EN SON NOM

par
C.Jinarajadasa

 


Au Maître K.H.

Son fils affectueusement dévoué

C.J.


INDEX


Avant-propos
Le Réel et l'Irréel
Le Maître
Le Plan de Dieu
Ceux qui dirigent l'exécution du Plan de Dieu
Le Plan du Maître
L'état de disciple
Au nom du Maître "En Son Nom"


AVANT PROPOS

à W.H.

Notre unique entrevue n'a duré qu'une heure, mais dès l'instant où je vous aperçu, je sentis que j'avais un message à vous apporter. Ce qu'est ce message, vous le trouverez dans les pages suivantes.

Vous êtes parvenu à un point de votre vie où vous sentez qu'il ne vous est plus possible d'appartenir exclusivement au monde. Vous vous êtes engagé dans une carrière honorable et vous savez que le temps vous apportera le succès et l'aisance, mais vous sentez déjà que vous ne pouvez plus travailler en vue du seul succès. Vous sentez qu'il vous faut devenir idéaliste dans votre profession et rester fidèle à l'idéal que vous entrevoyez, même s'il vous en coûte des souffrances et des humiliations. Vous êtes dans le cas où se trouvent aujourd'hui des centaines d'individus, mais vous différez d'eux par votre croyance que l'idéal qui vous contraint à l'obéissance n'est pas un fruit de votre imagination, mais qu'il est la première lueur vaguement entrevue d'une personnalité que vous aimeriez tant pouvoir nommer "le Maître ". vous sentez que si ce Maître existait réellement et qu'ils vous fût possible de le connaître, vous pourriez alors lui être pleinement fidèle en toutes choses, quoi qu'il puisse advenir.

Vous savez en outre qu'il ne vous est pas donné de chercher ce Maître en vous retirant dans la réclusion de quelque monastère où, par la méditation et la contemplation,vous puissiez communier avec lui. Vous n'avez pas le droit de considérer votre seul avantage, car d'autres êtres dépendent de vous pour leur subsistance. Vous savez qu'il vous faut par amour pour eux vous engager dans une carrière matérielle, mais, tandis que vous êtes ainsi assujetti,vous aimeriez, si cela était possible, pouvoir en même temps servir le Maître en quelque chose. Et c'est parce qu'il est possible de le servir en quelque chose que j'écris ces pages pour vous, et pour ceux des autres dont les yeux commencent à s'ouvrir à ces possibilités humaines plus hautes que vous avez déjà entrevues.

Chaque âme humaine a pour chaque autre âme humaine un message qu'elle lui doit remettre, et j'écris ici le message que je dois vous apporter maintenant. En réalité ce message ne provient pas de moi, car il me fut communiqué par d'autres âmes humaines, et je vous transmets comme à un frère ce que d'autres frères m'ont transmis.


LE RÉEL ET L'IRRÉEL

vous qui désirez trouver le Maître, vous devez, sous plus d'un rapport, vivre dans le monde mais sans lui appartenir. Il vous faut donc tout d'abord connaître ce qui est le réel et ce qui est l'irréel.

L"univers dans lequel vous vivons est une grandiose manifestation du Logos, et ainsi dans un certains sens, il n'existe aucune chose irréelle. Cependant les modes suivant lesquels s'exprime ce Logos varient, et nous passons d'un mode d'expression à un autre à mesure que nous nous développons. Nous nous élevons d'une phase à l'autre, et dès l'instant où il nous est possible de vivre et d'agir dans un plan appartenant à une phase plus élevée, cette phase plus élevée constitue pour nous le réel et celle que nous avons dépassée devient l'irréel.

Ceci s'applique tout spécialement à vous, car, bien que vivant dans le monde, vous en avez dépassé le stade et vous ê capable de vivre et d'agir dans un monde plus haut. Voilà pourquoi vous êtes idéaliste, car, votre idéalisme, c'est la résolution que vous avez prise de vous identifier avec le monde au-dessus de vous et non avec le monde dans lequel vous vivez. Ceux qui cherchent le Maître doivent être idéalistes, et cela signifie davantage de choses qu'il est possible d'en découvrir au coeur d'une vie entière; mais, par rapport au prochain pas que vous allez faire, votre idéalisme a bien cette signification.

Il vous faut dorénavant reconnaître que l'important pour vous n'est pas le monde qui vous entoure, mais l'idée que vous faites de ce monde. Cette remarque est déjà partiellement applicable à tous les hommes, mais vous devez cultiver ce sentiment de façon à toujours vivre consciemment dans deux mondes à la fois. L"un de ces mondes est celui de vos occupations journalières, celui dans lequel vous vous mêlez aux hommes pour accomplir certains devoirs et certaines obligations; l'autre est ce même monde, mais vu à travers votre imagination, et maintenant plein d'espérances et de rêves en cours de réalisation.

Les hommes commettent la plus grande des erreurs lorsqu'ils pensent que leurs espoirs de bonheur et les rêves qu'ils édifient sur la vie ne sont que des fantasmagories sans fondements. En réalité, ces espérances et ces rêves sont les premières lueurs que nous apercevons du monde réel; car c'est pour nous un monde irréel que celui-ci où nous vaquons à nos occupations journalières. Non que ce monde irréel ne nous soit encore nécessaire, mais sont utilité est maintenant subordonnée au monde réel jusqu'auquel nous nous sommes élevés.

Le monde réel nous entoure sans cesse, mais ce n'est que de temps autre que nous en apercevons une échappée, lorsque, par exemple, dans quelque heureuse disposition d'esprit, nous bâtissons des châteaux dans les nuages. Le monde des réalités ressemble à la pression atmosphérique que nous ne percevons qu'en faisant le vide; c'est aussi lorsque nous sortons de nous-mêmes que le monde réel apparaît. Vous commencez maintenant à vivre dans ce monde réel et c'est pourquoi vous êtes en train de chercher quelque chose. Ce quelque chose est ce qu'il y a en vous de plus noble, ce qui est une partie de Dieu. C'est le Dieu en vous qui vous fait rêver d'accomplir avec désintéressement des actions aimantes, généreuses, créatrices, secourables. Chaque pensée et chaque sentiment désintéressé est une fenêtre par laquelle vous voyez dans votre moi véritable.

Pour l'idéaliste, les formes corporelles n'existent qu'afin de matérialiser les idées. Les idées sont des unités de réalité qui relient entre eux les faits d'un monde où nous sommes les acteurs qui jouent le drame de l'évolution. Chacune de ces idées peut être infiniment développée, semblable au chiffre un qui, placé devant une série de zéros, les transforme en millions et billions. Les idées véritables ne sont pas crées par des 'faits'; elles ont une existence propre et peuvent être rapportées à une base commune qui permet d'apprécier leur valeur intrinsèque. Cette conception doit être clairement saisie, car c'est d'elle que tout dans notre étude dépendra maintenant

En général, les hommes n'arrivent aux idées que par l'exercice de leur cinq sens. Ils s'imaginent que leur conduite doit être uniquement régie par ce que leur font connaître les sens, et pensent qu'une idée produite d'une autre façon n'a aucune valeur en tant qu'idée véritable: c'est en cela qu'il faut décidément vous écarter du monde. Vous devez vous rendre compte que les sens ne sont que des instruments, de simples serviteurs, et qu'ils ne sont pas des maîtres. Ils ne doivent avoir le droit de contribuer à l'édification de votre monde réel qu'autant que vous croirez devoir le leur permettre; et il vous faut apprendre jusqu'à quel point vous devez le leur permettre.

Il importe de vous tenir particulièrement sur vos gardes contre ce que l'on appelle communément 'la valeur des faits' . Les faits sont des faits lorsqu'ils ont été établis d'une manière scientifique bien que ce soit là chose ardue, même pour des savants expérimentés; respectez donc tout fait que vous constatez, car il constitue une expression du Logos. Mais, si chaque fait est une expression du Logos, la valeur que vous devez lui attribuer appartient à une expression supérieure de ce Logos. Pour vous, les fait appartiennent maintenant au monde dit irréel. Les idées sont dorénavant plus importantes pour vous que les 'faits'.

Tout idéaliste est un constructeur dans le monde réel; les édifices qu'il bâtit par ses espérances et ses rêves sont stables ou transitoires selon que ses pensées correspondent ou non à des réalités. Avant de commencer à vivre dans une expression plus haute du Logos, il nous faut avoir fait preuve d'exactitude en évaluant ses expressions inférieures; en plus l'intelligence est exercées à observer soigneusement au moyen des sens, mieux il est possible de vivre dans le monde des idées. Exercez les sens à rendre un compte fidèles du monde extérieur et la pensée cessera d'être capricieuse pour commencer à devenir créatrice; notez les impressions des sens tout en demeurant séparé d'elles et l'imagination commencera à construire en harmonie avec cette expression supérieure du Logos qui sera dorénavant le champ d'action de votre âme.

Toutes les fois que votre imagination travaille, les édifices qu'elle élève correspondent à des réalités, et peu importe les matériaux particuliers qui servent à la construction. Ces matériaux peuvent être fournis par les affections humaines, par la dévotion religieuse, la soif de la sagesse ou les aspirations artistiques. Ce qui importe seul, c'est la dimension et la beauté de l'édifice. Peut-être cet édifice échappera-t-il à vos yeux lorsque vous ne serez plus capables de rêver; ou peut-être il adviendra qu'heureusement, à mesure que votre imagination se développera, vous puissiez bâtir édifice sur édifice, chacun plus vaste et plus beau que le précédent. Soit qu'ils ne durent que quelques heures ou quelques jours, comme ceux que l'enfant construit lorsqu'il rêve éveillé, soit qu'ils durent une éternité comme ceux qu'élèvent les pouvoirs réunis du coeur et de l'intelligence, lorsque ayant atteint leur maturité ils se consacrent é un idéal, ces édifices ne sont jamais inhabités. Tant qu'ils subsistent, quelqu'un y élit résidence, qui regarde le rêveur et lui inspire sans cesse des constructions plus belles.

Dans l'univers tout entier, il n'existe qu'un seul Etre, c'est Lui qui réside dans vos constructions idéales. Vous, moi et les millions d'individus qui nous entourent, nous pensons tous être quelqu'un et constituer une entité séparée, mais c'est en se débarrassant de cette illusion que vient tout le bonheur de la vie. Nous nous attachons avec ténacité à notre personnalité comme s'il nous était impossible de subsister sans elle. Mais vous, que les choses de l'art intéressent, n'avez-vous jamais, en vous sentant fondre dans quelque création de votre tempérament artistique, éprouvé ce ravissement qui accompagne l'oubli de soi-même? N'avez-vous jamais, en écoutant la musique de Beethoven, senti que vous aviez cessé d'être quelqu'un pour n'être plus que quelque chose d'indescriptiblement merveilleux qui écoute? Avez-vous quelquefois, alors que sur le rivage le vent de la mer venait vous caresser éprouvé la sensation d'avoir laissé tout votre être derrière vous pour n'être plus qu'un je ne sais quoi d'infiniment délicieux et pur qui s'élançait les bras ouverts à la rencontre de la source même de la félicité? Dans les heures ou l'enthousiasme nous transporte, nous reconnaissons par expérience que le bonheur consiste à briser les limitations du moi. Il n'y a dans le Cosmos qu'un seul Etre, et nous ne vivons qu'afin de le découvrir.

Cet Etre, c'est vous-même, en ce sens que vous êtes des expressions du Logos. Mais vous ne pouvez le voir tel qu'il est, car Sa lumière vous aveuglerait et vous rendrait sourd. C'est pourquoi, par amour pour vous, Il tempère l'éclat de Sa lumière et vous regarde à travers les visages de ceux que vous aimez et que vous aimez précisément pour ce qu'il y a en eux de Sa beauté. C'est Lui qui vous aide à découvrir ce qui en eux est digne d'amour, afin qu'ainsi vous puissiez connaître combien Il vous aime.

Cet Etre unique qui remplit le Cosmos montre une partie de Lui-même dans les châteaux de rêve que vous édifiez à vos heures d'aspirations idéalistes, et Il vous montrera dans votre Maître une partie encore plus grande de Lui-même que celle perçue ailleurs; c'est ainsi qu'en devenant sans cesse plus idéaliste vous trouverez certainement votre Maître, car c'est le Maître qui, toujours,conduit du monde irréel au monde réel.

LE MAÎTRE

Bien longtemps avant qu'il ne vous soit donné de le connaître, votre Maître vous distingue, vous observe et vous encourage. Il veille sur vous comme le soleil brille sur les fleurs, et, toujours inconnu, vous aide à vous développer. Lorsque Dieu, pour vous encourager, vous souriait à travers les formes édifiées par vos rêves, le Maître était là, lui aussi, car il ne fait qu'un avec Dieu: c'était le Maître qui vous guidait dans l'édification de ces formes. Lorsque vous vous pensiez enflammé d'un amour idéal, lorsque vous vous imaginiez être le saint remplit de toutes les perfections, le philosophe ou le philanthrope idéal, c'était un reflet du Maître qu'entrevoyant votre imagination, et c'est pourquoi le rêve vous paraissait si beau et semblait être l'unique réalité existant dans le monde. L'idéal est la première lueur que nous entrevoyons du Maître.

Bien que ne faisant qu'un avec Dieu, le Maître néanmoins est une personne vivante,un être de chair et de sang. Dans le passé, il y a de cela bien longtemps, Il était au stade où vous êtes maintenant et supportait alors les épreuves et les souffrances que vous endurez aujourd'hui. Mais Il est parvenu au but; Il est maintenant une expression plus parfaite de la Divinité que ne sont la femme, l'enfant ou l'ami que vous chérissez. Il est pour vous le portail qui mène à Dieu. C'est à Lui qu'incombe le devoir de vous conduire vers Dieu, et c'est votre privilège inaliénable d'être guidé par Lui.

Un jour viendra où vous verrez le Maître face à face, et où vos sens extérieurs vous donneront de son existence une certitude aussi grande que celle qu'a déjà votre coeur de le connaître et de la révérer dans le monde intérieur et réel. Mais bien qu'alors vous le puissiez voir, entendre et toucher comme s'il était l'un de vos proches, vous ne connaîtrez de lui que bien peu de choses tant que vous ne pourrez vivre dans son monde. En son aspect le plus large, la vie du Maître s'écoule dans le monde de l'idéal; il vous faut donc, pour le connaître comme il est véritablement, vous élever jusqu'à ce monde. Si, par l'intermédiaire de votre idéal, vous pouvez y parvenir, peu importera alors que vous connaissiez ou non le Maître avec vos sens extérieurs. Pour vous, les sens appartiennent au monde irréel, tandis que les murmures du coeur constituent la plus splendide des réalités. Une bougie ne brûle pas sans air, mais, voyez la lumière électrique, elle brille d'autant mieux qu'elle est privée d'air; tel est maintenant votre cas. Vous ne dépendez plus des sens, car il y en en vous quelque chose de plus sûr que les sens, pouvoir de contempler l'idéal. Ainsi, vous avez déjà vu le Maître; il était présent dans chaque idéal que vous avez nourri. Vous allez maintenant le connaître davantage, si vous voulez aider ceux qu'Il aime.

Or, le Maître aime tous les hommes et cherche sans cesse à exprimer son amour dans les limites de plus en plus étendues, en ayant pour le diffuser autant de nouveaux centres que cela est possible. Vous cherchez le Maître, dites-vous? Mais c'est bien plutôt lui qui vous cherche pour faire de vous un centre d'où il puisse faire rayonner son amour sur tous ceux qui viendront en contact avec vous. Facilitez-lui donc la tâche de se servir de vous comme d'un centre, et il sera certainement avec vous.

Mais comment lui faciliter cette tâche, demandez-vous? Il vous faut pour cela employer toutes vos facultés à rendre la vie plus facile et plus heureuse à ceux qui vous entourent.- 'Faites de bonnes oeuvres en son nom et par amour pour l'humanité', telle fut la réponse de mon Maître lorsqu'on lui demanda comment un néophyte pouvait trouver son Maître. Chaque jour et à chaque heure du jour efforcez-vous donc de rendre à autrui son fardeau plus léger à porter, et dites-vous doucement en vous-même:-'C'est en son nom que je le fais.'

Tâchez aussi de comprendre ce que le Maître fait maintenant pour le monde, et ce qu'il a projeté pour y faire régner la prospérité, afin que vous puissiez l'aider dans son travail. Il ne fait qu'un avec les hommes comme il ne fait qu'un avec Dieu; il connaît le plan qu'a tracé Dieu pour le bonheur de tous, de même qu'il sait combien nous sommes encore loin de sa réalisation. Il emploie chacun de ses instants à travailler pour rapprocher de plus en plus de cette réalisation les millions de créatures qu'il aime. Or, afin de coopérer avec le Maître, il vous faut connaître le plan de Dieu; et dans la mesure où vous comprendrez ce plan, le Maître vous fera savoir en quoi vous le pouvez aider. C'est ce dont je vais parler.

LE PLAN DE DIEU

'L'évolution est le plan de Dieu'. C'est ainsi que parla mon Maître. Vous obtiendrez des faits accumulés par la science actuelle un aperçu de ce qu'est l'évolution, mais vous n'en connaîtrez la signification profonde que si vous acceptez comme vrais les trois faits fondamentaux suivants:

1- La vie est partout;
2- La vie ne s'éteint jamais;
3- La vie évolue.

La vie est partout. - Il n'existe pas de substance qui soit réellement morte, et le rocher, qui é vos yeux semble privé de vie est cependant animé d'une sorte de vitalité que vous ne pouvez ni voir ni apprécier. La vie des plantes, des animaux, des hommes, bien qu'évidente pour vos sens ne présente aucune différence d'espèce avec cette vie cachée, la pierre. Il n'y a non plus dans l'espace aucun endroit où la vie soit absente. En haut, en bas, à l'extérieur ainsi qu'à l'intérieur, partout réside la vie unique qui pénètre toutes choses, et cette vie est une expression de la nature divine.

La vie ne s'éteint jamais.- Vous vivons dans un monde où se trouvent de tous cotés les changements et la mort, aussi nous semble-t-il que toutes choses doive périr. La nature paraît être affreuse tragédie pleine de massacres sans fin, mais, en réalité, il n'en est pas ainsi. Les changements et la mort sont inévitables partout où la forme existe, mais ils n'ont lieu qu'afin de rendre la vie plus intense qu'auparavant. Toutes les choses vivantes ont une double nature, dont l'une est la forme édifiée à l'aide de matière et l'autre la conscience qui édifie la forme. La mort n'atteint que la forme. La conscience qui rendait la forme stable persiste après la mort et a toujours sa racine en Dieu. 'La mort n'existe pas', tel serait le joyeux cri de la nature si vous pouviez l'entendre. La rose qui se fane à la fin d'un beau jour n'en continue pas moins à vivre, bien que ses pétales gisent épars sur la terre, et elle reparaîtra vêtue de pétales plus parfaits encore. De même l'animal qui devient la proie de son ennemi reviendra de nouveau habiter une forme plus vigoureuse et plus évoluée.

La vie ne construit les formes qu'afin de pouvoir par leur intermédiaires s'exprimer d'une façon plus intense. Aussitôt que la forme contrarie la venue de cette vite plus intense, elle est jetée de côté pour se résoudre en les éléments d'où l'avait précédemment tirée la vie. Tandis que les formes périssent, la vie qui était en elles persiste indestructible, car elle fait partie de la vie unique, et elle revient plus tard sous la direction divine édifier encore des formes nouvelles.

La vie évolue - Dieu qui est toute puissance, toute beauté, toute sagesse et tout amour, Dieu désire voir toutes les choses qu'il a créées participer à Sa nature et se réjouit avec lui. Aussi pénètre-t-il de Sa vie l'univers auquel il a donnée l'existence. C'est par l'intermédiaire de cette vie qu'il veut se révéler à Ses créatures, et c'est pourquoi il a doué Sa vie de cette instinct de développement que l'on nomme la force évolutive ou l'évolution même.

Cet instinct-là est l'agent qui au moyen de matière construit des formes à des stades différents de développement. La vie qui anime le minéral révèle Dieu, mais faiblement; la plante le révèle bien plus; l'animal davantage encore, et, de toute la nature visible, c'est l'homme qui le révèle le plus complètement.

Il n'y pas d'étude plus passionnante que l'étude de ce processus de développement. En étudiant la chimie, vous obtenez déjà une idée de la façon merveilleuse dont les atomes sont réunis pour former les molécules qui rendent possible la vie dans la matière organique et dans la matière inorganique. Chaque phase de cette réunion en molécules s'exécute sous la direction de Dieu, et chaque nouvelle agrégation de force révèle une plus grand partie de Sa nature. Passez à un stade plus avancé, et vous verrez avec quelle beauté Il édifie Ses minéraux, avec quelle grâce et quelle harmonie Il trace Son plan afin que Sa nature continue à se révéler davantage. Étudiez la botanique, parcourez les champs et les forêts en regardant avec vos propres yeux, et en tâchant surtout de sentir la vie qui les anime; et vous comprendrez combien est grande la partie de Lui-même que Dieu vous a ainsi révélée. Étudiez la zoologie,observez la structure et les moeurs des innombrables formes qui se rencontrent dans le règne animal, apprenez surtout à comprendre et à aimer les animaux, et vous sentirez qu'un voile de plus est tombé pour vous permettre d'approcher encore plus près de la Divinité. Si enfin, plongeant vos regards dans le coeur des hommes, vous vous montrez impatient de partager leur fardeau, vous apercevrez Dieu de beaucoup plus près qu'avant, et vous saurez que vous ne faites aussi qu'un avec lui

Dans tout ce processus indescriptiblement merveilleux qu'est l'évolution en général, il est un point qu'il faut comprendre clairement: c'est le plan qu'a tracé Dieu pour l'évolution humaine.

Pour la vie qui se manifeste dans le règne animal, la note dominante de l'évolution est l'égoïsme, la sorte de séparation qu'est l'affirmation de soi-même; c'est là que Dieu prépare l'édification des formes. Il édifie les formes et les éprouve afin d'en apprécier la résistance; celles qui sont trop faibles,Il les rejette de côté afin qu'elles se résolvent en poussière, et quant à celles qui sont résistantes, il les utilise de façon à leur faire édifier avec cette poussière des formes plus résistantes encore. A mesure que les formes deviennent plus résistantes elles peuvent être rendues plus complexes, et par l'intermédiaire de formes plus complexes, Dieu peut manifester et développer dans la vie des qualités qu'Il ne pourrait exprimer par des formes plus simples et moins évoluées. La lutte pour la vie et la survivance du plus apte sont des lois qu'il a Lui-même établies. Dans le travail qu'Il effectue par l'intermédiaire de Ses agents. Il sélectionne formes sur formes, types sur types, dédaigneux à vrai dire des formes individuelles, mais toujours soucieux de la vie qu'elles renferment et de son évolution. Au stade animal, l'égoïsme est donc la méthode qu'emploie Dieu pour faire évoluer la vie.

Mais l'homme est une âme, et il diffère de toutes les créatures qui lui sont inférieures. Il est une expression plus haute de Dieu et une révélation plus complète de Sa nature divine que ne l'est la vie de la plante ou de l'animal. Ce qui convient à la plante ou à l'animal ne convient plus à l'homme. L'égoïsme édifia les formes dont se sert l'humanité mais le sacrifice de soi-même doit maintenant transmuer les hommes - qui sont des âmes - en des canaux par lesquels se manifestera la plus haute expression de la Divinité.

Le but que Dieu se propose à l'égard des hommes est de les rendre heureux. Mais les hommes ne peuvent être heureux qu'autant qu'ils manifestent les aspects supérieurs de la nature divine qui ne peuvent être révélés dans la vie de la plante ou de l'animal. Il importe donc que chaque âme soit pleine d'activité et que ses actions contribuent à faire progresser le plan de Dieu, et non à le retarder. Or, ce n'est que par le sacrifice de soi-même et par un service volontaire que les hommes peuvent aider Dieu.

C'est en vue d'enseigner aux hommes que le bonheur résulte seulement du service volontaire, que Dieu a établi le plan de toutes les choses visibles et invisibles. Il crée les mondes, les peuple de ses créatures, élève les continents et les détruit, édifie les civilisations et les réduit en poussière, afin que par tout cela les hommes puissent lentement apprendre cette leçon. Il envoie les âmes humaines maintes et maintes fois dans des corps charnels et les dirige tantôt vers un pays, tantôt vers un autre, afin qu'elles apprennent dans chacun une partie de la leçon. Il guide ces âmes pour les faire renaître tantôt hommes tantôt femmes; il dispense à chacune la moisson de joie ou de souffrance correspondant au bien ou mal que chacune a semé. Qu'il fasse se manifester ces âmes sous les dehors d'esclaves ou de maîtres, de professeurs,de guérisseurs ou de marchands, qu'elles s'adonnent aux unes ou aux autres des multiples occupations que fournissent d'innombrables pays, Dieu les entoure partout des conditions qui leur permettent d'apprendre cette leçon. Le progrès et la décadence des nations, l'apparition et le déclin des cultes et des credos, des sciences, des arts et des philosophies, tout cela représente simplement la marche des pièces dans le jeu que Dieu joue afin que nous puissions devenir des canaux pour Sa vie la plus haute.

L'égoïsme est donc la loi qui régit l'évolution de la brute, mais c'est le sacrifice de soi-même qui constitue pour l'homme la loi de l'évolution.

CEUX QUI DIRIGENT L'EXÉCUTION DU PLAN DE DIEU

Le plan de Dieu, c'est-à-dire l'évolution, n'est pas un processus s'exécutant mécaniquement dans la nature. A tous les Stades du processus par lequel se manifeste la vie, des intelligences sont là pour guider l'édification de la forme et la rendre de plus en plus semblable au modèle qu'elles aperçoivent; car Dieu a fait un modèle d'aprè lequel toutes choses sont façonnées.

Sur cette terre, ceux qui exécutent la volonté de Dieu dans le champ de l'évolution forment ce que l'on a appelé la grande Confrérie Blanche. Ils se tiennent à mi-chemin entre la vie, entre l'amour de Dieu et la vie qui anime la nature et l'humanité; car c'est par leur intermédiaire que le monde reçoit l'énergie nécessaire à son évolution. Leur oeuvre s'exécute par des voies visibles et des voies invisibles, et les homes qui le veulent sincèrement ont le privilège d'être enrôlés sous Leur direction pour devenir Leurs serviteurs et Leurs aides.

Dans sa marche vers la perfection, toute âme passe par les stades qui caractérisent le sauvage, l'homme civilisé, l'idéaliste, le disciple du Maître, l'initié de la Grande Confrérie Blanche, pour devenir enfin un Maître de la Sagesse. Ayant atteint le grade d'initié, l'homme devient membre de la hiérarchie qui gouverne le monde; parvenu à la dignité de Maître de la Sagesse, il dirige le travail d'un département de cette hiérarchie.

Le monde, et avec lui l'humanité, évoluent sous la direction des Maîtres de Sagesse; ceux-ci dirigent l'édification et la destruction des continents, ils guident dans la nature la lutte pour la vie, favorisent l'apparition des formes les plus aptes qui permettront à la vie d'évoluer aussi rapidement que possible. Ils surveillent et guident chaque stade du développement des minéraux, des végétaux, et du règne animal, ayant pour but unique de modeler les forces de la nature d'une façon telle qu'elles puissent promptement exécuter le plan de Dieu.

Dans la vie des hommes, la Grande Confrérie Blanche surveille et dirige de même toutes choses. Ses membres enseignent aux hommes à édifier les civilisations; ils envoient vers chaque nation les individus par l'intermédiaire desquels ils pourront lui faire acquérir la culture dont elle a besoin pour tenir son rôle dans le drame que jouent les nations. Ils inspirent dans leur oeuvre désintéressés les prédicateurs et les instructeurs,les prophètes et les artistes, les hommes d'État et les savants; ils emploient également l'égoïsme et les méfaits des hommes pour jeter bas ce qui a rempli son rôle, de façon à pouvoir plus tard reconstruire mieux qu'auparavant. Dans la marche en avant de l'humanité, chaque pas fait partie du plan établi par Dieu, et les Frères Aînés s'occupent de l'exécution de ce plan: ils tiennent entre Leurs mains la destinée des soixante bilions (60,000,000,000) d'âmes qui constituent notre humanité.

C'est la volonté de Dieu qui s'exerce par l'intermédiaire des hauts Maîtres de Sagesse, et quiconque les sert, sert Dieu. Le Maître que trouvera chaque idéaliste est l'un des Frères Aînés de cette hiérarchie qui gouverne le monde, et quiconque a trouvé son Maître est parvenu bien près de Dieu!

LE PLAN DU MAÎTRE

Imaginons-nous que, sur un métier à tisser, des millions de fils d'une longueur infinie soient tendus pour former la chaîne de l'étoffe future; supposons que chaque fil soit incolore, mais possède la propriété d'acquérir toute couleur désirée aussitôt que la trame le touche. Imaginons en outre que cette trame soit constituée par un fil sans fin qui, en passant et repassant à travers les fils de la chaîne, y tisse quelque dessin, et que le dessin ainsi tissé dût correspondre à un modèle déjà exécuté. Les millions de fils constituant la chaîne représentent les âmes humaines, et l'unique fil de trame est la vie de Dieu; le dessin tissé sur le métier sera l'évolution, et le modèle d'après lequel il est tissé est le pensée de Dieu représentant un monde parfait.

Se conformant au modèle qu'Il a Lui-même exécuté, Dieu entrelace en effet Sa vie à celle des hommes, attendant de tous les fils représentant des vies humaines qu'ils se colorent en réponse à Son contact partout où il Il les touche. Tant que chacun des fils de la chaîne répond à ce contact en revêtant la couleur demandée, le dessin tissé correspond à la pensée que se forme Dieu du tissu tel qu'il doit être, mais lorsqu'un fil humain répond mal au contact de la divinité et demeure incolore, le dessin se trouve défiguré et ne correspond plus à ce qu'espérait Dieu.

Le Maître, qui un avec Dieu, aperçoit le modèle d'après lequel le dessin de l'étoffe est exécuté sur le métier. Le travail du Maître consiste donc à aider l'humanité, afin qu'à chaque endroit où le fil de trame représentant la vie de Dieu touche le fil de chaîne correspond à une vie d'homme, ce fil humain puisse aussitôt briller de la couleur demandée, car, dans la vie, le bonheur n'est acquis qu'en coopérant ainsi avec Dieu.

L"oeuvre du Maître s'exécute selon des voies visibles et des voies invisibles, car l'âme humaine et la nature appartiennent en majeure partie à ces régions supérieures. C'est là que le Maître vient apporter à la nature et aux hommes la vitalité dont ils ont besoin pour croître et pour évoluer; car le Maître n'est pas seulement un homme parfait, il est aussi une voie directe par laquelle se déverse le vie de Dieu. De même qu'un courant électrique à haute tension dont les effets sont foudroyants peut être amené par un transformateur à un voltage assez bas pour qu'il soit possible de l'employer sans dangers aux besoins de la vie humaine, de même, le Maître transmue dans sa propre nature la vitalité trop intense de Dieu pour la transmettre aux hommes de la façon qui la leur rendra assimilable. C'est ainsi que dans le monde invisible le Maître fait sans cesse rayonner sur tous les hommes la force qui les fait croître, tel le soleil qui, brillant sur toutes les plantes, les fait se couvrir de feuilles et de fleurs.

C'est aussi des mondes invisibles que le Maître assiste les hommes individuellement. Lorsqu'un homme devient idéaliste le Maître le voit et l'aide. Dans les régions invisibles, le Maître déverse sur l'âme de cet homme la force et la pureté, tout en l'encourageant à persévérer dans l'accomplissement de sa tâche. Dans quelque branche que ce soit des initiatives humaines, nul homme n'a jamais servi son semblable qui n'ait été
aperçu des Maîtres de Sagesse et aidé par eux

Le Maître emploie des voies visibles pour aider l'humanité. Quelquefois, si cela doit se trouver dans le dessin à tisser sur le métier, il vient, sous des dehors humains, se mêler aux autres hommes et leur donner des lois, les instruire et les inspirer. C'est ce que firent aux Indes Manou, Bouddha et Krishna; ce que firent Pythagore ne Grèce et Jésus en Palestine. C'est ce que feront d'ici peu de nombreux Maîtres de Sagesse, et, conduits par l'Instructeur Suprême, ils viendront parmi nous, pour nous instruire et nous guider vers le salut.

Il existe pour le Maître encore une façon aussi de servir les autres hommes; c'est en acceptant, en qualité de disciples, quelques-uns de ceux qui marquent le plus de bonne volonté, et puisque vous espérez être un jour agréé comme tel, il vous faut bien comprendre quelles sont les conditions à remplir pour cela.

L'ÉTAT DE DISCIPLE

Sachez tout d'abord que vous ne vous exposez à aucun danger ni à aucune punition en ne devenant pas le disciple d'un Maître. Votre évolution est entre vos mains, et, bien que sa rapidité dépende de vos efforts, il est parfaitement certain que vous ne pouvez l'empêcher de s'accomplir, car c'est la volonté de Dieu que tout doive évoluer. Votre évolution ne sera pas non plus en péril parce que vous ne pourrez croire à l'existence des Maîtres; indépendamment de votre croyance en eux, ils vous aideront de même qu'ils aident tout homme de bonne volonté. Mais si vous devenez le disciple d'un Maître votreévolution sera par ce fait accélérée.

Le Maître aime tous les hommes, mais il n'a en principe aucun motif particulier pour vous choisir comme disciple parmi les millions d'individus peuplant le monde, à moins que vous n'ayez vous-même crée ce motif. Ce Motif sera constitué par les probabilités que vous présenterez d'être utile au Maître dans son oeuvre. Le Maître, en effet, est par-dessus tout un travailleur qui, à chaque instant, s'occupe d'accomplir le plan, le projet de Dieu; et, bien qu'à nos yeux les forces dont il dispose semble illimitées, il n'en est réellement pas ainsi. Les forces que possède personnellement le Maître pour aider le monde sont limitées, et il veille à ce que chaque parcelle employée de ces forces contribue dans la plus grande mesure possible à la réalisation du plan de Dieu.

L'acceptation d'un home en qualité de disciple implique pour le Maître la dépense d'une certaine quantité de force en faveur de cet homme, le Maître ne l'acceptera donc que si l'énergie dépensée en sa faveur produit de cette façon un résultat supérieur à celui qu'elle produirait par un autre intermédiaire. L"homme qui aspire à la qualité de disciple doit doncêtre d'une nature telle, qu'une fois accepté, il soit en état de prendre une part du fardeau du Maître et n'alourdisse pas, au contraire, le faix de l'humanité que le Maître doit porter sur ses épaules.

Si le Maître désire avoir des disciples, ce n'est pas pour les instruire et les rendre plus sages que le reste de leurs semblables; il cherche à faire de ses disciples des apprentis pour son travail, des aides qui, en progressant, pourront être chargés d'accomplir une partie de plus en plus grande de son oeuvre actuelle - le laissant ainsi libre d'entreprendre les tâches plus hautes qui attendent son action. L'acceptation d'un homme par le Maître en qualité de disciple dépend, en somme, d'une seule chose: de l'utilité que présentera le disciple pour l'oeuvre du Maître.

Celui qui aspire à la qualité de disciple doit ainsi posséder quelques capacités dont il puisse offrir au Maître les services; s'il est simplement un homme bon, mais dépourvu de capacités positives de coeur ou d'intelligence, il ne pourra guère être utile au Maître. S'il cherche seulement à s'affranchir de ses propres souffrances, s'il veut s'assurer des avantages spirituels, s'il désire des pouvoirs matériels ou psychiques, il serait même un obstacle et non un auxiliaire. Un tel candidat est encore loin d'avoir atteint le point de son évolution où il sera digne d'être accepté en qualité de disciple. Mais celui qui a développé en lui, aux services des hommes, certaines facultés du coeur et de l'intelligence, celui qui, outre cela, est un idéaliste disposé à souffrir pour son idéal, celui-là sera accepté s'il veut bien en outre remplir certaines conditions.

Les qualités nécessaires, vous les trouverez exposées par le Maître lui-même, et bien plus clairement que je ne saurais le faire, dans le livre qu'il a donné au monde par l'intermédiaire de mon frère, son disciple J.Krishnamurti. Dans ce joyau intitulé: Aux Pieds du Maître, le sentier qui s'ouvre devant chaque candidat est clairement décrit. Étudiez ce livre, et souvenez-vous que le Maître entend les choses exactement comme il les dit, et que tous les Maîtres de la Sagesse exigent la possession de ces mêmes qualités. Il n'y a qu'une seule Grande Confrérie Blanche, et ce sont là les règles qu'elle prescrit. Le Maître n'attend pas de votre personnalité actuelle la parfait possession des vertusénumérés; mais si vous devez un jour être accepté en qualité de disciple, il faut dès maintenant vous exercer à les acquérir avec autant de zèle que si leur possession parfaite rendait seule votre acceptation possible. Vous devez être ardent au travail, reconnaître combien chaque instant est précieux, et vous exercer en vue de devenir pour le Maître un auxiliaire capable lorsqu'il demandera votre aide.

Il y a certains stades bien définis pour la situation dans laquelle vous vous trouverez par rapport à votre Maître, lorsque ayant désiré marcher sur le sentier, le succès couronnera vos efforts. Le premier stade est celui où vous serez mis l'épreuve, le stade dit probatoire.

Le stade probatoire.- Celui des Maîtres de la Sagesse qui vous a observé dans votre vie d'idéaliste, et qui accepte de vous former pour que vous puissiez être son apprenti, vous fera d'abord amener vers lui par un de ces disciples déjà initié; et tandis que vous dormirez, vous serez, en astral, conduit devant le Maître. Il vous admettra alors d'une manière formelle à effectuer votre probation; mais vous ne serez pas encore son disciple - cela ne vient qu'après l'acceptation définitive. Dès l'instant où vous serez soumis à la probation, le Maître fera d'une manière occulte une 'image vivante' de vos corps subtils, un duplicata qui se modifiera instantanément et automatiquement pour suivre toutes les modifications apportées à votre corps éthérique, à votre corps astral et à votre corps mental par vos sentiments, vos pensées et vos aspirations. Il examinera chaque jour cette image vivante afin de noter les progrès que vous avez faits sur la route qui mène à l'acceptation en qualité de disciple.

Dans votre conscience à l'état de veille, vous pourrez ou non vous rappeler avoir été admis par le Maître au Stade probatoire, mais cela importe peu; l'essentiel maintenant comme toujours est la manière dont vous vous préparez à effectuer son travail. Après vous avoir admis au Stade probatoire, le Maître ne vous imposera pas d'épreuves spéciales non plus qu'il ne dirigera vos activités; il vous laissera à vos propres ressources pour voir en quoi la vie que vous mènerez sera noble et utile. Il notera la façon dont vous vous comportez à l'égard de toutes les circonstances dans lesquelles vous placera votre karma, soit que vous les considériez comme des occasions de devenir plus sage et meilleur envers vos semblables, soit qu'au contraire vous vous abandonniez à des désirs et à des regrets inutiles.

La longueur du laps de temps qui s'écoule entre ce Stade et le suivant dépend entièrement de vous-même; il peut, comme c'est le plus habituellement le cas, durer environ sept années; mais il peut être réduit si vous vous montrez plein de zèle, ou allongé si vous ne faites usage des occasions qui se présentent à vous. C'est de vous seul que dépend la longueur de cette période probatoire.

L'acceptation en qualité de disciple. - Lorsque le Maître vous a éprouvé et que la période probatoire est terminée, alors, mais alors seulement, il vous accepte en qualité de disciple. Dès cet instant vous vous trouvez vis-a-vis de votre Maître dans une situation nouvelle. D'une façon que vous ne pouvez pas comprendre, il fait de vous un avant-poste de sa conscience. Votre nature se trouve liée à la sienne, et, à tout moment qu'il désire, il peut percevoir vos pensées et ressentir vos sentiments pour les employer à son oeuvre. Mais, étant donné que le Maître ne peut tolérer que son oeuvre soit entravée par des pensées et des sentiments égoïstes ou vils, dès l'instant ou de telle pensées et de tels sentiments se seraient, même temporairement, fait jour dans la nature du disciple, le Maître élèverait une barrière entre sa conscience et celle de l'élève, et, puisque l'érection d'une telle barrière, quelque temporaire qu'elle soit, nécessiterait toujours la dépense d'une certaine quantité de force que le Maître pourrait mieux utiliser, il est naturel qu'il refuse d'accepter comme disciple la personne qui demanderait une trop grande surveillance à cet égard. Si, au contraire, le disciple progresse et devient sous tous les rapports plus pur, plus sage et plus noble, le Maître se servira davantage dans ce cas des pensées et des sentiments de l'élève, en l'inspirant et en lui donnant une sagesse et une force bien au delà de celle qu'il pourrait manifester s'il demeurait livré à lui-même.

Lorsqu'un homme est parvenu à la qualité de disciple, sa responsabilité est grande; mais non moins grandes sont aussi les possibilités qui s'offrent à lui et le bonheur qu'il en éprouve, car, s'il est sincère et plein de zèle, le Maître le guidera a chaque pas de sa route. En cas de perplexité l'élève pourra se servir de la pensée du Maître comme d'une pierre de touche pour assurer la sienne, et il ne lui arrivera plus jamais d'avoir à hésiter dans le choix de ce qui doit être fait au nom du Maître, 'en son nom'. Le disciple est sans cesse recouvert de l'égide du Maître, et il n'est plus jamais seul lorsqu'il vient parmi les hommes.

Stade filial. - Le stade suivant est celui de Fils du Maître. C'est ici que le Maître rapproche encore davantage son disciple de lui; dès cet instant, en effet, le Maître renonce au droit d'édifier une barrière entre sa conscience et celle de son disciple au cas où la nature inférieure presque éteinte de celui-ci serait temporairement revivifié. Il existe maintenant entre le Père et le Fils un lien qui ne peut plus jamais être brisé. C'est habituellement à ce stade d'adoption filiale que le Maître présente son disciple à la grande Confrérie Blanche en qualité de candidatl'initiation.

Lorsqu'il à été accepté par la Confrérie Blanche et initié, le disciple entre dans le courant; il est dorénavant l'un des jeunes frère de la grande confrérie, un cadet dans la hiérarchie qui gouverne le monde. Sur ses épaules le triste fardeau de l'humanité repose maintenant; mais il tient aussi dans ses mains le pouvoir de bénir et de sauver.

AU NOM DU MAÎTRE 'EN SON NOM'

Partout où la matière existe se trouve aussi la force, la vie les accompagne toutes deux, et à travers cet ensemble, jaillit la conscience du Logos. L'univers vit de la vie du Logos, et vous, moi, et les myriades d'êtres qui nos entourent, nous sommes tous des cellules dans Son Etre immense. Chacun passe sa petite vie à découvrir peu à peu les merveilles de l'être dont il est une partie, et la joie de cette vie consiste à marcher de découvertes en découvertes.

Dans l'interminable voyage d'exploration qui constitue l'existence humaine, il y un stade primitif et un stade avancé. La plus grande partie des âmes sont encore au stade primitif, et la caractéristique de leur vie est la demande. Les mains tendues, elles demandent à la vie de réaliser leurs rêves, peu soucieuses d'appendre l'amère leçon qui montre que cette réalisation ne peut jamais provenir de la demande. Cependant, malgré que leurs rêves ne puisse se réaliser, elles découvrent néanmoins quelque chose de Dieu. Dans l'amour de l'épouse, des enfants et des amis, dans les titres et les honneurs, dans la simple piété et dans les services que se rendent les voisins, dans les joies innocentes qui se rencontrent partout pour les individus bien intentionnés, ces âmes trouvent un bonheur qui est la voix de Dieu murmurant dans leur coeur et les encourageant à découvrir davantage de Sa nature; car c'est en Son nom que sont accomplies toutes les actions désintéressées, et Il rencontre les hommes face à face dans leur foyer et sur la place du marché aussi bien que dans leur cabinet de travail ou dans le Saint des Saints.

Mais à ce stage primitif, les hommes voient Dieu confusément, comme à travers une glace ternie. Ce n'est pas durant cette vie ni durant bien des vies encore qu'ils pourront découvrir Ses beautés plus grandioses. Bien des tristesses et des déceptions doivent encore leur échoir avant de parvenir à maîtriser suffisamment leur volonté pour ne rien demander à la vie, et pour cependant mener une noble existence parce qu'il ne leur est plus possible de vivre autrement. C'est quand ils sont à ce point qu'ils entrent dans le stade avancé et que devant eux s'ouvre la Voie étroite.

Pour cette Voie-là, en vérité, les appelés sont nombreux, mais les élus sont rares. Souvenons-nous cependant que ce chemin, bien qu'il ne soit encore foulé que par le petit nombre, n'est pas néanmoins un nouveau chemin s'ouvrant subitement devant l'âme; il n'est ni insolite ni entièrement nouveau. C'est le vieux et archaïque chemin, aussi large que le ciel, et par lequel tous les hommes marchent vers Dieu. S'il paraît maintenant étroit, c'est que dorénavant l'âme doit fixer constamment son regard sur la face de Dieu, et que, telle la flèche qui vole vers la cible, elle doit sans dévier se hâter vers le but. Elle ne peut maintenant s'écarter du chemin sans récolter une moisson de souffrance.

La Voie étroite, c'est le Sentier du disciple; elle conduit au salut, à la libération, au couronnement de la vie, comme il plaira de dire. Elle conduit à la vie éternelle, car ce n'est qu'à partir de l'heure où elle parvient au grade de disciple, que l'âme découvre la vraie signification intérieure de la vie et en aperçoit le couronnement proche.

Le couronnement de la vie est de porter le fardeau des autres. C'est pour cela, et pour cela seulement que vivent et travaillent les Frères Aînés de notre race, les Maîtres de Sagesse. Sans eux qui portent sur leurs épaules le fardeau de l'humanité, hommes et femmes n'auraient guère le courage d'effacer de leur mémoire le souvenir de leurs transgressions pour regarder en avant vers un avenir de liberté, d'espérance et de joie. Si vous désirez que les Frères Aînés acceptent de vous mener à la Vie Éternelle il vous faut donc apprendre à porter le fardeau des autres; il n'y a nulle autre route à suivre.

Pour apprendreà porter le fardeau des autres, apprenez d'abord à ne pas le rendre plus lourd. Faites en sorte qu'aucun de vos actes n'augmente la somme des souffrances qui existent dans le monde. Alors que vous parcourez le chemin de la vie, efforcez-vous de faire en somme que vos pensées, vos paroles et vos actions ne causent de peine à personne. Ayant ainsi rendu vos mains inoffensives, vous parviendrez à la pureté du coeur et trouverez en elle une force suffisante pour endurer patiemment tout ce que votre Karma pénible vous apportera de douleur.

Exercez-vous à unir dans toutes les joies que vous éprouvez les aspirations de l'humanité vers la joie. Lorsque la félicité vous échoit en partage, causée par l'amour, la beauté ou la sagesse, pensez à ceux vers qui votre coeur s'élance le plus volontiers, et unissez-les, faites-les communier par la pensée à votre bonheur. Le vraie bonheur unit, et ce n'est pas le bonheur que de n'avoir personne avec qui le partager. Il est certes facile de s'unir aux autres lorqu'on est heureux; faites donc en sorte que cette faculté d'union devienne en vous instinctive. Vous remarquerez alors que votre pouvoir d'aimer s'accroît de jour en jour, en même temps que votre pouvoir de sentir la beauté deviendra de plus en plus grand, et, lentement, la faculté d'endurer la souffrance se développera de même en vous. En partant du petit cercle de ceux qui vous sont déjà chers, vous l'accroîtrez sans cesse jusqu'au jour où vous pourrez unir dans votre joie toute l'humanité.

Puis, enfin, vous devrez unir en votre douleur la douleur de l'humanité. Le couronnement de la vie est d'aimer beaucoup, - comme aussi de beaucoup souffrir s'il en est besoin, Mais la joie et les peines n'acquièrent d'importance qu'en réfléchissant ce qui provient d'en haut. La douleur des hommes est la douleur de Dieu, et si vous la pouviez ressentir comme Il la ressent Lui-même, vous percevriez alors autant de Sa face en supportant la souffrance des autres qu'en partageant leurs joies.

Faites en sorte que chaque cri de la misère humaine trouve en vous une corde qui vibre à son appel; ne rejetez nul être, quelque abject et vicieux qu'il soit. Mieux vaut être souillé en cherchant à aider ceux qui sont dans la fange que de s'écarter d'eux afin de rester pur. Etudiez les causes de la souffrance et cherchez à comprendre les voies du karma, parce que le Karma est une expression de la volonté divine. Acquérez par vous-même la certitude que le karma en apparence le plus impitoyable est lui-même bienfaisant et compatissant. C'est ainsi en s'efforçant d'aider avec compassion ceux qui souffrent, que vous leur donnerez le plus de force.

Ne craignez pas de souffrir; la clarté de l'enfer même vous révélera dans la vie des beautés que vous ne verriez pas à la lumière la terre. Tant que l'humanité sera ce qu'elle est encore, la joie seule ne pourra point unir les hommes; mais vous apprendrez d'autant plus vite à vous unir tendrement à eux par la joie que vous l'aurez déjà appris par la douleur


C'est pour vous que j'ai écrit ces pages, pour vous qui êtes dans le monde et qui ne pouvez le quitter, afin que vous puissiez voir comment, à la lumière de la sagesse, vous pouvez y mener une vie d'action aimante véritablement vécue 'Au Nom du Maître' et parvenir ainsi à le trouver. Bien des souffrances vous attendent, car il vous faudra payer jusqu'au dernier centime la dette que vous avez contractée envers vos frères pour avoir, par vos fautes, rendu leur fardeau plus lourd à porter, mais une inspiration descendra aussi dans votre vie comme il n'en viendra jamais à ceux qui ne se déciderons pas au grand sacrifice.

Consacrez-vous à la recherche du Maître, et nécessairement vous le trouverez. Vie après vie vous passerez alors d'un stade à l'autre jusqu'à devenir vous-même l'Oint du Seigneur, un des sauveurs de l'humanité. A ce moment, Dieu vous enseignera à effacer de Son livre de vie tout ce qui fut autrefois votre part de souffrances et de passons, et vous saurez alors écrire à nouveau les pages du passé, et les remplir de joyeuses paroles. Car le passé sera dans vos mains une argile aussi plastique que l'est maintenant celle de l'avenir. La douleur du présent n'a d'autre but que de nous enseigner l'alphabet de la vie afin que nos puissions écrire sur toutes les pages du temps.

Alors, enfin, la fantasmagorie du passé s'évanouira, et toutes les heures qu'attristèrent les larmes, vous les vivrez de nouveau, mais pleines de tout ce après quoi soupirait votre coeur et vous vous prendrez à sourire. Vous vivrez joyeusement dans le passé comme dans le présent, car tel est l'avenir qui nous attend, et telle est aussi la gloire qui nous sera révélée.


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