La
Famille Théosophique, S.A.,
4, Square Rapp,
Paris, VII, France
1923
Préface
Karma
Invariabilité de
la Loi
Les
Plans de la Nature
Générations
des formes-pensées
Activité des
formes-pensées
Comment,
en principe, se forme le Karma
Détail de la formation du Karma
Le fonctionnement
de Karma
Comment
envisager les résultats karmiques
Construction
de l'avenir
Comment
le Karma peut être façonné
Le
Karma collectif
Comment
le Karma prend fin
Conclusion
Il suffira de peu de mots pour accompagner ce petit livre à travers le monde. C'est le quatrième d'une série de manuels destinées à donner satisfaction à la demande qui a été faite par le public d'un exposé simple des enseignements théosophiques. Certains ont reproché à notre littérature d'être actuellement trop abstraite, trop technique et trop coûteuse pour les lecteurs ordinaires; nous espérons que la présente série pourra subvenir à ce qui est un très réel besoin. La Théosophie n'est pas faite uniquement pour ceux qui savent: elle pour tout le monde. Peut-être, parmi ceux qui prennent dans ces petits volumes un premier aperçu de ses enseignements, en sera-t-il qui seront, grâce à eux, engagés à pénétrer plus profondément dans sa philosophie, dans sa science [Page 2] et dans sa religion, à envisager ses problèmes les plus ardus comme un étudiant zélé et un ardent néophyte. Toutefois ces manuels ne sont pas écrits que pour l'étudiant curieux d'apprendre, que ne rebute aucune des difficultés du début: ils sont écrits pur les hommes et les femmes de la classe laborieuse, occupés journellement, qui cherchent à s'éclairer sur quelques-unes des grandes vérités grâce auxquelles il est plus facile de supporter la vie et d'envisager la mort. Écrits par des serviteurs des Maîtres qui sont les frères aînés de notre race, ils ne peuvent avoir d'autre objet que de rendre service à nos semblables. [Page 3]
Chaque pensée humaine qui commence son évolution passe dans le monde intérieur et devient une entité active, par son association, ou ce que nous pourrions appeler sa fusion avec un Élémental, c'est-à-dire avec l'une des forces semi-intelligentes des divers règnes de la Nature. Elle survit comme une intelligence agissante, comme un être engendré par l'Esprit, pendant un temps plus ou moins long, selon l'intensité initiale de l'action cérébrale qui l'a produite. Une pensée bonne se perpétue de la sorte, comme une puissance bienfaisante et active: une mauvaise pensée, comme un démon malfaisant. L'homme peuple ainsi continuellement le courant qui l'entoure dans l'espace, avec un monde à lui, rempli des produits de son imagination, de ses désirs, de ses impulsions et de ses passions; ce courant réagit d'ailleurs sur tout organisme nerveux ou sensitif [Page 4] qui vient en contact avec lui, proportionnellement à l'intensité dynamique de celui-ci. C'est ce que le Bouddhiste appelle son "Skandha"; l'Hindou lui donne le nom de "Karma". L'adepte produit ces formes consciemment; les autres hommes les laissent échapper inconsciemment [Voir Le Monde Occulte, page 166 (traduction française, deuxième édition]
On n'a jamais mieux décrit la nature essentielle de Karma que par
ces paroles tirées d'une des premières lettres du Maître
K.H.. Celui qui les comprendra clairement, avec tout ce qu'elles contienne,
et verra disparaître la plupart
des difficultés qui entourent le sujet et saisira le principe fondamental
de l'opération karmique. C'est pourquoi elles seront considérées
comme indiquant la meilleure ligne d'étude à suivre; et tout
d'abord, nous allons envisager les pouvoirs créateurs de l'homme.
Tout ce que nous demandons, en guise d'introduction, c'est qu'on se fasse
une idée nette et de l'invariabilité
de la Loi, et des trois grands plans de la Nature.[Page
5]
Nous vivons dans le domaine de la loi, nous sommes environnés de lois que nous ne pouvons briser; voilà qui est évident. Cependant, lorsque nous avons reconnu que ce fait est réellement une partie de notre vie, lorsque l'existence de ce fait nous apparaît dans le monde moral et mental aussi bien que dans le monde physique, nous sommes tentés jusqu'à un certain point de nous abandonner au sentiment de notre faiblesse, comme si nous nous sentions dans les griffes de quelque puissance redoutable, qui nous aurait saisis et nous ferait tournoyer à son gré, où elle veut. C'est exactement le contraire qui a lieu cependant; car cette puissance redoutable, lorsque nous l'avons comprise, nous porte avec obéissance où "nous" voulons aller, Toutes les forces de la Nature peuvent être utilisées proportionnellement à l'intelligence que l'on en a. "La Nature se conquiert par [Page 6] la soumission: et ses énergies irrésistibles sont à nos ordres dès que nous sommes aptes, par le savoir, à agir avec elles et non contre elles. Dans ses réserves inépuisables nous avons la faculté de choisir les forces, appropriés au but que nous poursuivons par leur rythme, leur direction, ou telle autre qualité; leur invariabilité même est la garantie de notre succès.
C'est sur l'invariabilité de la loi que repose la garantie des expériences scientifiques, la possibilité de prévoir un résultat et de prédire l'avenir. Le chimiste s'appuie sur ce fait, certain que la Nature lui répondra toujours de la même manière, s'il lui pose ses questions avec précision; aussi considère-t-il toute variation dans les résultats qu'il obtient comme provenant d'un changement dû à sa façon d'opérer, et non de la Nature. Ainsi en est-il de toute action humaine: plus elle s'appuie sur le savoir, plus le résultat prévu lui est assuré; car tout "accident" procède de l'ignorance et est dû à l'action de lois inconnues ou négligées. Dans le monde mental et moral, on peut, comme dans le monde physique, prévoir, préparer et calculer les résultats. La Nature ne nous trahit jamais; nous sommes trahis par notre propre [Page 7] aveuglement. Sur tous les plans, la puissance s'accroît quand la connaissance augmente: omniscience et omnipotence ne font qu'un.
Nous devons nous attendre à ce que la Loi soit aussi invariable dans le monde mental et moral que dans le monde physique, puisque l'univers émane de l'UN; ce que nous appelons la Loi n'est que l'expression de la Nature Divine. De même que tout émane de la Vie une, tout est soutenu par la Loi une; les mondes reposent sur ce roc de la Nature Divine comme sur une fondation sûre et immuable. [Page 8]
Pour étudier le fonctionnement de Karma suivant la ligne indiquée par le Maître, il nous faut acquérir une conception claire des trois plans inférieurs, ou régions de l'univers, et des principes qui s'y rapportent. Les noms qui leur sont donnés indiquent l'état de conscience qui travaille sur chacun d'eux. Pour cela aidons-nous d'une figure indiquant les divers plans, avec les principes qui y attiennent et les véhicules dans lesquels une entité consciente peut les visiter. En occultisme pratique, l'étudiant apprend à explorer ces plans et à transformer la théorie en connaissance par ses propres investigations. Le véhicule inférieur, le corps grossier, sert au travail de la conscience sur le plan physique, et là, la conscience est limitée aux capacités du cerveau. [Page 9]
Véhicule | |||
Atma | Corps Spirituel | ||
Sushuptique | Bouddhi | Corps Spirituel | |
Devachanique | Manas | Corps causal | |
Corps mental | |||
Psychique ou Astral | Psychique supérieur | Kâma-Manas | Corps subtil |
Psychique inférieur | Kâma | ||
Physique | Linga-Sharîra | Corps grossier | |
Sthûla-Sharîra |
[Page 10] Le mot corps subtil comprend une variété de corps astral approprié aux conditions changeantes e la région compliquée désignée sous le nom de plan psychique. Sur le plan dévachanique il y a deux régions bien définies, la région de la forme, la région sans-forme. Dans la première, la plus basse, la conscience, se sert d'un corps artificiel, le Mâyavi-Rûpa; le terme "corps mental" paraît cependant lui convenir, comme indiquant que la matière dont il est composé appartient au plan Manas. Dans la région sans-forme, c'est le corps causal dont il lui faut se servir. Quand au plan Bouddhique, il est inutile d'en parler.
Or la matière n'est pas la même pour tous ces plans; en général, celle d'un plan quelconque est plus dense que celle du plan qui lui est supérieur. Cela est conforme à l'analogie qui règne dans la Nature; car l'évolution, pendant sa marche descendante, va du raréfié au dense, du subtil au grossier. De plus, ces plans sont habités par de nombreuses hiérarchies d'êtres qui s'étagent, depuis les Intelligences élevées de la région spirituelle, jusqu'aux élémentals subconscients les plus infimes du monde physique. Sur chaque plan, l'esprit et la matière se trouvent unis dans chaque atome, chacune de ces particules ayant [Page 11] la matière pour corps et l'Esprit pour vie; toute agrégation indépendante, toute forme séparée, quelle que soit son espèce ou son type, est animée par ces êtres vivants et change d'échelon suivant les changements de la forme elle-même. Il n'est pas de forme qui ne soit animée; mais l'entité qui l'anime peut-être une des Intelligences les plus élevées, un élémental des plus infimes, ou l'un des êtres compris dans les multitudes innombrables qui s'échelonnent entre ces deux extrêmes.
Nous allons nous occuper surtout des entités du plan psychique, parce que ce sont elles qui donnent à l'homme son corps du désir (Kâma-Rûpa) - son corps de sensation comme on l'appelle souvent - qui sont formées dans sa matrice astrale et qui vivifient ses sens astraux. Pour employer un terme technique, ces entités sont les élémentals de la forme (Rûpa Devatâs) du monde animal; ils sont les agents des modifications qui transmutent les vibrations en sensations.
La caractéristique la plus saillante des élémentals kamiques, c'est la sensation, c'est-à-dire la faculté non seulement de répondre aux vibrations, mais aussi de les ressentir. Le plan psychique fourmille de ces entités, conscientes à des degrés divers, qui reçoivent toutes sortes d'impulsions [Page 12] et les transforment en sensation. En conséquence, tout être qui possède un corps constitué par l'agrégation de ces élémentals est capable de sensation, et c'est par l'intermédiaire d'un pareil corps que l'homme sent. L'homme n'est conscient ni dans les particules de son corps, ni même dans ses cellules; elles ont une conscience propre qui leur permet d'exécuter les actes divers de cette partie de sa vie qui est végétative; mais l'homme, dont elles constituent le corps, ne partage pas leur conscience, et ne peut ni les aider ni les gêner consciemment quand elles choisissent, assimilent, sécrètent, construisent; il est incapable, à un moment quelconque, de mettre sa conscience en rapport avec la conscience d'une cellule de son coeur, par exemple, au point de dire exactement ce qu'elle fait. Sa conscience fonctionne normalement sur le plan psychique, et même dans les régions psychiques supérieures où agit le mental; ce mental est mêlé à Kâma, car le mental pur ne fonctionne pas sur ce plan astral.
Le
plan astral regorge d'élémentals
semblables
à ceux qui entrent dans le corps du désir de l'homme et qui
forment aussi le corps du désir plus simple de l'animal inférieur.
Par cette partie [Page
13] de sa constitution, l'homme entre en rapport
direct avec les
élémentals, et forme par leur intermédiaire des liens
avec tous les objets qui l'entourent, qu'ils soient pour lui attractifs ou
répulsifs.
Par sa volonté, ses émotions, ses désirs, il influence ces êtres innombrables
dont la sensibilité répond aux tressaillements qu'il irradie en tous sens.
Son propre corps du désir agit à la façon d'un appareil, et, de même
qu'il change en sensation les vibrations venant du dehors,
il transforme aussi en vibrations les sensations qui naissent
en lui.[Page 14]
Nous sommes maintenant à même de mieux comprendre les paroles du Maître. L'esprit, en agissant dans sa région propre, dans la matière subtile du plan psychique supérieur, engendre des images, des formes-pensées. L'imagination a été, avec beaucoup de raison, appelée la faculté créatrice de l'esprit: et ceci est plus vrai, littéralement, que ne le supposent ceux qui emploient cette expression. Cette faculté de donner naissance à des images est le pouvoir caractéristique de l'esprit; un vocable n'est qu'une tentative maladroite pour représenter partiellement un image mentale. Une idée, une image mentale est toujours compliquée; pour la traduire avec soin, toute une phrase peut être nécessaire: on saisit une de ses particularités saillantes et l'on se sert du mot exprimant cette particularité pour représenter fort imparfaitement le tout. Quand nous disons "triangle", ce mot évoque dans l'esprit de celui [Page 15] qui l'entend, une image qui, pour être rendue complètement par des mots, demanderait une longue description. C'est à l'aide de symboles que nous pensons le mieux; puis, laborieusement et imparfaitement, nous résumons ces symboles par des mots. Dans les régions où l'esprit parle à l'esprit, l'expression est parfaite et bien au-dessus de tout ce que peuvent rendre des mots; même dans la transmission de pensée d'ordre peu élevé, ce ne sont pas des mots qui sont transmis, mais des idées. L'orateur rend de son mieux à l'aide de mots telle partie de ses images mentales; ces mots font naître dans l'esprit de ses auditeurs des images correspondant à celles qu'il a lui-même dans l'esprit. L'esprit opère avec des tableaux et des images et non avec des mots; la moitié des controverses et des malentendus provient de ce qu'on applique les mêmes mots à des images différentes ou de ce qu'on représente par des mots différents les mêmes images.
La forme-pensée est donc une image mentale créée - ou moulée - par l'esprit, à l'aide de la matière subtile du plan psychique supérieur où, comme nous l'avons vu, il opère. Cette forme, composée des atomes de la matière de cette région, qui sont animés d'un mouvement vibratoire [Page 16] rapide, suscite tout autour d'elle des vibrations; celles-ci feront naître des sensations de son et de couleur dans toutes les entités susceptibles de les traduire comme telles; et comme la forme-pensée s'échappe et sort, ou - suivant l'expression qu'on pourra préférer pour exprimer ce mouvement - plonge plus profondément dans la matière plus dense des régions psychiques inférieures, ces vibrations se répandent dans toutes les directions, sous forme de couleur sonore, et attirent les élémentals de cette couleur sur la forme-pensée dont elles proviennent.
Tous les élémentals, comme toutes les autres parties de l'univers, appartiennent à l'un ou à l'autre des septs rayons primaires, des sept premier Fils de la Lumière. La lumière blanche procède du troisième Logos, - Esprit divin manifesté, - sous forme de sept rayons, les "Sept Esprits qui sont devant le Trône"; chacun de ces rayons comporte sept sous-rayons, et ainsi de suite, en subdivisions consécutives. Il y a donc, au milieu des différenciations sans fin qui composent un univers, des élémentals correspondant à ces diverses subdivisions, et l'on entre en communication avec eux, au moyen d'un langage des couleurs basé sur la nuance à laquelle ils appartiennent. [Page 17] Voilà pourquoi la connaissance réelle des sons, des couleurs et des nombres, - le nombre étant la base et du son et de la couleur, a toujours été tenue si secrète, car la volonté s'en sert pour parler aux élémentals, et la connaissance donne le pouvoir de leur commander.
Le maître K.H. désigne bien nettement le langage de couleurs quand il dit:
Comment pourriez-vous vous faire comprendre de ces forces semi-intelligentes, qu'il s'agit, en fait, de commander, qui ne peuvent pas communiquer avec nous au moyen de paroles prononcées, mais par des sons et des couleurs dont les vibrations correspondent aux leurs? Le son, la lumière, la couleur sont, en effet, les facteurs principaux de la formation de ces catégories d'intelligences, de ces êtres, de l'existence positive desquels vous n'avez nulle idée, et en qui il ne vous est guère possible de croire, puisque les athées aussi bien que les chrétiens, les matérialistes aussi bien que les spiritualistes, apportent leurs arguments respectifs à l'encontre, et que la science s'oppose plus encore que tous ceux-là à une superstition "aussi dégradante". [Le Monde Occulte, page 187] [Page 18]
Ceux qui étudient les temps passés peuvent se souvenir des allusions voilées faites de temps à autre à un langage des couleurs, et se rappeler que, dans l'Egypte ancienne, on écrivait en couleurs les manuscrits sacrés et l'on punissait de mort les erreurs de copie. Mais je ne dois pas m'engager dans ce chemin écarté si attrayant. Retenons seulement ce fait: c'est par les couleurs qu'on communique avec les élémentals et les mots colorés sont pour eux aussi intelligibles que les mots parlés le sont pour les hommes.
La nuance de la couleur sonore dépend du motif qui inspire l'auteur de la forme-pensée. Si ce motif est pur, charitable, bienfaisant, la couleur produite attirera vers la forme-pensée un élémental qui revêtira le caractère du motif instigateur et agira dans le sens désigné. Cet élémental pénètre dans la forme-pensée et y joue un rôle d'âme; il en résulte la formation dans le monde astral d'une entité indépendante d'un caractère bienfaisant. Le motif est-il au construire impur, vindicatif, malfaisant: la couleur produite attirera un élémental qui, d'une manière analogue, revêtira la caractéristique imposée à la forme et agira suivant la ligne ainsi tracée. Dans ce cas aussi l'élémental entre dans la forme-pensée, y joue le [Page 19] rôle d'âme et constitue dans le monde astral une entité indépendante, d'un caractère malfaisant. Par exemple, une pensée de colère émettra un éclat rouge, la forme-pensée vibrant de telle sorte qu'il se produit du rouge; cet éclat rouge appelle des élémentals qui s'élancent vers celui qui les attire et l'un deux pénètre la forme-pensée à laquelle il donne une activité indépendante d'un genre destructeur, désorganisateur.
Sans s'en douter, les hommes parlent continuellement ce langage des couleurs et appellent ainsi autour d'eux des essaims d'élémentals qui s'établissent dans les diverses formes-pensées disponibles. C'est de cette façon que l'homme peuple son courant dans l'espace avec un monde à lui, tout rempli des créatures de son imagination, de ses désirs, de ses impulsions et de ses passions. De tous côtés, des anges et des démons crées par nous-même se pressent en foule autour de nous, agents de bien ou de mal pour le prochain aussi bien que pour nous-mêmes, véritable armée karmique.
Les clairvoyants peuvent apercevoir dans l'aura qui enveloppe chaque personne des couleurs dont l'éclat change constamment; chaque pensée, chaque sentiment se traduit ainsi dans le monde [Page 20] astral, et devient perceptible pour la vue astrale. Ceux qui sont un peu plus développés que les clairvoyants ordinaires peuvent voir également les formes-pensées et les effets produits par des éclats colorés parmi les hordes d'élémentals. [Page 21]
Ces formes-pensées, animées par les élémentals, ont une existence dont la durée dépend premièrement de l'intensité initiale, de l'énergie donnée par leur créateur humain, et secondement, de la nourriture qui leur est ensuite procurée par la répétition de la même pensée due à l'auteur - ou à d'autre. Leur existence peut être continuellement renforcée par cette répétition. Toute pensée que l'on couvre, qui est l'objet d'une méditation fréquente, acquiert une grande stabilité de forme sur le plan psychique. De même les formes-pensées de semblable nature s'attirent, se renforcent mutuellement, constituent une forme pourvue [Page 22] abondamment d'énergie et d'intensité et pouvant agir dans le monde astral.
Les formes-pensées sont rattachées à leur auteur par un lien que, à défaut d'une meilleure expression, nous appellerons magnétique; elles réagissent sur lui en produisant une impression qui incite à les reproduire; et lorsque, comme dans le cas cité plus haut, elles viennent à être renforcées par leur répétition, il peut en résulter une habitude de penser bien déterminée, il se formera un moule où la pensée se déversera facilement, bienfaisante si elle est d'une nature élevée (un noble idéal, par exemple), mais la plupart du temps, fâcheuse, faite pour entraver le développement mental.
Arrêtons-nous un moment sur la formation de cette habitude; elle montre en petit, d'une façon très instructive, le fonctionnement de Karma. Supposons que nous puissions prendre un mental tout fait, n'ayant point derrière lui d'activité passée (cas impossible, bien entendu,mais dont l'hypothèse sera utile à l'étude de ce point spécial). Imaginons que ce mental travaille spontanément, en parfaite liberté, et produise une forme-pensée; il se mettra à la répéter souvent, jusqu'à ce que [Page 23] une habitude de penser ait pris naissance, une habitude bien définie où la pensée se glisse inconsciemment, par laquelle ses énergies seront canalisées sans un effort conscient et déterminé de la volonté. Admettons maintenant que ce mental vienne à désapprouver cette habitude de pensée, la considérant comme une entrave à son progrès. Originairement due à l'action à l'action spontanée de l'esprit, et faite pour faciliter le débit de l'énergie mentale en lui procurant un canal tout fait, cette habitude fini par devenir un obstacle; et si l'esprit veut s'en débarrasser, il ne le peut que par la répétition de l'acte spontané tendant à affaiblir et à détruire définitivement cette entrave vivante.
Nous avons là un petit cercle karmique idéal parcouru rapidement: l'esprit libre s'est crée une habitude qui a limité ses possibilités, mais il n'en a pas moins gardé sa liberté, tout en restant dans ces limites mêmes et peut, de l'intérieur, les attaquer et travailler jusqu'à ce qu'il les ait détruites. Naturellement nous ne nous sentons jamais libres à l'origine, car nous venons au monde chargée par les chaînes forgées par notre propre passé; mais le processus concernant [Page 24] chacun de ces liens suit la filière indiquée: l'esprit forge la chaîne, la porte et, tout en la portant, peut s'en défaire.
Les formes-pensées peuvent également être dirigées par leur auteur vers telle ou telle personne qui, suivant la nature de l'élémental qui les anime, peut en éprouver du bien ou du mal. Ce n'est pas uniquement une fantaisie poétique de croire que les bons souhaits, les prières ou les pensées affectueuses ont de l'influence sur ceux vers qui ils sont envoyées, car ils forment autour de l'être affectionné une garde protectrice qui détourne plus d'une influence fâcheuse, plus d'un danger.
Ce n'est pas tout pour l'homme que d'engendrer et de projeter ses formes-pensées; comme un aimant, il attire encore du plan astral qui l'entoure les formes-pensées des autres qui sont de l'espèce à laquelle appartiennent les élémentals qui animent les siennes propres. Il peut se procurer ainsi du dehors des renforts considérables d'énergie, et il ne tient qu'à lui que ces forces, qu'il fait passer du monde extérieur en son être, soient bienfaisantes ou malfaisantes. Ses pensées sont-elles pures et nobles? il attire à lui une foule [Page 25] d'entités bienfaisantes, au point de se demander parfois, avec étonnement, d'où lui vient la faculté d'accomplir de grandes actions qui semble, et à juste titre, dépasser de beaucoup ses propres pouvoirs. Par contre, celui qui nourrit des pensées mauvaises et viles, appelle à lui des légions d'entités malfaisantes, et ce surcroît de force pour le mal le porte à des crimes qui le surprennent lui-même, quand il regarde en arrière. "Quelque diable m'aura tenté", s'écriera-t-il; et ce sont, en effet, ces forces diaboliques, attirées par sa propre perversité, qui sont venues augmenter celle-ci de l'extérieur.
Les élémentals qui animent
les formes-pensées bonnes
ou mauvaises se lient à ceux du corps du désir de l'homme et à ceux
de ses propres formes-pensées, et ils opèrent en lui tout en
venant du dehors. Mais il faut pour cela qu'ils rencontrent des entités
de leur espèce avec lesquelles
ils puissent avoir des affinités, sans quoi ils ne peuvent exercer
aucune influence. Bien plus, quand ils sont d'espèces opposée,
ils se repoussent; c'est ainsi que l'homme bon chassera par son atmosphère
même, par son aura,
ce qui est impur et mauvais. Il est entouré comme d'un mur protecteur
qui le met à l'abri du mal. [Page 26]
Il y a encore une autre forme d'activité élémentale, qui
produit des résultats
immenses et qu'il ne faut pas omettre dans cette étude préliminaire
des forces qui vont donner naissance au Karma. Comme les forces étudiées
plus haut, elle résulte de ce que ces formes-pensées peuplent
le courant qui réagit sur toute organisation sensitive ou nerveuse qui
vient à son contact,
proportionnellement à l'intensité dynamique
de celle-ci. Jusqu'à
un certain point presque tout le monde en est affecté, bien que l'effet
soit plus considérable pour les organisations plus sensitives. Les élémentales
ont une tendance à se porter vers d'autres êtres de nature similaire;
ils se groupent en classes, étant par essence portés à vivre
en bandes. Ainsi la forme-pensée
projetée par un homme, non seulement reste en rapport magnétique
avec lui, mais va vers toutes celles de même type, se réunit à elles
sur le plan astral, en formant, suivant le cas, une force bienfaisante ou malfaisante,
qui prend corps en une sorte d'entité collective. C'est aux agrégations
de formes-pensées
similaires que sont dues les caractéristiques parfois
frappantes de l'opinion dans les [Page 27] familles,
dans les localités
et dans les nations, parce qu'elles composent une sorte d'atmosphère
astrale,
à travers laquelle on voit toutes choses, et qui colore ce que l'on
regarde; elles réagissent sur le corps du désir des personnes
comprises dans les groupements en question, et suscitent en elles des vibrations
synchrones. Ces entourages karmiques touchant la famille, la localité,
ou la nation, modifient grandement l'activité de l'individu et limitent
considérablement sa faculté de manifester
les capacités qu'il a en puissance. Présentez-lui une idée:
il ne la verra qu'à travers cette atmosphère qui l'entoure et
qui, forcément, la colore et
la défigurera fort peut-être. Ici apparaissent des obligations
karmiques dont l'effet se répercute au loin et qui feront l'objet d'explications
ultérieures.
Ces agrégations d'élémentals ne bornent pas leur influence à celle qu'ils exercent sur les hommes au moyen de leur corps du désir. Si cette entité collective, comme je l'ai dénommée, se compose de formes-pensées dangereuses, les élémentales qui les animent agissent comme forces de destruction et cause souvent de grands ravages sur le plan physique. Tourbillon d'énergies désagrégeantes, [Page 28] ils sont les sources abondantes d'accidents, de convulsions de la nature, de tempêtes, d'ouragans, de cyclones, de tremblements de terre et de déluges. Nous parlerons aussi plus loi de ces résultats karmiques. [Page 29]
Si nous avons
bien saisi les rapports qui existent entre l'homme,
le règne élémental et les énergies
constructrices du mental, énergies vraiment créatrices, en
ce qu'elles appellent à l'existence
les formes vivantes que nous avons décrites, - il nous est possible
de comprendre, au moins en partie, quelque chose de la génération
de Karma et de son fonctionnement, pendant une période d'existence.
Je dis "période d'existence" de préférence
à "existence" simplement, parce que celle-ci est trop courte
si on la considère
au sens ordinaire d'une seule incarnation, tandis qu'elle est trop si on
la prend pour l'existence totale, comprenant de nombreuses étapes
faites avec un corps physique et d'autres, [Page 30] nombreuses
aussi, faites sans lui, Par période d'existence, j'entends un court
cycle d'existence humaine, avec ses expériences physiques, astrales
et dévachaniques,
y compris son retour au seuil du monde physique, - les quatre étapes
distinctes par lesquelles l'âme passe pour compléter son cycle.
Ces étapes sont faites
et refaites plusieurs fois pendant le voyage de l'éternel pèlerin,
au cours de notre humanité présente, et malgré la grande
diversité des expériences
qui, au cours de chaque période semblable, varient en quantité aussi
bien qu'en qualité, ladite période comprendra, pour la moyenne
des hommes, ces quatre étapes et pas davantage.
Il est important de bien comprendre que l'on séjourne hors du corps
physique beaucoup plus longtemps que dans ce même corps; on comprendrait
très insuffisamment
l'action de la loi karmique si l'on n'étudiait pas le mode d'activité de
l'Ame dans sa condition extra-physique. Rappelons les paroles d'un Maître,
qui indiquent que la vie hors du corps est la seule vraie
Les Védantins, tout en reconnaissant deux sortes d'existence consciente, la terrestre et la spirituelle, signalent cette dernière comme la seule [Page 31] dont la réalité actuelle soit incontestable. Quand à la vie terrestre, par sa mobilité et sa brièveté, elle n'est rien autre qu'une illusion de nos sens. Notre vie dans les sphères spirituelles doit être considérée comme une réalité, parce que c'est là que vit notre Moi éternel, immuable, immortel, le Sutrâtma ....Voilà pourquoi nous disons que la vie posthume est la seule réalité, et que la vie terrestre, y compris la personnalité, est illusoire [Lucifer, Octobre 1892, Article "La Vie et la Mort"]
Pendant la vie terrestre, l'activité de l'Ame se manifeste plus directement dans la création des formes-pensées déjà décrites; mais afin de suivre avec quelque exactitude l'action de Karma, il nous faut maintenant analyser le terme "forme-pensée", et ajouter certains considérations forcément laissées de coté dans la vue d'ensemble exposée au début. Agissant en tant qu'esprit, l'Ame crée une image mentale, la "forme-pensée" primitive [ Cf. plus haut, page 14 et suivantes. ] Conservons ce terme d'image mentale pour représenter exclusivement la création immédiate de [Page 32] l'esprit et, dorénavant, restreignons-en le sens au stage initial de ce que l'on entend, en général, par forme-pensée. Cette image mentale reste liée à son créateur, comme partie constituante de sa conscience; c'est une forme vivante et vibrante de matière subtile, le verbe exprimé en pensée, mais non en corps par la parole, conçu mais non encore fait chair. Que le lecteur concentre son esprit un moment sur cette image mentale, pour en obtenir une notion distincte, isolée de tout le reste, séparée des résultats qu'elle va produire sur les plans autres que le sien propre. Elle fait, nous venons de le voir, partie intégrante de la conscience de son créateur, partie de sa propriété inaliénable; elle ne peut être séparée de lui; il la porte avec lui pendant sa vie terrestre; il franchit avec elle les portes de la mort; il l'emporte dans les régions d'outre-tombe; et si, pendant son voyage ascensionnel dans ces régions, il passe dans un air trop raréfiée pour elle, il laisse derrière lui la partie la plus dense de sa matière et entraîne la matrice mentale, la forme essentielle; à son retour dans la région plus grossière, la matière de ce plan est de nouveau moulée dans la matrice mentale et la forme approprié, plus dense, est créée. Cette image mentale peut rester [Page 33] en sommeil pendant longtemps, mais elle peut aussi être réveillée et revivifiée; toute impulsion nouvelle de la part de son créateur, de ses propres créatures à elle (comme ne le verrons plus loin) ou des entités d'un même genre que ses créatures - vient accroître l'énergie de sa vie et modifier sa forme.
On verra qu'elle évolue d'après les lois définies, et que c'est l'assemblage de ces images mentales qui constitue le caractère de l'individu. L'extérieur est le miroir de l'intérieur, et, de même que les cellules s'assemblent dans les tissus du corps et subissent souvent de sérieuses modifications pendant ce travail, de même les images mentales se groupent et compose les caractéristiques de l'esprit subissant souvent de grandes modifications. L'étude du fonctionnement de Karma jettera beaucoup de lumière sur ces changements. Les facultés créatrices de l'Ame peuvent utiliser bien des matériaux pour la formation des images mentales si l'âme est mue par le désir (Kâma), elle construit l'image d'après les suggestions de la passion ou de l'appétit; si c'est un idéal plein de noblesse qui la stimule, elle agira en conséquence pour la création de l'image; celle-ci [Page 34] pourra être conformée d'après des conceptions purement intellectuelles, si telle est la tendance dominante. Mais, noble ou vile, intellectuelle ou passionnelle, utile ou nuisible, divine ou bestiale, elle n'en demeure pas moins en l'homme une image mentale, produit de l'Ame créatrice et dont dépend le Karma individuel. Sans cette image mentale, il ne peut y avoir de Karma individuel pour relier une période d'existence à une autre; la présence de la qualité manasique est nécessaire pour fournir l'élément permanent dans lequel se fixe le Karma individuel. Aussi, dans les règnes minéral, végétal et animal, l'absence de Manas a pour corollaire la non-génération d'un Karma individuel pouvant s'étendre par la mort d'une existence à l'autre.
Considérons maintenant le rapport qui existe entre la forme-pensée primitive et la forme-pensée seconde, ou entre la forme-pensée pure et simple et celle qui est animée, entre l'image mentale et l'image astro-mentale, ou forme-pensée du plan astral inférieur. Comment est-elle produite? Qu'est-elle? Nous servant du symbole employé plus haut, nous dirons qu'elle est produit par le Verbe pensé devenu Verbe parlé; l'Ame [Page 35] émet la pensée, tel un souffle et le son devient forme dans la matière astrale; de même que les idées de l'Esprit universel deviennent l'univers manifesté dès qu'elles sont émises, de même les images mentales deviennent, quand elles sont émises dans l'esprit humain, l'univers manifesté de leur créateur. Il peuple son courant dans l'espace avec un monde à lui. Les vibrations de l'image mentale en éveillent d'analogues dans la matière astrale plus dense et celles-ci produisent la forme pensée secondaire que j'ai appelée l'image astro-mentale; l'image mentale proprement dite reste, comme il a été déjà été dit, dans la conscience de son créateur, mais ses vibrations en sortent et reproduisent sa forme dans la matière plus dense du plan astral inférieur. C'est là la forme qui fournit une enveloppe à une partie de l'énergie élémentale, la particularisant pendant le temps que la forme dure, puisque l'élément mânasique de cette forme donne une teinte d'individualité à ce qui l'anime. (Que les correspondances dans la Nature sont donc merveilleuses et lumineuses!) C'est là l'entité active dont parle le Maître dans sa description et c'est cette image astro-mentale qui franchit les bornes du plan astral, conservant avec son auteur le lien magnétique dont il a été [Page 36] question [Cf. plus haut, page 21 et le tableau, page 9], réagissant sur l'image mentale dont elle provient, et agissant également sur les autres. La durée d'une image astro-mentale est plus ou moins longue suivant les circonstances, mais sa disparition n'affecte pas la persistance de l'image mentale; toute nouvelle impulsion donnée à cette dernière, lui fait produire à nouveau sa contre-partie astrale de la même façon que toute répétition d'un mot produit une forme nouvelle.
Les
vibrations de l'image mentale ne descendent pas seulement
au plan astral inférieur, mais elles montent aussi
au plan spirituel qui est au-dessus [Ces mots:
monter et descendre, peuvent induire en erreur, car,
en réalité, les plans se pénètrent
les uns les autres];
et de même qu'elles donnent lieu à une forme plus dense sur
le plan inférieur,
elles génèrent une forme beaucoup plus subtile, - puis-je même
dire une forme? car ce n'en est pas une pour nous - sur le plan supérieur,
dans l'Akâsha,
cette matière du monde émanée du Logos lui-même.
L'Akâsha est le magasin de
toutes les formes, le trésor où l'Esprit Universel infiniment
riche verse les abondantes réserves des idées
qui doivent prendre corps dans un univers [Page 37] (Cosmos)
donné; c'est là aussi
que pénètrent les vibrations qui, dans le Cosmos, sont dues à toute
pensée de
toutes les intelligences, tous les désirs de toutes les entités
kâmiques
et toutes les actions accomplies par toutes les formes, sur tous les plans.
Toutes laissent leur empreinte, produisant les images sans forme pour nous,
mais bien précises pour les intelligences spirituelles élevées;
et ces images akâshiques, comme nous les désignerons dorénavant,
subsistent ainsi à jamais
et son les véritables annales karmiques, le livre
des Lipikas [ Doctrine
Secrète, Volume 1, édition française,
page 118 ] que
peuvent lire tous ceux qui ont "oeil ouvert de Dangma". [ Doctrine
Secrète, stance 1 du livre de Dzyan et voir page 20 ] C'est
la réflexion de ces images akâshiques que l'attention
exercées peut
projeter sur l'écran de la matière astrale - à la façon
d'un tableau projeté
sur un écran par une plaque dans une lanterne magique, - de sorte
qu'une scène du passé peut être reproduite dans sa réalité vivante
et la justesse de ses détails, si lointaine que soit son existence;
car elle existe dans les annales akâshiques, imprimées
une fois pour toutes. De toute page de [Page 38] ces
annales un voyant exercé peut
tirer un tableau vivant et mobile, le dramatiser sur le plan astral et y
vivre lui-même.
En suivant cette description imparfaite, le lecteur pourra
se faire une certain idée du Karma en tant que cause. Dans l'Akâsha se peindra l'image
mentale créé
par l'Ame et inséparable d'elle, et aussi l'image astro-mentale qui
en émane,
créature active et animée parcourant le plan astral et produisant
des effets innombrables tous exactement représentés dans leurs
rapports avec elle; ces effets permettent de remonter à l'image et par
celle-ci jusqu'à son auteur,
au moyen de fils que l'image astro-mentale aurait tissés pour ainsi
dire de sa propre substance, à la façon d'une araignée,
et reconnaissables chacun à
sa nuance particulière. Quel que soit le nombre des fils qui ont pu
avoir été
ainsi tissés en vue d'un certain effet à obtenir, chacun d'eux
est reconnaissable et peut être suivi jusqu'à son auteur premier
qui est l'Ame créatrice de l'image
mentale. C'est ainsi que nous pouvons, à l'usage de nos intelligences épaisses
et terre à terre, montrer, en un langage pauvre et
insuffisant, comment les grands Seigneurs du Karma, administrateurs
de la loi karmique, embrasse d'un seul coup [Page 39] d'oeil
la responsabilité de
chaque individu, l'entière responsabilité de l'Ame à l'égard à l'image
mentale qu'elle crée, et sa responsabilité partielle quant aux
effets lointains de cette image, - responsabilité plus ou moins grande,
chaque résultat étant fait
aussi d'autres fils karmiques qui ont contribué à sa formation.
Par là, également,
nous pouvons comprendre le rôle prédominant que les mobiles jouent
dans le fonctionnement de Karma et pourquoi les actes sont relativement limités
dans leur énergies créatrice; pourquoi Karma agit sur tous les
plans en conformité
avec les éléments constitutifs de chacun d'eux, tout en reliant
ces plans l'un
à l'autre par un fil continu.
Les
conceptions lumineuses de la Religion Sagesse versent à flots leur clarté sur le monde, dissipant
les ténèbres,
et révélant l'action de la justice absolue sous l'apparence
des absurdités,
des inégalités et des accidents de la vie; il ne faut donc
pas s'étonner
de voir nos coeurs se fondre en une reconnaissance inexprimables envers ces
Grands Êtres - bénis soient-Ils! - qui tiennent haut la torche
de la vérité
au milieu de l'obscurité profonde, et nous libèrent de la tension
qui allait nous briser, de l'agonie désolante que ce serait d'assister à des
maux en apparence sans [Page 40] remède,
de ne pas espérer en
la justice, de ne plus compter sur l'amour:
Vous n'êtes pas captifs! Douce est l'Ame des choses:
Le Coeur de l'Être c'est le céleste repos:
Vouloir c'est triompher du mal: le Bien passé
Qui fut depuis Meilleur doit devenir le Mieux.
..............
Telle est la Loi qui fait s'accomplir la justice
Que personne, à la fin, ne détourne ou n'arrête;
Elle a pour coeur l'Amour, et son but, le voici:
Paix, douce exécution du Sort. - Obéissez!
Peut-être semblerons-nous plus clair en faisant un tableau montrant les triples
résultats de l'action de l'Ame, qui, considérés en principe plutôt qu'en détail,
concourent à édifier le Karma en tant que cause. Voici ce que nous aurons pendant
une période d'existence: [Page 41]
L'homme crée sur le plan | Plans | Matériaux | Résultats |
Spirituel | Akâsha | des images akâshiques formant les annales karmiques | |
Psychique | Astral supérieur | des images mentales restant dans la conscience de leur créateur. | |
Astral inférieur | des images astro-mentales, entités actives du plan psychique. |
Les résultats e ces images sont des tendances, capacités, activités, occasions, entourages, etc., destinés surtout aux vies à venir et sont produits conformément à des lois bien définies. [Page 42]
Il faut que l'étudiant reconnaissance en l'Ame humaine, en l'Ego, le créateur du Karma, une entité qui se forme, une individualité vivante, dont la sagesse et le développement mental progressent à mesure qu'il avance sur le chemin de son évolution séculaire; il ne faut pas qu'il perde de vue l'identité fondamentale du Manas supérieur avec le Manas inférieur. C'est par commodité que nous les distinguons l'un de l'autre, mais la différence est dans leur fonctionnement et non dans leur nature. Le Manas supérieur c'est Manas opérant sur le plan spirituel, en possession de la pleine conscience de son passé; [Page 43] le Manas inférieur, c'est Manas opérant sur le plan psychique ou astral, voilé par la matière astrale, véhiculé par Kâma, ayant toutes ses activités mêlées à la nature passionnelle et colorées par elle; dans une large mesure, il est aveuglé par la matière astrale qui l'entoure comme d'un voile; il est en possession d'une partie seulement de la conscience manasique totale, partie qui, pour la grande majorité des hommes, est représentée par un choix limité des expériences les plus frappantes de la seule incarnation en cours. Eu égard aux détails pratiques de la vie, telle que la considèrent la plupart des gens, le Manas inférieur est le "Je", ce que nous appellons l'Ego personnel; la voix de la conscience, considérée d'une façon vague et confuse comme surnaturelle, comme la voix de Dieu, est, pour eux, la seule manifestation du Manas supérieur sur le plan psychique, et, très justement, ils la tiennent pour impérative, quelque erronée que soit l'opinion qu'ils se font sur sa nature. Mais l'étudiant doit se convaincre que le Manas inférieur ne fait qu'un avec le Soleil d'où il émane. Dans le ciel ou plan spirituel, le Manas-soleil luit constamment, émettant des Manas-rayons qui pénètrent sur le plan psychique; si, cependant, [Page 44] ou les considère comme deux choses séparées, autrement que par commodité et pour distinguer leur fonctionnement, on fera naître une confusion inextricable.
L'Ego
est donc une entité qui grandit,
une quantité qui croît. Le rayon projeté est semblable à une
main que l'on plonge dans l'eau pour y saisir un objet et que l'on retire
ensuite refermée, tenant
cet objet. L'accroissement de l'Ego dépend de la valeur des objets
recueillis par sa main étendue, et l'importance de tout son travail,
quand le rayon se retire, est limitée et conditionnées par
les expériences recueillis par
sa main étendue, et l'importance de tout son travail, quand le rayon
se retire, est limitée et conditionnée par les expériences
recueillies pendant que ce rayon fonctionnait sur le plan psychique. C'est
le cas d'un cultivateur qui s'en va travailler aux champs sous la pluie
et le soleil, par le froid et le chaud et rentre le soir chez lui; mais le
cultivateur est en même temps
propriétaire; aussi les résultats de son labeur remplissent-ils
ses greniers et enrichissent ses réserves. Chaque Ego personnel est
la partie immédiatement
agissante de l'Ego individuel en persistant; il représente ce dernier
dans le monde inférieur; il est naturellement plus ou moins développé suivant
le point atteint par l'Ego en tant que totalité ou
individu. [Page
45]
Si ceci est bien compris, l'idée qu'il y a injustice à faire supporter à l'Ego
personnel la succession de son héritage karmique disparaîtra de l'esprit du
débutant dans l'étude de la théosophie, qui voit là souvent une difficulté;
il comprendra, en effet, que l'Ego qui fait le Karma récolte le Karma; le cultivateur
qui avait semé, recueille sa moisson, bien que les vêtements qu'il portait
aux semailles aient pu s'user entre ce moment et celui de la récolte. Les enveloppes
astrales de l'Ego s'en sont allées en pièces également, entre les semailles
et la récolte; il fait la moisson avec d'autres habits; mais bien "lui" qui
a semé et c"est lui qui récolte. S'il a semé peu ou de la semence mal triée,
c'est lui fera une maigre récolte quand il se présentera
comme moissonneur.
Dans les premiers stages de son développement, les progrès
de l'Ego seront excessivement lents [ Cf. La Naissance et l'Evolution de
l'Ame (Birth and Evolution
of the Soul)], parce que, ballotté ça et là par
le désir, il suivra
les attractions du plan physique; les images mentales qu'il créera seront,
pour la plupart, de l'espèce passionnelle et par conséquent [Page
46] les images
astro-mentales seront violentes et de peu de durée au lieu d'être
fortes et persistantes. Ces dernières auront une durée en rapport
avec quantité d'éléments
manasiques qui entreront dans la composition de l'image mentale. Une pensée
ferme et soutenue produira des images astro-mentales nettement définies
et des images astro-mentales correspondances fortes et durables; il y aura
dans la vie un but bien défini, un idéal nettement reconnu, vers
lequel le mental se reportera sans cesse et sur lequel il s'arrêtera
continuellement; cette image mentale deviendra une influence dominante dans
la vie mentale et dirigera la grande majorité des énergies
de l'Ame.
Étudions maintenant la formation de Karma par le moyen de l'image mentale. Pendant une vie, l'homme forme une collection innombrable d'images mentales, les unes fortes, nettes, constamment renforcées par des impulsions mentales répétées, les autres, faibles, vagues, tout juste formées et dès lors abandonnées par l'esprit. A la mort, l'Ame se trouve enrichie par des myriades de ces images mentales dont la nature aussi bien que la force et l'objet sont variables. Les unes représentent des inspirations spirituelles, le désir [Page 47] passionné de servir, la recherche du savoir, la promesse de se consacrer à la Vie supérieure. D'autres sont purement intellectuelles; ce sont les joyaux brillants de la pensée, quintessence des résultats de l'étude approfondie; il en est d'émotionnelles et de passionnelles, respirant l'amour, la compassion, la tendresse, la dévotion, la colère, l'ambition, l'orgueil, la cupidité, il y en qui proviennent des appétits corporels stimulés par le désir indompté et qui représentent des pensées de gloutonnerie, d'ivrognerie, de sensualité. Toute âme a sa conscience encombrée de ces images mentales, produits de sa vie mentale; pars une pensée qui n'y soit représentées, si fugitive qu'elle ait été. Les images astro-mentales ont, fort souvent, pu disparaître, depuis longtemps, n'avoir eu que la force suffisante pour durer un petit nombre d'heures, mais les images mentales demeurent parmi les possessions de l'Ame; pas une ne manque. L'Ame emporte toutes ces images mentales avec elle, quand elle passe par la mort pour entrer dans le monde astral.
Le Kâma-Loka, ou lieu du désir, est divisé en de nombreuses couches, pur ainsi dire, et l'Ame, aussitôt après la mort est encombrée de son corps [Page 48] du désir complet ou Kâma-Rupa; toutes les images mentales formées par Kâma-Manas, qui sont d'une nature animale et grossière, sont puissantes sur les couches inférieures de ce monde astral. Une âme faiblement développée se complaira en ces images et les animera, se préparant ainsi à les répéter physiquement, dans sa prochaine existence. L'homme qui s'est complu aux pensées sensuelles qui a formé des images de ce genre, non seulement sera attiré vers des scènes terrestres ayant rapport aux plaisirs des sens, mail il les répétera constamment en tant que actions dans son mental, cultivant ainsi, dans sa nature, des tendances de plus en plus fortes qui le pousseront à l'avenir à commettre des fautes analogues. Il en est de même d'autres images mentales formées avec des matériaux fournis par le corps du désir et appartenant à d'autres couches de Kâma-Loka. A mesure que l'Ame s'élève des couches inférieures vers les supérieures, les images mentales formées avec les matériaux des couches inférieures, percent ces éléments et deviennent latentes dans la conscience; c'est ce que H.P.Blavatsky avait l'habitude d'appeler des "privations de matière", ou idées, capables d'exister, mais en dehors de la manifestation matérielle. Le vêtement kâma-rupique [Page 49] se purifie de ses éléments grossiers, à mesure que l'Ego inférieur est attiré en haut, ou plutôt, en dedans, vers la région dévachanique, chacune des "coques" rejetées se désintégrant en temps voulu, jusqu'à ce que la dernière soit tombée et que le rayon se soit retiré complètement, libre de toute enveloppe astrale, Quand l'Ego retournera à la vie terrestre, ces images latentes seront projetées et attireront à elles les matériaux kâmiques qui leur seront nécessaires pour se manifester sur le plan astral; elles deviendront les appétits, les passions et les émotions inférieures du corps du désir, dans sa nouvelle incarnation.
Remarquons, en passant, que quelques-unes des images mentales qui environnent l'Ame nouvellement arrivée, sont une source de bien des tourments dans les premières phases de la vie post mortem; les croyances superstitieuses, par exemple, se présentent comme images mentales et torturent l'Ame par des scènes d'horreur qui n'existent pas en réalité autour d'elle [Cf. Le Plan Astral de C.W.Leadbeater, pages 24-25 ] Toutes les images mentales formées par les passions et les appétits sont soumises au processus décrit plus [Page 50] haut et son manifestées de nouveau par l'Ego dès sont retour à la vie terrestre. Comme le dit l'auteur du Plan astral:
Les LIPIKAS, ces grandes Divinités karmiques du Cosmos, pèsent les actes de chaque personnalité au moment où a lieu la séparation finale de ses principes dans le Kâma-Loka, et fournissent en quelque sorte le moule du Linga-Sharîra le plus exactement approprié au Karma destiné à sa vie prochaine.
Libérée pour le moment de ces éléments inférieurs,
l'Ame entre en Dévachan,
où elle passe un temps proportionné au plus ou moins de richesse
des images mentales suffisamment pures pour être transportées
dans cette région. Là,
elle retrouve chacun de ses efforts sublimes, quelque brefs ou éphémères
qu'ils aient été; là, elle les met en valeur, les
amasse, et se prépare, à l'aide
de ces matériaux, des pouvoirs pour ses vies futures. [Page
51]
La vie dévachanique est toute d'assimilation; il faut que les expériences
recueillies sur la terre soient employés à la texture
de l'Ame; c'est grâce à elles que l'Ego croît; son
développement dépend du nombre et
de la variété des images
mentales formées pendant son existence terrestre et qu'elle
fixe en des types mieux appropriés et plus permanents. Réunissant
ensemble les images mentales d'une même catégorie, elle
en extrait l'essence; par la méditation, elle
crée un organe mental et y verse, sous forme de faculté,
l'essence ainsi extraite. Par exemple, un homme a formé un grand
nombre d'images mentales par des aspirations au savoir et par des efforts
vers la compréhension des
raisonnements subtiles et élevés; admettons qu'il quitte
sa dépouille mortelle
n'ayant que des facultés mentales ordinaires; dans son Dévachan,
il travaillera sur ces images mentales et les changera en capacités,
de sorte que son Âme reviendra sur terre avec un bagage mental supérieur à celui
qu'il possédait
auparavant, avec des pouvoirs intellectuels plus étendus, qui
lui permettront d'accomplir des tâches à la hauteur desquelles
il ne pouvait arriver précédemment.
C'est ainsi que les images mentales se transforment, et, par là même,
cessent d'exister [Page 52] comme
images. Si, dans des existences ultérieures, l'Ame voulait
les revoir comme elles étaient, elle devrait les chercher
dans les annales karmiques, où
elles restent gravées à jamais comme images akâshiques.
Par cette transformation, elles cessent d'être des images mentales
créées et façonnées par l'Ame,
et deviennent des facultés de l'Ame, faisant partie intrinsèque
de sa nature. Si donc un homme a le désir de posséder
des facultés mentales plus élevées
que celles qu'il a actuellement, il peut assurer leur développement
en ayant délibérément la volonté de les
acquérir, en visant à leur acquisition
avec persistance; car ce qui est désir et aspiration dans
une vie devient faculté dans une autre; ce qui est volonté d'accomplir
devient pouvoir d'exécuter. Mais il faut se rappeler que la
faculté ainsi formée est strictement
limitée par des matériaux fournis à l'architecte;
rien ne se crée avec
rien, et si l'Ame, sur la terre, néglige d'exercer ses pouvoirs
en semant la graine des aspirations et du désir, en Dévachan
elle n'aura qu'une maigre récolte.
Les
images mentales qui ont été constamment
répétées
mais qui manquent d'aspiration, d'ardeur à accomplir
des choses plus grandes que [Page 53] ne
le permettent les faibles pouvoirs de l'Ame, deviennent
des tendances de pensées,
des conduits, où court, aisée et forte, l'énergie
mentale. De là l'importance
à ne pas laisser l'esprit aller à la dérive, sans
but, au milieu d'objets insignifiants, et à ne pas créer
négligemment des images mentales empreints
de trivialité, dont on tolère le séjour dans l'esprit.
Ces images, par leur persistance, formeront des canaux dont la force
mentale se servira plus tard pour s'écouler, mais non sans serpenter
sur des niveaux inférieurs
et en suivant l'ornière accoutumée parce que son sillage
indique la ligne de moindre résistance.
Lors que la volonté ou le désir d'accomplir un acte n'ont pas
abouti, non par faute de capacité, mais par manque d'occasion, ou
parce que des circonstances ont empêché l'accomplissement, cette
volonté ou ce désir produiront des images
mentales qui, - si la nature de l'acte est élevée et pure,
- seront exécutées
par la pensée sur le plan dévachanique, et projetées
comme actions au retour sur terre. Si l'image mentale a été faite
du désir d'accomplir des actes
bienfaisants, elle en causera l'accomplissement mental en Dévachan,
et cet accomplissement, reflet de l'image [Page 54] elle-même,
laissera cette dernière dans l'Ego comme image mentale intensifiée
d'une action qui se réalisera, sur le plan physique, par un acte physique,
au moment où l'occasion favorable provoquera la cristallisation de
cette pensée en
acte. L'acte physique devient inévitable quand l'image mentale s'est
réalisée
en acte sur le plan dévachanique. La même loi s'applique aux
images mentales provenant de désirs inférieurs, bien que celles-là ne
passent jamais en Dévachan;
elles ressent néanmoins soumises au processus déjà décrit
et se reforment pendant le retour sur terre. Par exemple, des images mentales
formées par
des désirs répétées de gain, se cristalliseront
en des actes de vol quand les circonstances seront propices. Le Karma est
complet comme cause, et l'acte physique devient son effet inévitable
quand il atteint le point où une autre
répétition de l'image mentale suffit à transformer celle-ci
en action. Il ne faut pas oublier, en effet que la répétition
d'un acte tend à le
rendre automatique, d'après
une loi qui agit sur d'autres plans que le plan physique. Si donc un acte
se trouve répété
constamment sur le plan psychique, il deviendra automatique, et quand l'occasion
se présentera, il sera imité automatiquement
sur le plan physique. Que de fois [Page 55] l'on
dit, après
un crime: "Cela s'est fait avant que j'y aie
pensée", ou "si j'y avais pensé un seul instant,
je ne l'aurais jamais fait."
Il y a bien pour celui qui parle ainsi une excuse dans ce fait qu'il n'a
été mû par aucune préméditation; de plus
il est ignorant des pensées qui
ont précédé et qui ont été une succession
de causes aboutissant à un résultat
inévitable. C'est ainsi qu'une solution saturée se solidifie
si l'on y jette un seul cristal de plus; à ce simple contact la masse
entière passe à l'état
solide. Lorsque la masse des images mentales atteint son point de saturation,
l'addition d'une seule image les concrète sous la forme d'un acte.
Et cet acte est inévitable, car la liberté du choix a été épuisée
par la volonté
répétée de produire l'image mentale; l'impulsion mentale
a réduit le physique
à l'obéissance. Le désir d'agir, dans une vie, devient
obligation de le faire dans une autre; il semble que le désir soit
une demande adressée à la Nature
qui y répond en offrant l'occasion de le mettre à exécution [ Voir
le chapitre suivant sur le fonctionnement de Karma ]
Les images mentales recueillies par la [Page 56] mémoire
comme représentant les expériences par lesquelles l'Ame a passé pendant
sa vie terrestre, - archives fidèles où est très exactement
notée l'action sur
celle du monde extérieur, - sont des documents sur lesquels elle doit également
travailler. En les étudiant, en méditant sur eux, l'Ame apprend à saisir
leurs rapports réciproques, leur valeur comme moyen de comprendre
l'action de l'Intelligence Universelle dans la Nature manifestée.
En un mot, par la pensée patiente
elle en tire toutes les leçons qui y sont contenues; leçons
de plaisir et de peine, de plaisir engendrant succès de peine donnant
naissance au plaisir, enseignant la présence de lois inviolables auxquelles
il faut qu'elle apprenne
à se conformer, leçons de succès et d'échec,
de réussite et de découragement,
de craintes sans fondement, d'espoirs sans réalisation, de force ne
résistant
pas à l'épreuve, de prétendu savoir se trahissant par
l'ignorance, d'endurance patiente tirant la victoire d'une défaite
apparente, de témérité changeant
en défaite une apparente victoire. Toutes ces choses, l'Ame les met à l'étude,
et, par sa propre alchimie, change tout ce mélange d'expérience
en or de sagesse, afin de revenir sur terre comme une Âme plus sage, munie
du résultat
des épreuves [Page 57] de
la vie passée,
trouvant ainsi une aide pour faire face à celles qui se présenteront
dans la vie nouvelle. Ici encore les images mentales se sont transformées
et n'existent plus en tant qu'images mentales. On ne les
retrouve sous leur ancienne forme que dans les annales
karmiques.
C'est grâce aux images mentales représentant les expériences
de la vie, et plus particulièrement au moyen de celles qui indiquent
comment la souffrance est causée par l'ignorance de la loi, - que
la conscience naît et se développe.
Pendant ses existences terrestres successives, l'Ame est poussée par
le désir
à se précipiter toujours aveuglément vers tout objet
qui l'attire; dans sa poursuite, elle se heurte à la loi et tombe
meurtrie et saignante. Bien des expériences de ce genre lui enseignement
que les satisfactions recherchées
contrairement à la loi, ne sont que des sources de peine, et lorsque,
dans une existence terrestre nouvelle, le corps du désir tend à pousser
l'Ame vers une jouissance qui est le mal, la mémoire des expériences
passées s'affirme comme conscience,
rappelle tout haut la défense, et retient les sens, coursiers emportés
qui iraient se jeter tête baissée la poursuite des objets du
désir. Au stage
actuel de l'évolution, toutes les âmes, sauf les plus arriérées, [Page
58] ont passé par assez d'épreuves pour reconnaître
dans leurs grandes lignes le "bien" et le "mal", c'est-à-dire
l'harmonie ou la dissonance avec la Nature Divine; et, sur ces importantes
questions de morale, une expérience longue
et étendue rend l'Ame capable de parler avec clarté et précision.
Mais en ce qui concerne bien des questions plus élevées et
plus subtiles se rapportant au stade actuel de l'évolution et non
aux stades que nous avons dépassées,
l'expérience est encore si restreinte, si insuffisante, qu'elle n'a
pu encore
être transformée en conscience et l'Ame peut se tromper dans
sa décision,
quelque bien intentionné que soit son effort de
voir clairement et d'agir pour le bien. Ici, sa volonté d'obéir la
met en accord avec la Nature Divine sur les plans supérieurs, et son incapacité à voir comment il
faut obéir sur le plan inférieur trouvera
son remède, dans
l'avenir, par la peine qu'elle éprouve à s'être jetée étourdiment à
l'encontre de la loi. La souffrance lui apprendra ce qu'elle ignorait auparavant;
ses expériences douloureuses deviendront conscience pour la préserver
d'une semblable peine à l'avenir, pour lui donner la joie de connaître
plus complètement
Dieu dans la nature, de s'accorder [Page 59] consciemment
avec la loi de vie, de coopérer consciemment à l'oeuvre de
l'évolution.
A
ce point, nous trouvons, en fait de principes définis
de la loi karmique opérant avec les images mentales
pour causes, que:
Les aspirations et les désirs deviennent des capacités;
Les pensées répétées deviennent
des tendances;
Les volontés d'agir deviennent des actes:
Les expériences deviennent la sagesse;
Les épreuves pénibles deviennent la conscience.
Quand à la coopération de la loi karmique avec des images astro-mentales,
elle paraît devoir être plus à sa place dans le chapitre
du fonctionnement de Karma que nous allons maintenant considérer. [Page
60]
Quand l'Ame a épuisé sa vie dévachanique et fini d'assimiler tout ce qu'elle a pu des matériaux recueillis pendant sa dernière existence terrestre, elle commence par être attirée de nouveau vers la terre par les liens du désir qui la rattachaient à la vie matérielle. La dernière étape de sa période de vie se présente à elle, étape que va fermer le Portail de la naissance et pendant laquelle elle prendra un nouveau vêtement, un nouveau corps, pour une autre expérience de vie terrestre.
L'Ame franchit le seuil du Dévachan pour [Page 61] passer sur ce qui a été appelé le plan de la Réincarnation apportant avec elle les résultats, grands ou petits, de son travail dévachanique. Si c'est une Âme jeune, elle n'aura gagné que peu de chose, car, au début de l'évolution de l'Ame, les progrès sont plus lents que ne le pense la génération des étudiants, et, pendant son enfance, ses jours d'existence se succèdent avec monotonie, chacune de ses vies terrestres ne semant que peut et chaque Dévachan ne mûrissant qu'un petit nombre de fruits. Mais, à mesure que ses facultés se développent, sa croissance va de plus en plus vite; si bien que l'Ame qui entre en Dévachan avec une abondance de matériaux en sort avec un grand accroissement de facultés, et cela d'après les lois générales dont il a été question.
L'Ame
quitte le Dévachan revêtue seulement
de l'enveloppe qui subsiste et se perfectionne pendant la durée
du Manvantara, entourée
de l'aura qui lui appartient en tant qu'individualité; cette aura
est plus ou moins resplendissante ou parée de couleurs diverses,
plus ou moins lumineuse, précise ou étendue, selon le degré d'avancement
que l'Ame a atteint dans l'évolution. C'est au
feu [Page
62] qu'elle
a été forgée, et c'est comme Roi
Soma [Nom
mystique, plein de signification pour celui qui connaît le rôle
joué par
Soma dans certains mystères antiques] qu'elle fait son apparition.
En passant sur le plan astral, pendant son retour vers
la terre, elle se revêt de nouveau d'un corps du désir; - c'est le premier résultat
de l'élaboration
de son Karma passé. Les images mentales formées jadis avec "des
matériaux
émanant du désir, devenus latents dans la conscience - ou
ce que H.P.Blavatsky avait coutume d'appeler des privations de la matières,
- des choses capables d'exister, mais en dehors de toute manifestation
matérielle", sont alors
projetées au dehors par l'Ame, soutirent immédiatement de
la matière du plan
astral les éléments kamiques de même nature qu'elles,
et deviennent les appétits, les passions et les émotions
inférieures du corps du désir de
l'Ego dans ses nouvelles réincarnations [Voir plus haut,
pages 48 et 49 ] Ce travail accompli, - travail
tantôt très
court et tantôt très prolongé - l'Ego se présente
dans le vêtement kâmique qu'il
s'est [Page 63] préparé, prêt à être "habillé",
à recevoir des mains des agents des Hauts Seigneurs du Karma le
double
éthérique [ Appelé jusqu'ici le Linga Sharîra,
dénomination
qui a donné lieu à beaucoup de confusion ] construit
pour lui en rapport avec les éléments qu'il a fournis lui-même
et d'après
lequel une forme sera donnée à son corps physique, - la maison
qu'il aura
à habiter durant sa nouvelle vie terrestre. Ainsi se trouvent construits
immédiatement, d'eux-mêmes, pour ainsi dire, l'Ego individuel
et l'Ego personnel; ce qu'il a pensé il l'est devenu; ses qualités,
ses "dons naturels"
s'attachent tous à lui comme les résultats directs de ses
pensées. L'homme,
en toute vérité, est créé par lui-même;
il est, dans le sens le plus complet du mot, responsable
de tout ce qu'il est.
Or
cet homme va posséder un corps physique et
un corps
éthérique qui conditionneront largement l'exercice de ses
facultés; il
va vivre dans un milieu particulier qui influencera ses manifestations
extérieures; il va suivre un sentier tracé par les causes
qu'il a mises en mouvement et qui sont différentes de celles dont
ses facultés [Page
64] lui présentent les effets; il va être mêlé à des événements
joyeux et tristes, résultat
des forces qu'il a générées. Il semble
qu'il ait besoin ici de quelque chose de plus que sa nature individuelle
et personnelle. Comment le terrain sera-t-il préparé pour
l'exercice de ses énergies
? Où trouver et comment adapter les uns aux autres les instruments
opportuns et les circonstances réagissantes ?
Nous approchons d'une région dont on ne peut utilement parler que
très peu, en ce sens
qui est celle de puissantes Intelligences Spirituelles, Dont la nature
est bien au delà de là portée
de nos facultés limitées, Dont il est loisible,
il est vrai, de connaître l'existence et d'indiquer les oeuvres,
mais vis-à-vis desquelles nous tenons la place
que le moins intelligent des animaux inférieurs
occupe par rapport à nous; cet animal peut savoir
que nous existons, mais il n'a aucune idée de
la nature et de l'étendue des opérations
de notre conscience. Ces Grands Êtres sont dits les Lipikas et les quatre
Mahârâjahs. On jugera,
d'après les lignes suivantes, du peu que nous
pouvons savoir sur les Lipikas: [Page 65]
Les Lipikas, dont la description est donnée au 6° Commentaire
de la stance VI sont les Esprits de l'Univers .........................................
(Ils) 'appartiennent à la partie la plus occulte de la cosmogénèse, qu'on ne peut révéler ici. L'auteur ne saurait dire si les Adeptes, même les plus élevés, connaissent cet ordre angélique dans l'intégralité de ses triples degrés, ou s'ils ne connaissent que son degré inférieur, celui qui a rapport aux annales de notre monde, — mais il aurait tendance à incliner vers cette dernière supposition. Au sujet des degrés les plus élevés de l'ordre on n'enseigne qu'une chose, c'est que les Lipikas sont en relation avec Karma, dont ils sont les archivistes immédiats [Doctrine secrète, Volume 1, page 113]Ils sont les "Septs Seconds" et Ils tiennent les archives astrales, remplies des images akâshiques dont il a été question [Voir - plus haut- page 37]. Ils sont reliés
à la destinée de chaque homme, à la naissance de chaque enfant [Doctrine Secrète, Page 88 ] [Page 66]
Ils donnent " le moule du Linga Sharîra" [Voir - plus haut - page 50 ] type du corps physique approprié à l'expression des facultés mentales et passionnelles évoluées par l'Ego qui doit y habiter et ils le remettent aux "Quatre", aux Mahârâjahs qui sont les
protecteurs de d'humanité et aussi les agents de Karma sur terre [Doctrine secrète, Volume 1, page 111]C'est d'eux que H.- P. Blavatsky écrit encore, en citant la cinquième Stance du Livre de Dzyan:
Quatre "Roues ailées à chaque coin.............
pour les quatre saints et leurs armées". Ceux-ci sont les "Quatre Mahârâjahs" ou Grands Rois des Dyâns Chohans, les Devas, qui président à chacun des quatre points cardinaux................:
Ces Êtres sont également en rapport avec Karma qui a besoin d'agents physiques et matériels pour exécuter ses décrets [Doctrine Secrète, Volume 1, Page 107 ] [Page 67]
En recevant des Lipikas le moule — ou, encore une fois, la "privation de matière" — les Mahârâjahs choisissent, pour composer le double éthérique, les éléments appropriés aux qualités qu'il devra servir à exprimer, et ce double éthérique devient ainsi un instrument karmique convenable pour l'Ego, à qui il donne, à la fois, le moyen d'exprimer les facultés qu'il a évoluées, et les limitations qu'il s'est imposées à lui-même par ses fautes passées et sa négligence à saisir les occasions favorables. Les Mahârâjahs guident ce moule vers le pays, la race, la famille, le milieu social qui offrent le terrain le plus favorable à l'accomplissement du Karma qui va être le lot de la part de vie particulière en question, celui que l'Hindou appelle Prârabdah ou Karma commençant, c'est-à-dire, celui qui doit être épuisé pendant la période de vie qui commence. Une seule existence ne suffit pas à épuiser tout le Karma accumulé dans le passé. On ne saurait fabriquer Un instrument ni trouver un milieu permettant d'exprimer toutes les facultés que l'Ego a lentement évoluées, avec toutes les circonstances nécessaires à la récolte de toutes les moissons semées dans le passé, la possibilité de remplir toutes les obligations contractées envers d'autres Egos avec [Page 68] lesquels l'Ame appelée à la réincarnation s'est trouvée en contact au cours de sa longue évolution. Ce n'est donc que la portion du Karma total pouvant être combinée en vue d'une seule période d'existence, qui trouve un double éthérique approprié; le moule de ce dernier est alors guidé vers le terrain propice. Il est placé là où l'Ego pourra entrer en relations avec quelques-uns de ces Egos qu'il a connus dans son passé et qui sont eux-mêmes incarnés ou vont l'être pendant sa propre période d'existence. Le pays choisi est tel, qu'il s'y trouve des conditions religieuses, politiques et sociales appropriées à certaines de ses capacités, et compatibles avec l'occurrence de certains des effets qu'il a générés. Il est fait choix d'une race qui, — tout en étant soumise aux lois plus générales de l'incarnation dans les races, lois dont il ne peut être question ici, — présente des caractéristiques analogues à certaines des facultés qui sont près d'éclore, et dont le type convient à l'Ame en voie de réincarnation. Puis, une famille est trouvée, dans laquelle l'hérédité physique a fait évoluer le genre de matériaux physiques qui, rassemblés dans le double éthérique, s'adapteront à sa constitution; une famille dont l'organisation: matérielle, générale ou particulière [Page 69] laissera le jeu libre aux natures passionnelle et mentale de l'Ego. Parmi les qualités multiples qui sont dans l'Ame, et les multiples types physiques qui existent dans le monde, il peut être fait choix de tels d'entre eux qui s'adaptent les uns aux autres; une enveloppe peut être faite qui soit à la mesure de l'Ego en attente; il peut lui être donné un instrument et un champ d'action lui permettant d'évoluer une partie de son Karma. Tout insondables que soient pour nos faibles moyens la connaissance, et le pouvoir nécessaires pour de pareilles adaptations, nous pouvons cependant entrevoir confusément qu'elles peuvent être réalisées, et que parfaite justice peut-être faite.
Certes,
la trame d'une destinée
humaine peut être composée de fils qui nous paraissent innombrables,
destinés à former un dessin d'une indescriptible complication;
un fil a-t-il disparu ? c'est qu'il a simplement passé en dessous
pour revenir plus tard à l'endroit; un fil se montre-t-il subitement
? c'est que, à la suite d'un long trajet en dessous, il s'est repris à émerger.
Pour nous qui ne voyons qu'une partie du tissu, le destin peut échapper à notre
faible vue. Cependant, ainsi que l'a décrit le
sage Jamblique: [Page
70]
Ce qui nous semble être une définition exacte de la justice n'a pas le même aspect pour les Dieux. En effet, ne regardant que ce qui est le plus près de nous, nous ne portons guère notre attention que sur les choses du présent, sur cette vie d'un moment et la façon dont elle subsiste. Au contraire, les Puissances qui nous sont supérieures connaissent l'ensemble de la vie de l'Ame et toutes ses existences précédentes [Sur les mystères, IV, 4. Cf. la nouvelle édition de la traduction de Thomas Taylor, publiée par la Société Théosophique, pages 209-210 ]
L'assurance que "le monde est
régi par la justice parfaite" s'affirme à mesure qu'augmente
la connaissance de l'Ame en évolution. En effet, dès que
l'Ame progresse, et commence à voir sur les plans élevés
et à transmettre ce qu'elle sait à la conscience éveillée,
nous apprenons avec une certitude toujours croissante, et, par suite,
avec joie, que la bonne loi agit avec une exactitude invariable, que
ses agents l'appliquent partout d'une façon infaillible, avec
une force invincible, et que tout, dans ce monde où les Âmes luttent,
est pour le mieux. Dans les ténèbres retentit ce cri: "Tout
va bien", poussé par les Âmes qui veillent,
qui [Page
71] portent le flambeau
de la sagesse divine à travers les chemins obscurs de notre cité humaine.
Examinons quelques-uns des principes suivant lesquels
opère
la loi; leur connaissance nous aidera à découvrir les
causes et à comprendre les effets.
Nous avons vu déjà que les pensées construisent
le caractère; rendons-nous compte, à présent,
que les actions font l'entourage.
Ici nous avons affaire, à un principe général,
dont les effets sont très étendus; aussi est-il bon de
l'étudier un peu en détail. Par ses actions, l'homme
affecte ses voisins sur le plan physique; il répand autour de
lui le bonheur ou cause la détresse; il augmente ou diminue
la somme du bien-être humain. Cette augmentation ou diminution
de bonheur peuvent être dues à des motifs très
divers: bons, mauvais, ou tenant des deux. Un homme peut répandre
au loin le bonheur par un acte de pure bonté, par désir
de réjouir ses semblables; il peut, par exemple, dans ce but
offrir à une ville un parc pour le libre usage
des [Page
72] habitants.
Un autre peut accomplir le même acte par ostentation, par désir d'attirer l'attention
de ceux qui distribuent les honneurs sociaux: mettons que ce don lui
ait servi comme moyen d'obtenir un titre quelconque. Un troisième
peut faire hommage d'un parc pour des raisons diverses, les unes égoïstes,
les autres désintéressées. Ces motifs agiront
différemment sur le caractère des trois hommes dans leurs
incarnations futures: les uns iront vers le progrès; les autres
vers la déchéance; d'autres n'obtiendront que de petits
résultats. Mais l'effet de l'acte qui cause du bonheur à un
grand nombre de personnes ne dépend pas du mobile qu'a déterminé le
donateur; tous jouissent du parc, au même titre; peu importe
le motif qui a inspiré la donation, et cette jouissance établit,
pour le donateur, un droit karmique que la Nature lui paiera scrupuleusement
comme une dette. Il recevra un entourage physiquement confortable ou
luxueux, parce qu'il a procuré un agrément physique étendu;
le sacrifice qu'il a fait de biens physiques lui apportera sa récompense
légitime, le fruit karmique de son action. Tel est son droit.
Mais l'usage qu'il fera de sa situation, le bonheur qu'il tirera de
sa fortune et de son entourage dépendront principalement de
son caractère, et [Page 73] là encore,
la juste récompense lui échoit, chaque semence
portant sa moisson propre.
Le fait de rendre service dans toute la mesure
des occasions qui se présentent, pendant une vie, aura pour effet, dans une
autre vie, d'amener des occasions de servir plus nombreuses; et
ainsi, celui qui, dans une sphère très limitée,
aura aidé tous ceux qu'il a trouvés sur sa route,
renaîtra dans une situation où les possibilités
de rendre de sérieux services seront nombreuses et étendues.
De même, les occasions manquées réapparaissent,
transformées en obstacles à l'action et en infortunes
dans l'entourage. Par exemple, le cerveau du double éthérique
sera construit d'une façon défectueuse et produira
un cerveau physique défectueux; l'Ego fera des projets,
mais se sentira inférieur au point de vue de l'exécution;
ou bien il s'emparera d'une idée, mais sera incapable de
l'imprimer nettement dans son cerveau. Les occasions manquées
se transformeront en attentes déçues, en désirs
qui ne se peuvent exprimer, en soif d'aider qui se tarit soit par
incapacité même ou par absence de possibilités.
Ce même principe est souvent en oeuvre
dans [Page
74] la perte
d'un enfant chéri
ou d'un adolescent bien-aimé. L'Ego qui a maltraité ou
négligé celui qu'il devait aimer, soigner, protéger
et assister de quelque manière, renaîtra probablement
dans un milieu qui l'unira étroitement à celui qu'il
aura négligé; il s'attachera peut-être tendrement à lui;
mais ce ne, sera que pour se le voir arracher par une mort prématurée.
Le parent pauvre qui aura été méprisé pourra
réapparaître comme l'héritier honoré,
le fils unique; et quand les parents désolés trouveront
que leur maison est vide, ils s'étonneront "des voies
inégales de la Providence", qui les prive de leur fils
unique, en qui étaient toutes leurs espérances, laissant
indemnes, au contraire, les nombreux enfants du voisin. Et pourtant
les voies de Karma sont égales, quoique difficiles à découvrir,
si ce n'est par ceux à qui on a
ouvert les yeux.
Les vices de conformation proviennent des
défectuosités
du double éthérique; ce sont des peines à vie,
infligées a ceux qui se sont révoltés
contre la loi ou qui ont fait souffrir leur prochain. Tous
sont produits sous l'influence des Seigneurs du Karma, et représentent
la manifestation physique des difformités amenées
par les erreurs, les [Page 75] excès,
les défauts de l'Ego, dans le double éthérique
formé par eux. De même, c'est de leur administration équitable
de la loi que vient cette tendance complexe à la reproduction
d'une maladie de famille, ainsi que la forme appropriée
du double éthérique et la direction qui lui est
donnée vers la famille où telle maladie est héréditaire
et qui offre un "plasma continu" favorable
au développement des germes requis.
Le développement des facultés artistiques, — pour
considérer un autre genre de qualités, — sera
assuré par les Seigneurs du Karma, au moyen d'un moule
pour le double éthérique rendant possible la
construction d'un système nerveux délicat,
et souvent, par l'orientation de ce moule vers une famille
dont les membres ont développé cette faculté spéciale
de l'Ego, et cela, parfois, pendant des générations.
Il est besoin, par exemple, pour exprimer la faculté musicale
d'un corps physique spécial, d'une délicatesse
physique d'ouïe et de toucher, au développement
de laquelle seule une hérédité physique
convenable peut coopérer.
Le fait de rendre un service collectif à l'humanité,
soit par un livre aux nobles idées ou par d'utiles
discours, de répandre des idées élevées [Page
76] par
la plume ou la parole, crée des titres qui sont scrupuleusement acquittés
par les puissants agents de la loi. L'aide ainsi donnée
revient au donateur sous forme de
secours, d'assistance mentale et
spirituelle, qui lui sont acquis
en vertu d'un droit.
Nous pouvons embrasser ainsi les
principes généraux
de l'action karmique et les rôles respectifs des
Seigneurs du Karma ou de l'Ego lui-même en raison
de leur nature respective. Ce dernier construit le caractère
et se développe lui-même graduellement; les
premiers construisent le moule limitatif, choisissent l'entourage,
et, en général, adaptent et ajustent, afin
que la bonne loi puisse trouver son expression infaillible
en dépit des volontés
contraires des hommes. [Page
77]
Quelquefois l'on est
d'avis, dès
qu'on a reconnu l'existence du Karma, que si tout est l'oeuvre
de la loi, nous ne sommes que les esclaves impuissants de la destinée.
Avant de considérer comment la loi sert à diriger la
destinée, étudions un cas-type pour voir comment la nécessité et
le libre arbitre — pour employer les termes en usage — se
trouvent simultanément à l'oeuvre,
et travaillent harmonieusement ensemble.
Un homme vient au monde avec certaines facultés morales innées. — prenons-les
d'une moyenne ordinaire - avec une nature passionnelle [Page
78] manifestant des caractéristiques définies,
les unes bonnes, les autres mauvaises, avec un double éthérique
et un corps physique sains et assez bien conformés, sans être
particulièrement remarquables. Tel est son cadre, nettement
tracé; et quand il a atteint sa virilité, il se voit à la
tête de cette "provision" d'éléments
mentaux, passionnels, astraux et physiques dont il a à tirer
parti de son mieux. Il y a nombre de hauteurs intellectuelles qu'il
lui sera absolument impossible d'atteindre, des conceptions que ses
potentialités ne lui permettront pas de saisir. Il est des tentations
auxquelles le dispose, sa nature passionnelle, malgré tous ses
efforts; il est des triomphes de force et d'habileté physiques
qu'il ne pourra réaliser; en résumé, il s'apercevra
qu'il ne peut pas plus penser comme un homme de génie, que
rivaliser de beauté avec un Apollon. Il est entouré par
un cercle qui le limite et qu'il ne peut franchir, quelque vif que
soit son désir de liberté. En outre, il y a des ennuis
de plus d'une sorte qu'il ne peut éviter et
qui l'assaillent; il ne peut que subir sa peine;
il ne peut s'y soustraire.
Voici, en réalité, comment les choses
se passent.
L'homme est borné par ses pensées passées, [Page
79] par le gaspillage des bonnes occasions,
par ses choix erronés,
par ses sottes complaisances; il est lié par ses désirs
oubliés, enchaîné par ses erreurs
de jadis. Et cependant ce n'est pas lui, l'homme
réel qui est lié.
Lui, l'auteur du passé, qui emprisonne son présent peut
travailler dans sa prison et se créer un avenir de liberté.
Bien plus, il suffit qu'il sache seulement
qu'il est libre, et ses fers tomberont de ses membres;
a mesure que son savoir augmentera ses liens deviendront
plus illusoires. Mais pour l'homme ordinaire, à qui
le savoir viendra comme une étincelle, et non comme une flamme,
le premier pas dans la liberté sera d'accepter ses limitations
puisqu'il en est l'auteur et de s'efforcer de les reculer. A vrai dire,
il ne peut penser dès l'abord comme un homme de génie,
mais il peut penser au mieux de ses facultés, et peu à peu
il deviendra un génie; il peut créer du pouvoir pour
l'avenir, et il l'obtiendra. Il ne lui est assurément pas possible
de se débarrasser en un moment de ses folies, mais il peut lutter
contre elles, et, s'il succombe, continuer à combattre
avec la certitude de vaincre.
Il a, en vérité, des faiblesses et
des laideurs [Page
80] astrales et physiques; mais à mesure que sa pensée,
devient plus forte, plus pure, plus belle, et son oeuvre plus
utile, il s'assure des formes plus parfaites pour les jours futurs.
Au milieu de sa prison, il est toujours lui-même: l'Ame libre;
et il peut renverser les murailles qu'il a lui-même bâties.
Il n'a d'autre geôlier que lui-même; il peut vouloir sa
liberté, et c'est cette volonté qui
la lui obtiendra.
Une peine lui échoit; il est privé d'un ami; il commet
une faute sérieuse. Soit: dans le passé, c'est le penseur
qui a péché; dans le présent, c'est l'acteur qui
souffre. Mais son ami n'est pas perdu; un lien d'affection le rattache à lui
et plus tard il le retrouvera; d'ici là il en est d'autres autour
de lui à qui il peut rendre les services qu'il aurait prodigués à celui
qu'il aimait, et il ne négligera plus les devoirs à accomplir,
de peur de récolter une perte analogue dans
les vies futures.
Il a commis une faute manifeste et il en supporte
la peine; or il l'avait commise en pensée jadis, sans quoi il ne l'aurait pas perpétrée
maintenant; il supportera patiemment la peine que lui a value sa pensée,
et pensera aujourd'hui de telle sorte que ses lendemains
soient exempts de [Page 81] reproche.
Là où étaient
les ténèbres paraît un rayon de lumière
et cette lumière lui chante:
0 toi qui souffres ! Sache
Que par toi seul tu souffres;
Nul autre ne t'y force.
La loi qui semblait être une entrave, s'est changée en
ailes, et grâce à elle il peut s'élever à des
hauteurs dont il n'aurait pu faire, sans elle, que rêver. [Page
82]
La foule des Âmes s'écoule et avance guidée
par la course lente du Temps. La terre les entraîne dans son
mouvement, et quand un globe succède à un autre, elle
passent de l'un à l'autre. Mais la Religion de la Sagesse est
de nouveau proclamée au monde pour que celles qui en ont le
désir cessent de flotter au hasard et puissent apprendre à devancer
la lente évolution des mondes.
L'étudiant qui saisit quelque chose de la signification de la
loi, de sa certitude absolue, de son exactitude infaillible, commence à se
posséder et à diriger sa propre évolution. Il
scrute son propre caractère et se met à le modeler, s'efforçant [Page
83] d'exercer ses qualités mentales et morales, élargissant
ses capacités, fortifiant ses faiblesses, pourvoyant aux insuffisances,
extirpant les inutilités. Il sait qu'il deviendra ce sur quoi
il médite; en conséquence, il médite délibérément
et avec régularité sur un idéal noble, car il
comprend pourquoi le grand initié chrétien, Paul, recommandait à ses
disciples "d'appliquer la pensée" aux choses vraies,
honnêtes, justes, pures, aimables et de bonne renommée.
C'est journellement qu'il méditera sur son idéal; journellement
qu'il s'efforcera de le vivre, et cela avec persévérance
et calme, "sans hâte, sans repos", sachant qu'il construit
sur des fondations solides, sur le roc de la loi éternelle.
Il en appelle à la loi; il prend son refuge dans la loi. Pour
un tel homme, il n'y a pas d'échec; il n'existe pas de puissance
dans le ciel ou sur la terre qui puisse lui barrer la route. Pendant
sa vie terrestre, il amasse des expériences, en utilisant tout
ce qui se présente sur son chemin; pendant le Dévachan
il les assimile et trace le plan de ses constructions
futures.
C'est en cela que réside la valeur d'une vraie théorie
de la vie, alors même que cette théorie repose sur le
témoignage d'autrui plutôt que sur [Page
84] la connaissance individuelle. L'homme
qui accepte et comprend en partie l'oeuvre de Karma,
peut commencer de suite à construire
son caractère, posant chaque pierre avec un soin réfléchi,
sachant que c'est pour l'éternité qu'il bâtit.
C'en est fini d'entasser ou de démolir à la hâte,
de suivre aujourd'hui un plan, demain un autre, de n'en plus avoir
aucun le jour suivant; maintenant, le tracé de ce qu'on pourrait
appeler un plan de caractère, bien mûri, existe, et l'édification
se poursuit d'après ce plan. L'Ame, en effet, se fait architecte
aussi bien que maçon et ne perd plus de temps en commencements
manques. De là la vitesse avec laquelle les derniers stades
de l'évolution s'accomplissent et les progrès étonnants
et presque incroyables que fait l'Ame forte dès qu'elle a atteint
sa virilité. [Page 85]
L'homme qui se
met délibérément à édifier
l'avenir se rendra compte, à mesure que son savoir augmente,
qu'il peut faire plus que mouler son propre caractère, mais
bien composer ainsi sa destinée future. Il commence à comprendre
qu'il est très réellement au centre des choses; qu'il
est un être vivant, actif, libre de ses déterminations,
et capable d'agir sur les circonstances aussi bien que sur lui-même.
Il s'est accoutumé depuis longtemps à suivre les grandes
lois morales établies pour la conduite de l'humanité par
les Instructeurs Divins qui sont nés d'âge en âge;
il comprend maintenant que ces lois ont pour [Page
86] base les principes fondamentaux de la
Nature et que la moralité n'est
que la science appliquée à la conduite de l'homme. Il
voit que, dans la vie journalière, il peut neutraliser les résultats
mauvais qui découlent d'actes mauvais, en apportant, sur le
même point, l'effort d'une force correspondante tournée
vers le bien. Un homme, par exemple, dirige contre lui une pensée
mauvaise: il pourrait l'affronter avec une pensée du même
genre, et alors les deux formes-pensées, se fondant ensemble
comme deux gouttes d'eau, se renforceraient, se fortifieraient l'une
par l'autre; mais celui contre qui est lancée la pensée
mauvaise sait ce qu'est Karma, et oppose à la force malveillante
la force de la compassion; il met ainsi l'autre en miettes; la forme
brisée ne peut plus être animée par la vie élémentale;
la vie retourne à son foyer, la forme se désintègre,
sa puissance pour le mal est détruite par la compassion, et "la
haine cesse par l'amour".
Des formes trompeuses de mensonge cheminent dans
le .monde astral: l'homme qui sait envoie contre
elles des formes de vérité;
la pureté chasse l'impureté, et la charité détruit
l'avidité égoïste. A mesure que
le savoir augmente, cette action [Page 87] s'exerce
directement et à propos; la pensée poursuit un but avec une intention
définie et est portée sur les ailes d'une puissante volonté.
De cette façon, le mauvais Karma est enrayé dans son
principe même, et, il ne reste rien pour établir un lien
karmique entre celui qui a lancé le trait qui doit blesser et
celui qui l'a désagrégé par le pardon. Les Instructeurs
Divins qui ont parlé avec autorité sur le devoir de combattre
le mal par le bien, basaient leurs enseignements sur la connaissance
qu'ils avaient de la loi; leurs disciples, qui leur obéissent
sans percevoir entièrement la base scientifique du précepte,
diminuent le lourd Karma qui prendrait naissance s'ils répondaient à la
haine par la haine. Quant aux hommes qui savent, ils détruisent
de propos délibéré les formes du mal, car ils
comprennent les faits sur lesquels a toujours été basé l'enseignement
des Maîtres; ils frappent de stérilité les semences
du mal, et empêchent une future moisson de
souffrance.
Arrivé à un degré relativement avancé, — si
on le compare à celui qu'atteint la moyenne de l'humanité qui
va lentement à la dérive — l'homme ne se contentera
pas de construire son caractère, [Page
88] ni même de mettre à profit de son mieux les
formes-pensées qu'il trouve sur sa route; il commencera à voir
le passé et, par là, à mesurer le présent,
allant des causes karmiques à leurs effets. Il devient capable
de modifier l'avenir en mettant consciemment en oeuvre des
forces destinées à en contrebalancer d'autres qui sont
déjà en
mouvement. La connaissance le rend capable d'utiliser la loi aussi
sûrement que le font les savants dans les différents règnes
de la Nature.
Arrêtons-nous un moment pour considérer les lois du mouvement.
Un corps mis en mouvement se meut dans un sens défini: si une
autre force vient agir sur lui suivant une direction différente,
son mouvement se produira dans une direction nouvelle qui sera la résultante
des deux impulsions. Il n'y aura aucune perte d'énergie, mais
une partie de la force initiale sera employée à contrebalancer
la nouvelle, et la ligne suivant laquelle le corps va se mouvoir ne
sera ni celle de la première force, ni celle de la seconde,
mais une ligne intermédiaire qui participe des deux directions.
Un physicien peut calculer exactement sous quel angle il faut frapper
un corps en mouvement pour lui faire suivre une direction voulue, et,
bien que le corps lui-même puisse se trouver [Page
89] hors de sa portée immédiate, il peut envoyer
dans sa direction une force donnée, d'une vitesse calculée,
de façon à le frapper sous un angle donné, à le
détourner ainsi de sa route première et à le pousser
sur une ligne nouvelle. En cela il n'y a ni violation de la loi, ni
entrave, mais seulement utilisation de la loi par le savoir, conquête
des forces naturelles, obligées d'accomplir les desseins de
la volonté humaine.
Appliquons ce principe lorsqu'il s'agit de façonner le Karma;
nous verrons de suite, — en dehors du fait de l'inviolabilité de
la loi, — que ce n'est pas "contrarier l'action de Karma" que
de la modifier par la connaissance. Nous nous servons d'une force karmique
pour modifier des résultats karmiques et, une fois de plus,
c'est par l'obéissance que nous faisons la conquête
de la Nature.
Supposons maintenant qu'un étudiant avancé, en jetant
ses regards en arrière, voie les lignes d'un Karma passé converger
vers un centre d'action de nature fâcheuse; il pourra faire
intervenir une force nouvelle parmi ces énergies convergentes
et modifier ainsi l'événement qui doit résulter
de toutes les forces utilisées pour
sa [Page
90] génération et sa maturation. — Mais
une opération de
ce genre nécessite chez lui la connaissance; non pas seulement
le pouvoir de voir le passe" et de tracer les lignes qui le rattachent
au présent, mais celui de calculer exactement l'influence que
va exercer la force introduite par lui et surtout les effets qui découleront
de cette résultante considérée à son tour
comme cause. Il peut de cette façon diminuer ou détruire
les résultats du mal causé par lui dans le passé,
en répandant des forces bienfaisantes dans son courant karmique;
il ne peut ni défaire ni détruire le passé,
mais, autant que les effets en sont encore à venir, il peut
modifier ceux-ci ou les retourner par les forces nouvelles qu'il apporte
et qu'il fait agir comme causes dans leur production. En tout ceci
il ne fait qu'utiliser la loi, travaillant avec la certitude de l'homme
de science qui équilibre une force par une autre, et qui, incapable
de détruire un atome d'énergie, peut cependant obliger
un corps à se mouvoir comme il le désire, par un calcul
d'angles et de forces. On peut, de même, accélérer
ou retarder le Karma, et lui faire subir des modifications
par l'action de l'entourage dans lequel il se forme.
Répétons la même chose sous une autre forme, car
la conception en est importante et féconde. [Page
91] A mesure que la connaissance augmente,
il devient de plus en plus facile de se débarrasser du Karma du passé. Les
causes, à mesure que leurs effets se préparent, viennent
toutes dans le champ visuel de l'âme qui approche de sa libération;
car elle considère ses vies passées et jette un regard
rétrospectif sur les siècles qu'elle a lentement franchis;
elle peut alors se rendre compte de la manière dont se sont
formés ses liens, et des causes qu'elle a mises en mouvement;
elle peut voir combien de ces causes ont été mises en oeuvre
et se sont épuisées, et combien il en reste encore qui
sont en voie d'accomplissement. Elle peut regarder non seulement en
arrière, mais aussi en avant et voir les effets que ces causes
produiront, de sorte que, en regardant en avant, elle aperçoit
les effets qui seront produits et, en regardant en arrière,
elle voit les causes qui amèneront ces effets. Il n'y a aucune
difficulté à supposer que si dans la nature physique
ordinaire la connaissance de certaines lois nous rend capables de prédire
un résultat et de voir quelle loi le produit, transportant cette
idée sur un plan plus élevé, nous puissions imaginer
un état de l'Ame développée qui lui permette de
voir les causes karmiques qu'elle a mises en mouvement derrière [Page
92] elle et les effets karmiques au milieu
desquels elle aura à travailler
dans l'avenir.
Avec une semblable connaissance des causes et la
vision de leurs résultats,
il est possible de faire intervenir des causes nouvelles pour neutraliser
ces effets et de préparer pour l'avenir les effets que nous
désirons, en utilisant la loi, en nous confiant absolument à son
caractère immuable et invariable, et en calculant
avec soin les forces mises en jeu. C'est une simple
affaire de calcul.
Supposez que, dans le passé, des vibrations de haine aient été mises
en mouvement; nous pouvons résolument nous mettre à travailler à les
anéantir, pour les empêcher d'agir dans le présent
d'amour. C'est ainsi que, en prenant une première onde sonore,
puis une seconde et en les lançant toutes deux, l'une légèrement
en retard sur l'autre, de façon que les vibrations de la partie
la plus dense de l'une correspondent à la partie la moins dense
de l'autre, nous pouvons, de ces sons, faire du silence par interférence;
de même, dans des régions supérieures, il est possible
avec des vibrations d'amour et de haine employées en connaissance
de cause et contrôlées par la volonté, de mettre
fin à des causes karmiques et d'arriver [Page
93] ainsi à l'équilibre, mot qui veut dire aussi
libération.
Cette connaissance est hors de la portée de la grande majorité des
hommes. Voici ce que l'on peut faire, si on tient à utiliser
la Science de l'Ame. On peut prendre le témoignage d'hommes
expérimentés dans la matière, suivre les préceptes
de morale des grands Instructeurs religieux du monde et, par l'obéissance à ces
préceptes, — auxquels correspond l'intuition, bien que
cette méthode de travail puisse ne pas être comprise — arriver à accomplir
ce que peut accomplir directement un savoir éclairé et
conscient et ainsi, le dévouement et l'obéissance à un
Maître peuvent travailler en vue de la libération comme
pourrait le faire, quoique différemment, la
connaissance.
En appliquant partout ces principes, l'étudiant commencera à se
convaincre du retard que fait subir à l'homme son ignorance,
et du rôle important que joue la connaissance dans l'évolution
humaine. Les hommes vont à la dérive parce qu'ils ne
savent pas; ils sont impuissants parce qu'ils sont aveugles. Celui
qui veut faire son chemin plus vite que le commun des mortels et distancer
la foule paresseuse, "comme le cheval de course laisse derrière
lui le bidet", celui-là a besoin de [Page
94] sagesse tout à
là fois et d'amour, de savoir autant que de dévouement.
Il n'est pas dans l'obligation d'user lentement les mailles des chaînes
qu'il a forgées dans un passé lointain; il peut, rapidement
les couper à la lime, et se débarrasser d'elles aussi
complètement que si la rouille l'en avait lentement délivré. [Page
95]
Le
Karma nous amène à renaître
sans cesse et nous attache à la
roue des naissances et des morts. Le bon Karma nous entraîne aussi
inexorablement que le mauvais, et la chaîne forgée à l'aide
des vertus attache aussi solidement, aussi étroitement que celle
faite de nos vices. Aussi, comment arrêter la construction de cette
chaîne puisque l'homme doit penser et sentir tant qu'il vivra, et
que les pensées et les sensations engendrent du Karma ? La réponse à cette
question, c'est la leçon que nous trouvons dans la Bhagavad Gîtâ,
la sublime leçon qui est enseignée au prince guerrier. Ce
n'est ni à un ermite ni à un étudiant que cette leçon
a été donnée, mais au guerrier
qui [Page
96] combat pour
la victoire, au prince qui se débat au milieu
des devoirs de son état.
Nous y voyons que ce n'est pas dans l'acte lui-même, mais dans le
désir,
dans l'attachement au fruit de l'action que réside la force qui
lie. Une action est-elle accomplie avec le désir de jouir de son
fruit, une règle de conduite est-elle suivie pour en obtenir les
résultats
? L'Ame attend et la Nature est dans l'obligation de lui répondre;
elle a demandé, la Nature doit donner. De chaque cause dépend
son effet, de chaque action, son fruit; le désir est le lien qui
les unit, le fil qui va de l'un à l'autre. Si ce fil pouvait être
brûlé, la liaison cesserait; quand tous les liens du coeur
sont brisés, l'Ame est libre, Karma ne peut plus la retenir alors;
Karma ne peut plus la lier; la roue de la cause et de l'effet continue à tourner,
mais l'Ame devient la vie libérée.
Sans attachement, accomplis constamment l'action qui est le devoir; car c'est en accomplissant l'action sans attachement que l'homme atteint vraiment le Suprême [Bhagavad gîtâ, III, page 19]Pour parfaire ce Karma-Yoga, — ou, suivant [Page 97] son vrai nom Yoga de l'action, — l'homme doit accomplir chaque oeuvre comme un devoir et tout faire en harmonie avec la loi. En cherchant à se conformer à la loi, quel que soit d'ailleurs le plan de l'existence où il est occupé, il tend à devenir une force agissant de concert avec la Volonté Divine pour travailler à l'évolution et aspirant a une activité. De cette façon, chacune de ses actions revêt le caractère du sacrifice; elle est offerte pour aider à la révolution de la roue de la loi et non pour le fruit qu'elle pourra produire; l'action est accomplie comme un devoir, le fruit en est donné avec joie pour aider le prochain, sans que celui qui agit s'en préoccupe; le fruit appartient à la loi; c'est à elle qu'il le laisse pour qu'elle le distribue.
Celui dont toutes les entreprises sont exemptes des formes du désir, dont les actions sont consumées par le feu de la sagesse, celui-là est appelé un Sage par ceux qui sont déjà sages spirituellement.
Il a abandonné tout attachement au fruit de l'action; toujours satisfait, il ne cherche refuge auprès de personne; il agit et pourtant ne fait rien.
Délivré du désir, il contrôle ses pensées par le [Page 98] Soi; ayant abandonné tout attachement, il n'accomplit l'action que par le corps seul, et ne commet pas de péché.
Satisfait, quoi qu'il reçoive, impassible en présence des contraires, sans envie, conservant son équilibre en présence du succès comme de l'échec, il' n'est pas lié, bien qu'il ait agi.
En effet, si l'attachement est mort en lui, si l'harmonie l'environne, si ses pensées sont fixées sur la sagesse, si ses oeuvres sont des sacrifices, l'action, s'évanouit tout entière [Bhagavad gltà, IV, pp.19, 23]
De même que l'ignorant agit par attachement pour l'oeuvre, ô Bhârata, que le sage agisse sans attachement, désirant le bien-être de l'humanité. [Page 99]
Qu'aucun homme sage ne trouble l'esprit du peuple ignorant, encore attaché à l'action ; mais que, agissant en harmonie (avec Moi), il rende toute action attrayante [Bhagavad gîtâ, III, pages 25-26 ]
Le rassemblement des Âmes en groupes formant
des familles, des castes, des nations, des races, introduit un nouvel élément
de confusion dans les résultats karmiques, et c'est là
que se trouve une place pour ce. qu'on nomme les "accidents",
et pour' les adaptations que font sans, cesse les Seigneurs du Karma.
Bien qu'il ne puisse rien arriver à un homme que ce qui se trouve "dans
son Karma" individuel, il paraît qu'une catastrophe
nationale, un tremblement de terre par exemple, peut servir de prétexte
pour lui permettre d'épuiser une certaine quantité.de
mauvais Karma qui, régulièrement, n'aurait pas été affecté à sa
période d'existence actuelle. [Page 104] Il
semblerait, — et je n'en parle que spéculativement, n'ayant
pas sur ce point de connaissances spéciales, — que la mort
subite ne peut supprimer le corps d'un homme que s'il doit une telle
mort à la loi; peu importe le tourbillon de malheurs et de catastrophes
dans lequel il peut être entraîné; il sera ce qu'on
appelle "sauvé miraculeusement" au milieu de
la mort et de la ruine qui ont balayé ses voisins, et sortira
sans mal de la tempête ou de l'explosion. Mais s'il doit une vie,
et si son Karma national ou familial l'a attiré dans la zone d'action
d'une semblable catastrophe, aucune intervention ne pourrait être
utilement efficace pour le préserver, même si cette mort
subite ne fait pas partie de la trame du Linga Sharîra spécialement
affecté à sa vie présente. On prendra tout particulièrement
soin de lui ensuite, pour qu'il ne souffre pas injustement de son expulsion
subite de la vie terrestre; mais il aura eu la faculté de payer
sa dette au moment de cette éventualité, mise à sa
portée par l'action élargie de la loi,
par le Karma collectif qui l'enveloppe.
De même, il peut lui arriver de tirer bénéfice
de cette action indirecte de la loi, si par exemple il
fait partie d'une nation qui jouit des effets d'un [Page 105] bon
Karma national; il peut recevoir ainsi le montant d'une
dette que la Nature ne lui aurait pas payée dans sa vie présente,
si son Karma individuel seul était entré en
ligne de compte.
La naissance d'un homme dans telle ou telle nation est
déterminée
par certains principes généraux d'évolution, aussi
bien que par ce qui constitue sa caractéristique propre. Dans
son lent développement, l'Ame n'a pas seulement à passer par les
sept races racines d'un globe (je parle de l'évolution normale
de l'humanité), mais encore par les sous-races. Cette nécessité impose
certaines, conditions auxquelles doit s'adapter le Karma individuel,
et la nation qui appartient à la sous-race par laquelle doit passer
l'Ame offrira le champ où devront se trouver les conditions les
plus spécialement requises. Là où de longues séries
d'incarnations ont pu être suivies, on a trouvé que certains
individus progressent régulièrement de sous-race en sous-race,
tandis que d'autres sont plus errants, et se réincarnent parfois
plusieurs fois dans telle ou telle sous-race. Tout en restant dans les
limites de la sous-race, les caractéristiques individuelles de
l'homme l'attirent vers telle ou telle nation, et nous pouvons remarquer
des caractéristiques [Page 106] nationales
dominantes réapparaissant "en bloc" sur
le théâtre de l'histoire, après l'intervalle normal
de quinze cents ans. C'est ainsi qu'une foule de Romains se réincarnent
aujourd'hui comme Anglais, et leurs instincts d'entreprise, de colonisation,
de conquête, de domination réapparaissent comme des attributs
nationaux. L'homme chez qui de pareilles caractéristiques nationales
sont fortement marquées et pour lequel le moment de renaître
est venu, peut être attiré dans la race anglaise par son
Karma, et partager la destinée de cette nation, pour le bien ou
pour le mal, en tant que cette destinée peut affecter
le sort d'un individu.
Naturellement le lien familial est d'un caractère plus personnel
que le lien national, et ceux qui ont formé des liens d'étroite
affection, pendant leur vie, tendent a revenir comme membres d'une même
famille. Quelquefois ces liens se retrouvent avec persistance d'une vie à l'autre,
et les destinées de deux individus peuvent être très
intimement entrelacées dans les incarnations successives. Quelquefois,
en raison de la longueur différente des Dévachans, longueur
nécessitée par des différences d'activité intellectuelle
et spirituelle pendant les vies passées ensemble
sur terre, les membres [Page 107] d'une
famille peuvent être disséminés
et ne pas se rencontrer de nouveau avant plusieurs incarnations" D'une
façon générale, plus le lien est étroit
dans les régions supérieures de la vie, plus grande
sera la probabilité de renaître dans un même
groupe familial. Ici encore le Karma de l'individu est affecté par
les
Karmas entremêlés de sa famille; il peut en jouir,
en souffrir d'une façon qui n'est pas inhérente à son
Karma personnel et ainsi recevoir ou payer des dettes karmiques pour
ainsi dire non échues. En ce qui concerne la personnalité,
cela semble entraîner un certain redressement, une certaine compensation
dans le séjour en Kâma-Loka et en Dévachan, pour
que justice entière soit rendue même à la personnalité éphémère.
Le fonctionnement détaillé du Karma collectif nous entraînerait
bien-au delà des limites- d'un travail aussi élémentaire
que celui-ci et bien au delà du savoir de l'auteur. Pour le
moment, il ne peut être présenté à l'étudiant
que des aperçus et des fragments. Pour comprendre le sujet avec
précision, il faudrait faire une longue étude de cas individuels
et les suivre au cours de plusieurs milliers d'années.
Il est oiseux de conjecturer sur [Page 108] ces
matières; ce qu'il faut, c'est observer avec patience.
Il y a cependant un autre aspect du Karma collectif sur
lequel on peut avec à-propos dire quelques mots; c'est le rapport qui existe
entre les pensées, les actes de l'homme et les aspects de la nature
extérieure. Voici ce que Mme Blavatsky a écrit
sur ce sujet obscur:
Après Platon, Aristote a expliqué que le terme ςτοιχεια [ Éléments] ne représentait que les principes incorporels placés aux quatre grandes divisions de notre monde cosmique pour le surveiller. Ainsi, pas plus que les chrétiens, les païens n'adorent ni ne révèrent les éléments et les points cardinaux imaginaires, c'est aux " Dieux" qui les gouvernent respectivement qu'ils rendent un culte. Pour l'Eglise, il existe deux sortes d'êtres sidéraux: les Anges et les Démons. Pour le cabbaliste et l'occultiste, il n'y a qu'une classe, et ni l'occultiste ni le cabbaliste ne font de différence entre les "Recteurs de Lumière" et les "Rectores Tenebrarum" ou Cosmocratores que l'Eglise romaine imagine et découvre dans les "Recteurs de lumière" dès que l'un d'entre eux est appelé d'un autre nom que celui qu'elle lui affecte. Ce n'est pas le Recteur, ou le Mahârâja, qui punit ou qui récompense avec ou sans la permission [Page 109]
ou l'ordre de "Dieu" ; c'est l'homme lui-même. Car ses actes, ou son Karma, attirent individuellement et collectivement (comme il arrive parfois pour des nations entières) toute espèce de maux et de calamités. Nous produisons des Causes et celles-ci éveillent les pouvoirs correspondants du monde sidéral, lesquels sont alors magnétiquement et irrésistiblement attirés vers ceux qui produisent ces causes et réagissent sur eux, qu'ils soient des malfaiteurs en acte, ou simplement des "penseurs" qui couvent de mauvaises actions. La science moderne enseigne en effet que la pensée est de la matière, et "toute particule de matière existante doit enregistrer tout ce qui est arrivé" ; c'est ce que MM. Jevons et Babbage annoncent dans leurs Principes de la science. La science moderne est tous les jours attirée plus profondément dans le maëlstrom de l'occultisme, inconsciemment, sans doute, mais très sensiblement.
"La pensée est de la matière" mais non pas bien entendu au sens du matérialiste allemand Moleschott, qui nous assure que " la pensée est le mouvement de la matière", — formule d'une absurdité presque sans pareille. Les états mental et physique sont ainsi mis en complète opposition. Mais cela ne change pas l'assertion que toute pensée, en plus de son accompagnement physique (modification cérébrale), présente un aspect objectif, — quoique pour nous d'une objectivité suprasensorielle — sur le plan astral. [ Doctrine secrète, Volume 1, pages 108-109] [Page 110]
Lorsque
les hommes, paraît-il, produisent un
grand nombre de formes-pensées
mauvaises, ayant un caractère destructif, et que des forces s'assemblent
en grandes masses sur le plan astral, leur énergie peut être
et est souvent projetée sur le plan physique, où elle provoque
des guerres, des révolutions, des troubles sociaux et des soulèvements
de toute sorte qui frappent, en tant que Karma collectif, leurs progéniteurs
et propagent au loin la ruine. En conséquence, à un point de
vue collectif aussi, l'homme est le maître de sa destinée
et le monde où il évolue prend forme sous l'influence de
son action créatrice.
Les épidémies de crimes et de maladies, les cycles d'accidents
peuvent être expliqués d'une façon
analogue. Les
formes-pensées de colère aident à la perpétration
des meurtres; les élémentals de cette catégorie
se nourrissent du crime, et les résultats du crime — pensées
de haine et de vengeance de ceux qui aimaient la victime, ressentiment
farouche et fureur impuissante du criminel lorsqu'il est violemment projeté hors
de ce monde — ne font que renforcer leur propre troupe d'une quantité de
formes malfaisantes. Celles-ci, du plan astral où elles sont,
incitent l'homme méchant à [Page 111] des
crimes nouveaux, de sorte qu'un cycle d'impulsions
nouvelles s'ouvre encore et que nous constatons une épidémie
d'actes violents.
Les maladies se répandent et les pensées d'effroi qui accompagnent
leur progrès
ont une action directe qui renforce la puissance du mal; des perturbations
magnétiques naissent, se propagent et réagissent sur le champ
magnétique
de ceux qui se trouvent dans leur zone d'action. De tous côtés,
en des modes sans fin, les pensées mauvaises de l'homme causent des
ravages, là où celui
qui devrait collaborer à l'oeuvre Divine de la construction de l'Univers,
emploie pour la destruction son pouvoir créateur. [Page
112-113]
Telle
est l'esquisse que l'on peut faire de la grande
loi du Karma et de ses effets; la connaissance
de cette loi permet à l'homme
d'accélérer
son évolution; sachant l'utiliser, il peut se libérer
de toute servitude, et devenir l'un des aides des Sauveurs du Monde,
bien avant que la race dont il fait partie ait parcouru sa route.
La conviction profonde et réfléchie de la vérité de
cette loi donne à la vie une sérénité immuable
et une intrépidité parfaite; rien ne peut nous toucher
que nous n'ayons mis en mouvement nous-mêmes; aucun mal ne
peut nous être fait que nous n'ayons mérité.
Et comme tout ce que nous avons semé [Page
114] doit
arriver à maturité à la saison convenable,
et être moissonné, il est oiseux de se plaindre
de la récolte,
si elle est pénible; elle peut se faire aujourd'hui, ou
plus tard; mais elle est inévitable, et une fois recueillie,
elle ne peut recommencer à nous donner
du souci.
C'est donc avec un coeur joyeux qu'il convient
d'envisager le Karma douloureux; il faut l'accepter
et le parachever gaîment;
il vaut mieux l'avoir derrière soi que devant soi; chaque
dette acquittée
est une dette de moins à payer. Plût au ciel que
le monde connût et pût sentir la force qui vient
de cette confiance en la Loi. Malheureusement, cette loi est
pure chimère pour la
plupart des occidentaux, et parmi les théosophes même,
la croyance au Karma est plutôt un assentiment intellectuel
qu'une conviction vivante, féconde, qu'une loi à la lumière
de laquelle la vie est vécue. La force d'une croyance,
dit le professeur Bain, se mesure à l'influence qu'elle
possède sur la conduite; la croyance en Karma devrait
rendre notre vie pure, forte, sereine et riante. Seules nos propres
actions peuvent nous entraver et notre volonté nous brider.
Que les hommes reconnaissent seulement cette vérité et
l'heure de leur libération
aura sonné. [Page 115]
La Nature ne peut pas asservir l'Ame qui a conquis le Pouvoir par la Sagesse et qui n'utilise l'un et l'autre que dans l'Amour.
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