On a coutume d'appliquer le mot évangile à une seule profession
de foi et de l'associer à un récit spécial qui n'a jamais
cessé d'éveiller l'intérêt des âmes; aussi semblera-t-il
peut-être étrange d'en retrouver l'emploi dans l'enseignement théosophique.
Cependant, si l'on se rappelle la signification exacte de ce mot, on comprendra
qu'il ne doit pas être monopolisé, car, somme toute, le mot " évangile"
signifie simplement " bonne nouvelle".
La théosophie a aussi sa bonne nouvelle à porter au monde; non
pas la bonne nouvelle du salut, assurément, mais l'annonce meilleure
encore, qu'il n'y a à être racheté de rien, sinon
de notre erreur et de notre ignorance. Nous n'avons pas à éviter
la colère
divine. L'univers entier évolue par une organisation puissante et
vers un but tellement élevé qu'il surpasse toute conception
humaine. Ceci n'est pas un rêve poétique, ni une envolée
d'imagination, mais bien
une certitude que peuvent constater et apprécier tous ceux qui prendront
la peine de se préparer à en faire l'investigation hautement scientifique.
Voilà une partie de la bonne nouvelle, de l'évangile que la
théosophie
nous apporte
Dans notre vocable, la théosophie veut dire Sagesse divine, et
cette sagesse divine nous apporte à tous un évangile, au vrai
sens du mot. Ceux qui, depuis de longues années, étudient cette
philosophie merveilleuse, savent jusqu'à quel point elle fut pour eux
un évangile; car elle
a changé toute leur vie. Elle nous a enseigné comment on doit
vivre et comment on doit mourir; elle nous fait comprendre le système
grandiose dont notre humanité ne forme qu'une faible partie. Si nous
n'avions pas la clé de ces problèmes, nous pourrions à bon
droit désespérer
de tout et renoncer à améliorer les choses. Mais, dès
que nous la possédons, nous commençons à comprendre,
et tout nous apparaît sous un nouvel aspect. Les grands Maîtres,
au coeur plein d'amour et de compassion, dont le plus cher désir est
de servir l'humanité, nous donnent un véritable évangile,
une bonne nouvelle d'en haut; car ils nous disent: "Élevez-vous
au-dessus de
ce monde; considérez-le de plus haut, et alors vous le comprendrez.
Ne regardez pas d'en bas, ni vers l'aspect inférieur des choses, mais élevez-vous
en des plans de conscience supérieurs, et, de là, regardez
et comprenez. Vous verrez alors qu'il v a de bonnes nouvelles; de bonnes
nouvelles pour tous ! "
Avez-vous jamais vu la grande chute du Niagara ? Imaginez-vous la position
d'un faible insecte entraîné parmi les fétus et les détritus
charriés par ce torrent écumant. Voyez le tourbillon s'enfler
et tourbillonner et pensez de quel oeil le pauvre insecte peut considérer
ce spectacle. Pour lui, ce monde de luttes et d'efforts représente
tout l'univers; et lorsque le grand tourbillon avance et recule tour à tour,
il se sent par moments irrésistiblement détourné de
sa course naturelle et entraîné à remonter le courant.
Cependant si, placé sur les bords de cette gorge splendide vous contempliez
d'en haut ce tourbillon merveilleux, vous apercevriez un courant puissant
qui, sans interruption, pousse la trombe d'eau vers une direction donnée.
Il se produit peut-être,
par instants, des tourbillons isolés où l'eau semble remonter
le sens du courant; mais, en réalité, ces mêmes tourbillons,
ainsi que les détritus et l'insecte qu'ils emportent, sont infailliblement
dirigés,
entraînés en avant par un courant irrésistible. Eh bien
! les luttes et les souffrances de la terre présenteraient un aspect
analogue à l'homme
qui, placé sur les plans supérieurs, en considérerait
la situation. Il verrait ce que nous appelons le mal exercer une pression
dont la force s'oppose au grand courant de l'évolution, mais il remarquerait
aussi que la marche de cette évolution, guidée par la loi divine,
ressemble au courant impétueux du torrent. Comparés à cette
force, les petits éléments de lutte et de discorde sont comme
les remous isolés qui se forment à la surface d'un grand fleuve,
et qui, tout en paraissant remonter le courant, ne peuvent l'entraver et
sont entraînés
par le cours normal de l'onde. Mais pour voir ceci, il faut avoir la vue
intérieure;
il faut savoir s'élever au-dessus du tourbillon de la vie inférieure
et dépasser l'ignorance d'un mental toujours inconstant. Pour y parvenir,
la sagesse qui procède du Divin nous est nécessaire; c'est
pourquoi la divine sagesse de la Théosophie nous annonce la bonne
nouvelle que tout est pour le mieux:
que non seulement tout ira bien dans un futur très éloigné,
mais que tout va déjà bien actuellement, parce que toutes choses
se meuvent dans un ordre et une certitude parfaits.
Le péché, la douleur, le chagrin existent positivement; je n'essaierai
point de suggérer que ce sont des illusions, bien que j'en connaisse
plusieurs qui soutiennent cette théorie. Évidemment si on les considérait
du plan de l'esprit, ces tristesses nous paraîtraient bien légères,
en regard de la vie supérieure; pourtant, sur le plan physique, elles
sont réelles, et tant qu'elles durent, la souffrance est souffrance,
la douleur est douleur. Mais l'homme qui voit le plus clairement la vérité cachée
sous ces maux est aussi celui qui témoigne le plus de sympathie à son
frère plus faible. Il le comprend mieux, plus clairement et se montre
envers lui plein de miséricorde et de compassion. Comme l'a si bien
dit un écrivain français: Tout comprendre, c'est tout pardonner.
L'homme qui comprend est celui qui sympathise le plus complètement
aux personnes et aux choses. Ayant réalisé toute la grandeur
de l'évangile
que lui a révélé la sagesse, il sent aussi ce que cet évangile
sera pour ces pauvres êtres souffrants lorsqu'ils auront assez évolué pour
le comprendre. Cette bonne nouvelle nous a profité en toutes circonstances;
il n'est aucun instant de notre vie où elle ne nous ait enseigné quelque
chose. De même, vous pourrez tous diriger votre propre existence lorsque
vous comprendrez les lois sous lesquelles vous vivez.
Si notre propre intérêt se trouvait seul en jeu, il serait nécessaire
de connaître ces lois; mais lorsque nous comprenons le merveilleux système
du Logos, lorsque la réalité, la vérité de ces conceptions
s'imposent à notre vue, nous nous oublions nous-mêmes, nous oublions
nos petits intérêts. nos chagrins, nos tracas. Nous nous élevons
tout à fait au-dessus des pensées égoïstes, en contemplant
la vie grandiose et sublime qui pénètre tout, qui comprend tout,
qui soutient tout, et nous sommes fascinés par tout ce que nous sentons
en elle de puissant et de Divin, après une telle vision il ne nous est
plus possible de penser sans cesse à nous, car notre pensée s'est
alors élevée jusqu'à un niveau supérieur, et toute
notre vie se donne au service de nos frères en humanité.
Mais
nous devons voir par nous-mêmes, nous devons avoir en nous la divine sagesse
de la Théosophie,
et il faut que son évangile ait pénétré nos coeurs.
Alors nous deviendrons véritablement les prédicateurs de cet évangile,
que nous le voulions ou non; car. lorsque nous savons ces choses, si même
nous n'en parlons pas ouvertement aux autres hommes, notre vie même
décèle
l'évangile auquel nous croyons; sa joie et sa gloire rayonnent à travers
notre être, et notre vie devient une source de félicité parfaite
pour nous-mêmes et un centre de lumière et de bénédiction
pour les autres hommes.
Souvenez-vous que vous avez déjà vécu, et que, dans vos
vies passées, il y eut bien des fautes, comme aussi, espérons-le,
beaucoup de bien. Ayant généré ces causes dans le passé,
il vous faut maintenant en subir les résultats, car la cause et l'effet
ne sont que les pôles positif et négatif d'un même objet,
les deux aspects d'une seule chose, et forment partie intégrante l'un
de l'autre. Non seulement l'effet suit la cause, mais il fait en réalité partie
de cette cause, en sorte que si la souffrance ou l'infortune vous accablent,
vous savez que cette destinée a été faite par vous-mêmes.
Voyez la différence
que cela doit apporter dans la façon dont vous l'accepterez. Vous
souffrirez encore, mais vous saurez que c'est une dette qu'il faut payer.
Aussi prendrez-vous la résolution de solder au plus tôt votre
compte et de ne plus retomber à l'avenir
dans les mêmes erreurs. Vous comprendrez que votre vie est entre vos
mains, que vous n'êtes plus les esclaves des circonstances, mais que
vous êtes
des hommes libres, heureux et joyeux dans la certitude des desseins divins.
Les infortunes d'autrui vous affecteront encore, mais tout en ressentant
une profonde sympathie pour eux, vous éprouverez la joie et la puissance
que donne la certitude de pouvoir aider et de n'être plus écrasés
sous le poids des grands problèmes de la vie. Lorsque vous rencontrerez
vos frères en humanité, vous aurez quelque chose de nouveau à leur
apprendre, vous pourrez leur expliquer les choses, aplanir leurs difficultés,
leur faire part de votre Évangile de sagesse. Pour eux, comme pour vous,
cette science résoudra tous les doutes et vous montrera que toute
souffrance n'est pas seulement le solde d'une ancienne dette, mais aussi
une grande opportunité qui
nous est offerte. D'une faute passée nous pouvons
retirer un avantage présent, en acceptant de bonne grâce les luttes
et les épreuves; car, par la façon dont nous les subissons,
nous pouvons en faire un marchepied pour nous élever vers une vie
plus haute. Lorsque nous les supportons vaillamment, nous y trouvons l'occasion
de développer
beaucoup de qualités tendant à favoriser en nous l'éclosion
de l'homme divin du temps futur — temps bien éloigné encore,
mais cependant appréciable pour ceux d'entre nous qui ont commencé à comprendre.
Laissez-moi répéter qu'en vous parlant de ce grand système
d'évolution nous ne nous appuyons pas sur les données d'une
foi aveugle; nous ne vous demandons pas davantage d'accepter quoi que ce
soit comme article de foi. Nous vous communiquons simplement les résultats
définis
d'une enquête que beaucoup d'entre nous ont vérifiés
par l'investigation personnelle. Peut-être penserez-vous: — "Comment
peut-on connaître les desseins divins ? Comment l'homme peut-il entrer
dans le Conseil de Dieu et savoir ce qu'il veut? " Il est certain qu'entre
cette Vie divine transcendante, et un état quelconque de notre conscience,
la distance est incommensurable; néanmoins nous sommes nous-mêmes
des étincelles de cette Flamme divine. La
plus haute intelligence humaine est sans doute immensément inférieure à l'intelligence
suprême, mais chaque degré de l'échelle qui nous sépare
d'Elle, est peuplé d'êtres humains — d'hommes comme nous,
bien que beaucoup plus évolués. Ces divers degrés s'élèvent
jusqu'aux grands Maîtres, et plus haut encore, bien que cela paraisse
impossible à nos
esprits limités. Tous les stages y sont représentés.
C'est ainsi que nous voyons que ceux qui se trouvent aujourd'hui aux pieds
du Seigneur furent autrefois des hommes comme nous; et nous, qui les contemplons
d'en bas, au pied de cette échelle glorieuse, nous atteindrons un
jour à leur
niveau !
Ces choses-là, nous les voyons, et, pour les voir, point n'est besoin
d'une longue étude ni d'un développement anormal. Une grande
partie des choses que nous enseigne la Théosophie sont basées
sur ce qu'on a pu voir par l'exercice de facultés supérieures à nos
sens physiques; pour vous, ces données reposent sur l'investigation
de quelques hommes entraînés qui ont développé la
vision supérieure.
Ceux qui possèdent le pouvoir d'observer les plans supérieurs
confirmeront certainement ce que j'ai avancé en disant qu'ils peuvent
voir cette puissante vague en activité. Ils ne peuvent assurément
pas Le voir, le Dieu invisiblement présent dans tout, mais, au cours
de leurs investigations, ils retrouvent à chaque pas les signes de
Son activité ainsi
que de Sa force: et cette conviction s'impose à leur esprit qu'il
existe une Force, et qu'une Intelligence puissante se cache derrière
toute manifestation.
La certitude de cet Évangile de Sagesse est donc affirmée par
les preuves innombrables apportées par les investigateurs entraînés.
Mais ces témoignages ne sont vraiment guère nécessaires.
Ne pouvons-nous déjà, sur le plan physique, remarquer les différents
degrés de l'humanité? Nous y voyons des instructeurs, des hommes
développés qui se rapprochent des grands initiés, puis,
au delà,
les Christs, les Bouddhas, et plus haut encore d'autres êtres, et cette
progression continue en dépassant les limites de notre connaissance.
Sans posséder encore la faculté de clairvoyance, vous devez
comprendre qu'il doit exister, qu'il existe en l'ait, une hiérarchie
d'êtres
plus évolués encore. Vous savez qu'il existe une évolution
puisque vous la voyez s'élever pas à pas, à travers
les règnes inférieurs jusqu'à l'homme. Vous comprenez
aussi que l'homme, tel que nous le connaissons dans son type ordinaire, ne
saurait représenter le terme de cette évolution. L'histoire
vous a appris qu'il y eut autrefois des hommes beaucoup plus évolués
et il en existe encore aujourd'hui. Ceux-là marquent-ils la phase
ultime de l'évolution?Non,
il en est de plus sublimes encore, et le simple raisonnement nous convaincra
que l'échelle dont j'ai parlé doit exister. Ceux qui peuvent
voir d'un peu plus haut témoignent hautement en faveur de l'existence
des chaînons
supérieurs de cette grande chaîne, car ces litres peuvent être
connus et aimés. C'est pourquoi nous n'hésitons pas à présenter à nos
frères en humanité ce sublime évangile, en leur certifiant,
en leur expliquant ce qu'il est pour nous. Espérons que pour eux,
aussi, cette haute philosophie leur apportera le salut; elle les sauvera,
non de quelque démon extérieur et imaginaire, mais de l'ignorance
intérieure;
car voilà le seul obstacle qui entrave l'homme, — la limitation
dans laquelle il s'est lui-même circonscrit.
La limitation de l'ignorance entoure
l'homme comme une carapace redoutable, et, tant qu'il n'aura pas commencé à la
briser pour s'y frayer une route, tant qu'il n'aura pas commencé à comprendre,
il souffrira beaucoup. Cependant l'épaisseur de cette carapace est
uniquement l'oeuvre de l'homme, et dès l'instant qu'il le reconnaît,
il s'attache à la détruire en connaissance de cause, et à empêcher
de nouvelles murailles de s'élever autour du soi. Son sort est entre
ses mains, il est sous son contrôle. Devant lui s'ouvre un avenir magnifique,
une évolution immense dont la gloire sans fin dépasse la vision
du plus habile clairvoyant. Voilà la bonne nouvelle annoncée,
voilà le
véritable évangile. Ce n'est pas un texte qui pourrait être
interprété différemment, ni une simple hypothèse,
mais une certitude parfaite et divine, qui peut supporter l'examen et dont
vous pouvez chercher vous-mêmes la preuve. Plus vous étudierez
profondément
la Théosophie et plus vous acquerrez la certitude que ses données
sont vraies, que nous faisons bien réellement partie de ce système
si vaste et si bien coordonné.
Cette bonne nouvelle nous touche de tant
de façons, il se fait une telle révolution dans notre existence
lorsque nous avons compris ces choses, elle nous ouvre tant de voies nouvelles
que je ne puis les détailler ici. Il est véritablement bien profond
le changement qu'apporte la Théosophie dans l'existence de celui qui la
comprend et la vit. Mais, qu'on le remarque bien, je ne dis pas qu'un homme éprouve
ce changement parce qu'il entre dans la Société théosophique
ou parce qu'il a lu deux ou trois ouvrages théosophiques. J'entends que
l'homme qui, ayant compris ce grand enseignement, essaiera d'en appliquer les
principes à sa vie, cet homme-là reconnaîtra la vérité de
ce que j'écris. Aussi certainement qu'autrefois, ceux-là seuls
qui accompliront la volonté du Père qui est dans le ciel, sauront
si la doctrine est véridique. Il est toujours vrai que l'homme qui veut
savoir la vérité doit mener la vie spirituelle. Ce n'est pas en
regardant la Théosophie de l'extérieur qu'on peut connaître
son évangile. L'homme doit obéir à cet évangile qui
deviendra ensuite partie de lui-même. Alors il réalisera qu'il est
de son devoir d'être heureux, et il ne se laissera abattre par aucun des
chagrins ou au eu ne des épreuves qui pourraient l'accabler,
parce qu'il saura que ses pieds sont assurés.
Par ce moyen, l'on peut
faire inconsciemment beaucoup d'oeuvres théosophiques, sans préjudice
des activités de la vie extérieure, et ces oeuvres accroîtront
notre pouvoir et notre connaissance. L'on se sentira inondé de joie
et de paix pendant ses études et ses lectures, et inconsciemment nous
répandrons
autour de nous ces vibrations de joie, de bonheur et de confiance. Des millions
d'êtres humains nous entourent avides de comprendre la vie dont ils sentent
qu'ils Tout partie. Vous pouvez les aider, vous qui savez; vous pouvez les
faire participer à votre évangile de sagesse, et soyez assurés
que, lorsque vous l'aurez partagé avec eux, cet évangile vous
deviendra plus précieux encore qu'avant. Réalisez-le d'abord
pour vous-mêmes,
car c'est une condition indispensable; mais n'oubliez pas que c'est seulement
lorsque vous l'aurez passé aux autres, qu'il pourra porter dans toute
leur plénitude ses fruits les plus élevés. Si vous connaisse/
ces choses, que ce ne soit pas seulement pour vous-mêmes, mais aussi
pour l'amour de ceux qui vous entourent. C'est pour cette raison que la lumière
est venue à vous, que vous avez trouvé en vos âmes le pouvoir
d'y
répondre et de vous l'assimiler. Cette lumière vous est donnée
pour que vous puissiez aider — non pour que vous la conserviez en vous-mêmes,
mais afin que vous deveniez des centres à travers lesquels elle puisse
illuminer le monde, — pour que vous soyez des soleils en réduction,
capables de réfléchir la gloire du grand Soleil Divin. Par sa
réflexion
en vous, la lumière de la vie qui vient de Lui est attirée sur
votre propre plan comme elle n'aurait pu l'être sans vous. Vous savez
comment un miroir réfléchit la lumière du soleil sur le
coin obscur où les rayons solaires ne peuvent pénétrer
directement. Il existe aussi beaucoup d'hommes qui, par leur ignorance et leur égoïsme,
se sont volontairement retiré le pouvoir d'apprécier la glorieuse
lumière des plans supérieurs. Bien que cette lumière ineffable
ne cesse pas de se répandre, il est possible à l'homme de s'enfermer
dans sa maison et d'échapper à l'atteinte de cette clarté divine.
Mais vous qui la recevez et qui vivez en elle, vous pouvez la réfléchir
dans les coins obscurs où ses rayons directs ne pénétreraient
pas, et apporter ainsi cette gloire et cette félicité dans des
foyers qui sans votre assistance auraient été privés de
chaleur et de lumière.
Toutes ces choses constituent vraiment un évangile qui nous enseigne de
ne jamais oublier que, si triste, si pénible que nous paraisse l'aspect
extérieur de la vie, une flamme divine brûle sans cesse en nous.
Rappelons-nous, ainsi que l'a dit un poète, que:
Douce est l'âme
des choses:
au coeur de l'être est
un repos céleste,
La volonté est plus forte que la douleur;
ce
qui est bon devient meilleur et deviendra parfait.
Ce bonheur céleste, qui surpasse tout chagrin et toute souffrance, deviendra
pour vous une réalité toujours présente, dès
le moment où vous apprendrez à regarder à travers la
misère
humaine et à en voir la cause. — Au delà de cette cause
vous verrez ensuite, dans un avenir éloigné, comment ce mal
doit s'épuiser
au moyen de cette souffrance temporaire. Vous verrez la gloire future et
les qualités sublimes que ces conditions développent chez l'homme.
C'est ainsi que l'évangile de sagesse sera pour vous une réalité vivante;
que, tout en sympathisant de plus en plus profondément avec tous,
vous sentirez que vous avez en vous-mêmes le pouvoir d'aider, de consoler
et de sauver, parce que vous savez; parce qu'avant cette
évangile au fond du coeur, vous pouvez en communiquer la lumière
aux autres. Vous leur direz donc, une fois de plus, empruntant les mots d'un
des plus grands instructeurs Hindous: —
"N'e vous plaignez pas,
ne priez pas en versant des pleurs, mais ouvrez les yeux et voyez la lumière
qui VOUS entoure de toutes parts, dès que vous voulez arracher le
bandeau de vos yeux et regarder. Cette lumière est toujours avec vous
merveilleuse, pleine de gloire et surpassant tout ce que l'homme pourrait
rêver et demander
dans ses prières. Et il en sera ainsi, à jamais.'"