-bas. Aucune aspiration ne tombe dans l'oubli, aucune pens�e n'est perdue,
aucun joyau ne vous est ravi. La douleur est transform�e en pouvoir; les souffrances qui ont �t� pour vous une
couronne d'�pines
deviennent une couronne resplendissante de joyaux —
une couronne qui repr�sente le pouvoir de racheter l'humanit�; car chaque [Page
136] souffrance porte en elle le germe d'une nouvelle facult�, ainsi que l'a dit Edward Carpenter [ Lire Étude
sur la Philosophie d' Edward Carpenter, par M.Sénard. ]. Voil� la relation qui existe entre
cette vie terrestre et celle qui la suit. Il est important que vous compreniez cela, car si votre vie terrestre
est pauvre en pens�es et en aspirations, votre vie c�leste sera �galement pauvre; au ciel, vous ne pouvez
commencer une chose nouvelle; la raison en est fort simple. Ici, votre corps mental se construit par la pens�e
et c'est seulement dans le monde c�leste que vous arriverez � vous mettre en contact avec les choses qui
ont occup� votre
pens�e sur terre. Ce sont les mat�riaux avec lesquels vous devrez travailler. [Page
137]
Le corps mental se construit pendant la vie terrestre au moyen de la mati�re sp�ciale attir�e dans ce corps
par la pens�e et c'est seulement cette mati�re qui permet � son possesseur de prendre contact avec le monde c�leste.
Il n'a pas d'autre instrument de contact et, par cela m�me, se trouve r�duit � l'esp�ce de mati�re dont son corps
mental est construit. Il est inconscient de toute autre chose qui peut exister autour de lui, car il ne poss�de
pas d'organe qui puisse le mettre en rapport avec ces choses. Exactement de la m�me mani�re, nous sommes inconscients
dans le monde physique de myriades de vibrations auxquelles nous ne pouvons r�pondre, ne poss�dant pas les organes
appropri�s. Notre inconscience actuelle ne nous donne
pas l'impression qu'une chose nous fait d�faut; [Page 138] il
en sera de m�me dans l'autre monde. Mais plus nous sommes en �tat de r�pondre � ces vibrations, plus l'horizon
de notre vie s'�largit.
Or, ce sont les seuls mat�riaux qui soient � votre disposition et s'ils vous font d�faut, vous ne pourrez rien
faire. Cela vous indique l'importance �norme de votre existence actuelle. Elle vous fournit les mat�riaux de
votre vie c�leste; la richesse de celle-ci sera en proportion des tr�sors d'exp�riences que vous aurez recueillis.
Consid�rez donc cela de ce point de vue; jugez vous vous-m�mes, jugez vos propres facult�s, vos propres possibilit�s
et commencez ici ce que vous d�sirez poursuivre dans l'au-del�.
J'ai fait allusion il y a quelques instants � une conf�rence du Doyen de [Page
139] Saint-Paul. Parlant du Mysticisme chr�tien, il dit : "Tous les mystiques pr�tendent que
le ciel est autour de nous � tous moments". Et cela est parfaitement vrai. Vous �tes en contact avec le
monde mental par votre corps mental, car le ciel est le monde mental, ainsi que je vous l'ai dit; seulement
c'est une r�gion sp�cialement prot�g�e de ce monde. Donc, vous pouvez attirer � vous le monde c�leste en proportion
du d�veloppement
de votre corps mental et � mesure que vous devenez plus vivant et �veill�
dans celui-ci. Vous pouvez jouir des harmonies c�lestes au milieu des dissonances de ce monde, vous pouvez
apporter son rayonnement, sa beaut�, son �clat dans l'obscurit� et la laideur terrestre. C'est r�ellement
ce que saint Paul voulait dire quand il pronon�ait ces paroles: "Nous sommes [Page
140] enfants du Ciel". Nous en venons; et nous y retournerons. Si vous comprenez bien
cela, vous ne serez jamais tent�s, ainsi que tant d'autres, de poser cette question "Reconna�trai-je
mes amis au ciel ?" car vous resterez vous-m�mes. Vous aurez le m�me corps dans lequel vous pensez
actuellement et vous retrouverez vos amis dans le corps mental qu'ils poss�daient en ce moment. Vous les reconna�trez
donc et comment pourrait-il en �tre autrement ? Les liens qui
vous unissent � vos amis ne sont pas simplement des liens corporels; vous �tes �galement li�s � eux par les �motions
et l'intelligence; ce sont des liens qui tiennent � vous-m�mes et non � vos v�tements. Un homme pourrait
aussi bien demander: "Reconna�trai-je ma femme � mon retour ce soir quand je retirerai mon pardessus [Page
141] et qu'elle sera en toilette de soir�e ?". Il est impossible que vous
ne reconnaissiez pas tous ceux que vous aimez, tous ceux que vous admirez. Vos ennemis ? Non vous ne les
rencontrerez pas. Eux aussi jouiront de la vie c�leste mais il ne pourra y avoir de rapports d�sagr�ables entre
vous, car l'amour au ciel est l'autorit� supr�me et la haine ne trouve pas de mati�re dans
laquelle elle puisse s'exprimer.
De tout cela il r�sulte que votre vie est une. Actuellement, vous vivez dans trois mondes, non pas seulement
dans un seul, et votre conscience est active dans ces trois mondes. Pour commencer, consid�rez ce point de vue
comme une th�orie. Puis, si vos lectures fortifient ces pens�es, �tudiez-vous vous-m�mes � la lumi�re de ces
id�es et voyez si elles n'illuminent pas bien [Page
142] des obscurit�s, si elles ne vous aident pas � mieux comprendre ceux qui vous entourent et � vous
comprendre vous-m�me. Si vous saisissez bien cela vous acquerrez de l'espoir car il importe peu que vous soyez
peu avanc�s sur la ligne de d�veloppement que vous d�sirez poursuivre. Cultivez vos tendances de votre mieux
et dans le monde c�leste une force nouvelle les intensifiera; cultivez vos dons avec z�le et
vous serez amplement d�dommag�s de votre peine dans l'au-del�. Mais si vous �touffez vos aspirations et vos facult�s,
alors la moisson c�leste sera maigre, car vous n'aurez pas rempli les conditions n�cessaires pour vous donner
dans ce monde une vie longue et heureuse.
M�me si vous ne pouvez adopter le point de vue th�osophique, s'il ne s'adapte pas aux connaissances que [Page
143] vous avez d�j� acquises, laissez du moins le pouvoir cr�ateur de la pens�e devenir pour vous
un exercice habituel et rendez-vous compte de ce qu'il comporte. Tous, vous avez entendu parler des id�es fixes.
Parfois, la folie en r�sulte; quelquefois, d'un homme ordinaire, elles font un h�ros. L'id�e fixe d'un fou
est une id�e
fausse qui n'est en accord ni avec la nature ni avec les faits qui l'entourent. Le fou se croyant de verre et
par cela m�me craignant d'�tre bris� est un fou parce que son id�e fixe est fausse: mais consid�rez celle de
quelque grand patriote tel qu'Arnold Von Winkerfield; cet homme, voyant les rangs serr�s de l'arm�e oppos�e
et les paysans sous ses ordres reculer devant les lances r�guli�res des troupes entraîn�es autrichiennes,
s'�lan�a
au-devant de [Page
144] l'ennemi, r�unit autant de lances qu'il put entre ses bras tendus en attirant sur sa poitrine
leurs pointes ac�r�es qui le transperc�rent; mais au moyen
de cette trou�e pratiqu�e en sacrifiant sa vie, ses hommes p�n�tr�rent dans les rangs ennemis et la victoire
leur resta. Son id�e fixe fut son amour pour sa patrie; elle fit de lui un h�ros qui donna sa vie pour la libert� de
son pays.
Il faut consid�rer la nature de l'id�e fixe; la v�rit� de l'id�e est d'une importance supr�me; mais l'id�e fixe
est celle qui exige votre ob�issance aveugle, en d�pit de tous les raisonnements, de tous les arguments, de tous
les avis d'un ami, de tout ce que vos propres int�r�ts exigent, l'id�e fixe commande et vous ob�issez, quoiqu'il
puisse en advenir dans ce monde mortel.
Quand l'id�e fixe est noble, vraie, [Page 145] qu'elle
se trouve d'accord avec l'�volution, personnifie vos espoirs les plus �lev�s, vos pens�es les plus g�n�reuses,
vos aspirations les plus hautes, nous l'appelons un Id�al.
Chacun devrait avoir un Id�al, surtout les plus jeunes parmi vous qui �tes encore des adolescents. De bonne
heure, choisissez bien votre Id�al et dans votre �ge m�r vous vous rapprocherez de sa r�alisation. On ne peut
vivre sagement, dignement, si on n'a pas un Id�al auquel on puisse aspirer, un Id�al qui vous soit plus cher
que tout ce que le monde peut vous donner, que tout ce qu'on peut acqu�rir. Ayez donc un Id�al, pensez-y chaque
matin pendant quelques instants et graduellement vous deviendrez sa propre image. Ainsi que votre image se reproduit
dans une glace, votre Id�al dans le miroir de [Page 146] votre intellect
se reproduira lui-m�me et vous deviendrez ce � quoi vous pensez, ce que vous v�n�rez. Ne craignez pas de vous
former un Id�al trop beau ni trop �lev�; ne vous dites pas que vous ne pourrez l'atteindre; le seul fait de le
concevoir est la garantie de votre succ�s. Tout ce que vous pouvez vous repr�senter en imagination, vous serez
capable ult�rieurement
de l'accomplir; tous vos espoirs seront finalement r�alis�s. Votre vie est �ternelle; vous n'�tes donc pas limit�s
par le temps, mais vous avez devant vous des �ges sans fin. Vous atteindrez enfin votre Id�al et le personnifierez
dans votre propre vie sur terre.
Seulement ayez un but; ne traversez pas la vie insouciants, nuls, indignes d'�tre hommes; ne laissez pas dire
de vous dans les mondes sup�rieurs: [Page 147] cet
homme ou cette femme "ont atteint trop t�t l'humanit�". Faites-vous un Id�al; adorez-le, et adorez-le
davantage par votre vie que par vos paroles; adorez-le en pens�es, en aspirations, en actes. Alors votre vie
se rapprochera de la beaut�, de la puissance, de la sagesse de cet Id�al. Et m�me, si vous ne pouvez accomplir
ici-bas ce � quoi vous aurez aspir�, lorsque la mort vous frappera, vous aurez acquis une grandeur que vous n'eussiez
pu atteindre autrement. Dans le monde c�leste, votre Id�al viendra � votre rencontre, rev�tu de la splendeur
de l'immortelle existence; dans son �treinte il vous fera participer � l'essence m�me de sa vie et vos esp�rances
terrestres se r�aliseront au ciel et apr�s bien des jours, vous reviendrez sur terre comme serviteur
de l'humanit�. [Page 148]
Je vous ai parl� du corps de l'homme, du corps compos� de
mati�re mentale, de mati�re �motionnelle et de mati�re
physique. Aujourd'hui, je vous demanderai de me suivre dans une r�gion plus haute, plus pure. Je vous demanderai
de vous �lever ou de p�n�trer — selon l'expression qui vous conviendra le mieux — jusqu'� ces hauteurs,
ces profondeurs de la conscience int�rieure o� vous reconna�trez votre essence divine, o� vous [Page
149] r�aliserez la grandeur que vous atteindrez et o� vous vous maintiendrez dans l'avenir. Je
vous demanderai de vous laisser conduire dans ces r�gions de la conscience qui vous �l�vent au-dessus des
soucis de ce monde et vous permettent de conserver votre calme au milieu des agitations qui vous entourent,
heureux malgr� des
chagrins apparents, sereins lorsque les luttes et le tumulte vous environnent, joyeux, l� o� l'homme du monde
ne verrait que des sujets de m�contentement et d'anxi�t�. Vous vous souvenez qu'il a �t� dit que l'objet de
toute vraie philosophie est de mettre un terme �
la souffrance. Il y a une r�gion o� la douleur n'existe plus, un royaume duquel l'affliction est bannie. Un
homme peut vivre en Esprit, il peut vivre dans ce que nous appelons quelquefois le Soi Sup�rieur et, en vivant
ainsi, il [Page 150] conna�t la paix de l'�ternit�,
au milieu des ph�nom�nes du temps. Afin de pouvoir vivre ainsi, il devra s'�lever au-dessus des tristesses
de ce monde, mais il n'est pas n�cessaire pour cela d'abandonner ce monde o� le sort l'a jet�, il n'est pas
utile de rechercher la retraite de la grotte ou de la jungle, de se retirer des lieux fr�quent�s par l'homme.
Il pourra travailler sur la place publique, plaider devant les tribunaux, soigner dans les h�pitaux, se rendre
utile dans la boutique d'un marchand ou occuper la situation �lev�e de celui qui gouverne. S'acquitter de chacun
de ses devoirs mieux qu'un homme du monde ne s'en acquitte, ne reculer devant aucune obligation, mais la remplir
en employant au mieux ses capacit�s, sa puissance de travail, et cependant tout en vivant dans le monde, comprendre
sa propre divinit� et [Page 151] travailler non pour
les biens p�rissables de la terre, mais comme un instrument de l'activit� divine — voil� tout ce qui
est n�cessaire
pour conna�tre la paix et mener une vie spirituelle.
Maintenant, qu'est-ce que l'Esprit ? Car, si nous ne savons ce qu'est l'Esprit ou le Soi Sup�rieur, nous ne
pouvons comprendre ce que l'on entend par la vie spirituelle. L'Esprit, qui est l'homme, est ce fragment divin
duquel parle Shri Krishna comme �tant "une partie de moi-m�me, un �tre vivant". Vous comprendrez
peut-�tre plus facilement la signification de l'Esprit si vous pensez un moment � la phrase bien connue de
la Bhagavad
Gita "l'habitant du corps". Les corps, nous les avons �tudi�s; nous abordons maintenant l'�tude
de l'habitant du corps, l'homme, l'homme r�el, le Dieu qui est l'homme enrob� dans la [Page
152] chair. Il faut vous souvenir qu'il est dit que "le sage ne se lamente ni pour les vivants,
ni pour les
morts"; et la raison de cette �l�vation au-dessus des mis�res humaines, la raison de cette indiff�rence
est expliqu�e en termes si exquis, si parfaits, que je me hasarde � les intercaler parmi mes propres et humbles
paroles. Souvenez-vous de ce qui a �t� dit de tout �tre humain:
"Nul n'a commenc� ni ne doit finir".
"L'habitant du corps ne na�t ni ne meurt. N'ayant pas cess� d'�tre, il n'a plus � �tre; il est non-n�,
perp�tuel, �ternel
et ancien. Il n'est pas tu� quand le corps est d�truit".
"De m�me qu'un homme rejette des v�tements us�s et en prend d'autres, de m�me l'Habitant du corps, rejetant
des corps us�s, entre dans d'autres corps qui sont neufs." [Page
153]
Et alors �clate cette triomphante apostrophe de l'Instructeur:
"Rien ne peut alt�rer l'Habitant du corps".
"L'Habitant du corps est indivisible, incombustible, inalt�rable,
perp�tuel, p�n�trant partout, in�branlable, ancien, non manifest�,
incompr�hensible, immuable; en sachant cela, on ne doit se tourmenter de
rien."
Ainsi, tout est contenu dans une coquille de noix. Si vous �tes vous-m�me l'habitant du corps, si dans vos corps
p�rissables, vous savez que ni la naissance, ni la mort ne peuvent vous affecter, si vous vous reconnaissez
comme �ternels
et sans commencement, quel sujet de douleur, quel sujet de lamentations pouvez-vous avoir, sachant que vous
partagez la vie de Dieu et �tes �ternels comme Lui ?
Quel est donc le rapport entre [Page 154] l'habitant
du corps, et les corps qu'il rev�t ? Si pour quelques-uns parmi vous, cette id�e de vie perp�tuelle peut jusqu'� un
certain point para�tre �tonnante, laissez-moi vous rappeler une analogie dans la Nature qui vous permettra
de saisir exactement la diff�rence entre l'habitant du corps et le corps lui-m�me. Rappelez-vous la d�claration
du grand savant anglais, Thomas Huxley, concernant la r�incarnation: "les analogies qu'on trouve dans
la nature appuient fortement cette croyance et rien ne vient la d�mentir." Prenez, pendant un instant,
comme comparaison quelque vaste for�t et consid�rez la vie de l'arbre qui cro�t et se d�veloppe sur terre;
dans les contr�es du nord, l'exemple
est plus frappant que dans ce pays m�ridional. Vous verrez l'arbre se parer une fois par an de jeunes feuilles
vertes: [Page 155] ces feuilles empruntent � l'air
leur nourriture qui en elles se transforme en cette rude mati�re par laquelle l'arbre vit. Ces mat�riaux sont
recueillis dans la s�ve lorsque les feuilles tombent et
que leur oeuvre prend fin. La s�ve pleine de toute la nourriture que les feuilles ont r�colt�e, passe du tronc
dans les racines �tendues sous la terre et pendant un temps reste l� cach�e aux yeux des humains. Mais le printemps
s'annonce, l'hiver s'ach�ve, le chant des oiseaux s'�l�ve en m�me temps que la nature s'�veille � une nouvelle
vie; la s�ve monte � travers le tronc et atteint les branches; dans chacune des parties de l'arbre se r�pand
la s�ve qui donne la vie. Les bourgeons se gonflent, de nouvelles feuilles apparaissent
une fois de plus l'arbre est par�
de sa gloire estivale et les feuilles recommencent leur travail [Page
156] d'assimilation de nourriture afin que l'arbre puisse vivre. Telle est la vie humaine. L'esprit
de l'homme est comme l'arbre, un germe de divinit� sem� dans le sol de l'existence humaine. Les feuilles
de l'arbre sont comme les vies de l'homme, se manifestant, afin de recueillir la p�ture qui permettra � l'Esprit
de se r�v�ler.
Elles r�coltent la nourriture et la transmettent � la vie qui est la s�ve. Elles tombent et p�rissent et le
tombeau ou le feu re�oivent ces feuilles fl�tries; mais la vie qui est la s�ve s'est �lev�e vers l'Esprit,
lui apportant la substance nutritive, r�sultat de ses exp�riences terrestres. Dans l'Esprit cette substance
se transmue en pouvoir, elle se transforme en facult�s; lorsque le temps de la renaissance est venu, l'Esprit
infuse une vie nouvelle de m�me que l'arbre produit des feuilles. Une[Page
157] fois
de plus l'�cole de la vie vient nous instruire et son enseignement am�nera la manifestation de l'Esprit. Telle
est la relation entre l'Esprit et les corps, telle est la diff�rence entre l'�ternel et le transitoire. Et
si vous faites un rapprochement entre la vie terrestre et les feuilles de l'arbre, si vous pensez � vous-m�mes
comme �tant l'arbre
qui ne meurt pas, mais produit seulement de nouvelles feuilles pendant son existence, vous aurez alors une
image admirable du Soi Sup�rieur: l'Esprit trouvant au moyen de corps nouveaux, l'aliment n�cessaire � son d�veloppement,
tandis que lui-m�me reste non-n� et �ternel, mais toujours faisant surgir de ses possibilit�s infinies les
pouvoirs effectifs qui t�moignent de l'�volution de l'homme.
Voil� donc la mani�re par laquelle nous voyons les progr�s de cette vie [Page
158] �ternelle dissimul�e de temps en temps sous
le voile de la chair. Nous venons de dire qu'elle est une partie de la vie de Dieu. J'ai cit� les belles
paroles de Shri Krishna lorsqu'il parle du
caract�re
divin et d�clare que l'Esprit, le Jivatma, est une partie de Lui-m�me; cela nous instruit sur les attributs
de l'Esprit et nous permet, avec un peu de r�flexion, de savoir comment la vie spirituelle s'�panche en nous,
tandis que nous sommes plong�s dans l'existence mat�rielle des mondes inf�rieurs. Car nous savons que dans
Ishvara Lui-m�me
trois grands attributs se manifestent, et, si l'homme est une partie de Lui-m�me, ces m�mes attributs doivent
se manifester, limit�s, alors qu'en Lui ils sont illimit�s, se d�veloppant en nous alors qu'en Lui ils sont
parfaits et complets. Et comme nous savons qu'un des [Page 159] attributs
du Supr�me est le pouvoir, puisqu'Il est celui qui gouverne les mondes, nous voyons imm�diatement que le reflet
de ce pouvoir dans l'Esprit humain est la volont�, si limit�e et si peu �volu�e qu'elle puisse �tre pendant
un temps. Et, de m�me que nous voyons en Ishvara cette conscience parfaite qui se conna�t Soi-m�me compl�tement
ainsi que tout ce qui est en Soi car Il est le seul, l'Unique sans second — nous voyons aussi chez l'homme
cet aspect merveilleux appel� sagesse, sagesse qui est la connaissance de l'Un, la r�alisation de la divinit� dans
l'homme, la r�alisation du Soi dans l'homme lorsque celui-ci peut dire, non en paroles, mais en r�alit�: "Je
suis cela". Cette sagesse est la connaissance de l'Unique et souvenez-vous qu'il est �crit que tout ce
qui est en dehors de cela est ignorance. [Page 160] Nous
voyons donc cet aspect cr�ateur dans Ishvara reproduit dans l'intelligence de l'homme, facult� cr�atrice
par laquelle il peut donner un nouvel aspect � toutes choses. Mais, en admettant ce triple Esprit dans l'homme,
volont�, sagesse, intelligence cr�atrice, l'on peut, se demander comment nous pourrons savoir � quel moment
ces attributs spirituels commencent � se manifester dans la vie inf�rieure, si nous serons capables de reconna�tre
l'irruption de l'Esprit, de
la distinguer des nombreuses activit�s de la chair ? Quelle est la diff�rence entre ce qui est spirituel et
ces impulsions du d�sir qui gouvernent l'humanit� ? Un homme poursuit le plaisir, la renomm�e, l'influence
sociale, la puissance politique; il souhaite ardemment atteindre tous ces objets d�sirables qui l'environnent
de tous [Page 161] c�t�s dans ce monde si
beau. Il court apr�s l'un ou l'autre selon son aspiration; si le plaisir l'attire, il recherche les endroits
o� il peut
le trouver; s'il ambitionne la renomm�e, il travaille tout le jour, multiplie les efforts, saisit chaque occasion
de se pousser en avant; il va �� et l�, partout enfin o� il pense trouver ce qui est n�cessaire au but qu'il
se propose, partout o� il pourra atteindre l'objet de son d�sir. Tant que l'homme est domin� par le d�sir,
tant qu'il est ballott� par toute brise qui s'�l�ve dans le monde, cet homme vit de la vie de ce monde et non
pas de celle de l'Esprit; il n'est pas encore devenu conscient de son Soi r�el. Mais quand, sous l'assaut des
d�sirs, il demeure ferme; quand, environn� de tentations,
il reste in�branlable; quand la fortune est � sa port�e, mais qu'il ne veut pas, pour [Page
162] l'obtenir, ternir son honneur; quand il pourrait atteindre le pouvoir, mais en sacrifiant
ses principes; quand le plaisir l'attire mais qu'il implique en m�me temps un tort fait � son prochain; quand
il se retire en lui-m�me et se dit: "Je ne veux point p�cher, je ne veux pas me d�shonorer bien que
le d�sir m'excite et que
la tentation m'attire"; alors, des profondeurs de l'Esprit, la volont�
de l'homme s'�l�ve triomphante et la vie spirituelle commence � le diriger, car la Volont� ne proc�de pas de
la chair, mais �mane de l'Esprit. Et lorsque parmi tous ceux qu'il aime autour de lui, il commence � réaliser
l'unit� de
la vie, � comprendre que tous
les hommes sont fr�res et que les liens de l'amour l'unissent � eux; lorsque l'amour qu'il ressent pour son
propre enfant, il l'�tend � tous les pauvres [Page
163] orphelins
sans protection; lorsqu'il reporte l'amour �prouv� pour sa m�re v�n�r�e sur toutes les femmes �g�es parce qu'il
consid�re toutes les vieilles gens comme ses p�re et m�re, de m�me que les jeunes deviennent ses enfants; lorsque
l'amour se fond dans la reconnaissance de l'unit� et s'�tend sur tous sans distinction de couleur, de race,
de classe ou de caste alors, la Sagesse qui conna�t l'Unique commence � influencer l'homme et l'amour partial,
exquis � sa mani�re, est transmu� en cet amour Divin qui se donne � tous. Et quand, au milieu des agitations
tumultueuses de l'esprit inf�rieur, l'homme est prompt � saisir l'influence du sup�rieur; quand il �coute la
voix de l'intellect sup�rieur qui commence � gouverner l'esprit et � le modifier pour atteindre son propre
but, alors l'activit� cr�atrice
de [Page 164] l'intelligence a commenc� � affirmer
ses droits, primant l'activit� de l'esprit absorb� dans l'observation des ph�nom�nes. Dans ce cas encore, la
pr�sence
de l'Esprit devient manifeste et la vie de l'Esprit incarn� commence � se r�v�ler.
Et de suite, cette question se pr�sente. Qu'est ce que la vie spirituelle? La vie spirituelle n'a aucun rapport
avec ces qualit�s appartenant aux corps subtils, appel�s Siddhis par les Indous et connus dans l'Occident sous
le nom de pouvoirs psychiques. La vie spirituelle n'est pas la clairvoyance ni la clairaudience, elle n'exige
aucun travail des corps dans les trois mondes ph�nom�naux. Elle ne signifie pas une connaissance plus étendue
des mondes invisibles aussi encombr�s de ph�nom�nes que le monde physique. Cela n'a aucun rapport, aucune [Page
165] relation avec tout ceci. La qualit� et l'essence en diff�rent compl�tement. La Spiritualit� est
la connaissance de l'Unique impliquant une existence conforme � cette connaissance dans la vie quotidienne
de l'homme.
Quelques-uns parmi vous se souviennent peut-�tre que le Dr Miller —
vous faites bien de le respecter, car il offre un noble exemple du chr�tien — �crivant il y a quelques
ann�es � ses
anciens �l�ves, leur disait ces paroles remarquables dont je vous demanderai de vous rappeler les trois premiers
mots. Il disait que l'Hindouisme avait fait deux grands dons � l'humanit�: les doctrines de l'Immanence de
Dieu et de la Solidarit� humaine. Un vrai croyant dans sa propre religion proclamait ainsi splendidement la
valeur
d'une religion diff�rente de la sienne, montrant par-l� cette [Page
166] largeur de vue, cette grandeur d'esprit qui devrait toujours distinguer ceux qui se donnent
le nom de chr�tiens. J'insisterai sur les trois premiers mots: "l'Immanence de Dieu". Ils vous
para�tront
peut-�tre secs, froids et sans attrait; faut-il vous les traduire afin de vous expliquer leur signification
r�elle
?�videmment, cela veut dire que Dieu est partout et dans tout; mais ce n'est pas assez. Cela signifie que lorsque
vous suivez le bord de la mer, en regardant les grandes vagues de l'oc�an d�ferler avec un bruit de tonnerre
sur le rivage, vous voyez en elles le pouvoir divin incarn�, vous voyez en elles Sa puissance. Si vous parcourez
quelque splendide for�t et jouissez du silence, du calme et de l'ombre � midi. Oh ! Alors vous connaissez cette
paix divine; vous connaissez cette s�r�nit� qui r�v�le Dieu. [Page
167] Par
toutes ces sensations, vous prenez contact avec la Divinit� et vous sentez sa pr�sence. Lorsque vous �tes dans
la montagne, dans les lointains Himalayas, si vous consid�rez leur merveilleuse stabilit�, leurs �tendues de
neige pure et non fray�e, dans ces montagnes m�mes, vous voyez la puissance et la stabilit�
de Dieu et, dans la neige, Sa puret� intacte et immacul�e. Et quand vous observez les cieux o� les astronomes
ne voient que des mondes en mouvement, l'immensit� de l'espace vous r�v�le Sa paix et ces mondes en mouvement,
Sa Vie. Rien n'existe au-dessus de nous dans les cieux, ni �
nos pieds dans les ab�mes profonds qui ne vous parle de la pr�sence de Dieu qui en est l'�me; ainsi lorsque vous
admirez la nature, ce v�tement de Dieu, vous voyez Dieu � travers ce v�tement, car Lui seul [Page
168] existe. Voil� ce que signifie l'Immanence de Dieu. Consid�rons, si vous le voulez, cette
id�e de
plus pr�s. Bien des gens condamnent ce qu'on appelle le polyth�isme, mais le polyth�isme bien compris, est
simplement l'effort des hommes, limit�s dans l'expression de leur pens�e, pour expliquer au moyen d'images
innombrables la Divinit� incarn�e; par-l�, ils se rendent r�elle cette manifestation de Dieu sur laquelle le
philosophe peut raisonner obscur�ment, mais que la pauvre humanit� ne peut comprendre � moins de l'incarner
dans des divinit�s sans nombre.
Donc, si vous �tes sages et non insens�s, vous ne permettrez pas � la science, qui observe seulement les
apparences, de critiquer cette connaissance plus profonde qui vous enseigne les myst�res de la vie de l'homme
et de celle de Dieu. Si vous le d�sirez, [Page 169] que
la science de l'Occident vous instruise, mais de votre c�t�, enseignez � l'Occident ce que vous savez de la
vie illimit�e et partout pr�sente de Dieu. Si vous faites cela, alors, en v�rit�, votre polyth�isme deviendra
une chose splendide. Car, en regardant l'�pouse pench�e sur vous avec amour, vous verrez Lakshmi, la Lumi�re
et la Divinit� du
Foyer, rayonner � travers les yeux de la femme que vous aimez; et quand elle regarde l'�poux, le soutien et
le gardien du Foyer, elle verra Vishnou, Celui qui pr�serve et maintient la Vie de l'Univers. Dans les yeux
de vos enfants, vous verrez ceux de l'enfant Krishna et ses jeux enfantins avec les Gopis. Et lorsque
la m�re sera pench�e
sur le berceau, vous verrez Durga, la M�re universelle dont les soins s'�tendent sur le Monde, la Divine et Immuable [Page
170] M�re. Oui, le polyth�isme
est la vie spiritualis�e de l'homme; c'est le refus de se laisser aveugler par les formes, c'est la d�termination
de voir la vie en elles. La vie est une, tandis que les formes sont nombreuses; la vie est une, tandis que
les �tiquettes
sont multiples. N'a-t-il pas �t� �crit
de celui qui adore toutes formes, "Celui-l� M'adore", m�me si ce n'est pas selon la r�gle antique
? Ainsi vous commencerez � comprendre que ce mot de spiritualit� signifie la reconnaissance de Dieu partout
et en toutes choses.
Je vous dirai maintenant quelques mots de la relation qui peut exister entre la spiritualit� et le commerce,
le bureau, la rue et vous expliquer, si je le puis, comment chacun de vous peut �tre un homme spirituel, si seulement
vous avez la volont� de le [Page 171] devenir.
Consid�rons ces activit�s innombrables de notre vie terrestre, ces voies diff�rentes par lesquelles le monde
est aid� et maintenu: le commerce qui relie les nations entre elles et contribue � nourrir cette multitude
croissante d'�tres humains; les vaisseaux qui traversent l'oc�an, charg�s de marchandises envoy�es d'une nation � une
autre; les marchands et les commer�ants les distribuant � tous et permettant ainsi � chacun d'obtenir ce qu'il
n'eut pu se procurer
sans leur concours; l'ordre maintenu dans la soci�t�, les efforts de ceux qui emp�chent les transactions d'�tre
pour le fort l'occasion d'oppresser le faible; tout ce formidable m�canisme de la loi — le juge au tribunal,
l'avocat � la cour, le policier dans la rue; ceux par lesquels le fonctionnement de la soci�t� est rendu possible
et qui [Page 172] d�fendent le faible contre
l'oppression du fort; la vie de famille, base de tout �tat, protection du p�re, amour de la m�re, joie de
l'enfant; la t�che
du m�decin qui affronte sans crainte la contagion et risque son existence pour all�ger la souffrance; le praticien
dont la main habile et exp�riment�e peut, au moment du danger, secourir et sauver une existence humaine; tous
ceux qui enseignent et dotent ainsi leur pays d'hommes virils et de nobles femmes; tous ceux dont le travail
concourt � la
pr�servation de l'univers, que sont-ils tous sinon les agents de l'unique activit� divine, les mains, les pieds,
le coeur de Dieu agissant dans chaque carri�re terrestre ? Vous vous souvenez de la vieille l�gende
des quatre castes et de leur origine, comment les Brahmanes sortirent de la bouche de Brahma, les Kshattryas [Page
173] de Ses �paules, les Vaishyas de Ses pouces et les Shudras de Ses pieds. Vous
vous riez de ce conte �trange, bon seulement � �tre racont� aux enfants au cr�puscule.Et cependant,
du fond de ce conte se d�gage une v�rit�, non seulement en ce qui concerne les quatre castes des Indes, mais
aussi � l'�gard des quatre grandes classes qui forment les divisions de chaque nation, que vous les appeliez
ou non des castes. Car enfin ceux qui ont re�u de l'�ducation et instruisent le peuple, ceux qui font profiter
les autres de leurs connaissances, les pr�tres qui dirigent le culte, les professeurs qui r�pandent le savoir,
n'est-ce pas la voix de Dieu se faisant entendre par les l�vres des hommes, n'est-ce pas r�ellement la caste
des Brahmanes, les savants et les instructeurs du monde ? Et les Kshattryas ne sont-ils [Page
174] pas repr�sent�s par le roi, le parlement, les juges, les agents, du plus �lev� au plus infime,
de la Couronne au plus modeste fonctionnaire: ne sont-ils pas les bras de la nation pr�pos�s � la direction, � la
protection du peuple, afin que l'humble ouvrier puisse travailler sans crainte de violences et que la paix
du roi, qui est la paix de Dieu, puisse gr�ce � eux s'�tendre sur toute la nation ? Et les marchands et les
grands organisateurs du travail, ceux qui rassemblent tout ce qui contribue au bien-�tre de chacun; ceux-l� ne
sont-ils pas comme les princes de la nation sur lesquels elle s'appuie en toute s�curit� et sans l'aide desquels,
elle ne pourrait tenir son rang parmi les autres nations du monde Nous arrivons maintenant aux Shudras;
Ne sont-ils pas la base de l'�difice social, indispensables � [Page
175] son rouage ? Ces ouvriers, ces laboureurs, ceux qui exploitent la richesse du pays, les serviteurs
qui vous facilitent la vie mat�rielle du foyer, ne sont-ils pas les pieds divins par lesquels le service s'accomplit
? Quant au Sanyasi qui s'est �lev� au-dessus de toutes les castes, n'est-il pas aussi au service de l'homme dans
une sph�re plus hautes ? Si le Shudra sert l'homme individuellement le Sanyasi sert l'humanit�,
la classe la plus humble �tant ainsi le reflet de ce qui existe de plus �lev� dans l'esp�ce humaine. Oh ! De
votre splendide et antique religion, combien de choses vous ignorez, combien de choses dont vous n'avez aucune
id�e et que vous
n'avez m�me jamais entrevu dans vos r�ves !
Laissez-moi en faire l'application. Je vous parlerai d'abord d'une profession bien souvent d�cri�e, je le [Page
176] crains; je veux parler de la magistrature. J'�tais heureuse d'entendre derni�rement, � une
conf�rence,
l'orateur prendre la d�fense d'hommes de loi qu'on avait attaqu�s, il se disait convaincu de leur loyaut� — peut-�tre
plus que de celle d'un grand nombre de leurs semblables qu'on ne cherchait pas � incriminer. Si un avocat est
un homme d'une nature spirituelle, et il n'y a pas de raison pour qu'il n'en soit pas ainsi — je parle
quelquefois devant un grand nombre d'avocats — il se consid�rera comme la justice divine personnifi�e
en ce monde. Il ne prendra jamais une cause si, de son succ�s, doit r�sulter une injustice; il se consid�rera
comme responsable de la justice divine et avec un soin scrupuleux veillera � ce que cette justice soit observ�e.
Vous me demanderez peut-�tre s'il ne doit jamais d�fendre [Page
177] un
criminel ? Oui, il doit le d�fendre, car un criminel aussi a droit � la justice et son point de vue doit �tre
pris en consid�ration autant que celui du plaignant. Si vil que puisse �tre un criminel, ce qui peut �tre dit
en sa faveur doit �tre invoqu�
par celui qui repr�sente la justice divine qui donne � chacun ce qui lui revient. Mais il veillera � ce que rien
ne soit supprim�, � ce qu'aucun faux t�moignage ne soit apport�. Cela veut dire qu'il ne faut pas aggraver
la cause; cela veut dire que l'affaire doit �tre expos�e avec toute l'habilet� et
la sympathie la plus grande; que la v�rit� ne soit pas dissimul�e et que la justice ne soit pas entach�e de
fausset�.
S'il comprend la grandeur de sa t�che, ses l�vres d�daigneront l'astuce aussi bien que la d�loyaut�. La justice
terrestre doit proc�der de la justice [Page 178] divine;
elle doit �tre le d�fenseur du faible et de l'opprim�, et redresser les torts de celui qui cause un pr�judice � ses
fr�res. Je vous le demande, si l'homme de loi agissait ainsi, toute la magistrature ne serait-elle pas purifi�e,
ne deviendrait-elle pas le brillant repr�sentant de la justice divine sur la terre ? Et les gens de bien ne
seraient-ils pas plus heureux et les m�chantes gens moins impudents en se pr�sentant devant la justice, connaissant
l'impartialit� de
ses d�crets que n'influenceraient ni la d�loyaut� ni la faveur? Consid�rez aussi le travail du marchand. Il
est la main divine, distribuant par tout le monde ce qui est n�cessaire � l'entretien et � la subsistance de
l'homme. S'il envisageait ainsi sa t�che, combien l'humble boutique serait purifi�e et
ennoblie ! La fraude dispara�trait, les feintes et la [Page
179] duperie n'existeraient plus. Plus de falsifications dans les tissus, de sable dans le sucre,
de tiges de bois dans le th�, plus de fraude dans rien de ce qui se vend. S'il en �tait ainsi de m�me qu'en
ce qui concerne la loi, la vie spirituelle am�nerait le bonheur.
Si vous le voulez bien, pensez au foyer � ce m�me point de vue —
l'�poux et l'�pouse. L'�poux qui se consid�rerait comme le divin �poux —
car Shri Khrisna Lui-m�me ne s'est-il pas donn� ce nom: "Je suis l'�poux" — ne comprendrait-il
pas que la femme n'existe pas seulement pour son bien-�tre et sa joie, pour servir ses go�ts voluptueux, pour
augmenter son bonheur. De m�me que Vishnou pour son Univers, il serait pour elle l'ami, le protecteur, la d�chargeant
du fardeau qui �craserait ses faibles �paules et
lui prodiguant cet [Page 180] amour tendre
et protecteur que l'�poux a le privil�ge de pouvoir donner � sa femme. Et celle-ci se souvenant que pour Vishnou elle
est Lakshmi, verrait en lui celui qui garde et qui prot�ge; son amour serait un don volontaire, d'autant
plus appr�ci� qu'il ne serait pas exig� comme un droit mais cueilli comme l'�clatante moisson qui lui serait
offerte, comme des fleurs � un D�va qu'elle adorerait. Si le p�re adoptait cet id�al spirituel dans sa vie,
il personnifierait le titre le plus noble de Dieu, le P�re et l'Ami des hommes. Oh ! De quel secours vous seriez
pour vos fils et vos filles si vous cherchiez � devenir la personnification de cette Paternit� divine ! Dans
la peine, dans la d�tresse,
vos fils accourraient vers vous, au lieu de se d�rober comme ils le font tr�s souvent, parce qu'ils craignent
plus [Page
181] qu'ils n'aiment. Ils sauraient que leur p�re est leur plus proche ami, leur protecteur le
plus tendre; ils sauraient qu'on peut tout confier � son coeur et que le pardon sera toujours accord� par
celui qui s'efforce d'�tre un reflet du P�re divin. Chacun a ses d�fauts. Dans vos moments de faiblesse,
lorsque vous avez mal agi, vous invoquez la mis�ricorde de Dieu; soyez donc aussi pitoyables envers vos fils
et aidez-les � leur
mani�re. Alors, dans vos vieux jours ils vous seront d�vou�s comme � notre P�re et deviendront le soutien de
ceux qui auront prot�g� et guid� leur jeunesse. Et maintenant parlons de vos filles. Si vous voulez vraiment
vivre la vie du divin P�re, ne pensez-vous pas que celles-ci aient des droits � revendiquer ? Ces enfants de
sept ans, huit ans, neuf ans que vous engagez dans les liens d'un [Page
182] mariage irr�vocable, alors qu'elles ne comprennent rien de ce � quoi elles s'engagent, ne
se rendent
pas compte du veuvage pr�matur� qui peut assombrir toute leur existence, n'ayant que le souvenir d'un mort
avec lequel elles n'auront jamais v�cu ? Oh ! Pensez � ces veuves vierges des Indes et dites si leurs p�res
ont rempli envers elles leur devoir divin ! Un p�re a t-il le droit de laisser une enfant qui a besoin d'�tre
prot�g�e
et gard�e, affronter les angoisses et les dangers de la maternit� ? Il y a beaucoup � faire dans cet ordre
d'id�es
pour vous qui avez des aspirations spirituelles, afin que vos fils et vos filles
grandissent pour devenir les citoyens d'un pays digne de se gouverner soi-m�me et libre; car l'�poux-enfant
et la femme-enfant [Page 183] ne sont pas
des citoyens convenables pour un pays o� r�gne la libert�; ils seront toute leur existence des �tre affaiblis
par une maturit� pr�coce.
Comprenez bien ce que signifie la vie spirituelle; c'est le devoir, c'est l'amour; c'est accomplir chaque fonction
de la vie de famille et de la vie civique en vous consid�rant comme des dieux personnifi�s, prenant votre part
de l'oeuvre ex�cut�e par Dieu dans Son univers. Un autre point est aussi � envisager. Nous aspirons toujours
plus ou moins � la vie spirituelle. Nous parlons d'union avec Dieu; nous parlons de notre d�sir de nous �lever
toujours davantage en puret�, connaissance et amour et en cela nous avons raison. Mais il y a une chose que
vous ne devez pas oublier et qui est n�cessaire pour la vie spirituelle. La vie est une; qu'elle anime le p�cheur
ou le [Page
184] saint, le hors la loi ou l'homme de caste sup�rieure, cette vie est divine, car elle
proc�de
uniquement de Dieu. Vous voulez bien �tre un avec Dieu, un avec les Rishis, un avec les Ma�tres ou les saints. �tes-vous
dispos�s � �tre
un avec le d�bauch�, avec la prostitu�e et le bandit ? Mais en eux aussi la vie divine est pr�sente. Quel est
le caract�re distinctif de la spiritualit� ? Vous �tes purs; pourquoi cette puret� existe-t-elle ? Afin que
vous puissiez vivre � part et
jouir de la satisfaction d'�tre meilleurs que les autres ? Oh ! Non, votre puret� a �t� acquise afin de vous
m�ler
aux impurs, de les purifier par votre puret� et les amener ainsi � se rapprocher de la r�alisation de la vie
divine. Vous �tes instruits, vous n'aimez pas l'ignorant; vous vous �loignez de celui qui n'est pas cultiv�,
du rude, du grossier. Mais, si vous [Page 184] avez
re�u de
l'�ducation, c'est afin d'en faire profiter l'ignorant et le d�grad�, que votre sagesse les instruise et qu'ils
partagent les lumi�res de cette vie unique qui est la m�me en eux comme en vous. Ah ! Voil� la le�on difficile � apprendre
! Nous demandons toujours � celui qui nous est sup�rieur de se baisser jusqu'� nous afin de nous soulever.
Sommes-nous dispos�s � tendre la main � notre inf�rieur pour l'�lever � notre niveau ? Si cela n'est pas, la
spiritualit� n'existe
pas, il n'y a pas de vraie religion; c'est simplement de l'�go�sme se dissimulant sous le masque de la pi�t� et
le d�sir
de l'inf�rieur
de para�tre sup�rieur. Je vous demanderai donc en pensant � la vie spirituelle de vous souvenir qu'elle comprend
tout, qu'elle n'exclut rien. Elle embrasse toutes choses, elle ne rejette rien; elle est dispos�e � partager [Page
186] avec tous; elle n'appr�cie ses propres richesses spirituelles que pour enrichir et �largir
la vie plus pauvre de son prochain.
Une pens�e, repr�sentant une image, se gravera peut-�tre mieux dans votre souvenir que des paroles qui s'effacent
rapidement de l'esprit. Laissez-moi vous la dire, amis, avant de vous quitter. Quelquefois, peut-�tre, vous
vous serez trouv�s aupr�s d'un sculpteur, travaillant comme quelques grands artistes savent encore
travailler. Dans le marbre, il taille une statue afin que son id�e soit rendue manifeste et vive dans l'esprit
des hommes. Si vous questionnez cet artiste, il vous dira que pour lui ce n'est pas un bloc de marbre qu'il transforme
en statue; c'est une statue cach�e dans un bloc de marbre; chaque coup de ciseau, faisant sauter un fragment [Page
187] de marbre, la d�livre, le rapproche graduellement d'elle. Il travaille encore et encore,
voyant avec les yeux du g�nie la forme que vous et moi ne pouvons apercevoir;
le ciseau et le maillet taillent le marbre, mais ils ne sculptent pas les membres exquis de la statue, car
celle-ci est d�j� contenue
dans la pierre. Ainsi en est-il pour vous. En chacun de vous demeure l'Esprit qui est Dieu, cach� sous la chair,
enferm� dans les corps, dissimul� derri�re les �motions et l'intelligence, de sorte qu'Il n'est pas visible
aux yeux ext�rieurs. Vous n'avez pas � cr�er cette image. Elle est l�
pr�sente. Vous n'avez pas � l'�difier, vous n'avez qu'� la lib�rer. Dieu est en vous, attendant pour se manifester; � vous
la gloire de faire dispara�tre tout ce qui s'oppose � cette manifestation. Votre ciseau � vous, c'est votre
pens�e, [Page
188] votre maillet est le pouvoir de votre volont�. Employez votre volont�, votre pens�e; chassez
les �motions
du corps et de l'esprit; que tout disparaisse qui ne soit pas Lui. Alors, de votre vie humaine s'�l�vera la
statue divine d'une beaut� parfaite; la splendeur du Dieu int�rieur resplendira et tous les hommes seront �clair�s
et r�chauff�s par sa lumi�re rayonnante. Le Dieu, devenu homme, foulera la terre et vous aurez eu la gloire
de le lib�rer afin qu'il puisse aider l'humanit�. Soyez donc des artistes dans la vie; soyez des sculpteurs
travaillant dans l'atelier du monde. Et lorsque vous quitterez cette vie, vous saurez que vous �tes Esprit �ternel
et vous ne vous identifierez pas avec les corps que vous laisserez derri�re vous. Et ainsi, vous entrerez dans
une vie plus large, vous aurez un destin [Page 189] splendide,
un avenir grandiose; car, vous serez libre, l'Esprit d�livr�, le Dieu manifest�; vous aurez atteint le but
de l'homme.
Haut
de la Page
Page- Documents
en Ligne