CE QU'EST UNE BRANCHE THEOSOPHIQUE

A. GAUTIER-WALTER,
Président de la Branche Kurukshetra (Paris).


Ré-impression du magazine "Le Lotus Bleu" Février 1981


Beaucoup de membres vont à une branche comme a une conférence ou a un spectacle: en spectateurs, soit passifs, soit critiques.

Certains se sentent et se veulent absolument “libres” et sans responsabilités.

D'autres se croient et se veulent, dépendants vis-a-vis du président, considéré plus ou moins comme un “gourou”, un Instructeur.

Toutes ces attitudes sont autant d'erreurs graves, à notre avis.

En réalité, une branche constitue une entité occulte, un “ égregore”, un “Temple”. Tous les assistants, et non seulement le Président, en sont les “officiants” actifs et responsables. Le seul fait de se réunir pour étudier des choses sacrées et en parlant de grands Êtres, les évoque et les invoque magiquement, même si nous ne le savons pas.

A plus forte raison si les assistants pratiquent la méditation, ou utilisent un “Rite” même très simple. II ne faut pas oublier, par exemple, que la seule lecture de quelques lignes de la “Lumière sur le Sentier” ou de la “Voix du Silence”, livres écrits par des Adeptes, évoquent instantanément leur présence.

“Des que trois seront réunis en mon nom, je serai présent”, a dit Jésus. Les deux fondateurs occultes de notre Société sont présents en Esprit, dans toute Branche, et d'autant plus que son travail est “consacré” par ses membres.

Chacun émet, fut-ce inconsciemment, les Énergies manifestées par son Rayon, son signe Zodiacal et surtout sa Monade. Ce sont des Égos et si possible des Monades, qui doivent être présents, et non des personnalités. Chacun doit s'en souvenir. II y a une “Magie” de la Présence, qui agit comme un phénomène de Catalyse. II y a aussi, dans tout Temple, un échange d'énergies, une transmutation des forces, une accumulation des énergies émises, consciemment ou non, par chacun, et qui vont “rayonner” les jours suivants, comme une Bénédiction sur tout l'entourage.

Un clairvoyant verrait très bien ces émissions de force: celles qui montent et sont transmutées, celles qui viennent des mondes divins évoqués par les paroles, et par la pensée créatrice des participants. Leadbeater a très bien décrit tout cela, dans la “Science des Sacrements” et dans “ l' Occultisme et la Vie”.

Tout ceci donne aux participants une très grande responsabilité. On n'est pas “libre” devant la Vérité, devant la Justice, devant la manifestation de la Vie. La Vie n'est pas “neutre”, il n'y a pas de spectateurs ni d'auditeurs. Il y a des êtres engagés consciemment ou non et volontairement ou non.

Ce n'est pas le “Président” qui n'est qu'un chef d'orchestre qui aliène en quoi que ce soit votre liberté. C'est la recherche et la manifestation de la vérité qui nécessite et exige une discipline, un engagement, une mobilisation des forces profondes cachées dans chaque être.

Le Président n'est pas un “ Instructeur” infaillible et omniscient. Tout être, même beaucoup moins avancé que nous, est aussi notre instructeur, ne nous apprendrait-il que la Patience, la Tolérance, la Compassion.

C'est la Vie qui est la grande instructrice: la Branche est occasion de Vie. Le Président est un Animateur, un éducateur, un Serviteur, et au sens étymologique de ce mot, un Hiérophante, c'est-à-dire: Celui qui révèle, évoque, montre ce qui est sacré. Mais tous les autres membres le sont aussi.

Ainsi comprise, la participation a une Branche est un honneur, une extraordinaire occasion de se “Relier” (religion) à Soi-même, aux autres, au Monde, aux Maîtres. On vient donner beaucoup plus que prendre. Même sans rite, sans méditation, le travail d'une Branche est un travail cosmique et “logoïque” comme celui des anciennes “Communautés” des Esséniens, des Pythagoriciens, des Gnostiques, comme les “Collèges” des Druides ou les “Chapitres” Rosicruciens.

L'assiduité, la régularité du travail, sont choses très importantes pour son efficacité: là encore la Loi du Rythme commande et on n'est “ libre” devant la Loi que d'une seule manière: en la faisant sienne. En l'accomplissant volontairement et consciemment: “On ne commande à la nature qu'en lui obéissant”.

Venir à “sa” branche sans y effectuer cette Oeuvre d'Amour, de Fraternité, cette Présence Totale, cette émission des forces occultes de notre Individualité Monadique, c'est perdre son temps, confondre les connaissances avec la CONNAISSANCE.

On doit se sentir responsable envers les Maîtres présents, envers ses camarades, envers le “chef d'Orchestre-président” car nous sommes tous solidaires, liés.

La véritable “Liberté” n'est pas un état négatif de non participation, de non solidarité: c'est le contraire. C'est un Acte positif. C'est l'affirmation, et l'expression de notre Être profond monadique “révélé” par notre “mobilisation” profonde et “porté” par la symphonie émise par l'orchestre en général, où notre “NOTE” MONADIQUE n'est pas perdue dans l'ensemble, mais au contraire, amplifiée, magnifiée, répercutée.

L'Être profond se réalise par son intégration au TOUT, dont une branche n'est qu'un Symbole, et non par l'isolement et la séparativité, qui n'est pas la liberté.

La Liberté n'est pas la fantaisie ni l'obéissance à nos désirs et à nos impulsions du moment. Elle réside dans une intégration à la Loi, consciente et volontaire, qui nous en libère puisque la Loi cesse d'être extérieure à nous.

La Liberté est dans cette auto-discipline, cette “ascèse”, cet effort, auquel nous oblige notre participation active à une Branche, comme Individualité qui se manifeste. La liberté n'est pas quelque chose qui se défend, mais quelque chose qui se conquiert. On n'aliène pas sa liberté en “adhérant” à quelque chose. Au contraire, on la conquiert si cette adhésion est un acte positif et non passif. Il s'agit d'adhérer au monde. N'adhérer à rien, qu'à soi-même, c'est isoler et appauvrir une personnalité qui doit “éclater”.

Une branche ne ferait-elle que nous obliger à cet effort sur nous-mêmes pour coopérer, briser nos limites, briser notre susceptibilité, notre Amour-propre, nous exercer à aimer nos voisins, malgré leurs défauts, et nous exercer à nous rendre aimables, malgré nos défauts, que ce résultat justifierait déjà notre affirmation: une Branche est le Temple-Laboratoire où notre “MOI” se définit, se lime, éclate et où notre “SOI” apprend à se manifester intérieurement et extérieurement.

Comme le dit la Bhagavad Gita:

Comme la flamme naît de la flamme,
ainsi un coeur prend feu au contact d'un autre coeur.

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