par C.W.Leadbeater
(traduit de l' Anglais)
1923
|
||
CHAPITRE | Page |
|
1 | introduction | 3 |
2 | Le Mécanisme | |
1- Physique | 6 |
|
2- Éthérique | 9 |
|
3-Astral | 15 |
|
3 | L' Ego | 18 |
4 | Condition de ces divers éléments pendant le sommeil | 25 |
1- Le cerveau | 26 |
|
2- Le Cerveau éthérique | 31 |
|
3- Le Corps astral | 34 |
|
4- L' Ego | 36 |
|
La façon transcendantale dont il mesure le temps | 38 |
|
Exemples servant d' illustration | 40 |
|
Son pouvoir de dramatisation | 45 |
|
Sa faculté de prévoir | 47 |
|
Exemple de son emploi | 51 |
|
Sa pensée symbolique | 55 |
|
5- Les Facteurs intervenant dans la production des rêves | 56 |
|
5 | Les Rêves | |
1- La véritable vision | 58 |
|
2- Le Rêve prophétique | 58 |
|
3- Le Rêve symbolique | 61 |
|
4- Le Rêve net et cohérent | 64 |
|
5- Le Rêve fréquent | 67 |
|
6 | Expériences sur l' état de rêve | 68 |
7 | Conclusion | 75 |
[Page3]
La plupart des sujets avec lesquels la théosophie nous met
en contact paraissent si éloignés des expériences
et des intérêts de la vie quotidienne, que, tandis que
nous nous sentons de plus en plus attirés vers eux au fur et
à mesure que nous les comprenons davantage, nous avons cependant
conscience, en notre for intérieur, que nous sommes portés
à considérer ces sujets un peu comme devant être
irréels ou pour le moins fantastiques, impossibles, alors même
que nous nous en occupons. Lorsque nous lisons des passages relatifs
à la formation du système solaire, aux cycles, aux rondes
de notre propre chaîne planétaire, nous ne pouvons nous
empêcher de penser, en dépit de l' intérêt
que nous trouvons à cette étude métaphysique,
en dépit de son incontestable utilité, étude
qui nous montre [Page 4]
comment l' homme est devenu ce qu' il est actuellement, nous ne
pouvons cependant nous empêcher de penser que tout cela ne se
relie qu' indirectement à notre vie de chaque jour.
Nous ne pouvons faire aucune objection de ce genre en ce qui concerne
le sujet même de ce livre; tous ceux qui liront ces lignes ont
rêvé; peut-être même que plusieurs d' entre
eux rêvent d' ordinaire beaucoup; aussi s' intéresseront-ils
à l' essai que nous tentons ici pour expliquer les phénomènes
des rêves à de la lumière dont la théosophie
les éclaire, à l' aide des investigations faites à
ce propos par des théosophes.
La meilleure méthode à l' aide de laquelle nous
pouvons étudier la question est peut-être d' envisager
tout d' abord, soigneusement, le mécanisme du rêve physique,
éthérique et astral, par l' intermédiaire duquel
des impressions parviennent à notre conscience; en second lieu,
de considérer comment la conscience, à son tour, influence
et emploie ce mécanisme; en troisième lieu, d' étudier
cette conscience et ce mécanisme pendant le sommeil; enfin
de nous rendre compte comment se produisent les différentes
sortes de rêves communs à l' homme.
[Page 5]
Comme j' écris plus spécialement pour les étudiants
de la théosophie, je crois bon devoir en profiter pour employer
les termes théosophiques sans entrer dans leur explication
détaillée, pensant que l' étudiant sait déjà
à quoi s' en tenir sur leur signification; sans cela, ce petit
livre dépasserait par trop ses limites naturelles. Si toutefois
cet ouvrage tombait entre les mains de personnes pour lesquelles ces
termes seraient une difficulté, je ne puis que leur conseiller
de s' en référer aux explications données dans
tous nos livres élémentaires, tels que : « La
Sagesse Antique » et « L' Homme et ses Corps
», par Mme A. Besant. [Page
6]
1. Le
Mécanisme physique
Nous
avons dans le corps un système central de matière nerveuse
se terminant au cerveau et d' où un réseau de filets
rayonne par tout le corps. Ce sont ces filets nerveux qui —
d' après la formule scientifique d' aujourd'hui— par
leurs vibrations conduisent toutes les impressions extérieures
au cerveau qu 'aussitôt reçues, ce dernier transforme
en sensations et en idées.
Ainsi, si je pose la main sur un objet et que
je le trouve chaud, ce n' est pas ma main qui, en réalité,
a éprouvé cette sensation, c' est mon cerveau qui a
répondu à l' information transmise par les vibrations
qui ont parcouru la ligne télégraphique des filets nerveux.
Une chose importante à se rappeler, c' est que tous les filets
nerveux du corps ont la même constitution. L' appareil spécial
que nous appelons le nerf optique, lequel conduit au cerveau les impressions
faites sur la [Page 7]
rétine et nous donne la vue, ne diffère pas des
filets nerveux de la main ou du pied, par exemple. C' est à
la suite de siècles dévolution que ce nerf a été
spécialisé pour recevoir et transmettre promptement
un petit groupe particulier de vibrations rapides, qui deviennent
ainsi visibles pour nous sous la forme de lumière.
La même remarque se rapporte aux autres organes de sensation.
Les nerfs auditifs, olfactifs, gustatifs ne diffèrent entre
eux que par leur spécialisation; ils sont essentiellement semblables
et opèrent de la même manière dans leur travail
de transmission des vibrations au cerveau.
Or, notre cerveau, qui est le principal centre de notre système
nerveux, est facilement dérangé, quand nous sommes en
bonne santé, par ce qui modifie la circulation du sang. Quand
l' afflux du sang dans les veines de la tête est normal et régulier,
le cerveau, et par conséquent tout le système nerveux,
est en état de fonctionner avec régularité et
efficacité; mais tout changement de cette circulation normale,
soit en quantité, soit en qualité, soit en vitesse,
produit immédiatement un effet dans le cerveau et, de là,
sur les nerfs du corps.
Si, par exemple, trop de sang passe dans [Page
8] le cerveau, la congestion des veines a lieu et une irrégularité
d' action en résulte; si, au contraire, la quantité
est insuffisante, le cerveau (et par suite le système nerveux)
est excité d' abord, puis c' est la léthargie.
Il importe de considérer la qualité du sang employé.
En parcourant le corps, il accomplit deux fonctions : il fournit l'
oxygène et porte les éléments nutritifs aux différents
organes. S' il ne peut remplir ces fonctions convenablement une certaine
désorganisation s' ensuit.
Si la quantité d' oxygène fournie au cerveau est insuffisante,
il se charge d' oxyde de carbone en excès, d' où pesanteur
et léthargie promptes. C' est ainsi que, dans un appartement
mal aéré et encombré de personnes, l' on voit
souvent survenir un sentiment de malaise et des envies de dormir causés
par le manque d' oxygène dans la salle.
Le cerveau ne reçoit pas la ration nécessaire; il devient,
dès lors, incapable de travailler.
La vitesse de progression du sang dans les veines influe aussi sur
l' action du cerveau. Lorsqu 'elle est trop grande, la fièvre
survient; si elle est au contraire trop faible, c' est également
la léthargie. [Page 9]
II est donc clair que le cerveau — par où passent
toutes les impressions physiques — peut très facilement
être dérangé et plus ou moins empêché
de remplir ses fonctions par des causes presque insignifiantes —
causes auxquelles on ne prend même généralement
pas garde, durant la veille, et dont on est absolument inconscient
durant le sommeil.
Avant d' aller plus loin, observons une autre singularité de
ce mécanisme physique : sa tendance à répéter
automatiquement les vibrations auxquelles il est accoutumé
à répondre. C' est à cette particularité
du cerveau qu' il faut attribuer les gestes et les habitudes qui sont
en dehors de la volonté et sont si difficiles à vaincre;
et, comme on le verra bientôt, cet automatisme joue un rôle
plus important durant le sommeil que pendant la veille.
2. Le Mécanisme éthérique
L' homme ne reçoit "pas les impressions par le seul moyen
du cerveau. Coexistant avec son corps visible, et le pénétrant
exactement, se trouve son double éthérique (appelé
pendant longtemps dans la littérature théosophique Linga
Sharira, lequel est
[page 10] aussi
doué d' un cerveau tout aussi physique que celui du corps,
quoique composé de matière plus fine que la matière
gazeuse.
Le corps d' un nouveau-né, examiné au point de vue physique,
est pénétré non seulement de matière astrale
de différents degrés de densité, mais aussi de
différents degrés de matière éthérique.
Si nous prenons la peine de rattacher ces corps intérieurs
à leur origine, nous trouverons que le « double »
— le moule formé par les Seigneurs du Karma et sur lequel
le corps physique est construit — est constitué par de
la matière éthérique. La matière astrale
a été agrégée inconsciemment et comme
automatiquement par l' Ego lui-même lorsqu' il a traversé
le plan astral. Elle n' est, en somme, que le développement
sur ce plan, des tendances de l' Ego, — tendances dont les germes
étaient restés en lui, à l' état dormant,
pendant son séjour dans le Monde Céleste ou Devachan
(lieu qui n' est pas propice à leur gestation).
Ce double éthérique a été souvent appelé
le véhicule de la Vie humaine (de Prana, en sanscrit),
et quiconque a ses facultés psychiques développées
peut en trouver la raison. Il voit le « Principe de la Vie [Page
11] solaire » (Jiva) presque incolore, quoique très
lumineux et actif, constamment versé par le soleil dans l'
atmosphère terrestre; il voit aussi comment la rate, exerçant
ses fonctions merveilleuses, absorbe cette vie universelle et la transforme
en Prana pour en rendre l' assimilation plus facile au corps; il voit
cette vie éthérique parcourir tout le corps, suivant
chaque filet nerveux sous forme de petits globules d' une délicieuse
teinte rosé, et faisant pénétrer l' activité
et la vie dans chaque atome du double éthérique; il
voit enfin qu' après l' absorption de ces particules rosées,
le superflu de cette vie éthérique irradie du corps
dans tous les sens sous forme de lumière bleu pâle.
En examinant plus à fond encore l' action de Prana, l' on voit
aussi que la transmission des impressions au cerveau dépend
plutôt de son écoulement régulier le long de la
portion éthérique des filets nerveux que, comme on le
croit d' ordinaire, de la vibration des particules de leur contre-partie
grossière visible. Le temps ne nous permet pas d' entrer dans
tous les détails des expériences qui ont servi à
établir cette théorie, mais il suffira d' en indiquer
quelques-unes pour en donner une idée.
[Page 12]
Lorsque un
doigt est engourdi par le froid, il n'a plus de sensibilité;
un magnétiseur peut, à volonté, produire le même
phénomène; en faisant quelques passes sur le bras de
son sujet, il peut le rendre insensible aux piqûres d' une aiguille
ou aux brûlures de la flamme d' une bougie. Pourquoi le sujet
est-il insensible dans ces deux cas? Ses filets nerveux sont là;
et si l' on peut dire, dans le premier cas, que l' action du doigt
est paralysé par le froid et l' absence de sang dans les veines,
l' on ne peut invoquer la même raison dans le second cas, car
le bras reste alors à sa température normale et le sang
y circule parfaitement.
En appelant la clairvoyance à notre aide nous arriverons plus
près de l' explication. Dans le premier cas, si le doigt gelé
paraît mort et le sang ne circule plus dans ses veines, c' est
que l' éther vital rosé ne chemine plus le long des
filets nerveux. La matière, quoique invisible dans sa constitution
éthérique est pourtant physique, le froid et le chaud
l' influencent.
Dans le second cas, lorsque le magnétiseur exécute les
passes rendant le bras insensible, il transmet, en réalité,
son propre éther nerveux (ou magnétisme au bras du sujet
et en chasse Je magnétisme
[Page 13] de
ce dernier. Le bras reste chaud et vivant parce que l' éther
vital y circule toujours; mais comme cet éther n' est point
spécialisé à l' organisme du sujet,
il n' est pas en rapport avec son cerveau; il ne peut lui transmettre
aucune impression, et par conséquent, le bras reste insensible.
Bien que la vie éthérique (Prâna) ne soit point
chargée de transmettre au cerveau les impressions, elle est
l' agent indispensable de cette transmission extérieure le
long des filets nerveux.
De même que toute modification de la circulation du sang affecte
la matière cérébrale, modifiant ainsi le degré
de la rectitude du pouvoir récepteur qu 'elle possède,
de même la partie éthérique du cerveau est influencée
par tout changement dans le volume ou dans la vitesse des courants
vitaux.
Par exemple, lorsque la quantité d' éther nerveux
spécialisé par la rate est, pour une cause ou pour une
autre, au-dessous de la moyenne nécessaire, il se produit de
la faiblesse physique; si, dans ces circonstances, la vitesse de circulation
augmente, l' individu devient irritable, nerveux, hystérique
même. Dans ces conditions, il est plus sensible aux impressions
physiques que dans [Page
14] l' état normal, et c' est pour cela
que les personnes souffrantes voient des apparitions lui sont invisibles
aux personnes en bonne santé.
Si, d' un autre côté, le volume et la vélocité
de l' éther vital sont réduits tous les deux en même
temps, l' homme souffre d' une langueur extrême, devient moins
sensible aux influences du dehors et se sent d' une faiblesse à
ne plus se soucier de ce qui peut lui arriver.
Il faut aussi se rappeler que la matière éthérique
dont il vient d' être question et la matière ordinaire,
plus dense, ou cérébrale, font réellement partie
du même organisme physique, et que dès lors, toute action
produite sur l' un des deux réagit instantanément sur
l' autre. En conséquence, si ce mécanisme ne fonctionne
pas normalement et régulièrement, il n'y a plus de certitude
que les impressions soient transmises correctement. Toute irrégularité
dans l' un ou l' autre des deux appareils altère la réception
et ne produit que les images défigurées de ce qui peut
se présenter. En outre, comme cela sera expliqué plus
loin, le cerveau éthérique est plus sujet aux aberrations
pendant le sommeil que durant l' état de veille.[Page
15]
3. Le Mécanisme astral
Le corps astral, appelé souvent corps kâmique ou
corps du désir est encore un mécanisme dont il faut
tenir compte. Comme son nom l' indique, ce véhicule est composé
exclusivement de matière astrale. Il représente l' homme
sur le plan astral, comme le corps grossier le représente sur
le niveau le plus bas du plan physique.
L' étudiant théosophiste s' épargnerait bien
des difficultés s' il apprenait à considérer
ces différents véhicules comme la manifestation de l'
Ego sur les divers plans. Il saurait, par exemple, que le
Karana Sharira ou Corps causal (quelquefois appelé
oeuf aurique) est le vrai véhicule de l' Ego réincarnateur
,et qu' il est occupé par ce dernier tant qu' il reste sur
le plan qui est sa vraie demeure, — les niveaux supérieurs
du monde mental; il saurait aussi, que lorsqu' il descend sur les
plans inférieurs, il lui faut, pour pouvoir y fonctionner,
se revêtir de la matière de ce plan, et que cette matière
qu' il attire lui fournit son corps mental. De même, en descendant
sur le plan astral, il forme son corps astral, ou corps des désirs,
avec la matière astrale, tout en gardant ses autres corps plus
[Page 16] affines; et
enfin, en descendant sur le plan plus bas, le corps physique est formé
au milieu de l' oeuf aurique, lequel contient alors l' homme entier.
Le véhicule astral est encore plus sensitif aux impressions
externes que les corps physique et éthérique, car il
est le siège des désirs et des émotions, le médiateur
au travers duquel l' Ego peut recueillir les expériences de
la vie physique. Il est surtout susceptible aux influences des courants
des pensées qui passent, et quand le mental ne le contrôle
pas, il reçoit continuellement les impressions de ces stimulants
extérieurs et y répond avec empressement.
Comme les autres, c' est surtout pendant le sommeil que le mécanisme
astral reçoit le plus facilement les influences. Cela a été
démontré par bien des observations. En voici une, récemment
communiquée à l' auteur de cette étude, dans
laquelle jadis un homme adonné à l' ivrognerie a décrit
les difficultés qu' il rencontra sur le chemin de sa propre
réforme. Il déclara qu' après une très
longue période d' abstinence complète, il avait réussi
à détruire le désir physique pour l' alcool,
de sorte que durant l' état de veille il était absolument
détourné, dégoûté, mais qu' il lui
arrivait parfois de rêver qu' il
[Page 17] buvait
et qu' alors, en état de rêve, il se reprenait à
sentir l' horrible plaisir naguère éprouvé en
buvant.
Il est bien évident, ici, que durant le jour, la volonté
du sujet maîtrisait son désir de boire, et que les formes-pensées
éventuelles ou les éléments de passage ne pouvaient
faire impression sur lui; mais pendant le sommeil, le corps astral
libéré échappait, en quelque sorte, à
l' empire de l' Ego, et sa nature impressionnable le faisait de nouveau
pencher vers ces funestes influences et il s' imaginait retourner
à ses ignobles débauches d' antan. [Page
18]
Toutes ces
différentes parties du mécanisme ne sont en somme que
les instruments de l' Ego, et cela, bien que jusqu 'à présent
ce dernier n' en soit pas tout à fait maître. Il faut
se rappeler, en effet, que l' Ego lui-même doit se développer,
et qu' il n' est encore, chez la plupart d' entre nous, qu' un germe
en comparaison de ce qu' il sera un jour.
Une stance du Livre de Dzyan nous dit : « Ceux qui
ne reçurent qu 'une étincelle restèrent dépourvus
de connaissances; l' étincelle ne brilla point », et
M"" Blavatsky ajoute que « ceux qui n' ont reçu
qu 'une étincelle constituent l' humanité en général
et qu' il's ont à acquérir leur intelligence durant
l' évolution manvantarique actuelle ». (Doctrine
Secrète, vol. III.)
Chez la plupart, cette étincelle brûle lentement encore,
et il ,lui faudra bien des siècles pour se développer
au point de devenir une flamme assurée et brillante. [Page
19]
II y a sans doute, des passages dans la littérature théosophique
qui paraissent indiquer que notre Ego supérieur étant
parfait déjà et semblable à un dieu sur son propre
plan, n'a pas besoin d' évolution; mais partout où se
trouvent ces expressions, quelle que soit la terminologie employée,
il faut les considérer comme s' appliquant à Atmâ,
le vrai Dieu en nous, lequel est certainement bien au-dessus de toute
nécessité d' évolution, telle que nous la comprenons.
L' Ego qui se réincarne évolue sûrement, et le
progrès de son évolution est parfaitement visible à
ceux qui ont développé la clairvoyance au point nécessaire
pour percevoir ce qui existe sur les plans supérieurs du Monde
Mental.
Comme on l'a dit déjà, c' est la matière de ce
plan — si nous pouvons appeler cela de la matière —
qu 'est composé le corps relativement permanent qu' on appelle
Corps causal; et cette matière, il la porte avec lui de renaissance
en renaissance, jusqu 'à la fin de son stage humain dans l'
évolution. Mais bien qu' un tel corps appartienne à
tout être individualisé — car c' est la possession
de ce corps qui constitue l' individualisation— il s' en faut
que dans tous les cas l' apparence en soit pareille. Les clairvoyants
[Page 20] peuvent à
peine le distinguer chez l' homme de développement moyen, car
il n' est alors qu' un voile ou plutôt un nuage léger,
sans couleur, à peine capable de rester agrégé
et de former une individualité réincarnatrice, rien
de plus [Voir L' homme visible et invisible, PI. V et VIII.
]. Mais un changement a lieu aussitôt que l' homme commence
à développer sa spiritualité, ou même un
degré plus élevé d' intelligence. Le véritable
Individu commence alors à acquérir un caractère
propre et permanent, distinct de celui que l' éducation ou
les circonstances ont produit dans ses personnalités successives;
et ce caractère se décèle dans le volume, la
couleur, l' éclat ,et la netteté du Corps causal, de
même que celui de la personnalité se montre dans la nature
du corps mental, avec la différence que le premier véhicule
étant le plus élevé est naturellement plus subtil
et plus beau [Voir L' homme visible et invisible, PI. XXI.
]
A un autre point de vue, il diffère heureusement des corps
inférieurs en ce qu' il ne peut manifester aucun mal. Tout
ce qui peut arriver à l' homme le plus vil, c' est de paraître
sur ce plan, comme n' ayant aucun développement; se serait-il
livré au vice durant plusieurs existences qu' aucune tache
[Page 21] ne peut souiller
ce fourreau sublime; mais en pareil cas, il lui est de plus en plus
difficile «de développer les vertus opposées.
D' un autre côté la persévérance dans la
bonne voie se montre rapidement sur le Corps causal, et dans le cas
d' un élève qui a déjà fait un certain
progrès sur le chemin de la sainteté, la vue de ce corps
est un spectacle merveilleux et ravissant au-delà de toute
expression [Voir L' homme visible et invisible, PI. XXVI.]
et chez un adepte, c' est une sphère qui resplendit d' une
lumière vivante et dont la glorieuse radiation est au-dessus
de toute conception. Celui qui a été témoin d'
un spectacle aussi sublime, et qui peut voir aussi, autour de lui,
des individus à tous les degrés de développement,
depuis le nuage léger et sans couleur qui caractérise
la personne ordinaire, jusqu 'à la sphère splendide
que nous venons de décrire, ne peut conserver le moindre doute
sur la réalité de l' évolution de l' Ego réincarnateur.
L' action de l' Ego sur les instruments divers est faible au début
de son évolution. Ni son mental, ni ses passions ne sont assujettis
à son empire. L' homme ordinaire fait peu d' efforts pour dominer
ces éléments; il [Page
22] se laisse, au contraire, généralement
aller au courant des pensées et des désirs. Par conséquent,
durant le sommeil, les différentes pièces du mécanisme
dont nous avons parlé agissent chacune sans prendre les ordres
de l' Ego, de sorte qu' il faut, dans l' étude des rêves,
considérer le degré d' avancement de ce dernier.
Il est important que nous nous rendions bien compte de la part que
prend cet Ego dans les conceptions que nous formons sur les objets
externes. Il faut se rappeler que les vibrations des filets nerveux
ne présentent au cerveau que des impressions, et que c' est
la tâche de l' Ego d' agir sur le mental pour les classer, les
combiner et les arranger
Par exemple, en regardant par la fenêtre je vois une maison,
un arbre; je les reconnais aussitôt pour ce qu 'ils sont, bien
que les renseignements fournis par mes yeux soient loin de me le dire.
Voici ce qui arrive. Des rayons de lumière, ou plutôt,
des courants d' éther vibrent avec une certaine rapidité,
sont reflétés par ces objets, viennent frapper la rétine
de mon oeil, et les filets nerveux sensitifs rapportent exactement
ces vibrations au cerveau.
Mais que disent-ils au juste? Ils [Page
23] apportent le renseignement qu' il a là tel corps,
paraissant avoir telle forme, qui réfléchit des ondes
de lumière, lesquelles impressionnent notre vision en produisant
une certaine couleur. C' est le mental qui, par l' expérience
acquise antérieurement, décide qu' un certain carré
blanc est une maison, qu' un autre objet, rond et vert, est un arbre;
que ces objets sont de tel ou tel volume et à telle ou telle
distance de l' observateur.
Une personne aveugle de naissance et qui, à la suite d' une
opération, recouvre la vue, ne connaît pas d' abord ce
qu 'elle voit, et ne peut non plus juger de la distance des objets.
C' est la même chose chez un tout petit enfant; souvent, on
le voit étendre la main vers un objet attrayant — tel
que la lune — qui est bien au-delà de sa portée.
A mesure que l' enfant se développe, il apprend peu à
peu par des expériences répétées, à
juger instinctivement de la distance des objets qu' il aperçoit
et de leur forme. Mais il peut aussi arriver à des adultes
de ne pouvoir juger de la distance des objets qu 'ils sont peu accoutumés
à voir, ni d' en connaître le volume, surtout si ces
objets sont vus sous un faible éclairage.
Nous voyons donc que, la vue n' est pas suffisante pour assurer une
perception [Page 24] exacte,
et qu' il nous faut le discernement de l' Ego, agissant sur notre
mental, pour préciser ce que nous voyons; de plus, nous voyons
que ce discernement n' est pas un instinct naturel au mental et qu'
il n' est point parfait dès le commencement : il est au contraire
le résultat d' une comparaison inconsciente, faite au cours
de plusieurs expériences. Il faudra bien se rappeler tout ce
que nous venons de dire sur ce point lorsque nous toucherons à
l' autre division de notre sujet. [Page
25]
CHAPITRE
IV
Condition de ces divers éléments pendant le sommeil
Les
observations des clairvoyants témoignent que lorsque l' homme
dort d' un profond sommeil, les principes supérieurs se retirent
du corps et restent à proximité de lui dans leur véhicule
astral. C' est en somme le processus de cette retraite que l' on appelle
communément s' endormir.
En étudiant les phénomènes des rêves, il
faut nous rappeler cette disposition et voir comment elle influence
l' Ego et ses différents mécanismes.
Dans le cas que nous nous proposons d' examiner, il est admis que
notre sujet est plongé dans un sommeil profond, et que le corps
physique, avec son inséparable compagnon — le double
éthérique — reposent tranquillement dans le lit;
l' Ego, dans son corps astral, flotte tranquillement aussi au-dessus
des deux autres corps. Quels seront, dans ces circonstances, le mode
d' être et la conscience de ces différents principes?
[Page 26]
A
mesure que se produit l' évolution de l' homme vers la spiritualité,
la condition du corps astral pendant le sommeil change grandement,
et celle de l' Ego qui l' habite change plus encore.
Lorsque le corps astral n' est qu' une
sorte de cercle brumeux, l' Ego est - pratiquement - presque aussi
endormi que le corps étendu au-dessous de lui : il est aveugle
aux visions et sourd aux voix du plan le plus élevé,
qui, pourtant, est le sien; et même si quelque vague idée
appartenant à ce plan l' atteignait par hasard, comme il n'a
aucun contrôle, aucun pouvoir sur son mécanisme personnel,
il serait totalement incapable d' imprimer cette idée sur son
cerveau physique, de manière à ce qu' il en ait le souvenir
au réveil. [Page 37]
Si dans cette condition primitive, un homme se rappelle quelque chose
de ce qu' il lui est advenu pendant le sommeil, ce sera presque inévitablement
par suite d' impressions internes ou externes purement physiques,
faites sur son cerveau; mais toute l' expérience acquise durant
ce temps par son réel Ego sera oubliée.
Pour se rendre compte de ce fait, il
suffit d' observer des dormeurs de tous degrés, depuis la condition
de total oubli, jusqu 'à l' entière et parfaite conscience
du plan astral — bien que cette dernière condition soit
relativement assez rare.
Un homme même suffisamment éveillé (au sens spiritualiste
du mot) et pour qui d' importantes expériences sur ce plan
élevé de la vie seraient choses relativement fréquentes
peut-être, et est en réalité souvent incapable
de dominer son cerveau éthérique, d' arrêter le
courant d' incohérentes pensées qui forment sur lui
des images en le traversant, et y imprimer, à leur lieu et
place, ce dont il désire se rappeler. Aussi, lorsque son corps
physique s' éveille, il peut n' avoir qu' un souvenir très
confus, ou même aucun souvenir de ce qui lui est arrivé
réellement; et c' est grand dommage, car il est possible qu'
il ait été mis en [Page
38] contact avec des choses du plus grand intérêt
et de la plus haute importance.
Non seulement il peut visiter de lointains
paysages aux surprenantes beautés, mais encore il peut rencontrer
ceux de ses amis, vivants ou morts, qui se trouvent éveillés
aussi sur le plan astral, et échanger des idées avec
eux. Il peut être assez heureux pour se trouver avec des êtres
plus avancés que lui et bien supérieurs en connaissance,
et être prévenu, mis en garde ou instruit par eux. Il
peut, d' autre part, avoir le bonheur d' aider et de fortifier de
plus ignorants que lui. Il peut rencontrer des entités non
humaines de toutes sortes — esprits de la Nature, élémentals
artificiels, ou même, quoique rarement, des Dévas. Il
sera soumis à toutes sortes d' influences, bonnes ou mauvaises,
réconfortantes ou terrifiantes.
La façon transcendantale dont il
mesure le temps
Qu' il se souvienne ou non au réveil
de tout ce qu' il a vu, l' Ego, lorsqu' il est partiellement ou complètement
conscient sur le plan astral, commence à entrer en possession
de l' héritage de pouvoirs beaucoup plus importants que ceux
qu' il possède [Page 39]
ici- bas, car sa conscience libérée de son corps physique
a de très remarquables aptitudes et de nouveaux talents. Sa
division du temps et de l' espace est si entièrement différente
de celle dont nous usons à l' état de veille qu' il
semblerait, d' après notre point de vue, que le temps et l'
espace n' existent pas pour lui.
Je ne désire point discuter ici
la question, si intéressante qu 'elle soit, de savoir si l'
on peut dire que le temps existe réellement, ou s' il n' est
qu 'une limitation de conscience inférieure de l' Ego, et,
si ce que nous appelons le temps — passé, présent
ou futur — n' est pas seulement un « éternel présent
». Je veux seulement démontrer que lorsque l' Ego est
délivré de ses entraves matérielles par le sommeil,
l' état de trance ou la mort, il semble employer une sorte
de mesure transcendantale du temps qui n'a rien de commun avec d'
idée ordinaire et physiologique que nous nous en faisons. On
pourrait, pour prouver ce fait, citer une centaine d' exemples; nous
n' en donnerons que deux : le premier, fort ancien, raconté
je crois par Addison dans The Spectator; l' autre, le récit
d' un événement assez récent et qui n'a pas encore
été publié [Page
40]
Exemples
servant d' illustration
Le Koran contient de son côté une étonnante narration;
celle d' une certaine visite faite au ciel par le prophète
Mahomet. Durant cette visite il constata l' existence de différentes
régions dont la nature lui fut expliquée en détail;
et il eut de longues conférences avec différentes individualités
angéliques. Cependant, lorsqu' il revint à son corps,
le lit d' où il s' était levé était encore
chaud, et depuis qu' il l' avait quitté. quelques secondes
seulement s' étaient écoulées. Je crois même
que l' eau dont il avait rempli une cruche — celle-ci ayant
été accidentellement retournée par lui avant
de partir pour son expédition — ne s' était pas
encore complètement vidée.
Addison rapporte qu' un certain sultan
d'Egypte, ne pouvant croire à l' histoire qui précède,
alla jusqu 'à déclarer à son maître spirituel
qu' il la considérait comme un conte. Ce maître, un docteur
de la loi, doué, disait-on, de miraculeux pouvoirs, entreprit
de prouver à l' instant au monarque incrédule que le
fait n' était au moins pas impossible. Il fit apporter un grand
bassin rempli d' eau et pria le sultan d' y plonger vivement la tête
et de l' en retirer aussitôt. Le sultan obéit, plongea
la tête dans le vase [Page
41] et, à sa grande surprise,
se trouva aussitôt dans un endroit totalement inconnu pour lui,
sur un rivage solitaire, au pied d' une haute montagne.
La première surprise passée, l' idée qui lui
vint en tête, idée bien naturelle pour un monarque oriental,
fût qu' il était ensorcelé; et, de suite, il se
mit à maudire le docteur pour une si abominable trahison. Cependant,
le temps passait, le sultan commençait à avoir faim
et se disait qu' il fallait, avant toute chose, trouver le moyen de
gagner sa vie dans cette contrée étrangère.
Après avoir erré un certain
temps ça et là, il trouva des hommes qui abattaient
des arbres et leur demanda de l' assister. Ils le prirent comme aide
et l' emmenèrent avec eux dans la ville qu 'ils habitaient.
Là, il résida et travailla durant quelques années,
et. par de graduelles économies, il arriva enfin à épouser
une femme riche. Il vécut avec elle d' heureuse et nombreuses
années, élevant une famille de quatorze enfants; mais
après la mort de sa femme, il subit tant de revers qu' il tomba
de nouveau dans le besoin et devint, dans sa vieillesse, un simple
porteur de bois. Un jour qu' il marchait près du bord de la
mer, il se dévêtit et entra dans l' eau pour prendre
un bain. [Page
42] Comme après avoir plongé
il essuyait l' eau qui ruisselait sur ses yeux, il fut confondu de
se trouver debout devant ses anciens courtisans, son ancien maître
à ses côtés et, devant lui, un bassin plein d'
eau. Il passa longtemps avant de croire que toutes ces années
d' aventures bourrées d' incidents n' étaient autres
qu' un moment de rêve causé par la suggestion hypnotique
de son maître, qu' elles s' étaient passées pendant
le court moment nécessaire à tremper sa tête dans
l' eau et à l' en retirer.
C' est là une bonne anecdote,
qui vient à l' appui de notre dire; mais, bien entendu, nous
n' avons aucune preuve qu 'elle soit vraie, tandis qu' il en est tout
autrement d' un événement arrivé il y a peu de
temps à un savant bien connu.Il avait deux dents à faire
arracher, et on lui administra dans ce but l' anesthésique
habituel. Comme il s' intéressait fortement à des problèmes
du genre de celui qui nous occupe, il avait résolu de noter
soigneusement toutes ses sensations durant l' opération; mais,
à mesure qu' il aspirait le gaz, un bien-être vague,
un assoupissement béat coulait en lui, de telle sorte qu' il
oublia vite son intention et ne tarda pas à s' endormir.
II crut se lever le matin suivant et [Page
43] continuer le cours de ses
occupations scientifiques habituelles, donnant des conférences
devant les sociétés savantes, etc., etc.; le tout avec
un sens singulier de contentement et d' accroissement de puissance;
chaque conférence était une oeuvre remarquable, chaque
expérience l' amenait à de nouvelles et magnifiques
découvertes.
Cela continua des jours, des semaines, un long temps, jusqu 'à
ce qu' un jour, pendant qu' il faisait une conférence devant
la Société Royale, il fut contrarié par la conduite
inconvenante de l' un de ses auditeurs qui l' interrompait en disant
: « C' est fini, maintenant. » Comme il se retournait
pour voir ce que cela signifiait, une autre voix s' écria :
« Les voici toutes deux arrachées. » II s' aperçut
alors qu' il était encore assis dans le fauteuil du dentiste,
et qu' il avait vécu cette période de vie intense dans
l' espace de quarante secondes.
Aucun de ces cas, dira-t-on, n' était
exactement un rêve normal, mais chose semblable arrive constamment
dans les rêves ordinaires, et cela peut se démontrer
par de nombreux témoignages.
Steffens un des écrivains allemands qui ont traité de
ce sujet, raconte qu' étant encore enfant, il dormait avec
son frère, [Page
44] lorsqu' il rêva qu'
il était dans une rue solitaire poursuivi par une horrible
bête sauvage. Il s' enfuit terrifié, mais incapable de
pousser un cri, jusqu 'à ce qu' il arrivât à un
escalier tournant en haut duquel il monta. Affaibli par la terreur
et la rapidité de sa course, l' animal l' atteignit bientôt
et lui fit au mollet une profonde morsure. Réveillé
en sursaut à ce moment, il s' aperçut que son frère
venait de le pincer précisément au même endroit.
Richers, un autre auteur allemand, parle d' un homme éveillé
par un coup de feu tiré non loin de lui pendant son sommeil;
c' était à la fin d' un long rêve dans lequel
il était devenu soldat, avait déserté, souffert
de grandes misères, avait été capturé,
jugé, condamné, et finalement fusillé. Ce long
drame avait été tout entier vécu par lui durant
l' unique et court moment où le son du coup de feu l' éveilla
brusquement.
Nous avons aussi l' exemple de l' homme
qui s' endort dans son fauteuil en fumant un cigare, et qui, après
avoir rêvé toute une vie accidentée et longue
de nombreuses années, s' éveille le cigare encore allumé.
On pourrait multiplier à l' infini toutes ces preuves authentiques.[Page
45]
Son pouvoir
de dramatisation
Une autre particularité remarquable de l' Ego, qu' on peut
ajouter à celle qui concerne sa mesure transcendantale du temps,
est suggérée par quelques-unes de ces anecdotes; la
faculté — nous devrions plutôt dire son habitude
— de dramatiser instantanément les événements.
On peut remarquer que dans les cas du coup de feu et du pincement
à la jambe que nous venons de citer, l' effet physique qui
éveillait la personne, arrivait comme le point culminant d'
un rêve apparemment étendu à une longue suite
d' années, quoique suggéré en réalité
par l' effet physique lui-même.
Or, l' annonce, la nouvelle, pour ainsi
dire, de cet effet physique — son attouchement — doit
être transmis au cerveau par l' ébranlement sensitif
correspondant le long des filets nerveux; cela demande une petite
fraction de seconde, pas davantage, mais c' est pourtant une durée
définie, calculable et mesurable par les instruments délicats
employés dans les recherches modernes pour l' enregistrement
des transmissions des sensations périphériques au cerveau.
L' Ego, une fois en dehors du corps, est [Page
46] capable, sans l' usage de
ses nerfs, de percevoir avec une instantanéité absolue;
il est averti d' un événement quelconque au moment même
où il se produit, c' est-à-dire juste pendant cette
infime fraction de seconde que l' information demande pour atteindre
son cerveau physique.
Durant cet espace de temps infinitésimal et à peine
appréciable, il semble composer une sorte de drame, des séries
des scènes conduisant à l' événement qui
éveille son corps matériel, et faire de cet événement
le point culminant, l' apogée de ce drame; et, lorsque le dormeur
se réveille, limité par les organes de son corps, il
devient incapable de distinguer dans sa mémoire humaine le
subjectif de l' objectif, et dès lors il s' imagine qu' il
a réellement agi comme l' acteur dans le drame de son état
de rêve.
Cette habitude est, d' ailleurs, particulière
aux Egos peu développés. A mesure que l' évolution
progresse et que l' homme véritable arrive peu à peu
à comprendre sa position et ses responsabilités, il
s' élève au delà des jeux naïfs de son enfance.
Il semblerait que, de même que l' homme primitif change en un
mythe chaque phénomène physique, de même, l' Ego
peu avancé [Page 47]
dramatise chaque événement
qui attire son attention; mais l' homme qui atteint un état
de conscience continu se trouve si complètement absorbé
par le travail sur des plans élevés, qu' il ne consacre
plus d' énergie à de pareils enfantillages, et, par
conséquent, ne rêve plus.
Sa
faculté de prévoir
Un autre résultat dérivant de la méthode sura-normale
de mesure du temps adopté par l' Ego, c' est que le présent,
le passé et, dans une certaine mesure, l' avenir, sont livres
ouverts pour lui, s' il sait comment les lire. Il peut voir ainsi
à l' avance les événements futurs qui ont un
intérêt ou une importance pour sa personnalité
inférieure, et faire des tentatives plus un moins couronnées
de succès pour impressionner cette dernière.
Nous ne nous étonnerons pas qu' il arrive si rarement à
son but lorsque nous nous serons rendus compte des difficultés
inouïes qu' il rencontre, dans le cas d' une personne ordinaire,
et lorsque nous saurons qu' il n' est souvent lui-même qu 'à
demi-éveillé, qu' il n'a presque aucun contrôle
sur les véhicules variés dont il doit se servir, et
ne peut, par conséquent, empêcher son
[Page 48] message
d' être déformé ou englouti par les remous violents
des désirs, par les courants accidentels de son cerveau éthérique,
ou par une indisposition affectant son corps physique.
Quelquefois la prévision complète et parfaite d' un
événement déterminé est fortement imprimée
sur le cerveau du dormeur, mais d' ordinaire la peinture en est déformée
et méconnaissable; d' autrefois la seule réminiscence
qui en persiste est un vague pressentiment de quelque malheur suspendu
au-dessus de nous; le plus souvent, rien ne pénètre
notre substance matérielle. On a souvent conclu que lorsque
cette sorte de prévision se réalise, c' est le fait
d' une coïncidence, parce que si les événements
pouvaient être vus d' avance, ils seraient fixés d' avance,
et il ne pourrait y avoir pour l' homme de libre arbitre.
L' homme, cependant, possède indubitablement
le libre arbitre, et comme je le remarquais ci-dessus, la prévision
de l' avenir n' est possible que dans une certaine mesure.
Quand il s' agit de la vie d' un homme peu évolué, cette
prévision est possible dans une large proportion, puisque cet
homme n'a pour ainsi dire développé en lui aucune volonté
effective et qu' il est, dès lors, le [Page
49] plus souvent, la créature
des circonstances. Son Karma, en effet, lui donne un certain entourage,
la place dans une certaine association de personnes et d' événements,
et l' action du milieu sur lui est un facteur si important dans son
histoire, que son avenir peut être prédit avec une certitude
presque mathématique.
Lorsque nous considérons le grand nombre d' événements
qui ne peuvent guère être influencés par l' action
humaine, et la complexe et croissante relation des causes et des effets,
il ne semble pas étonnant que sur le plan où le résultat
de toutes les causes est visible, une très large portion du
futur puisse être prédite avec une grande exactitude,
même dans les détails.
Il a été prouvé
mille et mille fois que cela pouvait se faire non seulement par des
rêves prophétiques, mais par la seconde vue des Highlanders
écossais et les productions des clairvoyants; et c' est sur
cette prévision des effets produits par des causes déjà
existantes, que repose toute la théorie de l' astrologie.
Mais quand il s' agit d' une individualité développée,
d' un homme de « connaissance « et de volonté,
alors, la prophétie fait défaut, car cet homme n' est
plus la [Page 50] créature
des circonstances; il est, dans une .grande mesure du moins, leur
maître. Il est vrai que les principaux événements
de sa vie sont arrangés par avance et dictés par son
ancien Karma; mais la façon dont il leur permettra de l' affecter,
la méthode par laquelle il en triomphera, tout cela est sien,
c' est sa création propre et ne peut être prévu,
sauf comme probabilités. Telles actions de cet homme deviendront,
à leur tour, des causes; et ainsi, des séries d' effets
se produiront dans sa vie qui n' étaient point décidés
dans l' arrangement primordial, et n' auraient, par conséquent,
pu être prédits avec exactitude.
Une simple expérience de mécanique nous servira de comparaison.
Une force donnée est employée à faire rouler
une balle. Nous ne pouvons en aucune façon détruire
ou diminuer cette force, une fois la balle lancée; mais nous
pouvons en contrarier ou en moduler l' action par l' application d'
une nouvelle force dans une direction différente. Une force
égale appliquée à la balle dans une direction
opposée, l' arrêtera entièrement; une force moindre,
appliquée de même, réduira sa vitesse; une force
quelconque, employée dans n' importe quel sens, altérera
sa vitesse et sa direction. [Page
51]
Il
en est de même dans le travail de la destinée. Il est
évident qu 'à un moment donné, un groupe de causes
est en action, et que, si on ne les contrarie pas, elles produiront
inévitablement certains résultats qui, sur les plans
plus élevés, pourront déjà sembler présents,
et par conséquent, être exactement décrits. Mais
il est vrai aussi qu' un homme de volonté trempée, en
faisant jaillir de nouvelles forces, modifiera grandement ces résultats;
et ces modifications ne pourront être vues par aucune prévision
ordinaire jusqu 'à ce que les nouvelles forces aient été
mises en mouvement.
Exemple
de son emploi
Deux incidents venus récemment
à la connaissance de l' auteur serviront parfaitement à
démontrer et la possibilité de la prévision et
sa modification par une ferme volonté. Un monsieur qui se sert
souvent de sa main pour le procédé spirite d' écriture
automatique, reçut un jour, de cette façon, une communication
qui prétendait venir d' une personne connue. Cette personne
l' informait de son indignation et de la contrariété
qu 'elle avait éprouvé en se trouvant devant une salle
vide le jour qu 'elle avait [Page
52] fixé
d' avance pour une conférence! Elle ajoutait qu 'elle avait
dû renoncer à prendre la parole comme elle en avait eu
l' intention.
A quelques jours de là, ce monsieur rencontra la personne en
question et lui fit des condoléances sur son désappointement.
A sa grande surprise la personne en question lui répondit qu
'elle n' avait pas encore fait cette conférence qui aurait
seulement lieu la semaine suivante, et qu 'elle espérait que
la « communication » ne serait pas une prophétie.
Si improbable que puisse sembler un pareil événement,
la dite « communication » se trouva être une prophétie,
car, à l' heure indiquée, personne n' était présent
dans la salle. La conférence n' eut pas lieu, et le conférencier
fut considérablement ennuyé et attristé, exactement
comme l' écriture automatique l' avait annoncé. On ne
voit pas quelle espèce d' entité a pu inspirer cet écrit,
mais il est évident qu 'elle habitait un plan où la
prévision est possible; il se peut qu 'elle fût ce qu
'elle prétendait être. L' Ego du conférencier
avait voulu diminuer le désappointement de sa personnalité
en l' y préparant à l' avance.
Si cela était vrai, dira-t-on,
pourquoi ne pas s' adresser directement à elle? Il peut ne
pas en avoir le pouvoir et, d' autre part, la [Page
53] sensitivité de son ami n'
était sans doute pas un canal approprié pour recevoir
son avertissement. Tout entortillée que cette méthode
puisse paraître, ceux qui étudient ces sujets savent
bien qu' il y a de nombreux exemples dans lesquels il est bien évident
que les moyens de communications, tels que ceux employés ici,
sont seuls possibles.
Le même individu reçut de
la même manière, dans une autre occasion, une lettre
d' une amie lui contant une longue et triste aventure survenue récemment.
Elle expliquait qu 'elle était dans un grand embarras, et que
toutes ces difficultés provenaient en principe d' une conversation
— qu 'elle donnait en détail — avec une personne
qui lui avait persuadé, contre son gré, d' adopter un
mode particulier d' action.
Elle continuait à décrire, comment, environ un an plus
tard, une suite d' événements directement imputables
à l' adoption par elle de ce mode d' agir, s' était
déroulé, se terminant par un horrible crime qui avait
toujours assombri son existence.
Comme dans le cas précédent, dès que l' individu
rencontra l' amie de qui la lettre prétendait venir, il lui
conta le fait. La dame ne savait absolument rien de cette histoire,
et quoique fortement impressionnée par ses [Page
54] détails, l' on fût d'
accord pour conclure qu' il n'y avait provisoirement pas lieu d'y
attacher aucune importance.
Quelques temps après, à l' immense surprise de cette
personne, la conversation prédite dans la lettre eut réellement
lieu; on la priait instamment de prendre une décision qui conduisait
aux fins désastreuses annoncées dans la lettre précitée.
Elle aurait certainement cédé, se défiant de
son propre jugement, si elle ne s' était rappelé la
prophétie du rêve. Avec ce souvenir dans son esprit,
elle résista énergiquement, bien qu 'elle vit que son
attitude causât peine et surprise à l' ami avec lequel
elle parlait. Les actions successives que marquaient la lettre n'
eurent donc pas lieu; le temps de la catastrophe prédite arriva
et passa naturellement sans incidents anormaux.
On dira peut-être qu' il en eut
été ainsi dans tous les cas; c' est possible. Pourtant,
en remarquant combien la première partie de cette prédiction,
et la prédiction entière de l' exemple précédent
s' étaient réalisés, on ne peut s' empêcher
de reconnaître que la mise en garde donnée par la lettre
a probablement évité la perpétration d' un crime.
S' il en est ainsi, voilà un excellent exemple pour montrer
la façon dont l' avenir peut
[Page 55] être modifié par
l' action d' une volonté ferme et éclairée.
Sa pensée symbolique
Un autre point digne de remarque, à propos de la condition
de l' Ego en dehors du corps, durant le sommeil, c' est qu' il semble
penser en symbole, c' est-à-dire qu 'une idée qui, ici-bas,
demanderait de nombreux mots pour s' exprimer, lui arrive sous la
forme d' une seule image symbolique.
Donc, lorsqu 'une pensée de ce
genre s' imprime sur le cerveau et est ainsi transmise au souvenir
de la conscience de l' état de veille, elle nécessite
évidemment une traduction. Souvent le cerveau remplit convenablement
cette fonction, mais souvent aussi, on se rappelle le symbole sans
en rapporter la clef; il arrive à la mémoire sans être
traduit et se perd dans une confusion fâcheuse.
Bon nombre de personnes, cependant, ont l' habitude de se souvenir
des symboles sans en avoir gardé la traduction; elles leur
cherchent alors un sens. En pareil cas, chacun semble avoir un système
symbolique propre.
Mrs Crowe, dans son livre Night Side of Nature (p. 54), raconte qu'
« une dame [Page 56] rêvait
toujours qu 'elle voyait un gros poisson lorsqu' un événement
fâcheux devait lui arriver. Or, un jour, elle rêva que
ce gros poisson avait mordu deux doigts de son petit garçon.
Très peu de temps après, un camarade d' école
de l' enfant blessa ces deux mêmes doigts en le frappant avec
une hachette. J' ai aussi, ajouta-t-elle, entendu dire par plusieurs
personnes qu' elles avaient appris par expérience à
considérer certains rêves particuliers comme étant
les pronostics de malheurs à venir. » II y a, toutefois,
quelques points sur lesquels la plupart des rêveurs sont d'
accord, comme par exemple, rêver de l' eau signifierait l' approche
d' un danger, et rêver de perles serait un signe de larmes.
5. Les facteurs intervenant dans la production
des rêves
Cet examen de la condition de l' homme
pendant le sommeil nous induit à voir que les facteurs intéressés
dans la production des rêves sont :
1° L' Ego, qui peut être dans n' importe quel état
de conscience, depuis la plus entière impossibilité
de commander à ses facultés jusqu 'à la possession
complète de [Page 57]
certains pouvoirs bien supérieurs
à ceux que nous pouvons avoir à l' état de veille;
2° Le corps astral qui vibre toujours sous l' influence des émotions
et des désirs;
3° Le cerveau éthérique, avec l' incessante procession
de tableaux incohérents qui le traversent;
4° Le cerveau physique, avec sa demi-conscience enfantine, et
son habitude d' exprimer tout ce qui se présente à lui
sous une forme imagée.
Quand nous nous endormons, l' Ego se
retire de plus en plus profondément en lui-même et laisse
ainsi ses différentes enveloppes plus libres d' agir, suivant
leur propre impulsion, qu' elles ne le sont généralement.
Si nous ajoutons que chacun de ces facteurs est alors infiniment plus
susceptible de recevoir des impressions du dehors qu' il ne l' est
ordinairement, nous ne nous étonnerons pas que les réminiscences
qui forment une synthèse de toutes les différentes activités
qui se sont produites pendant le sommeil soient généralement
quelque peu confuses. Tous ces principes étant posés,
nous allons maintenant examiner comment on doit considérer
les différentes sortes de rêves [Page
58'
CHAPITRE
V
LES RÊVES
Celle-ci
ne peut être, à proprement parler, considérée
comme un rêve, mais plutôt comme un cas où l'
Ego voit par lui-même quelque fait se produisant sur un des
plans supérieurs de la nature, ou bien celui où une
entité plus avancée lui fait connaître un événement
qu' il lui importe de savoir, ou lui montre une glorieuse et noble
vision qui l' encourage et le fortifie. Heureux l' homme a qui une
telle vision arrive avec une clarté suffisante pour pénétrer
tous les obstacles et se fixer fermement dans la mémoire.
2. Le Rêve prophétique
Nous devons aussi attribuer
exclusivement celui-ci à l' action de l' Ego, soit que celui-ci
puisse prévoir par lui-même, ou qu' on l' instruire
d' un événement futur pour lequel il désire
préparer son soi inférieur. Ce rêve peut se
présenter à tous les degrés
[Page 59] de
clarté et d' exactitude, suivant le pouvoir que possède
l' Ego pour s' assimiler les faits et les imprimer ensuite sur le
cerveau à l' état de veille.
L' événement annoncé est quelquefois très
grave comme une mort ou un désastre, et dans ce cas le motif
de l' Ego, en cherchant à l' imprimer dans le cerveau du
dormeur est de toute évidence. Dans d' autres occasions,
cependant, le fait prédit n'a, en apparence, aucune importance,
et il est difficile de comprendre pourquoi l' Ego s' en préoccupe.
Il est toujours possible naturellement que, dans un cas semblable,
le fait revenu à la mémoire ne soit qu' un minime
détail d' une vision plus grande dont le reste n' est pas
parvenu au cerveau physique.
La prophétie est souvent
faite dans le but de donner un avertissement, et les exemples sont
nombreux où celui-ci a été pris en considération,
préservant ainsi le dormeur de la mort ou d' un danger. Dans
bien des cas, cependant, ces avertissements n' ont pas été
écoutés ou bien leur signification n'a été
comprise qu' après que l' événement s' est
réalisé. Dans d' autres cas encore, des tentatives
ont été faites pour agir par la suggestion, mais,
néanmoins, des circonstances sur lesquelles le rêveur
n'a aucun contrôle l' ont
[Page 60] amené
malgré lui dans la situation prédite.
Les anecdotes sur les rêves prophétiques, sont si communes
que le lecteur pourra facilement en trouver un certain nombre dans
presque tous les livres qui traitent ce sujet: Je vais seulement
citer l' exemple récemment raconté par M. W. T. Stead
dans ses» Real Ghost Stories (p. 77).
Le héros de l' histoire
était forgeron dans un moulin mû par une roue hydraulique.
Il savait que la roue devait subir une réparation, et une
nuit il rêva que le directeur de l' établissement l'
avait retenu à la fin de la journée pour faire cette
réparation, que sons pied avait glissé et s' était
pris entre les deux roues, qu' il fut blessé et ensuite amputé.
Le lendemain matin il raconta ce rêve à sa femme et
se promit bien de partir le soir de ce même jour si on lui
donnait l' ordre de réparer la roue.
Dans le cours de la journée, le directeur ayant annoncé
que la roue devait être réparée le soir même
après le départ des ouvriers, le forgeron résolut
de quitter son travail avant l' heure fixée. Il se sauva
donc et se réfugia dans un bois du voisinage où i
se cacha. Arrivé dans un endroit où étaient
déposées des pièces de bois appartenant au
moulin, il aperçut un gamin en train de [Page
61]voler quelques pièces de
ce bois. Celui-ci, à sa vue s' étant sauvé,
il se mit à le poursuivre dans le but de lui reprendre le
bien volé et s' excita tellement dans sa poursuite qu' il
en oublia sa résolution, et avant d' avoir eu le temps d'y
songer, il se retrouva au moulin juste au moment où les ouvriers
en sortaient.
Il ne put échapper d' être vu, et comme il était
le principal forgeron, il dut se rendre au travail pour réparer
la roue, se promettant bien de faire plus d' attention que d' habitude.
Malgré cela, cependant, son pied glissa, se prit entre les
deux roues, comme il l' avait vu dans son rêve, et il fut
blessé si grièvement qu' on dut le transporter à
l' infirmerie de Bradford où sa jambe fut amputée
au-dessus du genou; ainsi le rêve prophétique s' était
réalisé dans toute son étendue.
3. Le Rêve symbolique
Celui-ci aussi est l' oeuvre
personnelle de l' Ego et pourrait être défini comme
une variante du rêve prophétique, car ce rêve
n' est, en somme, qu' un essai de traduction imparfaite entrepris
par l' Ego pour transmettre au cerveau physique une information
concernant l' avenir. [Page
62]
Un bon exemple de cette sorte
de rêve a été décrit par Sir Noël
Paton dans une lettre qu' il écrivait à Mrs Crowe
et que celle-ci fit publier dans The Night Side of Nature (p. 54).
Voici ce que le grand artiste écrit :
« Ce rêve de ma
mère fut le suivant : elle se tenait dans une longue galerie
sombre et non meublée; d' un côté était
mon père et de l' autre ma soeur aînée, puis
moi-même et le reste de la famille, tous alignés par
rang d' âge. Nous étions tous silencieux et immobiles.
Puis elle entra cette chose inimaginable qui, projetant d' avance
son ombre, avait enveloppé d' une atmosphère de terreur
toutes les futilités du rêve précédent.
Elle entra, descendant furtivement les trois marches qui conduisaient
à l' entrée de la chambre d' horreur, et ma mère
sentit que c' était la Mort qui passait. Le fantôme
portait sur ses épaules une lourde hache et était
venu, pensait ma mère, pour détruire tous ses petits
d' un seul coup. A son entrée, ma soeur Alexes sortit du
rang, voulant s' interposer entre lui et ma mère. Il leva
sa hache et en porta un coup sur ma soeur Catherine, coup que ma
mère ne put, à sa grande horreur, intercepter, bien
qu 'elle se fut saisie, dans cette intention, d' un tabouret à
trois pieds. Elle sentait qu' il lui était impossible de
[Page 63] jeter
le tabouret sur le fantôme sans tuer Alexes qui se tenait
toujours en dehors du rang entre elle et le fantôme.
« La hache s' abattit et Catherine tomba.
« ...De nouveau la hache fut levée par l' inexorable
fantôme sur la tête de mon frère qui venait ensuite
sur la rangée, mais alors Alexes ayant disparu quelque part
derrière le fantôme, ma mère, en poussant un
grand cri, jeta le tabouret à la tête du fantôme.
Celui-ci disparut et ma mère s' éveilla.
« Trois mois après,
nous tous, les enfants, fûmes atteints de la fièvre
scarlatine. Ma soeur Catherine mourut presque aussitôt, sacrifiée,
ainsi que ma mère le pensait dans son désespoir, à
la trop grande inquiétude qu 'elle (ma mère) avait
montrée pour Alexes dont la maladie semblait présenter
un danger plus imminent. Le rêve était en partie réalisé.
« J' étais, moi aussi, en grand danger de mourir, abandonné
par les médecins, mais non par ma mère qui, elle,
avait la certitude de me guérir. Mais pour mon frère,
qui était considéré comme n' étant pas
en danger, mais sur la tête duquel elle avait vu la hache
du fantôme suspendue, elle avait les plus grandes appréhensions,
car elle ne [Page
64] pouvait se rappeler si la
hache s' était ou non abattue sur sa tête lorsque le
fantôme s' était évanoui. Mon frère se
rétablit, mais peu après fit une rechute et on eut
bien, du mal à lui sauver la vie. Il n' en fut pas de même
pour Alexes. Après avoir langui pendant vingt-deux mois,
la pauvre enfant s' éteignit.... tenant sa main dans la mienne.....
Ainsi se réalisait le rêve de ma mère. »
II est très curieux de remarquer, dans ce cas, l' exactitude
avec laquelle se déroulent tous les détails du symbolisme,
jusqu'au sacrifice supposé de Catherine pour l' amour de
sa soeur Alexes, et aussi les circonstances différentes qui
ont présidé à leur mort.
4.
Le Rêve net et cohérent
Ce rêve est quelquefois un souvenir plus ou moins exact d'
une expérience astrale réelle de l' Ego pendant qu'
il erre en dehors de son corps physique endormi. Il est le plus
souvent une dramatisation faite par l' Ego, soit d' une impression
produite par un simple effet physique, un son ou un contact, soit
d' une idée quelconque qui l' ait frappé en passant.
Des exemples sur ces deux derniers points ont été
déjà donnés; mais nous pouvons encore citer
une anecdote publiée par [Page
65] M. Andrew Lang dans ses Dreams
and Ghosts (p. 35) et provenant du célèbre médecin
français, le Dr Brierre de Boismont, qui dit la tenir de
personnes avec lesquelles il avait des relations intimes.
« Miss C., jeune femme d' un grand bon sens, vivait, avant
son mariage, avec son oncle, le Dr D., médecin bien connu
et membre de l' Institut. A cette époque, sa mère,
sérieusement malade, était restée à
la campagne.
« Une nuit, la jeune fille rêva qu 'elle voyait sa mère,
le visage pâle et décomposé, comme si elle allait
mourir, et déplorant tout spécialement l' absence
de ses deux enfants, l' un, son fils, curé en Espagne, et
l' autre, qui était elle-même à Paris.
« Puis, elle entendait
appeler son nom de baptême « Charlotte »; et,
dans son rêve, elle voyait les gens qui entouraient sa mère
apporter de la chambre voisine sa petite nièce et filleule
qui, elle aussi, s' appelait Charlotte. Mais la malade faisait comprendre
par un signe que ce n' était pas cette Charlotte qu 'elle
réclamait, mais celle qui était à Paris; puis,
manifestant le plus profond désappointement, son visage changeait
et elle retombait en poussant un dernier soupir.
[Page 66]
« Le lendemain de ce
rêve, la tristesse de Miss G... ayant attiré l' attention
de son oncle, celui-ci lui en demanda la cause; elle lui raconta
alors le rêve qu 'elle avait fait et tous-deux en conclurent
que la mère devait être morte cette même nuit.
Quelques mois après, le Dr. D... s' étant absenté,
la jeune fille en profita pour mettre de l' ordre dans les papiers
de son oncle, car il ne souffrait pas qu' on y touchât lorsqu'
il était chez lui? et quelle ne fut pas sa surprise en trouvant
une lettre qui racontait la mort de sa mère dont tous les
détails concordaient exactement avec ceux de son rêve,
et que le Dr D... avait tenue cachée afin de ne pas l' impressionner
douloureusement. »
II arrive que le rêve
clairvoyant ne soit, pas toujours en connection avec un événement
aussi triste que celui d' une mort, ainsi que le prouve l' exemple
suivant tiré des Glimpses in the Twilight (p. 108) du Dr
F.-G. Lee. « Une mère rêve qu 'elle voit son
fils sur un bateau de forme étrange; il se tient au pied
d' une échelle conduisant sur le pont. Il est pâle
et paraît épuisé de fatigue et lui dit tristement
: « Mère, je n' ai pas une seule place où dormir
». En temps voulu, arrive une lettre du fils, lettre contenant
une esquisse de l' étrange bateau avec
[Page 67]
l' échelle conduisant
sur le pont; le jeune homme y raconte aussi qu' un certain jour
(celui-là même où la mère avait eu son
rêve) une tempête avait jeté leur bateau à
la côte et défoncé la cale; et la lettre se
terminait par ces mots : « Je n' avais pas un endroit où
dormir ».
Il est évident, dans ces deux cas, que les dormeurs, attirés
par des pensées d' affection et d' anxiété,
s' étaient réellement, pendant leur sommeil, transportés
près de ceux qui les intéressaient si vivement, et
n' avaient fait que constater les circonstances des événements
au fur et à mesure qu' elles se produisaient.
5. Le Rêve fréquent
Celui-ci est de beaucoup le
plus fréquent de tous et peut avoir des causes diverses ainsi
que nous l' avons démontré. Ce rêve peut être
simplement un souvenir plus ou moins parfait d' une série
de tableaux incohérents et de transformations impossibles
produites par l' action automatique et irraisonnée du cerveau
physique; il peut être aussi une reproduction d' un courant
de pensées accidentelles ayant pénétré
dans le cerveau éthérique; si des images sensuelles
[Page 68] quelconques s'y
introduisent, elles sont dues au flot sans cesse agité des
désirs matériels, stimulés sans doute par quelque
influence malsaine du monde astral. Ce peut être aussi un
vain effort de dramatisation de la part d' un Ego peu développé;
ou bien encore (et cela le plus souvent) un mélange inextricable
de quelques-unes de ces influences ou de toutes à la fois.
La façon dont un tel mélange se produit sera probablement
rendue plus clair par un bref exposé de quelques expériences
faites sur l' état de rêve dans la London Lodge de
la Société Théosophique, par quelques clairvoyants
choisis dans son sein.
CHAPITRE
VI
EXPÉRIENCES SUR L' ÉTAT DE RÊVE
Le
but spécial que nous nous proposions dans l' investigation
que nous allons exposer ici en partie, était de savoir s'
il était possible d' impressionner suffisamment l' Ego d'
une personne durant le sommeil pour lui permettre d' en conserver
le souvenir à son réveil; et l' on désirait
aussi chercher s' il ne serait pas possible de connaître les
obstacles qui s' opposent au souvenir. La première expérience
fut faite sur un
[Page 69] homme ignorant, d' une
éducation toute rudimentaire et d' un extérieur vulgaire
— un homme du type des bergers australiens — dont la
forme astrale, vue flottant au-dessus de son corps, ne présentait
qu 'une masse de brouillard informe.
On découvrit
que la conscience du corps physique était lourde et obscure,
tant pour la partie grossière que pour la partie éthérique.
La première répondait, dans une certaine mesure, à
un stimulant extérieur; par exemple, le jet de quelques gouttes
d' eau sur le visage amena dans le cerveau physique, quoique assez
lentement, l' image d' une forte averse, alors que le cerveau éthérique
était, comme d' habitude, le canal passif d' un courant incessant
de pensées incohérentes aux vibrations desquelles
il ne répondait encore que bien rarement, ou quand par hasard
il le faisait, c' était avec indolence et sans aucune précision.
L' Ego qui flottait au-dessus du corps était peu développé
et dans un état de semi-inconscience; mais l' enveloppe astrale,
bien qu 'informe et mal délimitée, montrait une activité
considérable.
Il
fut constaté aussi que l' on peut parfois agir avec une extrême
facilité, sur l' astral flottant, par la pensée consciente
d' une autre
[Page
70]
personne.
Pour cette expérience, on essaya d' éloigner l' astral
à une petite distance du corps .physique, mais le résultat
ne fut pas satisfaisant, car dès que l' astral en était
à plus de quelques mètres, un très grand malaise
se manifestait dans les deux véhicules. Il fallut donc interrompre
l' expérience, car un .plus grand éloignement risquait
fort d' éveiller l' homme et de le mettre dans un état
de terrifiante angoisse.
L'
opérateur imagina une scène, une vue du caractère
le plus grandiose, prise du sommet d' une montagne des tropiques
et dont la vivante peinture mentale fut projetée dans la
conscience endormie de l' Ego; celui-ci l' assimila et l' examina,
mais avec indifférence et apathie. Après avoir présenté
pendant quelque temps maintenu cette scène à sa vue,
l' homme fut éveillé dans le but de savoir s' il se
souvenait du fait comme d' un rêve. Mais son mental était
absolument vide sur le sujet, et sauf quelques vagues émotions
des plus matérielles, sa mémoire ne rapportait aucun
souvenir de ce qu' il avait pu ressentir pendant le sommeil.
On supposa qu' un
courant continu déformes pensées, venant de l' extérieur
et traversant le cerveau éthérique, pouvait
[Page 71] constituer
un obstacle, en le distrayant assez pour l' empêcher d' être
réceptif aux influences des principes supérieurs;
aussi, l' homme ayant été endormi de nouveau, une
sorte de barrière magnétique fut formée autour
de son corps dans le but d' empêcher l' entrée de ce
flot et l' expérience fut encore une fois tentée.
Ainsi privé de son aliment habituel,
le cerveau éthérique se mit lentement et vaguement
à évoquer de lui-même des scènes de la
vie passée de son individualité; mais une fois l'
homme réveillé, le résultat fut absolument
le même : la mémoire n' avait conservé aucun
souvenir de la scène qui lui avait été présentée,
bien qu' il eût une vague idée d' avoir rêvé
de quelque événement de son passé. Le sujet
fut donc abandonné provisoirement comme ne pouvant donner
aucun résultat, car il était bien évident
que son Ego était trop peu développé et son
principe kâmique trop fort pour donner quelque probabilité
de réussite.
Un autre essai, fait plus tard sur ce même individu, ne donna
pas lieu à un insuccès aussi complet; la scène
qui lui fut suggérée dans ce cas représentait
un épisode de guerre très émouvant, choisi
comme devant peut-être éveiller plus facilement son
type
[Page 72] d'
esprit que ne l' avait fait le paysage. En effet, ce tableau fut
reçu par l' Ego non développé avec plus d'
intérêt que le premier; mais cependant, quand l' homme
s' éveilla, toute mémoire en avait disparu, et il
ne lui restait qu 'une idée indistincte de" s' être
battu, mais où et pourquoi, il l' avait totalement oublié.
Le second sujet qui fut choisi était un homme
d' un type plus élevé, un homme de bonnes moeurs,
d' éducation parfaite, intellectuel, aux idées larges
et philanthropiques et de nobles ambitions. Dans ce cas, le corps
matériel répondit instantanément à l'
épreuve de l' eau par un tableau d' orage formidable qui,
réagissant à son tour sur le cerveau éthérique,
provoqua, par une association d' idées toute une série
de scènes très vives. Quand le trouble eut cessé,
le courant de pensées habituel recommença à
circuler, mais on put observer qu 'une bien plus grande proportion
de ces pensées éveillait un écho dans le cerveau
éthérique, et aussi que les vibrations correspondantes
étaient beaucoup plus intenses, et que, dans chaque cas,
une association d' idées était mise en mouvement;
ce qui fermait quelquefois l' entrée au courant extérieur
pour un temps considérable.
[Page 73]
Le
véhicule astral de ce sujet était beaucoup plus défini
dans sa forme ovoïde, et le corps éthérique qui
le pénétrait était une reproduction exacte
de la forme physique; et pendant que le corps des désirs
était sûrement moins actif, l' Ego, lui, possédait
un état de conscience plus élevé. Dans ce cas,
le corps astral aurait pu être éloigné du corps
physique à une distance de plusieurs milles, sans produire,
ni à l' un, ni à l' autre des véhicules, aucun
sentiment d' inquiétude ou de malaise.
Quand le paysage tropical fut présenté à cet
Ego, il sut immédiatement l' apprécier comme il le
fallait, l' admirant et en supputant les beautés avec enthousiasme.
Après l' avoir laissé admirer pendant un certain temps,
l' homme fut réveillé, mais le résultat ne
fut guère encourageant. Il savait qu' il avait eu un très
beau rêve, mais était incapable d' en rappeler aucun
détail; les quelques fragments épars qui dominaient
dans son mental étant les restes des divagations de son propre
cerveau. Avec ce sujet, comme avec l' autre, l' expérience
fut répétée en formant une barrière
magnétique autour de son corps, et dans ce cas, comme dans
le premier, le cerveau éthérique commença à
évoquer des images tirées de lui-même. L' Ego
[Page
74] reçut
le tableau du paysage avec encore plus d' enthousiasme que la première
fois, le reconnaissant de suite comme une chose déjà
vue, et l' examinant de point en point avec une admiration extatique
de toutes les beautés qu' il présentait.
Tandis qu' il était ainsi occupé à cette contemplation,
le cerveau éthérique, lui, s' amusait à se
rappeler des scènes de sa vie d' écolier, dont la
plus prédominante se passait un jour d' hiver alors que la
neige couvrait la terre et qu 'avec un grand nombre de camarades
ils jouaient dans la cour de l' école, à se lancer
des boules de neige les uns sur les autres.
Quand l' homme se réveilla,
l' effet fut excessivement curieux. Il avait gardé le plus
vif souvenir d' avoir été sur le sommet d' une montagne,
admirant un magnifique point de vue dont les détails étaient
restés nets dans son esprit; mais, au lieu de la luxuriante
végétation des tropiques, il voyait le pays environnant
couvert d' un blanc manteau de neige ! Il lui paraissait même
que, pendant qu' il se délectait avec une profonde jouissance
dans la beauté du panorama qui se déroulait devant
lui, il s' était subitement trouvé, par une de ces
brusques transitions si fréquentes dans les rêves,
jouant à lancer
[Page
75] les
boules de neige dans la vieille cour du collège avec des
compagnons d' enfance depuis longtemps oubliés.
Toutes
ces expériences démontrent clairement comment le souvenir
de nos rêves devient si souvent incohérent et inconséquent.
Elles expliquent aussi pourquoi certaines personnes, chez qui l'
Ego est peu développé et dont les passions sont fortement
excitées, ne rêvent pas du tout, et pourquoi tant d'
autres, par exception et sous des circonstances favorables, ne sont
capables de rapporter au réveil qu 'une mémoire confuse
de leurs aventures nocturnes. Nous voyons aussi, d' après
ces expériences que si l' on désire recueillir dans
la conscience à l' état de veille le profit de ce
que l' Ego a pu apprendre pendant le sommeil, il est nécessaire
pour l' homme d' acquérir le contrôle de ses pensées,
de dompter les passions inférieures et d' harmoniser son
mental avec les choses plus élevées.
L' homme qui veut bien se donner la peine,
à l' état de veille, de concentrer et de suivre
[Page
76]
sa pensée, comprendra bien vite que l' avantage
qu' il en reçoit n' est pas limité à une seule
journée de sa vie. Qu' il apprenne à tenir en main
son mental, qu' il montre bien qu' il en est le maître aussi
bien que des passions grossières; qu' il travaille laborieusement
à acquérir un contrôle absolu sur ses pensées,
de façon à toujours savoir exactement ce à
quoi il pense, et pourquoi il pense, et il verra que son cerveau,
entraîné ainsi à ne répondre qu 'aux
sollicitations de l' Ego, restera inactif quand celui-ci ne l' emploiera
pas, et se refusera à recevoir les courants accidentels provenant
de l' océan de pensées qui l' entoure et s' abstiendra
d'y répondre. Il ne sera plus dès lors rebelle aux
influences des plans moins matériels, où la vue intérieure
est plus active et le jugement plus sûr qu 'ici-bas.
Il est un acte de magie élémentaire
qui peut être d' un grand secours à certaines personnes
pour les aider à éduquer le cerveau éthérique.
Les images qu' il évoque de lui-même, quand le courant
de pensées de l' extérieur ne lui arrive plus, sont
sûrement moins capables d' empêcher le souvenir des
expériences de l' Ego que le flot tumultueux de ce courant
de pensées; aussi l' exclusion de ce courant confus, qui
contient beaucoup
[Page
77]
plus de mauvais éléments que de bons,
est-il un facteur très important pour obtenir le but désiré.
Et cela peut être accompli sans difficulté sérieuse.
Qu 'une personne qui se dispose à dormir pense à l'
aura qui l' entoure; qu 'elle veuille fermement que la surface externe
de cet aura devienne pour elle une enveloppe imperméable
aux influences étrangères, et la matière aurique
obéira à sa pensée; une coque se formera réellement
autour de lui, et le courant des pensées extérieures
sera inévitablement arrêté.
Un
autre point mis en lumière par nos investigations ultérieures
est l' importance énorme de la dernière pensée
qui occupe le mental de l' homme au moment où il va s' endormir.
C' est là une chose qui n' est point prise en considération
par la plupart des gens, et cependant elle a de puissants effets,
puissants aussi bien sur le physique que sur le mental, ainsi que
des effets moraux.
Nous avons vu à quel point un homme endormi est passif et
de là facile à influencer; donc s' il entre dans le
sommeil, l' esprit fixé sur des choses élevées
et saintes, il attire forcément à lui des élémentals
créés par d' autres pensées semblables aux
[Page 78] siennes;
son repos est paisible, son mental est ouvert aux impressions et
fermé à celles d' en bas, car il l'a mis en action
dans la bonne voie. Si, au contraire, il s' endort avec des pensées
terrestres et impures, flottant dans son cerveau, il attire à
lui les entités mauvaises et grossières; elles s'
approchent de lui, et son sommeil est troublé par les impulsions
sauvages des passions et des désirs qui le rendent aveugle
aux visions, sourd aux sons qui pourraient lui venir des régions
supérieures.
Les théosophes sérieusement convaincus
se feront donc un devoir spécial d' élever leurs pensées
au point le plus élevé possible avant de permettre
à leur corps de s' endormir. Car, ne l' oublions pas, ce
qui nous paraît être seulement le portail de l' entrée
des songes, peut parfois devenir l' entrée de ces régions
où la vraie vision est seule possible.
Si nous dirigeons toujours notre âme
avec persévérance vers les réalités
supérieures, les sens internes commenceront à se développer
bien vite ; la lumière sous le boisseau brillera de plus
en plus, jusqu'au ce qu' enfin nous vienne la plénitude et
la continuité de la conscience, et alors nous cesserons de
rêver. Se livrer au sommeil ne signifiera [Page
79] plus
tomber dans l' oubli, mais marcher radieux, joyeux, fort, dans cette
vie plus complète et plus noble où la fatigue est
inconnue, où l' âme apprend sans cesse bien qu'ocupée
toujours à servir; car c' est au service des Grands Maîtres
de Sagesse qu 'elle s' est donnée, et la tâche glorieuse
qu 'ils lui donnent est d' aider ses frères dans la limite
de son pouvoir, de participer à l'oeuvre qu 'ils poursuivent
sans cesse, celle de secourir et de guider l' évolution humaine.
Haut
de la Page
Page- Documents
en Ligne