L'ÉLOQUENT SILENCE DE LA TERRE

par Phan-chon-T�n

Connaissez-vous les Badlands? Ce fut l� que j'ai eu une r�v�lation dont je vous parle aujourd'hui.

����������� Sur mon chemin du Michigan vers le Wyoming, o� nous nous dirigions en voiture, avec comme but final le Parc National de Yellowstone, nous v�mes soudain une indication "Badlands", et, en v�rifiant la carte, nous v�mes que la route qui y menait �tait pratiquement parall�le � celle que nous suivions. "Allons-y faire un tour", nous d�mes-nous, ma femme et moi. Et nous pr�mes cette petite route qui traversait d'abord la plaine et qui s'approchait de collines. Premier site, qu'on peut admirer du "point de vue" am�nag� pr�s du terrain de stationnement. Puis nous continu�mes, pour nous arr�ter dans un stationnement sur le bord de la route, le long d'une petite cha�ne de collines. Apr�s �tre descendus de voiture, nous regard�mes autour de nous. "C'est beau", d�mes-nous comme tout touriste qui se respecte, c'est-�-dire qui ne pense pas � grand' chose. Mais nous remarqu�mes un sentier qui montait le long du flanc de la longue colline, et qui, � un certain endroit, semblait dispara�tre. Intri�gu�s, nous le suivions. Il passait, en effet, par une ouverture entre deux petits sommets, et nous p�n�trions dans un cirque, derri�re le mur constitu� par la colline. Ayant fait quelques pas, en nous disant des paroles insignifiantes, tout d'un coup, nous nous t�mes: nous venions de r�aliser que, dans ce spectacle lunaire, c'�tait le silence absolu, avec juste le faible bruit du vent. Nous regard�mes autour de nous, des pierres, rien que des pierres taill�es en petits sommets burin�s par l'�rosion, pas une �me qui vive, pas un animal, pas une plante... Mais nous avions l'inconfortable impression d'�tre observ�s, que des �tres puissants, majestueux, fixaient sur nous leur regard silencieux... Ce fut tout. Apr�s un moment, nous repr�mes le sentier, entr�mes dans la voiture et repr�mes la route.

����������� Mais d�s ce moment, j'ai senti que je n'�tais plus le m�me �tre qu'avant, qu'un message venait de m'�tre livr�, et qu'il fallait que je le comprenne. Sentiment que partageait ma femme. Et aujourd'hui encore, nous regardons de temps en temps cette cassette vid�o, en nous disant: Ce fut une exp�rience inoubliable!

����������� D'autres voyages, surtout dans les Rocheuses, ou dans les Alpes, m'ont d�j� men� devant des montagnes majestueuses, et, comme d'autres, je me suis content� d'admirer les ondulations des couches successives, soulev�es et tourment�es par les plissements de la cro�te terrestre, et, comme d'autres, je me suis content� de lire la carte g�ologique pr�par�e � l'intention des touristes, avec des noms donn�s aux diff�rentes couches, et leurs �ges respectifs... et de dire: "C'est formidable!", puis de reprendre la voiture et d'aller voir autre chose, un terrain de rod�o, ou un mus�e d'automobiles antiques. Voil� comment notre conscience -ou ce qu'on appelle ainsi- travaille, ... ou plut�t ne travaille pas!

����������� Lors du m�me voyage, une autre vue, plus t�t, nous avait d�j� laiss� une forte impression. C'�tait la Tour du Diable (the Devil's Tower), un cylindre sorti tout droit du sein de la terre, et se figeant apr�s avoir atteint une centaine de m�tres de haut; c'est le bouchon d'un ancien volcan.

����������� Mais la vision des Badlands me hantait, et me poursui�vait, on peut dire nuit et jour, sans que j'aie trouv� sa signification, jusqu'au jour o� le volcan des Philippines entrait en irruption. Il faut dire cependant qu'entre temps, j'avais d'autres indices, l'un d'entre eux �tant tout simplement une publicit� t�l�vis�e pour une eau min�rale de France, l'eau Volvic; cette publicit� dit � peu pr�s ceci: lorsque les volcans d'Auvergne �taient nouveaux, ils avaient une jeunesse tumultueuse; de cette activit�, ils ont gard� pour nous des �l�ments indispensables.

����������� Dans cette eau, comme d'ailleurs dans les autres eaux min�rales, il y a, avec des sels min�raux divers, des oligo�l�ments.

����������� Voil� le mot magique, magique pour moi qui suis biologiste et qui sais -du moins ai-je appris- le r�le des oligo�l�ments. Comme je fais de la culture des tissus, j'en ajoute r�guli�rement lorsque je pr�pare les milieux nutritifs. Et je dois dire que, depuis que j'�tais �tudiant en biochimie, le r�le des oligo�l�ments a toujours �t� une �nigme pour moi.

����������� Dans les milieux biologiques ou m�dicaux, on vous explique que ces �l�ments, le Fer, le Magn�sium, le Mangan�se, le Cobalt, ..., servent � donner aux mol�cules biologiquement actives (enzymes, hormones, vitamines) leur structure active. Je ne vais pas vous expliquer cela, car c'est plut�t compliqu� pour des non-sp�cialistes. Mais ce qui est remarquable, c'est qu'il n'en faut pas une grande quantit� pour assurer la bonne marche de l'organisme; des concentrations de l'ordre du p.p.m. (partie par million), ou m�me du p.p.b. (partie par milliard) suffisent, d'o� leur nom: "oligo" signifiant "un peu", "quelques uns". Autrement dit, il suffit qu'ils soient pr�sents pour que les rouages organiques fonctionnent. Humainement parlant, on pourrait presque dire qu'il suffit qu'ils soient l�, en t�moins, pour �voquer quelque chose chez les mol�cules plus complexes, pour �voquer un "vieux souvenir" chez ces mol�cules plus jeunes, plus r�centes dans leur apparition lors de l'�volution de la mati�re sur cette terre. On dirait qu'il leur faut la pr�sence d'anciens, d'un ou de quelques anciens appropri�s, pour leur rappeler une fa�on de faire, un cheminement, qui s'est compliqu� avec le temps, mais dont l'�vocation de l'acte primitif est indispensable pour la mise en marche. Je disais que je n'allais pas entrer dans les d�tails; mais disons que l'une des r�actions par lesquelles passent les oligo�l�ments est la ch�lation: Dans le mol�cule de chlorophylle, par exemple, l'atome de Magn�sium,� l'oligo�l�ment indispensable, subit deux liaisons purement chimiques avec deux atomes d'Azote (N), mais aussi fait deux "caresses", si l'on peut dire, aux deux autres atomes d'Azote; ces deux sortes de liaisons ne peuvent d'ailleurs ni �tre distingu�es, ni pr�cis�ment d�montr�es, ce qui veut dire qu'on ne sait pas exactement quels deux atomes d'Azote sont li�s par des liaisons chimiques et quels deux autres par ch�lation � l'atome de Magn�sium. Il est m�me tr�s probable qu'il y ait une alternance, une sorte de rotation de l'atome de Magn�sium au centre de la mol�cule de chlorophylle.

����������� Je voudrais encore signaler, d�j� ici, que chez les animaux dits sup�rieurs dont l'homme, la substance rouge du sang, l'h�moglobine, a une structure mol�culaire quasi identique � celle de la chlorophylle, avec, � son centre, un atome de Fer. Nous y reviendrons tout � l'heure.

����������� Jusqu'� pr�sent, je vous ai pr�sent� des �l�ments divers et �pars. Essayons maintenant de faire le joint entre eux. Pour ce faire, regardons cette photo du canyon du Colorado. Cette photo, qui donne bien une vue g�n�rale, ne nous fait cependant pas deviner la profondeur de cette rivi�re. Sachez qu'il y a des excursions � pieds ou � dos d'�ne, et qu'elles mettent au minimum une journ�e pour descendre jusqu'au niveau de l'eau! Cela veut dire que le canyon est profond. Et je crois me rappeler que les deux rives sont � un ou deux kilom�tres l'une de l'autre.

����������� Les gens instruits vous disent que c'est l'�rosion par l'eau. Et ce n'est pas moi qui les contredirai. Mais regardons cette �rosion de plus pr�s. Un petit filet d'eau commence � se former en surface, et enl�ve un peu de terre chaque jour, que dis-je chaque heure, chaque minute, chaque seconde. Cette terre qu'il emm�ne, c'est un ensemble de grains de silicate, de l'humus, des d�bris v�g�taux, ... Mais avant ce temps o� les choses solides ne soient dissoci�es et entra�n�es par le courant, l'eau a fait un autre travail: elle a dissout les �l�ments solubles des roches, les sels min�raux, le calcaire, les substances organiques de l'humus, et tout cela se retrouve m�lang� dans l'eau du ruisseau.

����������� L'eau qui dissout les roches forme des couches souterraines, et imbibe la terre, et les arbres s'en nourrissent: ils pompent cette eau, et la font monter jusqu'� leurs cimes, v�hiculant les �l�ments min�raux. D'autre part, ces m�mes arbres, par l'interm�diaire de leurs feuilles, emploient l'�nergie de la lumi�re pour fabriquer les compos�s organiques, gr�ce � la fonction appel�e photosynth�se. Et vous voyez que, dans ces arbres, il y a une jonction, en de multiples points, de l'apport de la Terre et de celui du Soleil. La mol�cule de chlorophylle, dont j'ai parl� plus haut, en est un exemple probant: les structures form�es de carbone et d'azote viennent de l'air, incorpor�s gr�ce � l'�nergie solaire, et le magn�sium vient de la terre et est apport� par l'eau.

����������� Les animaux se nourrissent des v�g�taux qui leur apportent les compos�s organiques, et absorbent l'eau des rivi�res qui leur apporte les �l�ments min�raux. En ce qui concerne l'eau, vous savez que, des couches souterraines, jaillissent des sources, et vous savez que les eaux de sources sont dites "min�rales", justement parce qu'� la diff�rence de l'eau de pluie, ces eaux v�hiculent les substances min�rales qu'elles ont dissoutes des roches. Et les gens "chics" qui ach�tent les eaux Montclair, Saratoga, Perrier, Vichy, ... incorporent dans leur chair et dans leur sang, le fer, l'aluminium, le magn�sium, le mangan�se, ... et ainsi sont les produits -j'allais dire les enfants- de ces terres proches (Perrier, Vichy) ou lointaines (Montclair au Canada, Saratoga aux Etats-Unis). Vous voyez d�j� cette transcendance spatiale de nos corps physiques. Cette transcendance s'affirme davantage par le fait que des quantit�s �normes de mati�res sont transport�es d'un continent � un autre par les courants de l'atmosph�re: des tonnes de sable sont ainsi transport�es chaque jour des d�serts d'Arabie en Europe, et des d�serts d'Afrique en Am�rique; ce transport se fait "normalement" sans que l'on s'en rende compte, sauf lorsqu'il se manifeste sous la forme des pluies de sable, qui s'abattent parfois sur le Midi de la France, venant du Sahara. Et que dire des substances plus volatiles, provenant des gisements de p�trole, ou des centrales nucl�aires. Dans notre corps, actuellement, nous avons certainement des compos�s du p�trole du Koweit, et des produits �mis par Tchernobyl.

����������� R�alisez-vous maintenant que ce n'est pas parce que vous �tes n�s et avez grandi en Am�rique du Nord que votre corps ne provient que de cette terre. Ici et maintenant, votre corps a des �l�ments qui proviennent de tous les coins du monde. Ceci est l'universalit� spatiale de nos corps.

����������� Mais revenons aux Badlands et au Canyon du Colorado. Les photos nous montrent les couches, et l'on s'�merveille de leur r�gularit�, de leurs couleurs, des mouvements du plissement. Et si vous consultez une carte g�ologique, elle vous� dira que cette couche est du myoc�ne, que l'autre est du carbonif�re, et vous vous dites: C'est int�ressant! Int�ressant, c'est le mot passe-partout qui ferme notre esprit en nous donnant l'excuse de nous �tre int�ress�s � quelque chose. En r�alit�, lorsqu'on a dit: "C'est int�ressant", notre esprit pense tout de suite: "Allons voir autre chose!" Et l'on papillonne ainsi de point en point, d'un lac � un sommet.

����������� Prenons les Badlands: revoyons cette terre au moment o� ces petites collines n'�taient pas, o� elles faisaient encore partie du sol ou du sous-sol d'une surface plut�t plane. On nous explique que ces couches sont des d�p�ts successifs qui se sont faits en des temps plus ou moins longs. Les �l�ments qui formaient la surface �taient, disons, "en activit�", parce qu'ils subissaient les intemp�ries, l'oxydation par l'air, la dissolution par l'eau, l'�rosion par les vents, les incendies caus�s par la foudre, l'�puisement par les racines des plantes, et �ventuellement creus�s, emport�s, d�port�s, exploit�s par les animaux et les hommes. Les pierres taill�es et immobilis�es dans les constructions passent par une exp�rience "nouvelle", celle d'�tre "taill�es", c'est-�-dire pass�es par une �preuve de meurtrissure afin d'�tre �quarries selon un plan nouveau, inconnu d'elles jusqu'alors, puis assembl�es dans un �difice con�u par le mental humain, pour un usage profane ou sacr�. L'argile moul�e en briques suit � peu pr�s le m�me cheminement, avec un passage pr�liminaire par l'�preuve du feu et, cons�quemment, d'une sorte de cristallisation (�preuve que les pierres ont d� subir plus t�t, par le feu naturel du sein de la� terre). N'avez-vous jamais remarqu� que ces pierres ou ces briques nous observent en silence, nous donnant ce qu'elles ont re�u auparavant, et recevant de nous quelque chose pour l'avenir?

����������� Petit � petit, l'�rosion, patiemment, emporte cette couche active, �rosion naturelle par le chaud et le froid, les vents, la dissolution ou l'�coulement dans l'eau, ou non-naturelle par les diff�rentes formes de pollution. Et tous ces grains de poussi�re, miettes d�sagr�g�es des corps min�raux, v�g�taux et animaux qui ont v�cu � une certaine �poque sur la surface de la terre, se trouvent entra�n�s au fond des eaux et tapissent les lits d'une rivi�re, d'un fleuve ou d'une mer, rendus � la terre, remis au repos; pour eux c'est la fin d'une incarnation, ou� d'une s�rie d'incarnations, car, pendant une p�riode d'activit� d'un min�ral, qui dure quelques centaines de milliers d'ann�es, il peut y avoir plusieurs incarnations v�g�tales, des arbres mill�naires, tels les s�quoias, jusqu'aux herbes d'un jour, encore davantage d'incarnations animales, des tortues qui durent plusieurs centaines d'ann�es, en passant par les humains qui atteignent l'�ge centenaire, jusqu'aux insectes �ph�m�res qui ne vivent que l'espace d'une nuit; les restes de tous ces r�gnes qui ont v�cu ensemble et qui se sont �chang� des exp�riences, se retrouvent au fond, et petit � petit, recouverts par les restes d'�tres d'une autre p�riode. C'est ainsi que se forment les diff�rentes couches g�ologiques. Ces couches sont donc des t�moins d'une tranche temporelle dans la vie de notre Terre.

����������� Deux cas alors se pr�sentent.

����������� L'eau d'infiltration peut dissoudre une de ces couches et remet en activit� quelques �l�ments solubles: ainsi le fer, le magn�sium, le mangan�se, ..., d�sincarn�s il y a, disons, 400.000 ans, se r�incarnent maintenant dans un arbre, un animal, un homme, et aident les nouvelles mol�cules � fonctionner, op�rent ainsi comme oligo�l�ments, comme nous l'avons vu plus haut; d'autres �l�ments, tels le calcium, le sodium, le potassium, ... prennent une part plus permanente dans la substance m�me des organismes. Notre corps a donc, dans sa composition, des �l�ments qui ont �t� les t�moins d'une p�riode recul�e de l'histoire de la Terre; et en toute logique, nous devons induire que, lorsqu'ils ont �t� raviv�s pour cette p�riode, ils avaient d�j� �t� actifs et d�sactiv�s � une p�riode ant�rieure, et nous pouvons poursuivre ce raisonnement jusqu'� la naissance, sinon de l'univers, du moins de la Terre.

����������� Vous allez me dire: mais nos corps sont p�rissables et disparaissent apr�s notre mort. Oui, mais il y a une chose dont peu de gens, m�me les scientifiques, se rendent compte; c'est que les atomes sont �ternels. Depuis leur formation, ils ont particip� � toutes sortes de combinaisons, mais se sont toujours retrouv�s, � la dissolution de ces combinai�sons, peut-�tre pas intacts, mais du moins gardant leur individualit�.

����������� "Nous savons que la mati�re est �ternelle, c'est-�-dire qu'elle n'a pas eu de commencement, a) parce que la mati�re est la Nature elle-m�me; b) parce que ce qui ne peut s'annihiler, existe n�cessairement et ne pouvait donc commencer � �tre ni ne peut cesser d'�tre; c) parce que l'exp�rience accumul�e d'�ges sans nombre et celle de la science exacte nous montrent la mati�re (ou la nature) agissant en vertu de son �nergie propre, pas un de ses atomes n'�tant jamais dans un �tat de repos absolu; donc, la mati�re a d� toujours exister, c'est-�-dire que ses mat�riaux changent sans cesse de forme, de combinaisons et de propri�t�s, mais ses principes ou �l�ments sont absolument indestructibles." (Lettre X des Mahatmas, p.64)

����������� Ainsi, si nos corps sont mortels, leurs constituants sont immortels. Et je dirais, avec le c�l�bre physicien Jean Charron, que "J'ai v�cu quinze milliards d'ann�es"; et que mon corps actuel est un r�sum� de toute l'histoire de la Terre. Malheureusement cette transcendance temporelle n'est pas �vidente pour tout le monde, et c'est ce que j'avais confus�ment ressenti au milieu des pierres des Badlands.

����������� J'ai dit qu'il y avait deux cas. Et voici le deuxi�me cas. Il est d'ailleurs double. L'�rosion et la dissolution constituent un processus lent. Mais la Terre bouge, fr�mit continuellement, et un jour, une r�gion plane subit un plissement, les couches se soul�vent, et se cassent. Que se passe-t-il alors? Les �l�ments enfouis, comprim�s, r�duits � l'inactivit� pendant des si�cles, se retrouvent tout � coup remis dans une condition active. C'est une r�incarnation subite, voulue ou non, nous ne le savons pas. Et alors, ces �tres d'un autre �ge vous regardent, vous observent pendant que vous les contemplez ou photographiez. Qu'ont-ils voulu me dire dans les Badlands? Je crois que je commence � le percevoir et c'est ce que je partage avec vous en ce moment.

����������� L'autre alternative est ce qui s'est pass� r�cemment aux Philippines, l'irruption volcanique. Ces �l�ments � l'�tat de r�version dans le sein de la Terre, refondus, r�ignifi�s, rendus � l'�tat de plasma, sont rejet�s violemment � la surface pour reprendre activit�. Ils peuvent d�truire certaines r�alisations de la nature active actuelle, mais peut-�tre ont-ils �t� projet�s dehors pour apporter des �l�ments r�g�n�r�s, pour servir � une p�riode � venir, plus ou moins lointaine.

����������� Car tous ces �l�ments plus anciens, plus� enfouis, et remis � jour, sont � leur tour �rod�s et solubilis�s par l'eau et sont incorpor�s dans les organismes vivants d'aujourd'hui, peut-�tre pour pr�parer le corps des �tres � venir. On sait que nous sommes � la fin d'un cycle, et ces nombreux cataclysmes terrestres se sont peut-�tre produits pour enterrer celui-ci, du moins en partie, et pr�parer le chemin � un cycle prochain, pas forc�ment le plus imm�diat.

����������� Pour r�sumer ce qui a �t� dit jusqu'ici, le corps humain n'est pas un petit organisme qui est n� d'une m�re, qui grandit dans un endroit pr�cis et qui meurt au bout de quelques dizaines d'ann�es, mais une r�surrection, en un certain temps et en un certain lieu, d'�l�ments provenant de -ou ayant v�cu dans- tous les coins du globe terrestre, et qui tous sont aussi vieux que la Terre. Peut-�tre est-ce l� une interpr�tation de l'id�e de r�surrection des corps enseign�e par l'�glise, et qui, m�me pour les croyants, a toujours �t� difficile � comprendre et � accepter. La mati�re -la Terre, la Nature- est immortelle; ce sont ses manifestations qui sont �ph�m�res.

����������� Cela nous conduit � un autre point que j'aimerais �voquer avec vous. Lorsqu'on parle de vie, d'incarnation, on tend � appliquer ces mots � l'homme. Et les personnes qui acceptent l'id�e de la r�incarnation la r�serve sp�cifiquement au r�gne humain. Et aussi, on l'applique au corps compos� auquel nous sommes habitu�s. Mais je vous invite � faire avec moi un petit voyage dans le domaine des atomes.

����������� Prenons la fonction physiologique la plus indispensable aux �tres vivants: la respiration. Du point de vue chimique, il s'agit surtout des mouvements d'une substance, l'oxyg�ne. Dans l'air, on sait que l'oxyg�ne se trouve � l'�tat "libre" (bien que chimiquement, il est sous forme mol�cu�laire, avec deux atomes coll�s ensemble). Lorsqu'il est inhal� dans les poumons, il est mis en contact avec le sang contenu dans les vaisseaux capil�laires. Ce sang, qui a irrigu� le corps, est, dit-on, vici�, ce qui veut dire que l'h�moglobine a r�colt� un atome de carbone et est devenue ce que les chimistes appellent la carboxyh�moglobine. Ce que fait l'oxyg�ne alors, c'est d'oxyder l'atome de carbone -chimiquement: deux atomes d'oxyg�ne se lient � un atome de carbone- et la carboxyh�moglobine, ainsi lib�r�e, redevient l'oxyh�moglobine pour aller donner son �nergie au corps. Cette r�action de l'oxyg�ne avec le carbone donne comme produit le bioxyde de carbone, ou gaz carbonique, qui est rejet� par le corps dans ses expirations. L'oxyg�ne, qui �tait libre, est maintenant attach�, li� au carbone, incorpor� au gaz carbonique. Celui-ci, une fois dans l'atmosph�re, flotte un peu partout et bient�t est absorb� par une feuille verte qui, employant l'�nergie solaire, le dissocie en oxyg�ne qu'elle rejette dans l'atmosph�re, et en carbone qu'elle incorpore dans des mol�cules organiques.

����������� Voyons d'abord le voyage de l'oxyg�ne: il est d'abord libre, puis incorpor� pendant un temps dans la mol�cule de gaz carbonique, puis re-lib�r�, d�s-incorpor�, ne pourrait-on pas dire incarn� puis d�sincarn�?

����������� Mais suivons maintenant l'atome de carbone. Nous avons vu que la feuille verte le s�pare de l'oxyg�ne, pour le r�cup�rer et l'incorporer dans les mol�cules n�cessaires � la vie, appel�es par cons�quent organiques ou biologiques. Dans cette r�action, la feuille verte emploie l'�nergie de la lumi�re pour fabriquer, en premier lieu, des sucres: cette fonction est par cons�quent appel�e photosynth�se. Dans cette r�action, l'atome de carbone se trouve li� avec d'autres atomes de carbone, des atomes d'oxyg�ne et des atomes d'hydrog�ne. Puis d'autres r�actions op�rent des �changes pour fabriquer des mol�cules diff�rentes, g�n�ralement plus complexes.

����������� Si l'on fait le tri des mol�cules carbon�es qui servent dans les organismes vivants, on peut les r�partir en deux grandes classes, les substances transformables et les substances dites biologiquement actives. Parmi les premi�res, on distingue � nouveau deux groupes: les substances �nerg�tiques et les substances plastiques. Les substances �nerg�tiques sont ainsi appel�es parce qu'elles subissent des transformations plut�t rapides, pour lib�rer l'�nergie n�cessaire � l'entretien de la vie: sucres, graisses, certaines prot�ines. Les sucres, par exemple, une fois ing�r�s, sont dig�r�s rapidement et une grande partie sera "br�l�s" par l'oxyg�ne de la respiration en gaz carbonique. On peut dire que leur incarnation est courte et se r�p�te souvent. Par contre, les prot�ines qui constituent les muscles, les nerfs, et les substances osseuses restent plus longtemps en place. Ce sont les substances qui constituent la charpente de notre corps, et, pour cela, sont appel�es "plastiques". Parmi celles-ci, les prot�ines des muscles se renouvellent rapidement, les composants des nerfs et ceux des os perdurent des dizaines d'ann�es. Et si l'on sort du domaine humain et qu'on consid�re les v�g�taux, on sait que certains arbres peuvent vivre des centaines d'ann�es, voire des milliers. Chez ces arbres, il y a aussi des substances qui se renouvellent vite, mais les constituants du bois, notamment la cellulose et surtout la lignine, sont pratiquement indestructibles. Imaginez alors un atome de carbone incorpor� dans une mol�cule de sucre et un autre, en principe identique, faisant partie d'une mol�cule de lignine. Le premier s'incarne, se d�sincarne et se r�incarne � un grand rythme, alors que le deuxi�me peut demeurer inactif durant la vie de l'arbre, et bien longtemps apr�s, si l'arbre est coup� et transform� en un meuble ou une poutre de charpente d'une maison. Le premier aura accumul� un grand nombre d'exp�riences diverses, et aura habit� des corps de plantes, d'animaux, d'humains, alors que le deuxi�me n'aura connu qu'une longue exp�rience monotone. Selon le principe de la relativit� d'Einstein, le premier carbone, qui aura accumul� beaucoup d'exp�riences en peu de temps, sera plus "jeune" que le deuxi�me qui n'en finit pas de faire la m�me exp�rience; "jeune" signifiant "qui ne vieillit pas", en fin de compte "immortel". (Je vous laisse cet exemple pour approfondir la notion d'immortalit�.) On peut dire aussi que le premier carbone sera plus �volu� que le deuxi�me. Ainsi notre corps, non seulement est le champ d'exp�rience pour des �l�ments aussi vieux que la Terre, mais encore et surtout est une �cole o� des �l�ments de diff�rents degr�s �voluent ensemble pour acqu�rir chacun de nouvelles connaissances correspondant � son niveau.

����������� Examinons maintenant la deuxi�me classe, celle des substances bio-actives. Elle se compose aussi de deux groupes: les enzymes et les hormones. Les enzymes sont les substances qui op�rent les transformations des substances de la premi�re classe, chacun ayant un mode d'action sp�cifique. "On nous enseigne que tout changement physiologique, outre les ph�nom�nes pathologiques et les maladies, -� vrai dire la vie elle-m�me, ou plut�t les ph�nom�nes objectifs de la vie provoqu�s par certaines conditions et modifications dans les tissus du corps qui permettent l'action de la vie et la forcent � agir dans ce corps-, que tout cela est d� � ces CREATEURS et DESTRUCTEURS invisibles qu'on appelle, d'une fa�on si vague et si g�n�rale, les microbes ... Le corps physique de l'homme change compl�tement de structure tous les sept ans et sa destruction ou sa conservation sont dues aux Vies de Feu dont la fonction est alternativement de D�truire et de Construire. Elles construisent en se sacrifiant elles-m�mes, sous forme de vitalit�, pour restreindre l'influence destructrice des microbes, et, en leur fournissant ce qui est n�cessaire, elles les forcent, au moyen de ce frein, � construire le corps mat�riel et ses cellules. Elles d�trui�sent aussi lorsque ce frein est retir� et que les microbes, � qui on ne fournit plus d'�nergie vitale pour construire, sont laiss�s libres de se r�pandre comme agents destructeurs" (D.S., I, 251). Ce passage de la Doctrine Secr�te est une v�ritable le�on de biochimie moderne. Remplacez, en effet, le mot Cr�ateurs par enzymes de synth�se, et le mot Destructeurs par enzymes de d�gradation, et vous pourriez inclure ce paragraphe dans un livre de biochimie. Plus, la phrase "dont la fonction est alternativement de d�truire et de construire" traduit exactement ce qu'en biochimie on appelle une "r�action r�versible", c'est-�-dire qu'elle peut aller dans un sens ou dans l'autre, selon les conditions �nerg�tiques. La phrase suivante: "Elles construisent en se sacrifiant elles-m�mes, sous forme de vitalit�" est encore d'une actualit� remarquable. En effet, il y a des mol�cules qu'on dit "� haute �nergie" qui, en se d�truisant, lib�rent cette grande quantit� d'�nergie qu'elles avaient emmagasin�e, pour permettre une r�action de synth�se. La derni�re partie du paragraphe �nonce une autre v�rit� scientifique: c'est gr�ce � certaines mol�cules qui contrecarrent l'action des microbes, soit en produisant des substances de d�fense, soit en fournissant un aliment aux microbes, ou, au contraire, en consommant les aliments fabriqu�s par ceux-ci, que la cellule, et par cons�quent, que le corps form� par ces cellules, survit.

����������� Quant aux hormones, ce sont les substances qui dirigent et coordonnent ces transformations; elles agissent donc sur un niveau sup�rieur � celui des enzymes. Ce sont des agents du mental, et font partie de ce que Jean Charron appelle la n�guentropie. (La mati�re a une tendance naturelle � se d�sagr�ger; c'est ce que la chimie-physique appelle l'entropie. Jean Charron reconna�t dans ce qu'il appelle "l'esprit", et qu'en th�osophie nous appelons plut�t le mental, la tendance inverse, qu'il appelle "n�guentropie", la tendance � la construction plut�t qu'� la destruction.) On peut donc mettre les quatre groupes dans l'ordre suivant:

����������� Substances plastiques����� �l�ments les plus mat�riels

����������� Substances �nerg�tiques��� �l�ments vitaux

����������� Substances enzymatiques��� �l�ments actifs

����������� Substances hormonales����� �l�ments intelligents

Vu sous l'angle th�osophique, les substances plastiques sont faites d'�lementaux physiques, les substances �nerg�tiques, d'�l�mentaux �th�riques, les substances enzymatiques, d'�l�mentaux astraux, et les substances hormonales, d'�l�mentaux mentaux.

����������� Je voudrais maintenant arriver � un autre aspect de la question. Avec la th�orie scientifique et les enseignements plus occultes sur l'�volution, on a tendance � consid�rer que le r�gne humain est le plus �volu�; puis viennent, par ordre d�croissant, le r�gne animal, le r�gne v�g�tal et le r�gne min�ral, que l'homme, dans son orgueil �gocentrique et son ignorance, appelle "r�gnes inf�rieurs". Le terme "inf�rieur" ne peut se justifier que par le fait que les repr�sentants de ces r�gnes ont moins de facult�s d�velopp�es que l'�tre humain. Mais si l'on retrace l'�volution, de n'importe quel point de vue, on ne peut s'emp�cher de r�aliser que les min�raux sont de loin nos a�n�s, puis viennent les v�g�taux, et enfin les animaux. Le r�gne humain est � peine arriv� � la fin de son adolescence; je pense que je n'ai pas besoin de vous en donner les preuves. Mais regardez ces animaux royaux, tigres, lions, �l�phants; ces majestueux rois des for�ts, ch�nes, sapins Douglas, sequoias; ces exemples de la perfection min�rale que sont les cristaux -et je rappelle en passant qu'il y a plusieurs syst�mes cristallins, avec des caract�ristiques tr�s strictes- ; nos rois et reines humains, pr�sidents, chefs d'�tat, chefs religieux, ..., n'arrivent pas aux chevilles des "parfaits" des autres r�gnes, que je pr�f�re appeler "ant�rieurs". Car non seulement ils nous ont pr�c�d�s dans le temps, mais le r�gne humain a tir� profit des exp�riences de ces r�gnes, et dans sa composition mat�rielle, et dans sa strat�gie vitale.

����������� Un exemple parlant est l'�volution de la structure des organismes: les premiers v�g�taux organis�s ont la tige creuse, form�e seulement d'une enveloppe superficielle, et ce n'est que bien plus tard que la tige se remplit et se durcit, avec ces fibres de cellulose impr�gn�es de lignine dont j'ai parl� plus haut. Les animaux ont r�p�t� ce m�me cheminement: les mollusques et les crustac�es ont une coquille ou carapace dure qui les prot�ge, et ce n'est que bien plus tard que les animaux dits sup�rieurs d�veloppent un squelette interne, dont l'homme a copi� le mod�le. Je ne peux m'emp�cher de citer ici deux extraits des Stances de Dzyan:

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����������� "VI. 22: ... La sueur grandit, ses gouttes cr�rent, et les gouttes devinrent dures et rondes. Le soleil la r�chauffa, la lune la refroidit, et lui donna une forme...

����������� VIII. 30: Durant la troisi�me, les animaux sans-os cr�rent et chang�rent; ils devinrent des animaux avec os..."

����������� Il convient, cependant, de donner cr�dit au r�gne humain: il a h�rit� des fruits de l'exp�rience des r�gnes ant�rieurs, mais il lui appartient de les porter � une plus grande perfection. On peut lire, en effet, dans la Doctrine Secr�te (I, 141) que le r�gne v�g�tal, -mais je pense que ceci est vrai pour tous les r�gnes ant�rieurs- "doit d'ailleurs continuer � parachever son �volution par l'interm�diaire de l'homme". En effet, ce corps, que l'homme a h�rit� de ses pr�d�cesseurs, a encore beaucoup � d�velopper: un tiers seulement des g�nes sur les chromosomes ont des destinations reconnues (celles d�j� d�velopp�es par les r�gnes ant�rieurs ou acquises plus r�cemment); les deux tiers restants sont encore inconnus.

����������� Voil� pourquoi, lorsque je regarde un animal, une plante, et surtout un rocher ou une montagne, je suis plein de respect. Car nous humains avons h�rit� d'eux tous, mais nous n'avons pas encore compris tout� le travail qu'ils ont accompli. Les seigneurs des Badlands ont encore beaucoup � nous apprendre!

����������� "Nous sommes de m�me sang", enseigna Kaa � Mowgli; en le paraphrasant, je dis: Chacun de nous est un sp�cimen du corps de la Nature. Cet "homme" n'est qu'un fragment -et une partie int�grante- de cette Nature. Si nous savons nous taire et �couter cette Terre, nous r�aliserons qu'elle nous parle toujours, dans son silence tr�s �loquent.


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